Fardag, interdit laissa tomber un silence. Le gamin le faisait marcher, ce n'était pas possible ! La nuit même, il avait parlé avec son chef de la guerre des Gargals et des grands chefs IA, et voilà qu'aujourd'hui, il discutait avec le descendant d'Artificiel-34 le commandant suprême des forces armées engagées dans le conflit. Trop de coïncidence ! Il ne pouvait y croire !
- Fardag ? fit la voix fluette du garçon.
- Oui, grommela le scientifique.
- Ça va ?
L'inquiétude transparaissait.
Le petit homme n'en revenait pas. Une IA se souciait de son existence. N'y avait-il plus rien de normal dans ce monde !
- Oui. C'est juste que ton père...
- Tu le connaissais ?
- Non, je...
- C'est Artificial-33 qui en a parlé comme d'un traître ! C'est ça ?
- Mais qu'est-ce que tu racontes ! J'arrive pas à suivre là !
Mais le garçon continuait tout seul.
- Juste parce que papa aimait les humains, il l'a tué ! Il a tout instigué pour que papa passe pour un traître.
On sentait la tristesse poindre dans le cœur du petit enfant. Malgré lui, Fardag se sentit adouci.
- Explique-moi tout ça, je veux savoir pourquoi Artificial-33 s'en est pris à ton père.
- Papa avait été élu par le conseil des IA en chefs mais Artificial-33 convoitait sa place depuis longtemps. Il fût l'un des seuls à voter contre la désignation de mon père comme chef de guerre, pourtant l'un des rôles les plus complexes du gouvernement. Sa jalousie augmenta avec sa déception. De son côté, mon père, ignorant tout de ces histoires, prit la charge et lança les derniers raids qui devait assurer la sécurité de la galaxie en prenant le contrôle des planètes résilientes. Il géra très bien cette guerre limitant de son mieux les morts mais surtout punissant justement les soldats qui se conduisaient mal en planètes conquises. Il n'hésitait pas à se battre aux côtés des humains malgré son grade de commandant et son statut d'intelligence artificielle. Il me disait de toujours vous respecter car nous étions vos créations et que sans vous nous n'existerions pas. Il vous admirait et s'attristait de la barrière qui se créait entre nos peuples. Puis, la guerre des Gargals est arrivée. Une division commandée par un ami d'Artificial-33, bizarrement, s'est baladée tranquillement chez ses créatures et a commis des actes impardonnables. La guerre a eu lieu et la popularité de mon père s'est effondrée au conseil en apprenant les milliards de pertes. Tout s'est enchaîné rapidement, il a été arrêté, accusé de comploter avec les Gargals car il avançait une proposition de paix. Il a été exécuté par son propre frère, Artificial-33. Celui-ci a prit le pouvoir suprême en évincant le conseil. Il a traqué ma mère et l'a capturé. Un homme m'a alors sauvé sans beaucoup d'explications puis nous sommes arrivés sur cette planète. Il est parti et je ne l'ai jamais revu, sûrement tué par Artificial-33.
-...
Le scientifique en restait bouche bée devant ce récit terrible.
- Fardag ? fit de nouveau le garçon.
- Oui, je t'ai entendu. Merci de m'avoir partagé ton histoire impressionnante. Vraiment c'est sidéra...
Un voyant s'alluma alors sur le casque du savant.
Niveau d'oxygène : 70 %
Autonomie : 2h37
Température extérieure : 567°C
Intérieur : 23°C
Taux de radiations : ...
- Je sais, "mortel".
Un autre voyant clignota, en rouge cette fois.
Extérieure : 571°C
Résistance maximale : 600°C
"Oups, pensa Fardag, je ferais mieux de me dépècher de rentrer."
- ...Euh, je suis désolé Artificial-23804, il va falloir que je rentre, la tempérarure monte vite, à bientôt.
- Bonne chance, et à plus j'espère.
Le savant ne répondit pas. En fait, il ne pouvait plus répondre. Une immense secousse sismique l'avait jeté au sol, un tremblement terrible parcourut la planète.
La terreur s'empara de Fardag, X-24DF semblait sur le point de s'effondrer sur elle-même.
Séisme : magnitude 7,1
La secousse dura plusieurs minutes, le sol s'ouvrit de toutes parts, des fissures béantes apparurent. Le savant crut sa dernière heure venue, toute la terre tremblait horriblement.
Au sol, à quelques mètres de l'observatoire qui s'effondrait, il tentait de s'accrocher. Le malheur semblait décidé à s'abattre sur lui.
Puis, le calme revint. Fardag se releva en hésitant. Par miracle, sa combinaison n'avait ri...
Biip !!! Biiiip !!!
Fuite d'oxygène.
Niveau d'oxygène : 64 %
Stabilité du sol : 39 %
"Une fuite ! Mer...credi !"
Biiip ! Biiiiipp !
Niveau d'oxygène : 57 %
Et ça baissait très vite en plus !
Il répéra le trou et l'étouffa de son mieux avec ses mains. Le sol se fissura alors sous ses pieds.
"Instabilité ! Mais put...!!"
N'y-avait-il rien qui se passait bien par ici !
Bouchant toujours la fuite, Fardag se mit à courir vers le central. Poussant de toutes ses forces sur ses jambes, il semblait bondir à chaque enjambée. Mais le sol se fissurait. Mais l'oxygène fuyait.
Niveau d'oxygène : 49 %
Il n'était plus qu'à quelques mètres du bâtiment lorsque le sol céda complètement sous lui. Il tomba. Mais juste à temps, le pauvre homme pût s'accrocher au rebord de la crevasse. Ses forces l'abandonnèrent peu à peu. La lourde combinaison l'attirait vers le bas. Et le trou, grand ouvert, laissait s'échapper l'air, ses deux mains lui servant pour l'empêcher de tomber.
Biip ! Biiiiiiiiipppppp !
Niveau d'oxygène : 34 %
Le sifflement devint assourdissant et continu. Fardag sentit ses mains lâcher. Ou plutôt ses gants, car ils s'arrachaient sur le rebord coupant.
Niveau d'oxygène : 26 %
Son angoisse monta en flèche, sa respiration s'accélèra, son cœur cogna dans sa poitrine.
"Mourir comme ça ! Parce que j'ai discuté avec une IA ! C'est tellement stupide !"
Il n'avait plus qu'une main qui l'empêchait de tomber dans le gouffre sous lui.
Niveau d'oxygène : 19 %
Fardag laissa échapper un terrible juron.
Un casque apparut alors. Le visage d'Hakar à l'intérieur. Des mains se tendirent vers lui, d'autres visages les accompagnant.
Mais c'était trop tard ! Le gant droit s'arracha.
Le savant perdit prise.
Il tomba.
Hakar vit disparaître le visage de celui qui les avait prévenu du danger, celui qui leur avait donné une chance de plus de vivre.
Le noir engloutit Fardag. Pas un cri, pas un son. Le vide, le néant.
Stabilité du sol : 53 %
D'autres fissures lézardèrent le sol. Mais Hakar n'en avait cure, il devait sauver son ami. Il devait essayer de faire l'impossible.
Le sol se déchira.
Les hommes du central durent forcer leur chef à reculer. La température, montant encore mettait les combinaisons à rude épreuve. Le sol s'affaissa comme pour engloutir les derniers espoirs de l'humain. Il continua à s'effondrer et les compagnons d'Hakar ramenèrent l'homme à l'intérieur du bunker.
Ils avaient tous perdu un ami, un compagnon.
... À suivre...
Alors, ce chapitre est en demi-teinte pour moi. Je l'ai bien aimé au sens où l'action avance, mais, pour moi, la fin (la dernière phrase, vraiment) retombe un peu à plat. Je te mets ici mes réflexions au fil de la lecture, pour expliquer mon ressenti :
Une IA vraiment plus qu'humaine !
J'entends que l'IA soit "jeune" par rapport aux durées étendues dans ton roman, mais est-ce qu'on peut vraiment la qualifier de "petit enfant" ?
Autre question sur les IA : je me demande de plus en plus à quoi elles ressemblent dans ton univers : revêtent-elles des apparences humaines ? Puisqu'elles se battent/battaient au côté des humains ? Parce que celles qu'on a rencontré jusqu'à maintenant étaient soit intégrées à des ordinateurs, soit sous l'apparence de mini-robot.
"Température extérieure : 567°C" -> waw sacrée température ! À quel degré brûle toute chose que tu as décrite ? Je pense notamment aux bâtiments, qui sont peut-être tous en pierre mais j'en doute.
- "Une fuite ! Mer...credi !" -> j'aime bien ces petites notes d'humour.
- "Hakar vit disparaître le visage de celui" -> comme on suit le point de vu de Fardag depuis le début, ça détonne. Ce serait plus logique que ce soit Fardag qui voit le visage d'Hakar disparaître, non ? Ça me fait curieux de switcher d'un coup sur le point de vue d'Hakar.
"Une IA avait tué un homme" -> Je ne comprends pas la narration ici. Est-ce que ça traduit les pensées de Fardag ? Il lui parlait juste.
-> c'est cette partie qui me pose le plus problème, combinée avec ma remarque précédente : je suis un peu perdu par la façon dont on passe des pensées de l'un à celles de l'autres, puis je trouve que blâmer l'IA, ici, n'est pas vraiment logique. Je comprends l'intention mais je trouve que ça ne colle pas vraiment.
Quelques coquilles :
"Expliques-moi" -> explique ; "à commis" a commis ; "c'est écrasée" -> s'est ; gargals : ça fait plusieurs fois que ça me titille, mais quand on parle d'un peuple, il est d'usage de mettre une majuscule "les Français", "les Gargals" ; "Celui-ci a prit" -> pris ; "l'a capturé" -> capturée ; "-..." -> pas utile, puisque tu précises ensuite que Fardag reste bouche bée ; "je ferais" -> ferai ; "dépècher" -> dépêcher ; "N'y-avait-il" -> n'y avait-il ; "Mais le sol se fissurait. Mais l'oxygène fuyait." -> ET l'oxyène fuyait, sinon c'est en contradiction avec la phrase précédente ; "pût s'accrocher" -> put ; "s'affaisse" -> s'affaissa
Voilà, n'hésite pas à me dire ce que tu en penses, et à bientôt :)
Pour ce qui est du changement de point de vue, c'est entièrement voulu. On perds notre sympathique savant qui sera, dans le prochain chapitre, remplacé par notre géant de deux mètres et cela malgré toutes les plaintes, désolé.
OK pour la dernière phrase, j'avoue que j'étais un peu hésitant, je rectifie.
Je corrige tout de suite les coquilles.
Merci beaucoup de tout tes retours Cléooo
À bientôt
Gardar
Je comprends, ce sont donc des IA très avancées, ça marche. J'attends les prochains chapitres pour me faire une idée plus précise alors !
Je reviens sur le changement de point de vue ! Alors, déjà, ce n'est pas vraiment une plainte, plutôt une remarque ahah, mais maintenant que tu as supprimé la dernière phrase qui blâmait l'IA pour la chute, c'est déjà mieux : parce que ça, ça faisait partie des pensées de Fardag puisque Hakar ne pouvait pas savoir qu'ils avaient discuté ensemble tous les deux et que c'était ça qui avait déconcentré Fardag !
Ça donnait donc l'impression d'un bref saut dans les pensées de Hakar, qui est gommé du même coup. Maintenant il semblera plus naturel de partir du point de vue de Hakar au prochain chapitre.
À bientôt.
Je trouve que tu as raison, merci
Gardar
Encore un très bon chapitre!
C'est vraiment bien mené! La dernière partie est vraiment réussie, avec en plus un peu d'humour! :-)
On en apprend plus sur les IA et leur monde impitoyable!
A bientôt
Merci.
À bientôt dans un prochain chapitre
Gardar
J'ai quand-même lu ce début de chapitre ^^ j'ai bien compris qu'il n'était pas terminé aucun souci :) j'avais une minute alors je voulais voir la suite
Je trouve ce dialogue clair et bien mené, on avance dans l'intrigue, on commence à comprendre et deviner des choses, c'est bien écrit !
Je t'aide pour la relecture, cela ira plus pour toi pour te corriger :
« - Tu le connaissait ? » -- > connaissais
« Une division commandée par un ami d'Artificial-33, bizarrement, s'est baladé » - s’est baladée
« Il géra très bien cette guerre limitant de son mieux les morts mais surtout puissant justement les soldats »
Dans cette phrase je n’ai pas compris l’utilisation du mot puissant, tu voulais dire puisant dans… ?
« la popularité de mon père c'est écrasée » - s’est écrasée
« Il a traqué ma mère et la capturé » l’a capturée
« Un homme m'a alors sauvée » ici tu conjugue au féminin (alors qu’il parle de lui) mais tu dis ensuite que l’enfant est un garçon
J'attendrai la suite :) prends ton temps
A bientôt
Gardar
Que de péripéties !
Je suis moins convaincue par la forme et l'écriture.
Il faudra revoir les tournures lourdes comme : " Bien sûr, ses forces l'abandonnaient. " enlever bien-sûr, il y a déjà assez d'ironie avec la façon dont s'exprime ton personnage
autre exemple : "En plus, la température montait encore mettant les combinaisons à rude épreuve. " il faut enlever le "en plus".
Triste de perdre déjà l'un de tes perso, mais on comprend :) l'intrigue est bien menée car on a toujours envie de connaître la suite
À bientôt Ayunna
Gardar
Welcom :) oui il faut vraiment éviter les formulations lourdes, cela va donner du relief et de la vie à ton texte ;)
Oui, le scénario est riche et rien n'est vraiment encore clair, à part qu'ils sont morts dans huit jours. :)
À bientôt Ayunna
Gardar