Cette fois-ci, il n’y avait qu’eux trois dans la chambre de l’auberge de jeunesse. Ils avaient pu entrer sans s’inquiéter du bruit ou de la lumière ; Callinoé avait été chassé bien vite pour que les filles se changent puis, finalement, il put se glisser sous les draps avec un râle de soulagement. Il ne faisait pas trop chaud et un filet d’air leur parvenait de la fenêtre ouverte. Il sombra très vite.
Il se réveilla une première fois quand la porte grinça et que la lumière du couloir vint frapper ses paupières closes. Cette sortie lui fit prendre conscience de sa vessie pleine mais l’idée de s’arracher du matelas était horrible. Il parvint à se rendormir avant que Roxanne ou Paul ne revienne.
Sa vessie se rappela à lui quand on le secoua fort.
— Callie, réveille-toi !
Le ton pressant de sa sœur chassa efficacement son engourdissement et il s’assit en baillant. Roxanne ou Paul avait allumé une lampe de chevet et, dans son halo jaune, l’ombre des mobiliers donnait l’impression de taches d’encre sur le mur.
— Quoi ? Dit-il, agacé à présent.
Le ciel était tout juste grisâtre, pas même encore traversé par les premiers rayons de soleil. Leurs vies n’étaient pas en jeu car il ne percevait ni fumée, ni gaz, ni agitation… Au contraire, un profond silence les étreignait. Les autres pensionnaires de l’auberge, ces veinards, dormaient encore. Il ne voyait absolument aucune raison pour avoir été tiré si brutalement hors des bras de Morphée.
— C’est Paul.
— Quoi, Paul ?
— Elle est pas dans son lit et...
Il soupira en se frottant l’œil du talon de sa main.
— Sûrement aux WC, Roxxie. Je vais y aller aussi, d’ailleurs.
Il bascula les jambes hors du lit mais, avant qu’il ne puisse se lever, Roxanne lui écrasa quelque chose sur le torse. Il la regarda alors et réalisa qu’une réelle frayeur lui agrandissaient les yeux. Elle avait les cheveux en bataille, une bretelle de pyjama mal mise et des cernes, mais l’air beaucoup trop réveillé pour que ça n’inquiète pas Callinoé. Sa sœur ne venait pas de faire un cauchemar.
Elle lui avait passé le carnet qu’ils avaient offert à Apolline. Sur la première page, leur amie avait écrit :
« Merci pour tout. »
— Ne sautons pas aux conclusions, bredouilla-t-il alors que son cerveau tournait à plein régime.
— Elle a laissé toutes ses affaires, répliqua Roxanne avec une pointe d’hystérie.
Elle se tordait les mains d’angoisse. Callinoé se mit debout et lui serra les épaules, désireux de lui transmettre de l’apaisement, ce qu’il était loin de ressentir.
Soudain, un vibreur résonna dans la pièce. Callinoé vérifia son téléphone mais Roxanne le devança.
— C’est celui de Paul !
Elle s’en empara dans un mouvement si vif qu’il faillit lui échapper.
— Sa tante, annonça-t-elle avant de décrocher et de mettre le haut-parleur.
Bon, je file lire la suite !
Détails
pour avoir été tiré si brutalement hors des bras de Morphée : tiré si brutalement des bras de Morphée ?
Ce qui était bien, c'est qu'à la lecture, j'étais comme Calli. Complètement largué. Dans l'attente de savoir ce qui se tramait. L'appel de la tante nous en apprendra davantage. J'espère ! Tous les personnages se confient facilement à la fratrie. Ce serait frustrant que ça ne se passe pas de la même manière avec la tante de Paul.
Affaire à suivre, donc.