Quelques jours plus tard, Lucie m’informa qu’une de ses amies — Dalila — faisait une petite fête chez elle. Alors, Lucie vint chez moi avec de nombreux vêtements et du maquillage. Pendant des heures et des heures, elle me faisait essayer ses habits pour trouver la tenue parfaite, et elle me maquillait. J’avais énormément apprécié ce moment là entre amies. Depuis l’accident, je n’avais pas eu le temps de penser à autre chose. Cependant, grâce à Lucie, je voyais un peu plus à nouveau le verre à moitié plein.
À la fin, elle me tendit un miroir et je pus me voir. J’étais toute belle, toute magnifique, et toute sexy. La tenue allait parfaitement avec ma chevelure blonde et mes yeux bleus, même si elle était selon moi un trop courte et révélatrice. De même, le maquillage était superbe et éblouissante — un peu trop même pour moi.
— Regarde comment t’es toute belle Juliette ! me dit Lucie avec excitation
— C’est vrai… t’as vraiment fait du bon travail mais… je préfère des choses plus discrètes et plus pudiques, on va dire… répondis-je la voix tremblante
— C’est vrai, mais ça, c’était Marie qui préférait ça. Aujourd’hui, tu es Juliette, et Juliette, elle s’habille comme elle veut, elle se maquille quand elle veut, et ce soir, elle va fêter jusqu’à pas d’heure. Si tu veux vraiment être libre et heureuse, montre que tu veux vraiment être libre et heureuse ! me murmura Julie tout tendrement
Cela suffit à me persuader, malgré une certaine douleur à la poitrine. Souvent, quand je me livrais aux choses que je m’interdisais, je ressentais comme une pulsion violente et brûlante dans ma poitrine. Pour moi, c’était tout simplement un signe que Dieu survivait encore en moi : il fallait impérativement que cela cesse.
C’était un samedi soir, et la maison était vraiment grande, il y avait énormément de monde. Lucie était toute excitée et arborait un large sourire aux lèvres. Quand elle était joyeuse, elle contaminait les gens autour, et je me mis donc aussi à sourire à m’en déchirer la bouche. Je dansais et je sautais comme une folle, je profitais de l’instant et du moment comme jamais. J’avais oublié tous mes malheurs récents, je ne connaissais que le plaisir.
À un certain moment, Lucie me présenta Dalila. À la voir, je savais d’ores et déjà que c’était une fille qui en imposait, avec son regard perçant et profond.
— Alors c’est toi Juliette ! Moi c’est Dalila ! Viens ! J’ai quelque chose à te montrer !
Elle m’emmena dans une pièce où sur la table je ne voyais que des alcools et des drogues. Elle me proposa d’en prendre, alors que je m’étais jurée de ne jamais m’approcher de ces substances. Néanmoins, sous les insistances de Lucie, je pris un verre, puis deux, puis trois : je buvais comme dix. Quant à la drogue, je me défonçais avec Lucie, Dalila et d’autres invités.
Par la suite, Lucie chuchota aux oreilles de Dalila. Les deux se levèrent et me prirent par les bras comme si elles allaient m’embarquer. Sur le moment, j’eus peur, mais elles se contentèrent de me conduire dans l’une des pièces de la maison. Étrangement, il y avait un gigantesque lit, beaucoup de meubles et douze garçons qui attendaient debout.
Lucie commença, toute ivre : « Pour clore une bonne soirée, il faut toujours une chose : une bonne grosse partouze ! T’as jamais fait ça mais j’vais t’expliquer. En gros, moi, j’vais être le Père, Dalila le Saint-Esprit, et toi, le Fils. Et eux là-bas, ce sont les Apôtres.
— Et là, les Apôtres et nous, on va se faire très plaisir ! poursuivit Dalila
Malgré mon ivresse, mon cœur commença à battre, encore et encore, et j’étais paralysée sur place. Lucie donc me chuchota : « Si tu veux vraiment te libérer de Dieu, montre-Lui qui est le patron de ton corps », puis elle m’embrassa ardemment.
Au matin, je n’avais plus grand souvenir de ce qui s’était passé. Tout ce dont je me souvenais, c’était que nous avions copulé tous ensemble jusqu’au lever du soleil, et que j’avais fait des choses dont j’avais honte seulement d’y penser. Nous étions tous là, nus et défoncés, couchés les uns sur les autres. Je courus vers les toilettes pour vomir mes entrailles. Je me sentais à nouveau sale et impure. Mes souvenirs de mon viol par le Père du Mellier ressurgirent et je me mis à hurler ainsi qu’à sangloter dans les toilettes.
Quelqu’un frappa à la porte : c’était Lucie. Elle me fit un câlin et me rassura : « Ne t’en fais pas, ta meilleure amie est là pour veiller sur toi. Je sais que c’était difficile, mais c’était nécessaire. Si tu veux être libre et heureuse, il faut que tu coupes tout lien avec Marie. Tu n’es plus elle. Aujourd’hui, tu es Juliette. Marie voulait s’agenouiller devant Dieu et l’Église. Juliette, elle, ne veut s’agenouiller devant personne. Elle, elle veut être libre et jouir. Elle, elle veut faire ce qu’elle veut, quand elle veut, où elle veut, comme elle veut. J’ai tort ou j’ai raison ? ». Je répondis timidement par l’affirmative, puis elle embrassa mon front, comme une mère avec son bébé.
En vérité, j’avais énormément de chance d’avoir une amie comme elle. J’implorais son pardon pour mon attitude passée envers elle : je n’aurai jamais dû me mettre en tête de me consacrer à Dieu. Or, chez Lucie, je trouvais bien meilleur secours et bien meilleur consolation. C’était d’elle dont j’avais besoin, pour être libre et heureuse. S’il y avait bien une personne qui comptait le plus pour moi à présent, c’était bien elle. S’il y avait bien une personne que je suivrais jusqu’au bout du monde, c’était bien elle. S’il y avait bien une personne pour m’aider à tuer Dieu pour vivre, ce ne pouvait être nul autre que Lucie.
Il n'y a pas grand chose à dire niveau intrigue...
Quant à la forme du texte je reste sur ce que je dis depuis le début, c'est excellent. On sent les sentiments de Marie /Juliette on peut aussi les comprendre.