CHAPITRE 6 | Inexpérience

Les explorateurs racontent que les donjons regorgent de pièges mortels. Ils  proviendraient pour la plupart des démons occupant les lieux ou bien des midgaïens y vivant jadis pour se défendre face aux intrus.

— Pour ça, comptez sur moi ! Je suis une spécialiste en la matière, s’exclama Clara d’un ton arrogant. Vision Nocturne... Détection... 

En plus de leur talent d’archer, les rôdeurs utilisent des capacités liées à la nature qui font généralement référence à celles des créatures sauvages. Les “capacités” ont la particularité - à l’inverse des sortilèges - de ne pas nécessiter d’incantation et de consommer peu d’endurance.

Clara prit donc la tête du cortège en avançant avec prudence. Ses yeux aux teintes sombres s’étaient revêtus d’une étrange lueur. Nul doute pour ses camarades que cet état relevait des capacités qu’elle venait d’employer.

Le bout du couloir déboucha sur une grande pièce faisant office de hall de réception. Ses murs - décorés de peintures et fresques d’un autre temps - offrirent une admiration inopinée à Lissandra. 

Ces ornements sont tout simplement magnifiques, pensa-t-elle ébahie malgré l’ambiance malsaine qui se dégageait de la salle.

Mais en traversant cette dernière, ils remarquèrent aussitôt des marques d’hémoglobine noirâtre souillant le sol décrépit : 

— On dirait bien que des cadavres ont été traînés par ici, constata Artoria en touchant le liquide putride.

L’élémentaliste quant à elle pointa du doigt le côté droit de la pièce : 

— L-L’odeur vient de cette direction.

— Les traces de sang également, ajouta Clara.

— Oui. Allons y jeter un coup d’œil.

Remarquant que les émanations devenaient plus fortes à chacun de leurs pas, les aventuriers suivirent la piste de ces traces macabres avec une appréhension palpable. 

Au fur et à mesure qu’ils avançaient, Artoria prit un air plus grave. 

Le temple semble principalement composé de corridors... si nous tombons dans une embuscade, nous serons vraiment mal barrés, songea-t-elle en sachant bien qu’il lui était impossible de gérer le front et la ligne arrière en même temps.

— Attendez ! Il… Il y a du mouvement au bout du couloir, pré… préparez-vous ! bégaya Clara en repassant derrière à la hâte.

L’alerte soudaine et le ton paniqué de cette dernière firent monter la tension au sein du groupe. Par réflexe et prudence, Artoria leva son bouclier. Et d’une initiative rusée, elle frappa dessus avec son épée pour attirer les choses qui se terraient dans l’obscurité du tunnel. Le bruit métallique résonna un temps dans l’espace étroit jusqu’à ce que son écho s’estompe. 

— Elles… Elles approchent ! J’ai l’impression que ce sont des bêtes ! confirma Clara.

Artoria ne prit aucun risque, restant immobile et tenant le front en attendant le premier pas de l’ennemi :

— Nous allons les appâter ici. Il se peut qu’il y en ait d’autres dans les parages.

Personne ne contesta sa directive. Chacun montrait une forme de détermination malgré la montée du stress de ce premier affrontement. 

— C’est le moment de voir ce que vous valez, les filles ! 

Cette réflexion contraria le guerrier. Alors qu’il marmonnait dans un moment crucial, sa voix immature s'effaça aussitôt sous les grognements qui approchaient. Ces derniers s’accentuaient avec une agressivité notable, extirpant des sueurs froides aux jeunes aventuriers.

Pour obtenir une vue d’ensemble, Artoria plia soudain le genou pour incanter l’un de ses miracles :

— Ô, Héméra... Bénis-moi de ta lumière divine et illumine l’obscurité de ces lieux... Lux Illuminare ! 

À son énoncé, un vif éclat se projeta autour de sa main et traversa le couloir. Il dévoila deux loups qui les attendaient, prêts à bondir.

— Je m’occupe de celui de gauche, je te laisse celui de droite, déclara-t-elle en regardant Kevin.

Celui-ci acquiesça. Ses yeux bleus montraient une forme de motivation que nulle crainte ne pouvait ébranler.

Étourdies par le violent flash, les bêtes finirent par passer à l’attaque simultanément. La première prit sans hésitation le fébrile garçon pour cible, le faisant tomber sur les fesses sous le poids de sa charge impulsive. Dépassé par les événements, ce dernier l’empala de façon maladroite avec son épée. Son geste involontaire déclencha un couinement d’agonie - suivi d’une douche de boyaux chaude à la teinte rouge vif. Malgré le soulagement qui l’envahissait en voyant le loup périr par sa lame, le deuxième ne tarda pas à accentuer la pression en suivant l’attaque de son congénère. 

Avant qu’il ne puisse profiter de la mauvaise posture de Kevin, Artoria bondit devant et l'intercepta en lui assénant un brutal coup de bouclier. La violence du choc le projeta contre le mur dans un fracas d’os, laissant au paladin l’opportunité de lui trancher la tête d’une frappe nette avec son arme. Sa force naturelle se montrait aussi impressionnante que sa prestance lors de ce combat. 

Cette scène à l'aspect théâtral provoqua un applaudissement succinct auprès de la ligne arrière. Cependant, Artoria n’était pas d’humeur à être flatté. Alors qu’elle dégageait le liquide visqueux de son épée de belle facture, elle exprima un soupir face à cette fervente attention :

— Ce ne sont que des loups. Pas besoin de s’exciter de la sorte. 

Le ton strict qu’elle employa calma les aventuriers, leur rappelant qu’ils devaient rester concentrés.

— Bon sang ! Ça empeste ! cria le jeune guerrier couvert de sang et de tripes animales. 

— Ha ha ! Ce n’est qu’un avant goût de ce qui t’attend. Soit plutôt heureux qu’il ne t’ait pas arraché le nez ! riposta Artoria en lui tendant le bras pour le relever.

Malgré cette boutade, elle reprit aussitôt son sérieux, car l’apparence des bêtes l’intriguait.

— Vous ne remarquez rien d’étrange ?

Je m’attendais à tout sauf à des loups, et surtout... Pourquoi portent-ils des harnais ? songea Lissandra en adoptant une pose pensive devant leurs cadavres.

Une idée simpliste lui vint alors à l’esprit : 

— Hmm… Ce… Ce serait des loups apprivoisés ?

Artoria acquiesça de la tête en les observant à son tour.

— Exactement, les harnais que vous voyez sur eux en témoignent. N’oubliez jamais que le moindre détail compte lorsque vous êtes aventurier. Ce donjon est certainement contrôlé par des démons. Peu probable que ce soit des orcs. Peut-être des gobelins, mais...

Que foutraient-ils aussi loin du Désert Noir ?!

— Beuh… gémit Clara. Pourvu que non ! 

La réaction de dégoût de la rôdeuse interpella l’élémentaliste. Elle avait lu des récits les décrivant, sans pour autant connaître leur mode de vie.

— S-Sont-ils... si terrible que ça ? demanda cette dernière avec appréhension.

— Je n’en ai pas encore croisé, mais à ce qu’il parait... Ils kidnappent et violent les femmes !

Les historiens considèrent les gobelins comme l’un des fléaux de Midgaïa. Telle l’ouverture d’une boîte de Pandore, ils auraient été relaché des entrailles du monde lors d’exploration visant à découvrir les mystères se cachant par-delà les donjons.

Ce sont des couards, fainéants et chapardeurs. Démons mineurs de la corpulence d’un enfant, ils sont inoffensifs seuls, mais peuvent s’avérer redoutables en groupe. Noctambules, ils attaquent les villages isolés et s’en prennent à ses habitants lorsque la nuit atteint son apogée. Ils les tuent, volent leur nourriture et leurs biens les plus précieux. 

Cependant, des questions restent de mise dans toutes leurs néfastes actions. 

Pourquoi réservent-ils un sort plus cruel encore aux femelles des différentes espèces ? Pourquoi les violer pour ensuite les kidnapper dans leurs tanières sombres et crasseuses ?

Après de nombreuses investigations visant à comprendre leur mode de vie, une chose alarmante fut constatée. Ils ne possédaient nulle génitrice. Aucune femelle de cette espèce n’a été découverte à ce jour, peu importe l’endroit où ils pouvaient se trouver. Initialement, on aurait pu penser à un simple sadisme exacerbé. Hélas, il n’en était rien, car sinon comment pourraient-ils se multiplier de la sorte ? 

Des captives, montrant des signes de grossesses, furent finalement retrouvées. Par la suite, ces survivantes brisées donnèrent naissance à de répugnants petits démons, répondant de manière tragique à ces questions ambiguës.

Le sentiment de malaise qu’éprouvait Clara se propagea dans le regard innocent de Lissandra.

— Pfff ! Pourquoi s’inquiéter de ça ? Les gobelins sont faibles, ce sera facile ! s’exclama Kevin avec un sourire arrogant.

— Je ne sais pas... Si c'était si facile, alors pourquoi les aventuriers qui viennent ici disparaissent ? rétorqua Artoria d’un air dubitatif.

Elle en profita pour claquer le crâne de son partenaire.

— De toute manière, tu ferais bien de ne jamais sous-estimer tes ennemis !

— D-D’accord...

L’atmosphère se fit plus détendue. Le groupe reprit sa route, se rapprochant de l’endroit où les loups furent aperçus.

Arrivé au niveau de la pièce, la lueur de leurs torches leur offrit un spectacle à la fois tragique et effroyable. Du sang et de la chair se répandaient grossièrement sur le sol et les murs. Des piles de cadavres s’entassaient en son centre, du statut de squelette, au corps fraîchement décomposé. Finalement, leurs doutes s’estompèrent pour laisser place à la dure réalité - révélatrice de l’ambiance morbide qui régnait depuis l’entrée du donjon.

— Beeaaargh !

Nami - qui se montra silencieuse jusque-là - se pencha pour vomir à travers son masque. Après tout, l'odeur se voulait encore plus forte ici qu’ailleurs. 

Lissandra la rattrapa in extremis avant que celle-ci ne s'effondre à terre.

— C-Ca va ? demanda-t-elle en la soutenant fébrilement.

En posant cette question, il lui était difficile de cacher le fait qu’elle ne semblait pas non plus au mieux de sa forme.

— D-Désolé... C’est… C’est la première fois que je vois le cadavre d’une personne, répondit l’aéromancienne en tremblant.

Cette confidence rappela à l’élémentaliste son expérience sur le sujet. Elle avait déjà vécu cela à la kabbale d’Horizon. Un des élèves se fit exploser suite à la mauvaise utilisation d’un sortilège lors d’un cours de pratique, répandant sa dépouille sur l’ensemble de la classe. Finalement, sa réaction fut la même que pour Nami, elle pouvait donc la rassurer sur ce fait :

— Ce n’est rien... ça arrive à tout le monde.

— Tu penses pouvoir continuer ? demanda Artoria.

— O-Oui, ça va un peu mieux...

— Bien, car si la vue d’un cadavre te met dans cet état, tu devrais oublier l’idée même d’exercer ce métier.

Les jeunes aventuriers ne saisissaient pas le manque d’empathie et le ton sévère qu’elle exprima à cet instant. Ils la fixèrent avec une crainte palpable dans le regard.

— Cette pièce est une impasse, peut-être un dépotoir. Si le donjon était tenu par des bandits ou autres, ils auraient déjà tout brûlé, déclara Artoria sans exprimer le fond de sa pensée. 

Pas de doutes, c’est un putain de garde-manger pour démon… Je ne peux pas leur dire, les affoler ne mènerait à rien. Par contre, je vais devoir redoubler de vigilance, songea-t-elle en scrutant les alentours.

Elle appuya sa main contre son masque pour atténuer les émanations putrides qui se dégageaient des corps, cherchant frénétiquement un détail singulier.

Je ne comprends pas… Il n’y a aucune plaque de la Guilde parmi ces cadavres. Je sais que les gobelins apprécient les choses précieuses… mais il devrait au moins y avoir celles en fer.

Constatant cette étrange observation, elle se releva, prête à repartir.

— Revenons sur nos pas, il me semble avoir vu un second corridor dans le hall d’entrée.

L’ambiance se détériorait. Un silence pesant prit place au sein du groupe et le comportement d’Artoria n’arrangeait rien à cela. 

Je ne m’attendais pas à ça. Même si l’atmosphère de ce donjon est terrifiante, j’imaginais des expéditions faites avec plus d’entraide... Je suis peut-être un peu trop naïve… pensa Lissandra quelque peu déçue par la tournure des événements.

Une fois les aventuriers revenus dans le hall, l’élémentaliste se retourna face au couloir et joignit ses mains.

— Ô, Gaïa... Bénis-moi de ta force protectrice et comble ce vide d’un mur impénétrable... Terra Murum...

Après une légère secousse, une paroi de roche jaillit du sol sous son appel, se dressant devant elle et bouchant avec grossièreté l’entrée de la galerie.

— Que fais-tu ?! s’écria Artoria en revenant sur ses pas.

— Je… Je ferme ce passage. Les gaz dégagés par les cadavres peuvent être dangereux. Et puis... N-Nos masques ne tiendront pas éternellement...

— Tu devrais me prévenir avant de faire ça !

Mais... 

La réaction exagérée du paladin surprit Lissandra. Ses yeux azurés montrèrent de nouveau une crainte notable face à sa partenaire. Finalement, elle se résigna.

— O-Oui… c’est vrai je… je n’aurais pas dû… désolé.

— Cela reste une bonne initiative, mais pense à me prévenir pour ce genre de choses. Tu dois conserver ton énergie pour les éventuels combats à venir.

— Dites, fit Kevin en les interrompant d’un air inquiet. Si ce donjon est envahi par des gobelins... est-ce normal que nous n’en ayons encore croisé aucun jusqu’à présent ?

— Hmm… Ce sont des créatures nocturnes, donc ils ont tendance à dormir la journée et sortir la nuit, expliqua Artoria.

Cependant, la question perspicace du garçon l’interpella. Des éventualités et de nouveaux doutes émergèrent dans son esprit. 

Il devrait au moins y avoir des éclaireurs pour patrouiller...

Après avoir fait le tour de la grande salle, une deuxième voie s’offrait à l’extrême opposé. La désagréable odeur qui imprégnait le donjon s’estompa peu à peu. Conscients de ce regain de fraîcheur, les aventuriers décidèrent de retirer leur masque les uns après les autres.

— Aaaah, enfin un peu d’air ! s’exclama Clara soulagée. J’ai déjà hâte de rentrer pour prendre un bon bain !

Comment peut-elle penser à ça dans une situation pareille ? songea Lissandra d’un regard perplexe.

Artoria ne releva pas les propos insouciants de sa camarade. Elle se contentait d’avancer en la suivant de près jusqu’à ce qu’un petit cri retentisse à l’arrière.

— Vous… Vous avez entendu ?! demanda Nami.

— Non, que se passe-t-il ?

— J’ai… J’ai entendu un bruit venant de derrière ! soupçonna-t-elle.

Son regard terne tremblait, tout autant que son corps frêle. Elle agrippait son bâton métallique avec fermeté, le faisant grincer sous la moiteur de ses mains.

— Hmm… Tu as peut-être tapé dans un caillou sans t’en rendre compte. En attendant, je ne vois rien derrière nous, affirma la rôdeuse avec nonchalance.

— Heu… oui… peut-être… Je… Je n’en suis pas certaine...

— J’ai fait le tour de la pièce avant de continuer, il n’y avait pas d’autre passage. Le seul a été fermé par Lissandra, ajouta Artoria avec le même ton.

L’obscurité et les espaces confinés sont difficiles à gérer pour les aventuriers débutants. Leur vue est diminuée. L’air est plus rare. Les sons sont déformés. Il y a beaucoup de paramètres qui influent sur leur sens et accentuent leur malaise. Je devrai être plus souple avec eux… songea-t-elle, déjà habituée à ce type d’environnement hostile.

Lissandra, quant à elle, observa le calme remarquable du guerrier :

— Tu n’es pas effrayé, Kévin ?

Cette question le fit réfléchir un instant, puis il se retourna avec un sourire assuré :

— Non. J’ai l’habitude de ce genre d’endroit... Quand j'étais petit, je chassais des slimes et des rats géants dans les égouts avec des compagnons. D’ailleurs, cela me rend un peu nostalgique !

— Par contre, tu parles peu pour un mec, ajouta Clara en ricanant.

Il rit à son tour en se grattant la tête, rougissant devant la franchise de sa ravissante camarade.

— Disons que c’est la première fois que je pars à l’aventure avec... autant de filles.

La conversation et l’air gêné qu’il arborait dévoilaient davantage la timidité qu’il éprouvait auprès du sexe opposé.

De son côté, Nami paraissait reprendre des couleurs. Cependant, son traumatisme ne disparaissait pas après cette vision effroyable au dépôt et les bruits étranges qu’elle venait d’entendre derrière le groupe. Lissandra remarqua bien assez tôt son expression terrifiée et l’interpella pour lui faire penser à autre chose :

— Tu as étudié dans une kabbale toi aussi ?

L'intérêt soudain de l’élémentaliste pour l’aéromancienne décrocha un sursaut inopiné à cette dernière. Elle soupira, se rendant compte que ce n’était qu’une simple question de sa camarade.

— Ha… Heu… Oui. Mais je n’y suis pas resté longtemps...

— Ah bon ? P-Pourquoi ?

— Je… Je ne suis pas spécialement assidue à vrai dire... Et puis j’oublie assez vite ce que je viens d’apprendre.

Les écoles de magie sont réputées exigeantes. Elles nécessitent beaucoup de travail, de la curiosité et de la motivation. Les élèves qui ne suivent pas le rythme imposé sont souvent éjectés du cursus sans appel. En général, les personnes qui en sortent diplômées sont considérées comme des érudits, même s’ils sont très jeunes. À l’inverse de Nami, Lissandra était une élève modèle qui se classa parmi les meilleures de sa promotion. Selon ses professeurs, elle possédait déjà un talent inné pour la magie et les sciences, en plus d’avoir une avidité sans faille dans l’apprentissage de nouvelles connaissances.

— Je ne me sentais vraiment pas à l’aise là-bas, ajouta Nami.

— P-Pourquoi es-tu devenue aventurière alors ?

— Est-ce un reproche ?! répliqua-t-elle d’un ton sérieux.

— N-Non ! P-Pas du tout ! Je… Je suis juste curieuse de savoir étant donné que c’est un travail difficile.

L’aéromancienne se calma, regardant son bâton avec entrain.

— Hé bien... Mes parents sont des paysans. Quand mon affinité a été révélée, je me suis dit que cela pourrait me permettre de faire plus et de les aider. Après tout, aventurier est un métier qui peut rapporter gros...

— Je vois... Cela part d’un bon sentiment ! consentit Lissandra en souriant.

Malgré ces paroles rassurantes, Nami resta silencieuse et reprit son air taciturne.

— Heu… On a un problème, les amis ! s’exclama Clara, de nouveau affolée. L’effet de mes capacités s’est estompé. Je ne pourrai pas les utiliser avant un moment…

— Ce n’est pas grave, répondit Artoria. S’ils ont des loups, c’est qu'ils n’ont pas dû poser de pièges à mon avis.

Alors que le couloir emprunté se montrait bien plus long que les précédents, les aventuriers aperçurent de la lumière au détour d’un crochet. Se dépêchant d’atteindre cette pièce lointaine, ils constatèrent que la lueur provenait d’un porte-torche. Son éclat infime était assez fort pour être visible dans l'obscurité. 

Arrivée au centre, la rôdeuse sursauta de frayeur.

— Des… Des gobelins !

En se rapprochant, l’éclairage procuré par leurs torches révéla le corps des petits démons dormant à même le sol.

— Bon sang... Tais-toi... chuchota Artoria en pressant son doigt métallique contre sa bouche pulpeuse. 

L’effet de surprise se rompit sous le raffut maladroit que le groupe venait de faire. Les gobelins commencèrent à se réveiller les uns après les autres dans des grognements de plus en plus prononcés.

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AtEx Lord
Posté le 19/06/2024
Ce passage est riche en tension et en suspense. L'avancée prudente des aventuriers dans le donjon, guidée par Clara et ses capacités de rôdeuse, est bien décrite, ajoutant une dimension stratégique à leur progression. Les descriptions détaillées des lieux et des situations, comme la grande pièce décorée de fresques et de sang, renforcent l'atmosphère macabre et oppressante. Les interactions entre les personnages révèlent davantage leurs personnalités : la force et l'autorité d'Artoria, la nervosité de Nami, et la naïveté de Kevin apportent de la profondeur au groupe. L'affrontement avec les loups apprivoisés et la découverte des cadavres ajoutent une dose d'adrénaline et montrent les dangers réels du donjon. La mention des gobelins et leur cruauté ajoute une couche de menace, intensifiant le suspense. Enfin, la surprise des gobelins endormis prépare le terrain pour un conflit imminent, laissant le lecteur sur le qui-vive. Un passage captivant qui maintient l'intérêt et développe bien l'intrigue et les personnages.
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