Emilyse s’était endormie comme une pierre, avec une telle brusquerie et une telle profondeur qu’Alister l’avait crue cannée pour de bon. Le souffle puant qui s’échappait de ses lèvres était si ténu qu’il avait dû y coller l’oreille – non sans hésitation, car elle était bien capable de ruser pour la lui croquer. Ensevelie sous les replis du manteau de Graham, les membres en pelote et les cheveux en pagaille, elle n’avait pas bougé d’un cil durant les heures suivantes. La mort était-elle à ce point fatigante ?
Alister avait monté la garde sans savoir exactement de quoi il se méfiait. Assis au bureau qui faisait l’angle de la chambre, à l’étage, il avait fumé trois pipes et bu quatre cafés en voyant le matin succéder à la nuit et la lumière changer dans un camaïeu de gris. Emilyse, dans son lit, semblait plus morte à la lueur du jour qu’elle ne l’avait jamais été dans le cimetière de Cross Bones, et Alister ne parvenait pas en détacher les yeux.
Elle ne pouvait pas avoir ressuscité ; après tout, ce n’était pas parce qu’Alister n’avait jamais eu vent d’une erreur de diagnostic aussi critique que la chose était absolument impossible. Comme il l’avait dit à Graham : il n’était pas médecin.
Mais Graham l’était, lui, et il semblait trouver le phénomène troublant.
Alister croisa les pieds sur la chaise et, par la fenêtre grêlée de pluie, il jeta un œil à la rue en contrebas. Personne. Personne ne l’avait suivi, personne ne l’avait épié, et avec un peu de chance, personne dans les parages ne l’avait vu rentrer chez lui en cachant une jeune femme déguenillée sous un manteau de première main. Qui aurait pu le surprendre, de toute façon ? Ses voisins étaient des travailleurs respectables, contremaîtres, capitaines ou nouveaux bourgeois qui dormaient à poings fermés lorsqu’Alister terminait sa tournée. Ses années de promiscuité avec les couche-tard et les fouineurs étaient loin derrière lui, désormais.
Les carreaux illumineraient bientôt les façades de briques rouges et le claquement des portes ferait fuir les derniers chats galeux abrités dans les venelles. Le quartier n’avait rien de très reluisant : des maisons mitoyennes alignaient leurs cheminées éteintes sous un ciel d’un gris d’ardoise, tristement semblables aux petits immeubles ouvriers qui proliféraient dans le secteur – en apparence, en tout cas. Car là où les constructions les plus pauvres se tassaient dos à dos le long de cours sordides, se disputant la lumière et partageant les latrines, celles-ci offraient au moins davantage d’espace et de commodités. Des arguments qui avaient convaincu Alister du bien-fondé de sa reconversion professionnelle.
Il n’en avait tiré que des bénéfices, jusque-là : la paie substantielle, d’abord, les horaires décalés également. En travaillant de nuit, Alister profitait d’une solitude quasi totale et d’un calme royal. Mais il avait bien peur de voir son confort définitivement gâché, dorénavant – il ramena un regard accusateur sur Emilyse. Qui s’était réveillée.
Ses yeux noirs luisaient de nouveau dans l’ombre du manteau, tout au bord du col large qui lui couvrait la joue, et une fois le sursaut de stupeur passé, Alister tenta d’y voir un signe encourageant – un signe de guérison, si tant est qu’Emilyse ait souffert de la moindre affliction lorsqu’il l’avait exhumée. Raidi sur son siège, il guettait.
— Vous m’entendez ?
Emilyse tendit la tête et Alister se leva.
— Vous…
Mais il ignorait quoi lui dire ou quoi lui demander : l’improbabilité de la scène le désemparait. Pendant qu’elle se redressait en jetant un œil circonspect à la chambre, Alister se surprit à regretter qu’elle ait émergé du sommeil – et à songer qu’il avait sans doute raté sa dernière chance de régler la question avant que les ennuis commencent.
— Je vais vous trouver un truc à manger.
Elle le suivit docilement le long du couloir et au bas de l’escalier étroit qui débouchait dans le salon. Alister lui fit signe de s’installer à la table et de ne pas bouger pendant qu’il explorait la cuisine à la recherche de victuailles encore comestibles. Bredouille ou presque, il chargea du bois dans le poêle, mis une casserole de lait à chauffer et y fit gonfler ce qu’il lui restait de pain rassis.
— Eh, qu’est-ce que vous faites ? grogna-t-il en revenant au séjour, écuelle et cuillère en main.
Emilyse pointa un museau fardé de poussière et de toiles d’araignée dans sa direction, hissée sur une chaise devant la bibliothèque clairsemée. Ses doigts fouillaient encore les rayonnages où Alister entreposait les ouvrages spécialisés que Graham lui avait offerts (« Pour votre culture personnelle, mon ami »), et la moue froncée d’Emilyse semblait le mettre au défi de l’interrompre. Il ne s’en laissa pas conter.
En trois pas, Alister parvint à sa hauteur et l’attrapa pour la ramener à la table. Il lui servit son déjeuner sans douceur avant de s’asseoir face à elle, et si l’image lui rappela ses pires soirées en compagnie de son père, il refusa de céder à son expression butée.
Emilyse finit par promener le nez au-dessus de la gamelle fumante et y plongea le couvert pour goûter la mixture du bout des lèvres. Son visage fut alors transfiguré, élargi et éclairé, et elle se mit à engloutir son ragoût à grandes coudées comme si elle n’avait rien mangé depuis des semaines. Alister se détendit quelque peu : aucune créature diabolique ne pouvait se comporter avec une telle ferveur enfantine. Emportée par l’appétit, Emilyse lampa jusqu’à la dernière goutte, rota et s’affaissa dans son siège sous les yeux hallucinés d’Alister.
Il passa une main calleuse sur sa barbe et sur son nez mordu qui le démangeait. Alister avait déjà connu des femmes peu distinguées, des jeunes filles mal élevées et des gamines invivables, mais celle-ci dépassait de loin ses pires expériences. Il allait débarrasser pour s’épargner sa compagnie quand elle se redressa subitement et régurgita l’intégralité de son repas.
— C’est pas vrai…
Alister aurait voulu s’offusquer, s’énerver, mais c’était pire : il avait peur. Emilyse était peut-être bien malade, après tout. Était-ce là un symptôme du mal qui l’avait presque tuée ? Autre chose de plus inquiétant encore ? Fallait-il ramener Graham sur-le-champ, même s’il lui avait ordonné de patienter ?
Emilyse tira sur sa robe salie avant de poser sur Alister un regard déroutant, non pas chargé de honte ou de dégoût, mais d’une frustration presque rageuse. Elle noua les poings sur son vêtement souillé, et pendant un instant, Alister craignit qu’elle n’explose en gros sanglots de colère.
— Venez, s’empressa-t-il de dire, et il se dirigea sans attendre vers un recoin de la pièce.
Alister tira le rideau. Coincée entre la cuisine et le couloir qui menait au jardin minuscule, la niche était à peine assez large pour accueillir un baquet et une étagère. Il fit asseoir Emilyse au bord de la baignoire ; encore bouillonnante de fureur, elle y crocheta les doigts et fixa son regard furibond droit devant elle. Elle ne semblait pas troublée d’avoir gâché son festin, ni même de s’être salie ; toute sa hargne paraissait ravalée et dirigée contre elle-même.
Alister la garda en ligne de mire pendant qu’il activait la pompe récalcitrante et remplissait plusieurs seaux qu’il mit à chauffer.
— J’ai pas de robe de rechange pour vous, mais pendant que vous vous décrassez, je vais vous trouver quelque chose à vous mettre le temps de laver celle-là.
Les yeux brûlants d’Emilyse voyaient à travers lui.
— Miss ? Vous vous sentez bien ? Je peux aller chercher le…
Emilyse bondit sur ses pieds et entreprit de se déshabiller avec des gestes violents. Alister fit volte-face avant d’apercevoir une épaule, s’étranglant dans ses exclamations, mais les grognements bestiaux de la jeune femme lui firent presque aussitôt aventurer un regard inquiet par-dessus son épaule. Coincée entre un ruban et un lacet, la figure rougie par l’effort, elle semblait résignée à s’extraire de sa robe en la déchirant du dedans.
— Attendez, attendez, lâcha Alister après quelques secondes de débat intérieur. Arrêtez de tirer dessus comme ça ! Je crois qu’il faut enlever ce nœud-là…
Cela faisait bien longtemps qu’Alister n’avait pas manipulé de toilette féminine ; d’ailleurs, la plupart du temps, il ne s’embarrassait pas vraiment de les défaire proprement. Emilyse scrutait ses gestes maladroits avec une défiance teintée de curiosité.
— Va falloir que vous finissiez toute seule… fit Alister lorsqu’elle ne porta plus que son sous-vêtement.
Mais Emilyse regardait son corps comme s’il s’agissait d’un pistolet à désamorcer.
— Quand même pas bien compliqué, à ce stade, ronchonna Alister en essayant de ne pas trop observer la chemise et le pantacourt à boutons, et surtout pas la peau pâle qu’ils révélaient. Vous avez qu’à…
Mais la technique ne posait plus de problème ; Emilyse se dénuda trop rapidement pour qu’Alister détourne le regard et ce qu’il découvrit lui fit oublier la bienséance la plus élémentaire : en travers de sa toute petite poitrine, de longues lignes violacées traçaient des faisceaux larges de plusieurs pouces, semblables à des zébrures d’encre. Plaies, hématomes, Alister n’aurait su le dire. Emilyse observait ces marques mystérieuses et son hôte ne pouvait plus lire l’expression de son visage baissé.
Il était trop choqué pour se sentir gêné ; l’impudeur d’Emilyse l’en dispensait, de toute façon. D’où provenaient ses blessures ? On aurait dit que son torse avait été ficelé, entamé par la corde de façon répétée ou sur une durée conséquente : certaines des traces avaient fané, d’autres laissé place à des cicatrices superficielles. Elles semblaient en tout cas trop anciennes et trop nombreuses pour découler des manœuvres d’exhumation d’Alister ; il nota mentalement de signaler le phénomène à Graham lorsqu’ils se reverraient.
En attendant, il profitait qu’Emilyse soit toujours absorbée par son examen, et faute d’être gêné, il se sentait de plus en plus hagard.
Il allait se forcer à détourner les yeux quand elle releva les siens. Son regard reflétait une horreur et une colère qui lui étaient devenues familières, mais cette fois, elle porta les mains à sa gorge, puis à sa bouche, mimant l’asphyxie ou… le mutisme ?
— Vous pouvez plus parler ? essaya-t-il de traduire. Voudriez me dire ce qui s’est passé, mais vous pouvez pas ?
Ses épais sourcils s’arquèrent en supplique et elle pressa les poings sur ses tempes. Peut-être ne pouvait-elle même pas comprendre, même pas ordonner, même pas saisir assez précisément ce qui s’était produit avant sa soi-disant résurrection pour en former une pensée.
— Prenez un bain, essayez de vous reposer encore un peu, dit Alister, et ce soir je vous accompagnerai voir Graham de toute façon. Il nous dira si… Il trouvera ce que vous avez.
Emilyse poussa un soupir à fendre l’âme avant de se résigner à grimper dans le baquet. Elle s’immergea jusqu’au menton, recroquevillée comme si l’eau avait déjà fraîchi, et Alister la laissa en emportant ses vêtements.
Il avait attendu qu’Emilyse se rendorme aux alentours de neuf heures avant de quitter la maison en fermant toutes les portes à clef. Il ne pourrait l’amener à Graham qu’en plein cœur de la nuit, ce qui lui laissait une marge confortable pour se consacrer à sa petite enquête.
Enquête qui lui semblait de plus en plus contestable. En vérité, toute cette excursion était une très mauvaise idée : et si Emilyse faisait une nouvelle crise en son absence ? Si elle tentait de s’enfuir, ou de se faire du mal ? Il ne l’avait pas alertée de son départ pour ne pas l’inquiéter, mais si elle se réveillait en découvrant la maison vide, qui savait comment elle réagirait…
Alister pressa le pas. Il n’avait pas l’habitude de se soucier de quelqu’un d’autre que lui, alors il ne savait pas quoi faire de toutes les préoccupations qui le parasitaient. Ah, ça ! Graham avait tiré le gros lot, avec lui ! En plus d’être moins coûteux que celui des autres résurrectionnistes, leur pacte exclusif n’impliquait aucun engagement post-mortem : contrairement à ses collègues, si Alister était arrêté ou tué dans l’exercice de ses fonctions, il n’avait aucune famille à placer sous la tutelle financière de l’anatomiste.
L’idée de n’être rattaché à cette vie que par le contrat de travail de Graham lui inspirait des émotions contradictoires, mélange de fierté et de frustration qu’il s’efforçait généralement d’étouffer aux premières manifestations – la bière aidait beaucoup, dans ces cas-là. Mais il était un peu tôt pour cela, aujourd’hui et Alister avait besoin de toute sa concentration pour la suite des opérations. Il prit la direction de Southwark et du cimetière qu’il avait visité la nuit dernière, presque dans une autre vie.
Certaines rumeurs voulaient que Cross Bones ait d’abord accueilli dans ses terres maudites les prostituées de la Liberty of the Clink : une zone située hors de la juridiction du shérif en chef de Londres, réputée pour ses bordels, ses théâtres et ses jeux d’appât d’ours. Depuis, Cross Bones avait perdu son titre de « cimetière des femmes célibataires » et servait à tous les pauvres de la paroisse de Saint-Sauveur.
Alister coupa par l’hôpital Guy pour rallier l’atelier de pompe funèbre en charge de Cross Bones – son ancien lieu de travail. L’averse continuait à délaver le paysage : les caniveaux et les gouttières la dégueulaient dans les mares formées au creux des rues et des allées, et d’autres bottes que les siennes l’y faisaient clapoter. Depuis quelques minutes, Alister avait la très nette sensation d’être suivi. Il pénétra la cour du magasin en forçant encore l’allure.
Les établis et les cercueils d’exposition prenaient l’humidité sous les auvents, masqués par des rideaux de pluie épais comme des bâches, et le croque-mort s’affairait à balayer l’eau terreuse sur le seuil de la boutique. Réfugié sous l’avant-toit, Alister s’ébroua comme un gros chien.
— Clayden ! Quel bon vent ? lança le croque-mort en le reconnaissant.
— Aucun de bon, répondit-il entre ses dents. Je peux avoir un mot ?
— Je vais pas vous rembaucher, savez ?
— Je viens pas pour ça. J’ai juste une question… un peu particulière.
Le croque-mort déposa son balai contre le mur, sortit une boîte à tabac et une pipe de sa poche et entreprit de la bourrer. Alister regretta d’avoir laissé la sienne dans sa chambre : Emilyse éprouverait peut-être l’envie de piller ses réserves pour chiquer.
— Allez-y, posez-moi votre question.
Alister jeta un œil à la cour, cherchant le bord d’un chapeau ou le bout d’une chaussure glissés par mégarde au détour d’un mur, mais si ses mystérieux poursuivants l’avaient talonné jusqu’ici, le déluge se chargerait d’assourdir leurs oreilles indiscrètes. Il pivota de nouveau vers son précédent employeur qui l’observait avec un air d’interrogation patiente.
— Vous avez déjà eu des cas de fausses morts ? lâcha Alister. Je veux dire, pas les habituelles bourdes des toubibs un peu trop pressés, mais… des gens qui avaient l’air vraiment morts, mais qui l’étaient pas ?
L’air du croque-mort changea du tout au tout. Il ne semblait pas choqué, simplement… déçu ?
— Vous devriez être bien placé pour savoir que je mène une entreprise sérieuse, ici, Clayden. Si c’est le scandale que vous cherchez, je vous suggère de consulter la concurrence et de…
— D’accord, d’accord, merci pour votre temps. Et j’espère que les affaires vont bien.
— Oh, vous savez, Clayden, les gens auront toujours besoin de croque-morts et de sages-femmes.
— Ouais…
Alister se détourna. Il allait s’enfoncer de nouveau sous les trombes d’eau lorsque le patron lança :
— Besoin de voleurs de cadavres, par contre…
Alister ne se retourna pas pour le saluer et s’éloigna à grandes enjambées spongieuses. Il aurait peut-être plus de chances auprès du curé… quoique pas meilleur accueil.
La question ne se posait déjà plus, de toute façon : les silhouettes anonymes s’étaient multipliées durant son aparté et l’étau se resserra rapidement pour se refermer lorsqu’Alister tenta de s’enfuir par les jardins de la Croix-Rouge.
— Halte ! lui cria-t-on sous le déluge.
Alister pivota pour embrasser du regard le cercle des provocateurs. Nombre de leurs visages lui étaient détestablement familiers : des concurrents résurrectionnistes.
Qui ne faisaient pas le poids, même à six de front – Alister pensait avoir fracassé assez de crânes pour le prouver. Comme il ne souffrait plus que de quelques sabotages sans grande ampleur ni grande conviction depuis sa dernière tournée de mâchoires fendues, il en avait déduit que le message était passé. Pas chez tout le monde, visiblement.
— C’est pas le moment, grogna-t-il. Croyez que j’ai rien de mieux à faire que me coltiner vos conneries de mauvais joueurs ?
— Tu te goures, Clayden.
Leurs yeux luisaient d’une malice inhabituelle et Alister comprit qu’il ne s’agissait pas d’une énième lutte pour le corps le plus frais. Ces hommes avaient une mission : le mettre hors d’état de nuire ; on avait dû leur promettre une belle somme pour s’attaquer à lui, en plein jour qui plus est.
— Ça, c’est de la part des Marbrand.
L’œil d’Alister accrocha un reflet métallique, aussi furtif qu’une étoile filante, et le froid lui creva le ventre. La lame recula et entra de nouveau, trop rapidement pour qu’il puisse tenter d’en stopper le mouvement ; avant que la douleur le submerge, ses entrailles fuyaient déjà comme une outre percée.
Alister gronda, chercha à tâtons l’assaillant qui lui lestait le dos ; ses doigts se refermèrent sur une touffe de cheveux et un cri rauque répondit à sa torsion. Il parvint à décrocher le parasite pour le brandir en bouclier contre son agresseur ; la morsure du couteau s’atténua. Puis recommença de plus belle, sous un autre angle, le long d’un fil encore plus glacé, reprenant inlassablement sa besogne dans sa chair.
Alister luttait contre le vide ; des coups d’épée dans l’eau que ses adversaires esquivaient en ricanant. C’était lui, l’ours ; lui qu’on appâtait et qu’on aiguillonnait sous les vivats des spectateurs en manque de cruauté. Ses ripostes étaient trop lentes. Trop lourdes. La souffrance s’insinuait en lui à chaque nouvelle entaille, la rage s’en échappait, et avec elle ses forces, et la tête lui tournait. Une noirceur épaisse planait sur son regard. Ses jambes tremblaient.
L’ombre s’accentua soudainement et Alister se crut perdu, jusqu’à ce qu’il réalise : l’ombre bougeait. Elle fondit sur ses ennemis dont la ronde se rompit en hurlant, et les premiers qui tentèrent de répliquer après avoir recouvré leurs esprits en eurent pour leurs frais : yeux écorchés, nez mordu, lobes arrachés… leurs râles gargouillants se mêlèrent aux exclamations horrifiées des quelques rescapés qui s’égaillaient en courant. Ses victimes trébuchèrent à leur suite, les mains plaquées sur leur visage mutilé, et quand les derniers échos de leurs cris s’évanouirent, Alister s’effondra dans la boue.
Le ciel d’un gris de marbre s’étendait comme un linceul au-dessus de lui ; un sang chaud trempait sa chemise, tiédissant avec la pluie qui trempait son manteau. Les ténèbres le garrottèrent de nouveau au moment où l’ombre se pencha sur lui.
— M… miss… ?
C’était elle. Sous le haut-de-forme emprunté, ses cheveux auburn dessinaient des virgules en travers de son front plissé de souci. Ses paumes pressaient les plaies sur l’abdomen d’Alister, mais son contact lui semblait plus lointain qu’un songe et plus léger qu’un frôlement d’aile. Il voulait lui demander comment elle avait pu le suivre et le sauver, il voulait prendre ses mains dans les siennes. Il souffla seulement :
— G… Graham…
Et Emilyse acquiesça.
J’ai trouvé qu’Alister se laissait tuer bien facilement. On dirait qu’il ne peut pas du tout se défendre, alors qu’il n’est pas pris par surprise. Il m’a semblé qu’il aurait pu montrer un peu plus de résistance. J’ai trouvé aussi un peu dommage que la visite chez le croque mort soit si brève, elle fait prétexte, du coup.
Détails
avec une telle brusquerie et une telle profondeur : je ne sais pas si on peut s’endormir avec profondeur, ça me parait bizarre
à grandes coudées : à grandes goulées ?
il profitait qu’Emilyse soit toujours absorbée par son examen : pas trop sûre de ce subjonctif ici, j’aurais mis « était »
l’atelier de pompe funèbre en charge de Cross Bones : « en charge » c’est un anglicisme. Pourquoi pas l’atelier de pompe funèbre de cross bones
Il pénétra la cour du magasin : Il pénétra dans la cour du magasin ?
Idem pour le passage chez le croque-mort, je vais tenter d'étoffer !
Mais tu vois je suis pas si sadique que ça finalement :p
J'ai dévoré ce nouveau chapitre. J'ai pas démordu et je veux la suite !!! C'est pas gentil de faire un tel cliffhanger !
Contente que ce chapitre t'ait plu ! J'espère que la suite ne te décevra pas :')
Je suis contente de voir un nouveau chapitre de cette histoire, je l'apprécie vraiment beaucoup <3 J'aime particulièrement le point de vue d'Alistaire, aussi ya un moment du chapitre, j'étais pas très très contente, surtout que bon, te connaissant, c'était probable qu'il y passe vraiment, vile tueuse en série. Du coup maintenant, grande question. Alistaire sauvé, zombifié ou mort ?
Mais Emilyse arrive pile au bon moment ! Ca pour le coup, je ne m'y attendais pas du tout =o Elle avait pas l'air du tout autonome au début du chapitre, et là, être capable de s'habiller, retrouver/suivre Alistaire et comprendre qu'il avait besoin d'aide, c'était vraiment impressionnant ! Et le réflexe d'appuyer sur ses blessures, elle est pas tant déphasée que ça visiblement. Bon, même si, elle est pas capable de se déshabiller seule.
D'ailleurs, les blessures sur son torse, je suppose que ça vient de la famille ? Et que c'est pour ça qu'ils sont pas méga chaud à ce qu'on regarde de plus près ? Ca, on la résurrection a été un peu violente. Mais vu la réaction d'Emilyse, je pense plus sur la charmante famille.
Bref, hâte d'en savoir plus sur tout ça <3 Bon courage avec la suite =D
Pluchouille zoubouille !
Eh ben moi je suis contente que tu apprécies cette histoire ♥ Et Alister ! Désolée pour "ce moment du chapitre"... :p C'est effectivement la grande question que tu poses, mais j'y répondrai pas, na !
Disons qu'Emilyse progresse par à-coups :p C'est un peu le problème avec le format court et les différentes focales, je peux pas prendre trop de temps pour les étapes successives, mais je voulais aussi que ça accentue l'étrangeté du phénomène. Pour le premier déshabillage, disons qu'il y a un traumatisme qui jouait...
Je peux rien dire au sujet des Marbrand, mais ça va s'éclaircir bientôt !
Merci encore pour ta lecture et ton commentaire Flammouche, j'espère que la suite te plaira ♥
D'ailleurs, à ce propos, voilà que tu nous tues le personnage principal, en plus ! Ce serait donc Emilyse qu'on va suivre, par la suite ? Ce serait, du coup, intéressant, et révélateur de pas mal de choses... peut-être trop, du coup ? Ou va-t-on plutôt récupérer le point de vue d'Henry Graham (ce qui serait logique) ? Et je suppose de toute façon qu'on n'en a pas fini avec Milton... Bref, que de mystères, encore !
Merci d'être toujours au rendez-vous ♥
Y a beaucoup de questions dans ce commentaire et malheureusement aucune à laquelle je vais vraiment pouvoir répondre D': Si ce n'est pour le cerveau d'Alister, ça, clairement, c'est son prochain en-cas :p
On en a fini ni avec Henry ni avec Milton, en effet, mais concernant la suite je ne dis rien non plus ! J'espère en tout cas que toutes ces interrogations ne t'ont pas trop fait fumer le cerveau ; il va y en avoir encore quelques unes ensuite, mais normalement quelques réponses aussi x'D
Merci pour ta lecture et ton commentaire !