Chapitre 6

Lundi matin, Alexie se rendit à l’université pour régler les derniers détails de son inscription. Elle arriva devant un grand bâtiment qui semblait dater du siècle dernier. Construit en briques rouges sur plusieurs étages, le passé semblait peser sur ce bâtiment. Des étudiants étaient assis sur l’herbe devant l’entrée, d’autres se retrouvaient après les longues vacances d’été. C’était le mois de septembre, il faisait encore doux à New York. Alexie portait un chemisier et une jupe confortable. Elle se voulait élégante mais décontractée pour son premier jour.

La jeune femme se dirigea vers l’accueil.

_ Excuse me, I’m looking for the air hostess department.

Le secrétaire leva la tête de son smartphone et redressa ses lunettes avant de lui indiquer du doigt un bâtiment de l’autre côté du parc de l’université. Avant qu’Alexie ne puisse lui répondre, il retourna sur son téléphone sans lui adresser un mot ni un regard. Elle souffla silencieusement avant de se retourner et d’aller dans la direction indiquée. Elle finit par trouver ce qu’elle cherchait. Son inscription se finalisa rapidement grâce à la secrétaire bien plus impliquée et plus gentille que celui de l’accueil. La petite dame lui présenta son professeur tuteur qui avait lui-même été stewart dans sa jeunesse. L’homme était grand, semblait avoir bien vécu et son regard était bienveillant. Il s’introduit comme étant le professeur Kermin mais il préférait qu’on l’appelle Carl. Après lui avoir fait un rapide tour des salles de classe et du bâtiment, le professeur s’excusa auprès d’Alexie prétextant une réunion.

La jeune femme retourna vers la petite secrétaire pour lui demander son emploi du temps. Elle commençait la semaine suivante. Cela lui faisait une semaine pour visiter et commencer à réviser la pile de livres de cours que lui avait donnée monsieur Kermin. 

Alexie flâna toute l’après midi dans le parc sous le soleil. Elle feuilleta quelques uns de ces manuels avant de s’assoupir sur l’herbe une petite demi-heure. C’est la sonnerie de son téléphone qui la réveilla. Elle décrocha sans vraiment regarder qui l’appelait.

_ Oui…?

_ Alexie ? Tout va bien ? Où es-tu ?

_ Maman ? Oui oui ça va, ne t’inquiète pas je suis bien arrivée à New York. J’allais t’appeler. Mais il est tard chez toi non ?

_ Il est vingt-et-une heures trente et toi ? C’est quatre ou cinq heures en moins ?

_ Cinq, il est seize heures trente. Ça va à la maison ? Papa ?

_ Papa ne veut pas te parler. Tu lui as désobéi Alexie, tu nous as désobéi. Ton père est très déçu.

La jeune fille lâcha un soupir. 

_ Je ne vais pas revenir sur la conversation qu’on a déjà eu au moins cinquante fois. C’est mon choix, mon rêve, ma vie. Je ne vais pas faire un métier qui ne me plaît pas juste pour vous faire plaisir.

Alexie commençait à être irritée. Après un silence sa mère répondit :

_ Ma chérie, je ne veux que ton bonheur. Tout ça est allé beaucoup trop vite. Tu me manques énormément.

_ Tu me manques aussi maman, mais ne t’inquiète pas, tout va bien. Si tu veux mon bonheur, alors tu sais que je suis là où je dois être.

Après un petit silence, elle enchaîna.

_ J’habite avec deux garçons très gentils, je viens de rencontrer mon professeur tuteur qui m’a très bien accueillie.

_ Chez deux garçons ? Mais tu n’as pas peur ?

_ Non maman, je t’assure ils sont adorables. Je les ai choisis sur un site sûr.

_ Bon je te fais confiance.

Alexie raconta ses premières journées à New York, l’université, ses cours. Elle omit volontairement de lui parler de l’agression pour ne pas l’inquiéter davantage. Avant de raccrocher elle lui demanda d’expliquer à son père ses motivations afin de le convaincre de sa décision comme elle venait de le faire avec sa mère.

Il était presque dix-sept heures quand Alexie quitta l’université. Elle prit le métro jusqu’à Central Park. Ce n’était pas le chemin le plus court pour rentrer chez les jumeaux mais elle voulait marcher un peu.

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