En voyant la scène sous ses yeux, le sang de Castelli ne fait qu'un tour.
"Non, ce n'est pas possible", pense-t-il avec amertume.
L'homme menaçant, qui jusque là pointeait son fusil dans le dos de Thomas, relève son arme droit sur le policier.
– Amène-toi, ordonne-t-il en reculant à l'intérieur du manoir.
Castelli obéit. Lorsqu'il pénètre à son tour, il feint l'impassibilité en découvrant également Noah dans ce trio infernal.
Kaleb repousse Thomas sur le côté pour dégager la vue à son arme. Le millionaire lève de grands yeux suppliants vers l'agent de police. Noah, quant à lui, esquisse un sourire amusé en se rasseyant dans son fauteuil.
– Je... Je te connais, toi, dit Kaleb en fronçant les sourcils. J'avais déjà un doute en épiant la conversation entre toi et l'autre enfoiré. Mais là, en te voyant de plus près... Oui, je te reconnais, mais où t'ai-je déjà vu ?
"Le moment est venu, je ne peux plus reculer", se dit Castelli. Le destin s'est bien joué de lui, n'est-ce pas ? Le moment de vérité est arrivé, il ne peut plus s'y soustraire.
– Oui, on se connaît, lâche le détective. J'ai enquêté sur vous il y a quelques années.
– Pourquoi ?
– Pour un meurtre que vous avez commis.
– J'en ai commis une centaine, de meurtre. Va falloir être plus précis, mon grand.
– Le meurtre de Katelyn Rellik.
Un silence glacial tombe sur la petite assemblée.
- Quoi ? Soufflent Kaleb et Thomas à l'unisson.
Castelli s’agite, se triture les mains, jette un rapide coup d’oeil en direction de Noah.
- Quoi ? Répète Thomas d’une voix tremblante, les yeux virevoltants entre Kaleb et Castelli.
- Je m’en serai souvenu, si j’avais tué une femme aussi importante, gronde Kaleb en s’avançant vers le policier.
- Non, visiblement, rétorque Castelli. Vous avez assassiné cette femme lors d’un gala de charité. Vous vous êtes installé sur le toit d’une maison non loin du bâtiment où cela s’est déroulé. Vous avez armé votre sniper, et-
- Oui, je m’en souviens, laisse tomber le tueur à gages en se remémorant la scène. Mais... on m’avait dit qu’il s’agissait d’une simple bourgeoise sans importance. Une putain payée par un ennemi inopportun.
- Une putain ? S’écrie Thomas en s’avançant vers le tueur à gages.
Mais ce dernier relève son arme, dissuadant le millionaire de s’approcher.
- C’est un ennemi de Monsieur Rellik qui vous a payé pour l’éliminer, poursuit Castelli d’une voix calme. Quand les puissants se livrent une guerre d’argent, il y a forcément des dommages collatéraux. C’est suite à cette perte que Monsieur Rellik a licencié la plupart des employés de ses nombreuses entreprises. Il a en effet investi beaucoup d’argent pour retrouver les coupables.
- Alors c’est vous qui avez brisé ma famille ? Demande Noah en se tournant vers Kaleb. C’est à cause de vous, tout ça ? Vous êtes la cause de toutes ces conséquences ?
- On se calme, gamin, ordonne le tueur en reculant de quelques pas. C’est pas ma faute si ta famille a pas su remonter la pente.
- Vous nous avez tué à petit feu, accuse Thomas, le souffle court.
- Putain, mais vous voyez pas quelque chose qui cloche ? S’impatiente Kaleb. Pourquoi est-ce que ce poulet en sait autant ? Pourquoi il en sait plus que le fils de Rellik lui-même, hein ?
Thomas et Noah se tournent vers Castelli, qui explique aussitôt d’une voix tremblante :
- Monsieur Rellik m’a personnellement chargé de retrouver le tueur. Il connaissait déjà l’identité des commanditaires, et il s’en est occupé lui-même. Mais il ignorait qui avait appuyé sur la gâchette...
- C’est donc ça... Murmure Thomas en secouant la tête, peinant à croire la situation.
Kaleb jette un regard noir sur l’agent de police. Puis il lève son pistolet pour le braquer sur le fils Rellik. Celui-ci recule d’un pas, lève les bras devant lui.
- Qu’est-ce que vous faites ? Demande-t-il d’une voix chevrotante.
- J’en ai plus qu’assez d’attendre ! Si ça se trouve, ce poulet ment sur toute la ligne ! Je te donne une dernière chance pour avoir ton père au téléphone. Sinon je te tire une balle dans la tête, puis ce sera à leur tour.
- Essaye toujours, enfoiré, se moque Noah.
- Ne me tente pas, gamin.
- Attendez ! Supplie Thomas. Je vais l’appeler, d’accord ? Mais baissez ce flingue, je vous en prie...
- Inutile de l’appeler, marmonne Castelli. Il ne répondra pas.
- Quoi ? Pourquoi dîtes-vous cela ?
Castelli ne répond plus, baisse la tête. Il sent sa gorge se nouer.
- Hé ! Le hèle Kaleb. Approche-toi, poulet.
Castelli hésite, regarde le tueur à gages avec appréhension.
- Ici ! Ordonne Kaleb en agitant son Glock.
Castelli obéit, traîne les pieds jusqu’au tueur à gages. Il sent les regards de Thomas et Noah se poser sur lui tandis qu’il passe près d’eux.
Le tueur à gages, le millionaire et l’ adolescent forment désormais un triangle, avec le policier positionné au milieu du trio mortel.
Kaleb pose le pistolet contre le coeur du policier, qui sent son coeur battre la chamade.
- Pourquoi le vieux Rellik ne répondra pas, poulet ?
Castelli sent les émotions affluer. Il garde les yeux rivés au sol, trop effrayé à l’idée de croiser le regard de Thomas.
Les larmes montent à ses yeux. Son corps tremble à nouveau tandis qu’il peine à articuler ses propos, entrecoupés de sanglots.
- Je l’ai tué... Murmure-t-il.
- Vous avez quoi ?! S’écrie Thomas.
- La ferme ! Le sermonne Kaleb.
Puis, à l’intention du détective :
- Continue.
- Je l’ai tué, reprend Van Castelli en enfouissant son visage entre ses mains. Je l’ai tué à mains nues... Il... Il est venu me voir pour que je lui donne des informations sur vous... Je lui ai donné votre nom, ainsi que le nom de votre complice. Et il... Il a dit qu’il vous tuerait, vous et tous vos proches... Il a appelé quelqu’un devant moi, il parlait de poisons, de restaurants... Quand il a raccroché, je lui ai dis de laisser faire la police, mais...
Un sanglot l’interrompt. Il déglutit avec peine avant de reprendre son récit, cachant toujours son visage entre ses mains.
- Il a dit qu’il me ferait porter le chapeau. Que si je parlais de cette histoire, il s’assurerait que je sois jeté en prison, puis tué... Il... Il n’a pas arrêté de me menacer... J’ai pris peur, tellement peur... Il a juré de me faire tuer... Il était tellement en colère...
Castelli se tourne vers Thomas, ne prêtant plus attention au pistolet pointé sur lui.
Le visage baigné de larmes, Castelli se laisse tomber à genoux devant le millionaire, les mains jointes devant lui.
- Pardonnez-moi, je vous en supplie... Je ne voulais pas... Je l’ai tué... J’ai tué un homme sans défense, à coups de poings... Pitié, que l’on me pardonne... Je suis tellement désolé... J’ai tué... j’ai tué un homme... J’ai tué...
Le silence tombe, entrecoupé des sanglots du policier.
Kaleb et Noah observent la scène, spectateurs.
Thomas serre et desserre les poings, le souffle rapide. Son regard noir est bestial, ne possède aucune once d’humanité.
Alors, il se jette sur le policier avec un cri de colère et de souffrance.
Le détective tombe sur le dos, Thomas le chevauchant. Le millionaire assène coups de poings sur coups de poings, plus violents les uns-que-les-autres. Il frappe sur le visage, sur les tempes, dans les côtes... Un hurlement bestial s’échappe de lui tandis qu’il joint les poings l’un contre l’autre pour frapper sur le crâne du policier.
Si Castelli parvient d’abord à se protéger à l’aide de ses bras, la violence des coups finit par avoir raison de lui, et il sombre bientôt dans l’inconscience.
Mais son évanouissement n’empêche pas Thomas de continuer à frapper.
Il continuer de molester le corps évanoui.
Il frappe encore, et encore.
Encore et encore.
Sur le crâne, toujours plus fort.
Encore et encore.
Le visage du policier n’est plus qu’une mare de sang, aussi informe et brisé que le visage d’Ariane.
Thomas continue de frapper pendant de longues minutes, durant lesquelles Kaleb et Noah ne font qu’observer, abasourdis.
Alors, au bout d’un temps interminable, les poings et le visage éclaboussés de sang, Thomas se laisse tomber à côté du policier, le souffle court, les yeux larmoyants brouillés par les larmes et le sang.
- Putain de merde, laisse tomber Kaleb.
- Tu l’as tué ? Demande Noah en avançant vers eux.
- Merde, répète le tueur à gages.
Soudain, il pose la main sur sa poitrine, sentant son coeur battre de plus en plus vite. Il titube, suffoquant, le regard perdu entre les deux jeunes hommes devant lui.
Thomas lui lance un regard incompréhensif, pendant que Noah s’approche de lui.
- C’en aura pris, du temps, laisse tomber l’adolescent. Je pensais que ça agirait plus vite. J’ai acheté un petit quelque chose en revenant ici, que j’ai versé dans ta bière.
- Que... Quoi ? Questionne Kaleb en s’écroulant au sol, le pistolet le suivant dans sa chute.
- Je voulais juste me débarrasser de toi pour me venger de ce richard tout seul. Je voulais pas que tu traînes dans mes pattes. Mais, maintenant que je connais la vérité... Je suppose que le destin nous a réunis sur notre route. A cause de toi, ma famille s’est brisée. J’ai dû supporter la fureur de mon père qui venait de tout perdre. La douleur de ma mère dont le monde venait de basculer. Et la terreur de ma fratrie de voir son avenir s’écrouler. Juste pour de l’argent. Tu tues des gens... juste. Pour. De. L’argent.
Noah s’arrête devant Kaleb.
Thomas, encore essouflé par son acte, y voit une occasion en or.
Il se lève et fonce vers la porte d’entrée.
- Non ! S’emporte Noah en se mettant à le poursuivre.
Mais il tombe lourdement sur le ventre, Kaleb lui ayant fauché les jambes.
- Reste ici, sale petit bâtard !! Mugit le tueur en rampant sur l’adolescent.
- Lâche-moi, le macchabé ! Crèves !
L’adolescent sort son couteau de cuisine, le plante dans la paume de Kaleb. Ce dernier hurle de douleur, mais continue de s’avancer sur le garçon, rampe sur lui, le paralyse de tout son poids.
Pendant ce temps, Thomas entre dans la chambre où repose Ariane. La jeune femme, le sang séché ayant collé ses paupières, parvient à peine à gémir quand Thomas la soulève dans ses bras.
- Nous partons, lui murmure le jeune homme d’une voix chevrotante.
Il se dirige vers la porte d’entrée, non sans jeter un dernier coup d’oeil aux tueurs dans son salon.
Alors que Noah ressort le poignard de la paume ensanglantée, prêt à le planter à nouveau dans le tueur à gages, Kaleb parvient à s’emparer du poignet de l’adolescent et à le tordre de toutes ses forces.
Noah glapit de douleur en lâchant l’arme, permettant à Kaleb de s’en emparer. Aussi rapidement qu’un serpent, malgré le poison qui lui cisaille les organes, le tueur à gages plante le couteau en plein dans le coeur de l’adolescent tourmenté.
Puis il se laisse tomber sur le côté, secoué de violents spasmes, de la salive s’écoulant des commissures de ses lèvres.
Noah gémit, des borborygmes s’échappant de lui, du sang se déversant de sa bouche. Il tente de retirer le poignard, mais n’en trouve pas la force. Il laisse retomber sa main sur son ventre, le regard déjà loin.
*
Beltrame fronce les sourcils en voyant Thomas Rellik sortir de sa résidence, portant une femme gravement blessée dans ses bras.
La faveur de la nuit permet à la voiture de police de ne pas être repérée par le millionaire.
Flairant un problème, Beltrame s’empresse de composer le numéro de son chef, au moment où Thomas dépose la demoiselle sur le siège passager de sa voiture.
- Patron ? Envoyez tout de suite une patrouille à la résidence Rellik. Et prévoyez une ambulance. Faites vite, je vous prie.
Il démarre le moteur au même moment où Thomas s’engage sur la route à toute allure.
*
- PUTAIN ! Mugit Thomas en voyant les gyrophares dans son rétroviseur.
- Que... quoi ? Murmure Ariane avec difficulté. Thomas... Où...
- Chut, ne dis rien. Je vais le semer.
Le millionaire appuie sur l’accélèrateur, dépasse des kilomètres de plus en plus dangeureux.
Mais la police le suit toujours.
- DEGAGE ! Hurle le millionaire, la panique s’emparant de lui.
- Arrête, pitié, sanglote Ariane en gesticulant.
- La ferme ! Je n’irai pas en taule ! Je verrai mon enfant grandir, je l’élèverai comme il se doit !
Il tente d’essuyer rapidement les éclats de sang de Castelli qui lui brouillent la vision.
C’était sans compter sur Ariane qui, prise d’une panique soudaine, se met à hurler comme une démente, et se jette sur le volant.
- Arrête-toi ! S’écrie-t-elle, toujours aveuglée. Arrête-toi, je ne veux pas mourir, arrête cette voiture ! Je veux vivre !
- Lâche-moi, espèce d’idiote ! Lâche ce volant, tu vas nous-
*
Il aura suffit de trois minutes avant que l’accident ne se produise.
La voiture n’a cessée de zigzaguer durant la dernière minute, jusqu’arrivée sur le pont qui permet de sortir de la ville.
Là, subitement, un coup de volant sur la droite à fait sortir la voiture de la route, écrasant la rambarde du pont, projetant le véhicule dans les eaux noires du fleuve glaciale et déchaînée.
Beltrame a freiné subitement, faisant crisser les pneus sur le bitume. Est sorti de la voiture, accourant sur le rebord dégagé du pont. N’a plus vu que le coffre du véhicule, s’enfonçant profondément dans les eaux tumultueuses.
Mais Beltrame ne sait pas nager.
Il reste paralysé sur place, seul dans la nuit désormais terriblement silencieuse.
La voiture a maintenant totalement disparu, et ses passagers avec.
Rien ni personne ne remonte.
C’est comme si rien ne s’était jamais passé.
*
Les gyrophares de la police. Des ambulances.
Des ordres donnés à tue-tête, des cris d’incompréhension.
Des civières transportant des corps, des couvertures blanches les recouvrant.
Des badauds, des journalistes, des curieux...
Cinq morts au total.
Un trio mortel, une femme que l’amour aura achevé, et un enfant à naître qui n’aura jamais eu le temps d’ouvrir les yeux.
*
Beltrame fonce directement dans le bureau de Magat. Il trouve le jeune officier seul assis derrière un bureau, le nez plongé dans des caisses recueillant les preuves de l’affaire que les journalistes ont déjà surnommés “Le Triumvirat Mortuaire”.
En voyant son aîné s’avancer rapidement vers lui, Magat sursaute en se relevant. Il faut dire que Beltrame n’a pas la réputation d’un homme doux au sein de son service.
- Vassily, commence Magat. Je suis désolé pour-
- Abrège. Tu n’en a parlé à personne d’autre ?
- Non, je n’ai rien dis, comme tu me l’a demandé. Mais Vassily, je-
- Dis-moi ce qui tu as entendu.
- Eh bien... Tout, à vrai dire. Je pense que ce Noah voulait faire chanter Monsieur Rellik en l’enregistrant sur son téléphone mais, au final, il a absolument tout enregistré. Y compris les aveux de Van.
- Quels aveux ? Qu’a-t-il dit, exactement ?
- Il dit qu’il a tué le vieux Rellik, Vassily. Il l’a buté à mains nues, c’est ce qu’il dit. Il demande pardon, il dit qu’il se sentait menacé et a pris peur mais... Enfin, Vassily, pour tuer quelqu’un avec ses poings, c’est qu’il voulait le tuer. Battre un homme à mort prend du temps, beaucoup de temps. Van aurait pu profiter de ce temps pour se rendre compte de son erreur, pour arrêter avant de commettre l’irréparable et appeler les urgences.
- Il a pris peur. Il sait que même en s’arrêtant, le vieux Rellik l’aurait fait tué.
- Ce qui ne fait que confirmer l’acte de préméditation. Van savait ce qu’il faisait, et il a continué. Il a beau s’être senti menacé, ça n’empêche pas qu’un meurtre a été commis.
- Montre-moi le téléphone.
- Tiens, c’est celui-ci.
Beltrame prend le mobile que lui tend Magat. Il parcoure les enregistrements audio, écoute rapidement les aveux de son partenaire, la mine grave.
Puis il range le téléphone dans la poche de sa veste, sous le regard médusé de Magat.
- Mais, qu’est-ce que tu fais ? Demande son collègue. C’est une preuve, il faut la remettre dans la boî-
- Ecoute-moi bien, petit. Tu ne parles de ça à personne. Personne. Je vais régler cette affaire moi-même. Tu as intérêt à garder ça pour toi, sinon...
- Sinon quoi, Vassily ? Qu’est-ce que tu vas faire ?
Beltrame s’approche assez près pour n’être qu’à quelques centimètres de Magat. Il doit se pencher légèrement pour être à la même hauteur que son collègue, son regard sombre plongé dans celui, méfiant, de l’officier.
- Je n’ai qu’à tirer quelques fils pour t’envoyer en prison, Renzo. Tu auras beau te défendre, prétendre l’existence de cet enregistrement, tu n’aurais aucune preuve. Si tu parles, tu te jettes toi-même dans la gueule du lion. Alors...
Il s’approche encore un peu plus de son collègue, leur nez se touchant presque.
Magat s’est mis à trembler, les paroles de Beltrame ayant eu l’effet escompté.
- Alors sois un gentil garçon, et tais-toi, poursuit Vassily. Tu m’as déjà vu en colère, mais jamais contre toi. Tu ne voudrais pas être l’objet de ma fureur, n’est-ce pas ?
- Je... Non, non, murmure Magat en baissant la tête.
- Bien.
Beltrame se redresse, passe la langue sur ses lèvres.
- Je viendrai te voir de temps en temps, histoire que tu n’oublies pas notre arrangement. Tiens-toi tranquille, compris ?
- Oui, Beltrame, répond Renzo dans un déglutissement.
Satisfait, Vassily Beltrame repart aussi rapidement qu’il est arrivé.
*
Il fronce les sourcils, écoute le médecin avec attention.
Il l’entend parler de “coma artificiel”, de “traitement”, de “sédation”.
Ce que l’agent retient, c’est que les jours de Castelli ne sont plus en danger. Mais qu’il ne va pas se réveiller avant longtemps, pas avant que les médecins ne terminent les traitements qui lui permettront de ne souffrir d’aucune conséquence. Pas avant que le corps de Van Castelli ne se répare.
Une fois le discours de l’officier de santé terminé, Beltrame obtient le droit d’aller voir son collègue.
Il craint ce qu’il va découvrir dans le chambre.
Il a toujours eu en horreur les hôpitaux.
Des tuyaux branchés çà et là, des machines imposantes, des lumières trop éclairées, des murs blancs à rendre aveugles.
Beltrame doit presque plisser les yeux pour voir Castelli allongé sur le lit, les yeux gonflés et fermés, la respiration régulière.
Certains pourraient trouver le jeune policier presque apaisé.
Mais Beltrame sait qu’il n’en est rien.
Même dans l’inconscient, il sait que son partenaire est bien plus traumatisé et meurtri que son apparence laisse transparaître.
L’officier prend un tabouret, s’assoit à gauche de son jeune collègue. Il lui prend la main, jette un coup d’oeil derrière lui pour s’assurer d’être seul, puis chuchote à Castelli :
- Je sais ce que t’as fais, Van. J’ai entendu l’enregistrement. Puis je me suis dis : “si t’as tué le vieux Rellik, alors où est-ce que t’as caché le corps ?”. Donc, je suis allé chez toi. Et j’ai trouvé les sacs poubelles. Bon Dieu, Van... Tu aurais dû t’en débarrasser plus rapidement ! Maintenant, l’odeur va prendre un temps fou pour disparaître... Mais ne t’inquiète pas, partenaire, je suis sur le coup.
Il se penche vers l’oreille de Castelli, persuadé que ce dernier est en mesure de l’entendre.
- Je m’en suis débarrassé pour toi, gamin. Personne ne trouvera jamais ce vieux déchet. Et il n’y a plus personne en vie qui connaisse ton secret, à part Magat et moi. Mais je m’occupe de ce petit enfoiré, t’as pas à t’inquièter. Je suis là pour te protéger, Van. J’attendrai que tu te réveilles, et je continuerai de veiller sur toi.
Son partenaire allait mal, Vassily le savait, et il comptait bien découvrir pourquoi.
Maintenant, il sait.
Car Beltrame tient beaucoup à son ami.
Il y tient.
Beaucoup.
Trop.
Voilà la résolution de l’histoire autour de la famille Rellik, les personnages qui se retrouvent, les aveux de tous qui s’imbriquent. Le final est explosif, presque un peu déçue que la conclusion et la réunion de tous les personnages arrivent si vite ^^ Mais c’est agréable aussi, une histoire courte (enfin, je parle comme si c’était la fin de l’histoire, mais une suite arrivera peut-être…?).
Joli retournement de situation, où Beltrame le mentor, qu’on imaginait en flic droit dans ses bottes, s’avère être presque plus terrifiant que les autres tueurs… (en tout cas il m’a bien fait peur, comme le pressentiment que Castelli ne sera pas très réceptif à l’amour de son collègue…). Ça donne envie d’en savoir plus sur ce personnage ! Si je peux me permettre, je pense que tu aurais pu l’intégrer dès le début de l’histoire, ajouter des scènes où il intervient, pour laisser le temps aux lecteurs de le découvrir. Ça aurait rendu d’autant plus marquant son « revirement » de la fin, à mon sens. J’espère qu’on en apprendra plus sur lui dans tes prochains écrits en tout cas.
Merci beaucoup de partager cette histoire, au plaisir de te lire à nouveau ^^
Je suis contente que les dialogues t’aient plu et qu’ils aient fait vivre des personnages que j’ai mis du temps à écrire et développer. Parfois, les mots sortent tout seul au fur et à mesure de l’écriture, et je pense que c’est justement ça qui les rend si fluides.
Je suis désolée que tu ais été déçu de la rapidité de l’histoire et de son dénouement :-(
J’ai toujours préféré écrire des histoires courtes, je ne voulais pas tomber dans une écriture à rallonge où je me force à ajouter des scènes ou des dialogues qui ne me sont pas venus naturellement. J’ai toujours un peu peur de forcer mon écriture, c’est pourquoi je choisi en général d’écrire des histoires de quelques chapitres seulement. Mais que tu sois déçu est une bonne chose aussi, puisque tu dis ne pas avoir vu le temps passer ! :-)
A la base, j’avais commencé cette écriture en gardant l’objectif d’une histoire simple et courte, sans suite. Mais, au plus j’avançais, et au plus je me suis dis qu’il fallait une suite, car je me suis beaucoup attaché à certains personnages que j’aurai voulu plus développer (Castelli et Beltrame, en l’occurrence. RIP les autres). Alors oui, je peux t’affirmer qu’il y a aura une suite, j’en suis encore au stade où je peaufine de nouveaux personnages, mais je n’ai pas encore commencé l’écriture ;-)
Oh, et pour ce qui est d’introduire Beltrame plus tôt, je pense que tu as raison ! Je suis en train de réfléchir à quel autre moment il pourrait apparaître sans que cela ne décale trop le récit. Si tu as des idées, je suis preneuse !
Quoi qu’il en soit, je te remercie encore une fois d’avoir pris le temps de lire cette histoire, et heureuse qu’elle t’ait bien plu ! Au plaisir de te retrouver sur d’autres histoires ! ;-)