— Apolline, enfin ! s’exclama une voix rauque d’inquiétude. Je me suis réveillée, je me suis dit qu’à cette heure, tu…
— Ce n’est pas Apolline, coupa Roxanne d’un ton désolé.
Le silence qui suivit était à trancher au couteau. Callinoé prit la suite.
— Nous l’avons pris en stop. On allait au même endroit et on… enfin, on s’entend bien. On partage une chambre à l’auberge de jeunesse.
Le regard de Roxanne l’empêcha d’entrer dans de plus amples détails futiles. Ça lui paraissait important de préciser tout ça, cependant ; la pauvreté de son « on s’entend bien » méritait au moins une explication pour le fait qu’ils répondent à son téléphone.
— Puis-je parler à ma nièce ? s’enquit la voix, plus froide, distante.
— On ne sait pas où elle est, avoua Roxanne d’une voix rapide.
Elle avait rapproché le cellulaire de sa bouche et le tenait si serré que Callinoé aurait pu l’entendre craquer. La lumière qui illuminait son visage en contre-plongé lui dessinait des orbites sombres comme deux gouffres.
— On vient de découvrir qu’elle était partie sans ses affaires, détailla Roxanne avec des coups d’œil perdus à leur chambre. Elle nous a laissé une note et… je suis inquiète, si vous avez une idée de…
— J’en ai une. Je vais appeler le SAMU.
Le cœur de Callinoé rata un battement. Il s’empara du combiné, persuadé que la tante de Paul allait raccrocher, et ordonna avec l’impression qu’une bestiole se débattait dans sa gorge :
— Dites-nous ! On est ses amis, on est sur place, alors si on peut faire quoique ce soit avant que le SAMU arrive…
Il ne termina pas, fébrile, ayant la sensation d’attendre une réponse depuis au moins une heure. Roxanne se changeait déjà à côté de lui, essayant de boutonner son short tout en enfilant un t-shirt.
Quand la tante de Paul répondit enfin, il commença lui-même à s’habiller.
L’air était immobile, pesant. Callinoé et Roxanne courraient contre lui, haletant, le dos trempé de sueur. L’aube n’était pas loin, le ciel répandait un halo argenté et froid sur la ville endormie. Leur objectif se découpait droit devant, le clocher de l’église se faisant presque menaçant, écrasant.
C’était dans le jardin derrière que, d’après sa tante, Paul se trouvait. « C’est là qu’elle allait avec ma sœur et son mari. C’était leur point privilégié dans la ville. Elle en parlait souvent. »
Les mots tournait dans l’esprit de Callinoé. Ils n’avaient pas eu plus de détails et n’avaient pas posé de questions, pressés de retrouver Paul ; ils avaient néanmoins tous deux tirés des conclusions. Oh, comme Callinoé espérait que leur peur n’avait pas de fondement. Ils détalaient dans les rues, poussés par l’urgence qu’ils avaient eux-mêmes cultivés. En soi, rien ne prouvait que Paul…
— On y est presque, dit Callinoé pour s’encourager à ignorer son point de côté.
Rien ne le prouvait, non, mais il refusait de prendre le risque.
Détails
Callinoé et Roxanne courraient contre lui, haletant, le dos trempé de sueur : couraient
La lumière qui illuminait son visage en contre-plongé lui dessinait des orbites sombres comme deux gouffres : joli !
J'espère que c'est une fausse alerte et que l'on saura le fin mot de l'histoire au prochain chapitre. J'en peux plus d'attendre.
N'empêche, tu viens de dire sur le PAchat que tu avais peur de ne pas savoir faire de l'horreur ? Parce que là, tu me fais vraiment flipper…
Des coquillettes :
Les mots tournait dans l’esprit de Callinoé --> tournaient
Ah mais c'est pas vraiment de l'horreur ça (mais moi si t'as flippé à ce moment-là, ça me plaît <3 )