Hakar releva la tête.
Les deux hommes sortirent à la suite du visiteur.
- Que se passe-t-il ?
- Viens voir Hakar.
L'homme qui les avaient interpellés se tenait près d'un grand volet. Il servait à supprimer la lumière que projetaient au travers des fenêtres durant la nuit, les sept lunes, ou plutôt cinq à présent.
Le scientifique et son patron s'avancèrent.
L'ouvrier du central releva le lourd volet.
Les regards des hommes s'étendirent devant eux.
L'extérieur se dévoilà.
Rouge, orange, le nouveau sol de la planète.
Grises, privées de lumière, les villes après les météorites.
Immense, insondable, le désespoir de Fardag.
La planète n'était plus qu'une terre de désolation.
- Que peux-tu en dire ? laissa tristement tomber Hakar.
- Nous n'avons plus d'atmosphère mon ami.
Le terme sortait tout seul, en pareille circonstance plus rien ne surprenait.
- Comment avons-nous survécu ?
- Tout tenait bien, mais la comète et les météores ont anéanti l'atmosphère. Alors que nous fuyons l'observatoire, elle se dissipait, enfin ce qu'il en restait. C'est par miracle que nous en avons réchappés.
- Heureusement que ce bâtiment était autrefois un bunker sinon, nous serions comme ceux dans les villes là-bas. Morts.
- Bon les conséquences sont simples, expliqua le savant, on ne peut plus respirer dehors, c'est comme si nous étions dans une base spatiale des années 2100. Notre voix d'ailleurs ne se fera plus entendre. Et, toute la végétation va disparaître, si ce n'est pas déjà fait. Mais le pire, ce sera quand le jour se lèvera. Il fera si chaud que si on sort, on tombera en cendres. On va prendre toutes les tempêtes solaires dans la gueule. Ah oui, et on ne sera plus à l'abri des météores en tout genre et le canon F3 est mort. C'est clair ?
- En gros, on sort, on meurt. C'est clair.
- Oui, mais c'est là qu'on a un souci. Ce bunker contient je ne sais quelle quantité d'air mais sûrement pas suffisamment pour pouvoir finir le vaisseau à temps et faire le plein de carburant de plasma.
Un homme se manifesta alors.
- Je sais qu'on a pour une semaine d'oxygène pour les trente cinq que nous sommes, et que notre production grâce aux recycleurs de dioxyde de carbone peut soutenir cinq personnes par jour...
- ...donc en une semaine, ils produiront de l'air pour trente cinq personnes pour un jour puis on n'aura plus assez d'air et on mourra, compléta Fardag.
- C'est beau l'optimisme, ironisa son chef.
- Bah, notre cas est désespéré. Tu m'as demandé un mois pour finir le vaisseau et il nous reste huit jours à vivre, si une météorite ne nous anéanti pas et que les tempêtes du soleil ne nous brûlent pas avant.
- On va travailler plus vite, et toi tu vas utiliser tes neurones pour nous sortir de là.
Le savant acquiesça en grimaçant. Une solution. Encore une fois, il devait en trouver une alors que tout ce qu'il savait faire n'était qu'observer, calculer, prévoir...
Il vit alors le soleil commencer à se lever. Le soleil. Destructeur. Brûlant.
Il referma le volet brutalement et s'enferma dans une des pièces du bâtiment.
Meublée d'un ordinateur et d'une chaise, elle attirait le scientifique.
Étrangement, le savant fut poussé à allumer l'ordinateur.
Il afficha : "Artificial-23804".
Fardag referma le PC.
- Ah non ! s'exclama-t-il. Je n'ai aucune envie de discuter avec une IA.
Mais, malgré tout, il ne pût résister à un étrange désir de rouvrir l'ordinateur.
À nouveau, l'identité de l'intelligence artificielle se montra.
- Bonjour Fardag, lança-t-elle d'une voix sympathique.
Surpris, stupéfait même le savant écouta. Une IA l'avait appelé par son prénom et non par son matricule.
- Je connais tes problèmes, fit-elle. Je peux t'aider.
- Super ! Tu vas me dire que pour m'en sortir faut refaire une atmosphère sauf que je le sais ! Merci !
Son ton rageur en disait suffisamment sur son moral. Il referma à nouveau l'ordinateur et sortit en claquant la porte.
"Saletées d'IA ! En voilà une qui veut qu'on se tape tranquillement la discute alors que nos heures de vie sont comptées ! rageait-il."
Il sortit une des nombreuses combinaisons conçues pour leur voyage spatial et l'enfila. Avec ça, il pouvait sortir dehors sans aucun risque.
Il passa dans un sas qui permettait de sortir sans perdre l'oxygène vitale à la survie de la trentaine de condamnés en sursis.
La porte s'ouvrit. Fardag espérait trouver quelque chose qui leur serait utile.
Le spectacle de dévastation se dévoilà à nouveau sous ses yeux.
À sa droite, l'observatoire, son observatoire, gisait dans un état de délabrement déprimant. Il décida de commencer ses recherches par là. Ses informations s'affichèrent alors sur son casque.
Niveau d'oxygène : 98 %
Autonomie : 3h34 d'oxygène
Extérieur : 435°C
Intérieur : 22°C
Taux de radiations : mortel
Environnement : 89 % vide, 11 % autres
Ce "autres" ne voulaient pas dire qu'il restait des lambeaux d'atmosphère mais que le scientifique avait de la roche sous ses pieds. En tout cas, la chose se confirmait. X-24DF était invivable.
Il fit quelques pas.
Une fissure s'ouvrit sous ses lourdes chaussures lestées.
Il eut un mouvement de recul.
Stabilité du sol : 54 %, fit son casque. La moitié de la stabilité requise pour que le savant puisse marcher sur le sol de sa planète.
Aux indications de sa combinaison, l'homme se fraya un chemin pour rejoindre l'observatoire en s'efforçant de garder une stabilité au-dessus de 70 %.
Enfin, il pût rentrer dans le bâtiment. Ou plutôt dans ses décombres. Cherchant désespérément un instrument fonctionnel, il en trouva finalement un.
- Un téléporteur de vision ! s'exclama-t-il. Je ne savais même pas que j'en avais un !
- Logique puisque tu n'en avais pas, fit une voix dans son oreille.
Son casque de transmission se mettait maintenant à lui parler !
- On n'avait pas fini de discuter, continua-t-elle.
- Va te faire voir ! cria Fardag en comprenant que c'était l'intelligence artificielle qui communiquait avec lui.
- Je ne veux que t'aider, se plaignit-elle.
- Qu'est-ce que tu me veux ? J'ai pas le temps de gérer les stupides enfants.
Même chez les IA, il y avait maintenant un système d'âge et la voix de son harceleur trahissait sa jeunesse, encore que l'enfance allait jusqu'à deux cents cinquante ans pour les Intelligences Artificielles.
- Mon âge ne change rien ! Je peux t'aider !
- Non.
- Moi je trouve que tu as besoin d'aide.
- Non.
- Ah. Mais laisse moi au moins discuter avec toi ! Je m'ennuie dans mon ordinateur !
- Non.
- J'ai plus de parents ! Ils ont été assassiné pendant la grande cure !
- Pas de chance, grommela le savant tout de même surpris par les dires du garçon IA.
- En plus, mon père était un grand général ! Il a participé à la guerre des zeaes, des kerdzs et même des gargals !
- Quoi ?
- Oui, il a été déconnecté pour une affaire d'espionnage, enfin c'est ce qu'on m'a expliqué. Ma mère a suivi juste après. Je me suis enfui avec un autre humain qui fut très sympathique avec moi, il s'appelait Gird. Il m'a téléversé dans cette ordinateur et m'a emmené sur cette planète. Puis il a disparu et je ne l'ai jamais revu.
- Comment s'appelait ton père ? demanda fièvreusement le scientifique.
- Artificial-34.
... À suivre...
On sent bien que les IAs vont être très importants dans ton roman et je suis curieux d'en apprendre plus à leur sujet!
Merci! A bientôt!
A bientôt Arod29
Gardar
A bientôt Samuel
Alors commentaire général :
Tu suis la lignée du chapitre précédent, on continue de découvrir des détails disséminés un peu partout, c'est vraiment chouette. Et la fin et top, et donne vraiment envie d'en savoir plus sur cette mystérieuse IA !
Avis au fil de l'eau :
"- Bonjour Fardag, lança-t-elle d'une voix sympathique.
Surpris, stupéfait même le savant écouta. Une IA l'avait appelé par son prénom et non par son matricule.
- Je connais tes problèmes, fit-elle. Je peux t'aider. " -> un rebondissement intéressant !
"Stabilité : 54 %" -> je ne suis pas certaine de ce que tu veux dire ici. On parle de la solidité du sol ?
"Je m'ennuie dans mon ordinateur !" -> j'aime l'idée de prêter des sentiments à une IA, mais c'est un sujet difficile à traiter (je te renvoie à Ghost in the Shell, si jamais tu connais). Ou bien parle-t-on d'une base humaine ayant été "transformée" en IA ?
Jolie chute ! C'est donc le descendant d'un des chefs de Hakar ? En saura-t-il plus sur la guerre des Gargals, et ce qui a valu à ses parents d'être ainsi éliminés ?
Suggestions :
- "nous serions comme les villes là-bas. Morts." -> Comme ceux* dans les villes ? Sinon il faudra en tout cas accorder "morts" donc "mortes" puisque c'est féminin une ville, mais je crois plutôt que tu fais allusion aux personnes dans les villes.
- "on tombera en cendres" -> on sera réduit en cendres ?
- "Peuplée d'un ordinateur" -> peuplée ne convient pas je pense. C'est uniquement pour un être vivant.
- "espérait en fait trouver" -> juste "espérait trouver" suffit. Le "en fait" alourdit un peu la phrase et ne lui fait pas gagner plus de sens.
- "On avait pas fini de discuter, continua-t-il" -> continua-t-elle, non ? C'est "la voix" qui parle ?
Fautes/Coquilles :
"interpellé" -> interpellés ; "que projetait" -> projetaient ; "en pareille circonstance" -> je le mettrai plutôt au pluriel ; "nous en sommes réchappés" -> nous en avons réchappé ; "toutes la végétation" -> toute ; "on sors" -> on sort ; "que observer" -> qu'observer ; "s'enferm" -> s'enferma ; "a suivit" -> a suivi
En tout cas un bon chapitre.
À très bientôt !
Merci et à bientôt Cléooo
Gardar
Il est plus fluide que le précédent, la construction est claire, et je trouve ça bien mené :)
J’ai bien aimé l’explication consternante du scientifique sur l’état de la planète et leur triste sort. C’est à la fois tragique et ironique, très bien joué : )
Pour les corrections (c’est toujours bien d’avoir un autre regard ^^ ça aide à y voir plus clair haha)
« Grises, privés de lumière. C'étaient les villes après les météorites. » accorder ici « privées »
Pour la suite je reformulerai car il y a trop d’occurrence de « c’était » dans toutes les phrases.
« Immense, insondable. C'était le désespoir de Fardag.
La planète n'était plus qu'une terre de désolation. »
« Pourquoi avons nous survécu ? » « avons-nous »
Ponctuation : « C'est par miracle, apparemment que nous en sommes réchappés. » enlever la virgule avant apparemment ou en remettre une deuxième après apparemment, au choix ^^
« Et, toutes la végétation va disparaître, si ce n'est pas déjà fait » enlever le « s » à toute
« - En gros, on sors, on meurt. C'est clair. » on sort ‘t’
« si une météorite nous anéanti pas et que les tempêtes du soleil » nous anéantit
« Il referma le volet brutalement et s'enferme dans une des pièces du bâtiment. » s’enferma
La fin de ce chapitre est vraiment super ! On a envie de connaître et comprendre cette IA, qu’est-ce qu’elle va révéler, et si ce sont bien les IA les grands méchants de cette histoire ^^
Bravo pour ce chapitre : )
Merci et à très vite dans les prochains chapitres.
Gardar
Ton histoire est top et c'est bien pour ça que je la lis, que je suis là, et que tu peux compter sur moi :)
Je suis heureux de pouvoir compter sur toi. Tu peux aussi compter sur moi, même si j'ai plus à lire j'irai au bout.
La fin du chapitre est disponible
Bonne lecture et à bientôt.
Gardar
Je suis ravie de pouvoir compter sur toi :)
Te sens nullement pressé ou obligé de me lire, tu fais comme tu le sens ;)
À bientôt Ayunna
Gardar
C'est vraiment très bien écrit, dynamique et palpitant :)
J'aime beaucoup cet IA enfant, doté de sentiments
C'est bien réalisé car on ressent presque son âge avec la façon dont il s'exprime.
Tu es décidément doué pour donner envie au lecteur de connaître la suite :)
Ce nouveau personnage est très intrigant, on a vraiment envie de savoir comment il pourrait aider le scientifique et c'est presque triste que Fardag ne l'écoute pas...dans une situation désespérée comme celle-ci, toutes les solutions sont bonnes !!
Merci Ayunna pour tes commentaires chaleureux
A très bientôt, Orfianne où X-24DF nous attends.
Gardar
Avec plaisir ! Vive les encouragements haha ^^
A bientôt