Chapitre 6

Par Alkaia

              Lorsque Lara ouvrit les yeux au crépuscule, son fils et son ami dormaient encore paisiblement. Elle quitta son lit et se mit près de l’ouverture dans la pierre du mur qui faisait office de fenêtre. Elle observa le ciel et l’horizon, la vue était principalement celle de la canopée. Un avantage quand votre chambre se trouve dans l’aile du palais à environ vingt mètres de hauteur. Un mouvement léger attira son attention plus bas : il s’agissait d’Okyalé qui semblait lui demander de la rejoindre. La jeune femme sortit donc et descendit les marches de la façade principale de l’édifice afin de la rejoindre. Cette dernière paraissait relativement morose et Lara en déduisit qu’il devait y avoir un rapport avec la reine. 

— J’ai de sombres nouvelles. Hippolyte va mal... La fièvre est plus forte et elle semble trop faible pour pouvoir se réveiller. Nous allons devoir partir plus tôt que prévu à la recherche des Hyménocallis. Nous devons faire le remède au plus vite.

La jeune femme acquiesça. Elle ressentit malgré tout une forte appréhension la gagner. Serrait-elle à la hauteur ? Que-ce qui l’attendais là-bas ?

— Aucun souci, dis-moi quand vous partez je serais prête.

— Eh bien, l’idéal serait que tu sois prête le plus rapidement possible. Dès que tu es opérationnelle nous partirons.

— Bien… juste le temps que je prévienne Cody et je serai disponible.

Elle prit une profonde inspiration essayant de se rassurer.

— Parfait ! Rejoins-nous à l’enclos ta monture sera prête !

Sur ces mots, elle tourna les talons et se rendit sur les lieux tandis que Lara regagnait son « quartier » afin d’avertir son petit garçon. Elle le réveilla doucement sans le brusquer et lui expliqua simplement devoir aller aider à chercher un médicament pour la reine. Elle embrassa ensuite son front et le laissa se rendormir avant de se diriger vers l’enclos comme indiquer. Thowra y était déjà prêt, bien que le harnacher ne fut pas une partie de plaisir pour la guerrière qui s’en était chargée et s’était faite malmener par l’animal. Ce dernier dressa les oreilles attentives au moindre bruit, puis voyant sa « maitresse » frappa du sabot.

Ah ! Ce n’est pas trop tôt ! Je ne suis pas un de leurs poneys soumis moi ! Je n’ai accepté d’être approché que par toi !

Pardonne-moi, s’excusa la jeune femme décontenancée, j’étais occupé et pour gagner du temps elles-t-on préparer, car on doit faire vite.

L’étalon s’ébroua bruyamment et volontairement étant contrarié puis il se calma.

— Bien ça passe pour cette fois… Où allons-nous ?

— En forêt ! On doit trouver une plante.

Elle se mit en selle et, après un léger briefing d’Alkaia, suivit le groupe se composant de cette dernière, d’Okyalé et d’une jeune femme à la longue chevelure brune et au regard doré nommé Katyomé. Bien que cette dernière préférât être nommée simplement Kat, trouvant se diminutif plus joli. Le cortège des quatre femmes s’enfonça dans la forêt, Lara fut une nouvelle fois captivée par l’environnement. Elle observa les cimes puis questionna Alkaia :

— Pourquoi Euryleia ne nous accompagne-t-elle pas ? La guerrière laissa sa monture ralentir au niveau de celle de la jeune femme.

 

— Elle est restée à la cité, car comme je te l’ai dit, c’est une de nos meilleures guerrières, une élite. Elle entraine les jeunes recrues en vue de la guerre qui se rapproche et semble inévitable au vu des agissements récents de Zargon. Elle excelle dans l’art du combat et avec elle comme mentor nos filles s’assurent une formation forte dans tous les domaines. Bien sûr, elle est secondée par d’autres guerrières, nous devons nous tenir prêtes à toute éventualité.

 

          Les chevaux suivirent le chemin le moins escamoté au milieu des arbres, des lianes et des fougères denses jusqu’à ce qu’Okyalé fasse un signe à Alkaia. Cette dernière stoppa Topaze, ce qui fit arrêter tous les équidés, excepté Thowra qui ne se voyait pas vraiment concerné par le statut d’« Alpha » de la jument. Lara le stoppa donc d’elle-même.

Okyalé observa en silence autour d’elles et sans que Lara ne s’y attende, ce fut Kat qui se mit en mouvement. La guerrière attrapa un arc fixé au niveau de la croupe de son cheval, y encocha une flèche et lança le projectile en direction des cimes sur sa gauche, le tout en seulement quelques secondes. Un bruit semblable à un grognement se fit entendre. Bien qu’à peine audible il avait légèrement résonné comme un écho dans la canopée. Une masse sombre chuta du haut de l’arbre visé et s’écrasa au sol. Kat mit pied à terre et approcha puis eut un léger sourire satisfait avant de lancer à ses compagnes de voyage :

— Qui s’y frotte s’y pique !

Alkaia regarda leur jeune recrue,

— Les hommes de Zargon sont tenaces comme tu peux le voir… Nous sommes habituées à leurs embuscades, mais toi tu te serais sûrement fait tuer par manque d’expérience. C’est pourquoi tu ne dois pas t’éloigner de nous.

Lara prit conscience de la détermination qu’avaient ces monstres à vouloir la tuer et sentit un frisson d’appréhension envahir tout son corps. Elle se perdit dans ses pensées mais Okyalé l’en tira.

— Nous sommes arrivées à notre première étape.

Les chevaux reprirent leur marche au pas, et débouchèrent sur une grande plaine, très vaste et herbeuse. Cette dernière était bordée par la forêt de toute part et semblait calme. Un paysage vierge et sauvage.

— Dans les plaines de l’Ouest américain ce serait surement des Bisons qui peupleraient ce genre d’endroits, songea Lara.

Le soleil était déjà bien haut dans le ciel à leur arrivée et n’était plus très loin d’être au zénith, ce qui indiqua les heures de chevauchée à la jeune femme qui n’avait pas vu le temps passé. Elle observa le paysage puis imita ses « nouvelles amies » et descendit du cheval. Kat approcha et lui montra comment fixer la corde de l’étalon à un tronc, ce qui lui valut une ruée la frôlant de peu. Lara se mit entre lui et l’amazone afin de la protéger sachant que Thowra ne lui ferait rien.

— Laisse ce n’est rien il ne partira pas.

Kat se releva et dépoussiéra sa tenue.

— Il a un caractère bien trempé celui-ci !

Alkaia et Okyalé furent prises d’un léger rire.

— Eh bien ! Tu ne tiens plus debout ? s’enquit Alkaia.

— Très amusant, vraiment, répliqua la guerrière avec une fausse moue contrariée.

Elle regarda ensuite Lara.

 

 

— Nous allons faire une halte ici le temps de prendre une collation et si nous avons le temps on retravaillera un peu ton entrainement, car une fois la plaine passée, nous entrons en territoire ennemi. Malheureusement, la variété d’Hyménocallis que nous cherchons se trouve en terre hostile et là-bas les créatures de Zargon pullulent comme les vermines néfastes qu’elles sont.

 

         Okyalé s’assura que les chevaux étaient bien attachés, faisant donc abstraction de l’étalon puis trouva une zone un peu dégagée sous le couvert des arbres et entreprit d’y installer un feu de camp afin d’éloigner d’éventuels prédateurs. Chacune des trois femmes semblait savoir exactement quel rôle tenir sans s'être concertées auparavant. Lara les aida donc un peu toutes les trois, commençant par allumer le feu avec Okyalé, elle aida ensuite Kat dans l’élaboration de quelques flèches pour aller chasser leur repas du midi. Elle se concentra pour faire au mieux et après quelques loupés, elle finit par réaliser sa première flèche non sans une certaine fierté.

 

               Alkaia lui fit ensuite signe de la suivre plus loin en forêt, à pied afin de ne faire aucun bruit. Les deux femmes entreprirent donc une chasse embusquée et la guerrière apprit à son apprentie l’art de la traque en parlant bas et parfois avec des gestes codés afin de l’initier un maximum en silence. Après une bonne demi-heure de patience, elles furent récompensées par un faon laissé pour mort. Sûrement un prédateur que quelque chose avait fait fuir, Alkaia n’en doutait pas, bien qu’une proie si facile ne l’enchante pas vis-à-vis de Lara. Cependant, leur venue était une délivrance pour le jeune animal qui verrait ses souffrances inutiles prendre fin. Elle acheva donc proprement et rapidement le faon et fit une prière silencieuse pour lui, puis le ramena avec la jeune femme à leur campement de fortune où elles purent se repaitre toutes les quatre. Une fois leur repas avalé, le groupe de femmes prit un temps pour se reposer, puis Alkaia mena sa protégée à découvert afin de s’entrainer un peu avec pour vérifier ses réflexes. Ses lacunes au combat n’étaient pas trop gênantes tant qu’elles restaient groupées, mais l’Amazone voulait s’assurer qu’en cas de mise à l’écart par l’ennemi, la jeune femme serait en mesure de se défendre en attendant des renforts. Elle récupéra deux bâtons suffisamment solides pour simuler des épées et revit les bases avec elle.

 

             Tantôt attaquante, tantôt sur la défense, elle constata avec satisfaction que la citadine qu’était Lara avait du potentiel et se montrait très bonne élève. La guerrière aguerrie qu’elle était savait bien que la génétique n’avait rien laisser au hasard et que la jeune femme avait un net avantage de par ses origines et sa lignée. Les coups se firent plus intenses au fur et à mesure ; Alkaia voulait tester les limites actuelles de sa disciple, la poussant dans ses retranchements afin de déclencher des réflexes chez elle et pourquoi pas, elle en avait espoir, éveiller le pouvoir brûlant qui sommeillait en elle.

Lara se montra persévérante, bien qu’elle sache que manier le bâton et manier l’épée était deux choses très différentes. Les épées contrairement aux bâtons étaient lourdes et les conséquences d’une erreur pouvaient devenir mortelles. Cependant, travailler ses réflexes s’avérait primordial. Elle gagna en assurance petit à petit et se réjouit lorsqu’attaquant la guerrière elle parvint à briser la garde de cette dernière, chose qui jusque-là ne s’était soldée que par des échecs.

— Excellent ! Continue comme ça et bientôt tu pourras te battre à nos côtés sans chaperons !

— Merci ! J’ai l’impression de bouger avant même de penser à ce que je dois faire.

— On appelle ça l’instinct ! Aiguise-le et tu deviendras une adversaire redoutable pour qui voudra te défier.

 

                La jeune femme reprit l’entrainement avec son mentor durant le reste de la journée, le groupe décidant finalement de reprendre la route le lendemain à cause du temps qui se dégradait un peu. En temps normal, cela ne les aurait pas dérangés, mais cette plaine avait la réputation d’avoir des conditions climatiques extrêmes. Là où la forêt abritait un climat tropical tout ce qu’il y avait de plus naturel, cet endroit-là était lui soumis à des conditions météorologiques très aléatoires et indépendantes de celle de la grande forêt vierge. Si bien que certaines tribus autochtones le considéraient comme maudit des Dieux. Au crépuscule, elles firent cuire les restes du faon et se mirent en cercle autour du feu pour se maintenir au chaud. Les nuits étaient particulièrement froides dans les environs. Lara mangea avec appétit tout en écoutant les récits des femmes.

— Cette plaine se nomme Histar , continua Kat. Elle est le berceau de notre peuple ici… La plupart de nos sœurs viennent de Grèce… le pays de notre déesse… Mais lors de guerres entre les dieux, Athéna et Artémis nous scindèrent en deux groupes, et voilà comment nous sommes arrivées sur les terres d’Amazonie.

— Mais cet endroit… Histar… Il n’apparait sur aucune carte, aucun plan, s’enquit Lara.

— C’est tout à fait normal, repris la guerrière. Ce lieu n’est pas connu des humains de ton monde… Il est sous la protection d’Artémis et seuls notre peuple et la race de ce félon qu’est Zargon connaissent son existence.

 

               La jeune mère acquiesça puis, après une longue soirée à écouter les récits de son peuple, trouva place près du feu de camp pour une bonne nuit de sommeil.

Un craquement dans les branchages la sortit de son sommeil léger à l’aube. Elle se redressa lentement, la nuit avait été agitée et courte, jamais elle n’aurait pu imaginer que la jungle pouvait être si bruyante une fois le soleil couché.

À présent tout semblait calme et seul le crépitement du feu en train de mourir et les chants de quelques oiseaux matinaux étaient perceptibles. Lara regarda autour d’elle puis s’étira longuement. Elle sentait bien au vu des courbatures qui endolorissaient ses membres que la journée serait longue.

— Voilà le réveille de la marmotte ! Lança Kat, assise non loin de là.

— Désoler j’espère qu’il n’est pas trop tard, s’excusa la jeune femme.

— Oh non ne t’en fais pas, Alkaia et Okyalé sont parties toutes les deux en excursion. Elles pensent avoir détecté un jaguar qui nous traquait, mais ne t’en fait pas si tel est le cas on a ce qu’il faut pour le faire fuir !

— Et bien j’espère, je n’ai pas prévu de finir en miettes dans la gueule d’un félin.

 

               À peine eut-elle fini que les deux guerrières arrivèrent d’un pas plutôt tranquille.

— Tout va bien, les rassura Alkaia. C’est juste une femelle qui surveillait les environs, car elle a une portée tout près. Elle ne devrait pas causer de problème si nous ne nous aventurons pas vers la zone en question.

Cette dernière détacha les chevaux et les mena boire à une rivière un peu plus loin. Thowra suivit les autres bien que n’ayant pas été attaché pour la nuit et se désaltéra avec ses congénères tandis que l’amazone patientait, assise non loin sur une roche.

L’étalon se redressa sur le qui-vive oreilles dressées en alerte, suivie de près par les trois autres montures. Alkaia se redressa et mit d’instinct sa main sur la garde de son épée, prête à réagir. De l’agitation au campement attira son attention et elle courut rejoindre ses camarades. Okyalé et Kat s’étaient toutes deux mises devant Lara pour la protéger, le jaguar se tenait devant elles. La guerrière en fut relativement surprise, son regard fut attiré par un des petits de l’animal.

Elle comprit alors que ce dernier avait dû s’éloigner et que sa mère était venue le chercher. Les deux amazones restèrent devant la jeune femme, épées en main. Sur leurs gardes, prête à intervenir. Alkaia approcha lentement pour rejoindre le groupe sachant que seule et isolée elle était plus vulnérable.

 

               Alors qu’elle approchait du but, une branche craqua sous son pied ce qui déclencha l’attaque du fauve rapidement. D’ordinaire les jaguars n’attaquaient pas si aisément un groupe et encore moins armé, mais cette mère était brave et prête à tout pour son rejeton. Elle prit évidemment Alkaia pour cible et cette dernière se retrouva à terre, essayant de garder la gueule du félin le plus éloigné possible de son visage et de sa gorge. Kat pris son arc et encocha une flèche visant l’animal au mieux. La guerrière et le fauve luttant avec vigueur, elle devait faire en sorte de ne pas blesser son amie et se concentra sur la cible. Dans le même instant, Okyalé s’était approchée avec son épée et son bouclier, frappant le métal de la lame contre ce dernier afin de faire fuir le fauve par le bruit, en vain. Lara sentit une vague de peur l’envahir, ne comprenant pas qu’Okyalé ne tue pas l’animal, mais se disant également qu’à sa place, elle aurait peur de blesser Alkaia. Cette dernière parvint à se dégager après avoir envoyé son genou dans l’abdomen du jaguar. Elle roula sur le côté et se redressa vivement puis prit du recul aux côtés d’Okyalé. Seulement, l’animal se releva également semblant ne pas vouloir en démordre. À ce moment, le seigneur de la jungle porta son dévolu sur Lara. Cette dernière, en se mettant à l’abri, s’était dangereusement rapprochée du « chaton » et cela n’avait pas échappé à la mère de ce dernier. En une fraction de seconde, le fauve fit un bon dans un arbre pour s’éloigner des trois amazones et lança l’assaut.

 

               Lara se mit à courir au travers des arbres et des fougères denses, paniquée, sentant une étrange sensation de mort l’envahir. Le fauve était sur ses traces et elle savait que c’était une question de secondes avant qu’il ne la rattrape et la transforme en puzzle. Les guerrières n’avaient pas tardé et avaient monté leurs chevaux afin de ne pas se faire distancer. Kat parvint à décocher une flèche dans la croupe du félin, mais pas suffisamment puisque celle-ci s’en décrocha. Bientôt Lara se sentit tombée, son souffle se coupa, le jaguar l’avait rattrapée et à présent elle pouvait sentir les soixante-dix kilos de l’animal l’écraser. Griffes et crocs dehors, le félin avait attrapé l’avant-bras gauche de la jeune femme dans sa gueule. Lara poussa un cri de douleur malgré le cuir qui le recouvrait. Les crocs de l’animal étaient acérés et elle eut l’impression de sentir son sang bouillir dans ses veines, submerger d’une peur jamais ressentie. La peur de la mort. Pourquoi était-elle seule ? Pourquoi les Amazones ne tuaient-elles pas la bête ? Elle n’entendit plus rien, hormis les grondements de son assaillant et sentit son pouls s’accélérer, sa respiration se fit plus rapide, forte et saccadée. Elle crut sentir son coeur quitter sa poitrine puis la regagner à plusieurs reprises, sans même savoir comment elle envoya le jaguar valsé à la force des bras. Des bras ? si seulement elle en avait encore. Ce qu’elle voyait à présent n’y ressemblait plus du tout.

 

                Son regard était devenu doré, sa vision nette et précise, perçante, elle était consciente d’elle-même, de ce qui se passait. Elle n’était plus réellement Lara, maman célibataire d’un petit garçon. Elle venait de passer à une autre étape. Elle était une amazone, à part entière.

Les trois guerrières arrivèrent dans la foulée. Ce qui avait paru une éternité pour la jeune femme correspondait réellement à quelques secondes. Elles stoppèrent leurs montures. Alkaia parut soulagée et s’autorisa même un léger sourire observant le combat qui se déroulait devant elles. Le seigneur de la jungle contre la descendante d’Artémis. Le jaguar contre la panthère. Voilà qui était enfin résolu. La peur de mourir avait été si forte qu’elle avait réveillé les instincts enfouis de la jeune femme et éveillé son pouvoir de métamorphose. Changeant Lara en une magnifique panthère noire, ou plutôt un jaguar noir. Comme si son don voulait une fois de plus marqué la différence avec la couleur standard d’un animal lambda. Ce don venait de lui sauver la vie, mais aussi de sauver la reine puisque sous sa forme animale Lara serait capable de trouver les fleurs sans danger et plus rapidement pour concocter le breuvage qui épargnerais à leur reine une mort prématuré.

 

                   Les deux fauves se donnèrent une bataille féroce et brutale. Chacun usait de puissants coups de patte, essayant de dominer l’autre, l’un de ses coups mit Lara à terre. Elle se releva sur ses quatre pattes agilement, pas encore totalement adaptées à ce nouveau corps. Les deux félins se toisèrent avec des grognements menaçants les pupilles dilatées à l’extrême. Le jaguar finit par reculer lentement non pas par soumission, mais jugeant sûrement que son petit avait besoin de sa mère vivante. L’animal récupéra son bébé dans sa gueule et après un dernier grognement menaçant s’éclipsa dans l’épaisse forêt. Lara secoua sa grosse tête et dirigea son regard vers le groupe de trois femmes montées sur leurs chevaux qui la regardaient non sans fierté. Elle sentit une sensation d’engourdissement gagner ses pattes puis son ventre, son abdomen et enfin sa tête. Elle tituba légèrement en émettant un grognement d’inconfort et finit par s’écrouler inconsciente et nue. Okyalé patienta, la regardant reprendre lentement forme humaine puis l’installa avec l’aide de kat sur la croupe de sa monture après l’avoir couverte. Elles retournèrent au campement et l’allongèrent le temps qu’elle revienne à elle, ce qui prit une bonne heure à la jeune femme.

 

                Lorsque Lara ouvrit les yeux et se redressa, elle sentit une sensation étrange en elle. Elle regarda tout autour d’elle et aperçut les guerrières plus loin en train de discuter. Elle étira ses bras, ressentant de légers tiraillements, puis les rejoignit et prit place à leurs côtés.

        Alkaia lui adressa un sourire puis tendit vers elle une pique en bois ou était embrochée de la viande qu’elle venait de faire cuite sur le feu de camp. Elles l’avaient ravivé à leur retour au campement. Lara prit la nourriture et mangea sans se faire prier, reconnaissant avoir relativement faim. Durant ce repas assez frugal mine de rien, les guerrières lui racontèrent en détaille son combat contre le jaguar et leur fierté devant tant d’évolution pour elle, qui quelque temps auparavant, ignorait encore tout de ce monde qui semblait défier toutes les lois du rationnel. Elle n’en perdit pas une miette et se laissa sombrer dans le sommeil après une heure de discussion, suivie de près par ses compagnes.

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