Chapitre 6

Gemma, mon amour, ma douce, 

Je ne suis pas partie. 

Les mots de ta lettre m'ont détruit. Je n'étais plus rien. Je ne suis plus rien. Mais je suis vivant. 

J'ai pris la route du royaume. Lorsque je suis arrivé, j'ai vu les habitants qui avaient tous le même visage sans émotions, leurs yeux comme éteints de tout bonheur. 

Je suis allé voir le roi. Je savais que c'est lui qui a écrit cette lettre, qui t'a fait te tuer. 
J'ai poussé la lourde porte de son bureau sans même toqué. Cette marque de respect serait trop pour lui. Je ne peux supporter l'idée de devoir faire une révérence devant celui t'ayant brisée. 

Il ne voulait pas mal faire, il espérait réussir à t'offrir un futur plus beau, avec un prince, avec la paix mais il ne pouvait aller contre ta volonté et il l'a comprit... à tes dépends. 

En face de lui, j'ai voulu lui hurler tout ce qu'il a fait, tout ce qu'il a détruit mais je l'ai simplement regardé et j'ai vu les regrets dans ses yeux. Jamais je ne pourrai lui pardonner mais je sais que lui aussi souffre et quelque part, cela m'apaise, m'assure qu'il a un cœur. 

Tessa elle ne parle plus depuis qu'elle a eu la nouvelle, elle avait croisé ton regard hier soir. Si elle l'avait su, il ne se serait peut-être rien passé alors elle s'enferme dans la noirceur de ses regrets, alors elle pleure quand elle pense qu'elle est seule et tu n'es plus là pour la réconforter, la prendre dans tes bras. 

Le deuil change les gens. Je l'ai très vite vu après la mort de mon père. Ma mère a vieilli d'un coup, son visage est devenu inquiet et le bonheur n'est plus jamais venu étirer ses lèvres. Moi, je n'avais que 5 ans et tout ce que j'ai su était qu'il ne reviendrait pas me voir, qu'il resterait dans la mine à cause d'un éboulement. Je n'avais pas vraiment compris mais la profonde tristesse de ma mère me faisait comprendre à quel point la nouvelle était grave. Cette fois-ci non plus, je n'ai d'abord pas compris. Car je suis vivant, car nous étions heureux... C'est Tessa qui a dû revivre tout ça en me le racontant. 

Je lui ai dit que toutes les blessures finissent par se refermer mais elle a bien vu que moi-même je n'y croyais pas car ta perte ce n'est pas une blessure. C'est une partie de moi qu'on a arraché. Nous étions une unité forte, aimante, indivisible. 

Les fleurs sont fanées comme si elle s'étaient rendues compte que plus jamais je ne te les offrerai. 

Je n'arrive pas à imaginer ma vie sans toi. Tu me manques et rien ne pourra jamais combler ton absence mais le pire c'est de me dire que si je t'avais écouté, si j'étais restée à tes côtés rien serait arrivé. Je n'ai jamais voulu que tout cela arrive. 

Quand j'aurai mis le point final à cette lettre, je la brulerais avec toutes les autres et je déposerai sur ta tombe les cendres de notre amour. 

Je t'aime, je t'aime tant. 
Owen 

 

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