Chapitre 6 : La Marque du Métal

Notes de l’auteur : Par Lucinda

     Ils arrivèrent enfin au pied des montagnes, là où les premiers éboulis laissaient place à de hautes falaises escarpées et à des sentiers étroits. Le silence aurait pu être total, mis à part un vent froid qui soufflait entre les roches, si ce n’était pour Maggy Moulach qui n’avait pas cessé de bavarder depuis le départ.

— Vous savez, maître, les montagnes de Cragmount sont pleines de mystères ! Il y a même des esprits de glace qui gardent les rivières, et un vieux sage des montagnes dit que...

Isaak serra les poings, sa patience mise à rude épreuve. À chaque mot du farfadet, une veine sur son front semblait se tendre davantage. Les murmures incessants, les anecdotes farfelues, les récits sans queue ni tête… tout cela lui pesait.

Isaak s’arrêta brusquement, ses yeux d’un noir glacial braqués sur le farfadet qui clignait des paupières, visiblement pris de court.

— Maggy, siffla-t-il d’une voix aussi acérée qu’un vent d’hiver, si tu ne veux pas finir enterré vivant sous ces pierres, tu vas boucler ton clapet. Maintenant !

L'avertissement, prononcé avec une froideur terrifiante, fit taire Maggy sur-le-champ. Un instant, l’insupportable créature sembla chercher une réplique — un sourire nerveux, un hochement de tête —, mais le regard d’Isaak, chargé de menaces, le glaça. Le silence retomba comme un couperet.

Avec un rictus d’agacement encore visible sur ses lèvres, Isaak reprit sa route, savourant enfin un moment de répit loin des bavardages du farfadet.

L'aube pointait à l'horizon, et les premières lueurs roses menaçaient déjà la sombre tranquillité d’Isaak. Cragmount, avec ses montagnes dénudées et ses sentiers à ciel ouvert, ne lui offrait aucun refuge naturel contre le soleil. Mais cela ne l'inquiétait pas : comme tout vampire digne de ce nom, il savait s’adapter.

D’un mouvement rapide et précis, il choisit un coin reculé de la clairière, là où les arbres jetaient encore leurs ombres longues et profondes. Sans hésiter, il se mit à creuser la terre d'une rapidité déconcertante, ses mains formant une cavité parfaite en quelques instants. Quand le trou fut assez profond, il se redressa brièvement et se tourna vers Maggy.

— Va faire ce que tu veux, Maggy, lança-t-il, son ton glacial. Je serai de retour une fois le soleil couché.

— Je serai là, répondit le farfadet en s’inclinant de façon théâtrale. Puis, avec un claquement de doigts, il disparut dans un nuage de poussière dorée.

Isaak fronça les sourcils mais ne perdit pas de temps à se demander où la créature avait bien pu filer. Peu importait ce que le farfadet faisait de ses heures de liberté. Isaak s’allongea dans le creux de terre qu'il avait façonné, tirant la terre meuble au-dessus de lui, se cachant comme un prédateur en sommeil. En quelques secondes, il s’enterre, prêt à dormir durant le jour brûlant, ses rêves déjà tournées vers les prochaines épreuves qui l’attendaient au cœur des montagnes de Cragmount.

 

Des bruits inquiétants montaient de la surface, réveillant Isaak de son sommeil diurne. La terre plus fraîche contre sa peau lui signalait que le soleil avait disparu, laissant place à la pénombre sans que la lune n'ait encore dévoilé son croissant argenté. Il percevait de petits bruits secs et répétés, des tapotements irritants qui émanaient de tout autour de lui. Lentement, il émergea, irrité d'avoir été tiré de son repos.

— Qui ose troubler mon sommeil ? vociféra-t-il avec une rage grondante.

— Heureux de vous voir enfin éveillé, Ô grand prince des ténèbres ! répliqua une petite voix moqueuse.

Isaak ne sortit que la tête du sol, le reste de son corps encore enseveli sous la terre. Devant lui, Maggy Moulach sautillait, exultant de sa provocation.

— Tu as de la chance que je ne m'abreuve pas de farfadet, Maggy, sinon tu serais mon premier repas de la journée, grogna Isaak en plissant les yeux.

— La clé, maître ! La clé n’attend pas, elle commence à s'éveiller sous le lac gelé. Elle vibre, pleine d'impatience ! s’exclama Maggy, visiblement enchanté par la perspective de l’aventure.

Isaak soupira, excédé.

— Pour le moment, c’est toi qui me fais perdre patience. D'abord, je me nourris. Ensuite, je m’occupe de la clé, lâcha-t-il d’un ton tranchant.

D’un bond, Isaak jaillit de la terre, chaque muscle de son corps tremblant d’une énergie contenue. Il se redressa, ses sens affûtés par la faim, humant l'air nocturne. Son attention fut attirée par une mince colonne de fumée au loin, bien au-delà de la clairière. Là-bas, des humains, ou au moins des créatures dotées de sang chaud, devaient vivre.

Laissant le farfadet derrière lui, il se fondit dans l’ombre, se glissant entre les arbres avec une vitesse inhumaine. À mesure qu’il approchait de la source de fumée, l’odeur du sang devint plus intense, plus enivrante. Ce parfum métallique et sucré dominait tout, éclipsant l’odeur âcre de la fumée. Il s’arrêta enfin devant une petite masure isolée au cœur des montagnes, ses fenêtres brillantes d'une lueur orangée. Il frappa trois coups secs sur la porte de bois massif, son écho se répercutant autour de lui comme le battement d'un cœur lointain.

Il attendit. Les minutes s’égrenèrent lentement jusqu’à ce que la porte s’ouvre, révélant une vieille femme au dos voûté et aux cheveux blancs, appuyée sur une canne de bois poli. Elle le détailla avec un calme étrange, comme si les créatures de la nuit étaient des visiteurs habituels.

— Peu de vie s’aventure dans ces montagnes… Qu’est-ce qui vous amène ici, étranger ? demanda-t-elle d’une voix douce, mais perçante.

— Une prophétie… et la faim, répondit Isaak d’un ton froid, tranchant comme le vent glacial qui sifflait autour d’eux.

La vieille femme esquissa un sourire, un rictus chargé de mystère.

— La clé ? Vous cherchez la clé, n’est-ce pas, jeune vampire ? fit-elle, avec une pointe d’amusement dans sa voix. Oui, c’est bien ça, un vampire.

Isaak sentit un sursaut d'étonnement l'envahir. Comment savait-elle ?

— Comment savez-vous qui je suis ? Et pourquoi ne trembles-tu pas de peur ? demanda-t-il, ses yeux rivés sur elle, cherchant la faille, l'hésitation.

— Mon jeune ami, il y a bien longtemps que la peur a quitté mon cœur. Peu importe qui vous êtes ; je vous indiquerai comment obtenir la clé… si vous acceptez de me rendre un service, ajouta-t-elle avec un sourire aiguisé, qui évoquait l’ombre de vieux pactes oubliés.

Isaak serra les poings. Il aurait volontiers pris cette femme comme premier repas, s'il n’avait pas besoin des secrets qu’elle semblait détenir. Plutôt que d’accepter une condition, il décida de tenter une autre approche.

S’approchant d’elle, il adoucit sa voix jusqu’à un murmure hypnotique, chaque mot s’écoulant comme un venin doux et enveloppant.

— Je n’ai aucune faveur à te rendre. Par contre… tu vas me dire ce que tu sais sur la prophétie et la clé, fit-il, ses yeux prenant une teinte pourpre intense, tandis qu’il plongeait son regard dans celui de la vieille femme, cherchant à tisser un charme sur son esprit.

Il observa, attendant le moment où sa volonté céderait. Mais, à sa grande surprise, la vieille femme éclata de rire, un rire cristallin et presque moqueur, comme si elle avait vu bien d’autres essayer avant lui.

— Même après des siècles à errer parmi les vivants et les morts, tu n’as pas encore tout appris, n’est-ce pas ? dit-elle, sa voix pleine de malice. Mais ne t’en fais pas, je te guiderai.

Elle lui tourna le dos sans crainte, avançant vers un fauteuil moelleux devant la cheminée où les flammes dansaient.

— Entre donc, et ferme la porte. La nuit est jeune… et nous avons tant à discuter, ajouta-t-elle en s’installant confortablement.

Isaak la suivit, décontenancé, refermant la porte. Jamais une simple mortelle ne l’avait défié de la sorte. Mais tandis qu’il s’approchait, il sentait que sous son masque de fragilité, la vieille cachait quelque chose de bien plus ancien et dangereux qu’il n’avait osé l’imaginer.

Isaak se redressa, fixant la vieille femme avec une intensité glaciale, son regard perçant la moindre nuance de son expression. Le silence s'installa entre eux, pesant, chaque seconde s’étirant comme un fil prêt à rompre.

— Qui êtes-vous vraiment ? lança-t-il, chaque mot chargé d’une colère soigneusement contenue.

Elle le fixa, impassible, les mains croisées sur sa canne. Son regard étincelait d’une malice indéchiffrable, une sagesse ancienne qui semblait se jouer de lui.

— Il fut un temps, murmura-t-elle avec une douceur mystérieuse, où les miens et les tiens honoraient des pactes sacrés. Je suis l'une des dernières gardiennes de ces savoirs perdus. Cette clé que tu désires tant n'est pas simplement un vieux trésor. Elle est un pont entre les mondes, un fragment d’éternité… Mais seuls ceux qui perçoivent sa véritable apparence peuvent espérer la toucher sans en subir les conséquences.

Isaak eut un sourire sarcastique, dédaignant ses paroles comme on écarterait une mouche.

— Des mots vides, cracha-t-il, en dévorant la distance qui les séparait. Des siècles d’épreuves m’ont mené jusqu’ici. Ce ne sont pas des mythes qui me feront dévier de mon but.

Le rire de la vieille femme résonna comme un écho, clair et éclatant, ébranlant un instant la conviction d’Isaak.

— Pauvre fou, chaque immortel pense tout savoir. Mais crois-moi, ce que tu ignores peut te détruire bien plus sûrement que le feu du soleil.

Une étincelle de fureur traversa Isaak, mais il maîtrisa son impulsion. Il lui fallait ces informations, même si cette sorcière semblait s’amuser à le faire languir. Inspirant profondément, il raffermit son expression, dissimulant sa colère sous un masque de calcul.

— Parle, femme. Si ta sagesse est si précieuse, dis-moi comment obtenir la clé.

Elle l’observa un instant, le jaugeant, ses yeux fouillant ses traits comme si elle pouvait y lire son âme. Finalement, elle hocha la tête.

— Soit. Je te donnerai ce que tu cherches, mais pas sans un échange. Ces montagnes ont leurs règles, même un être comme toi doit s'y soumettre. Si tu veux la clé, il te faudra plus que des mots… tu devras faire preuve de détermination.

— Que veux-tu ? articula-t-il, méfiant.

— Une promesse, répondit-elle, sa voix résonnant avec une gravité inattendue.

Un frisson de défiance traversa Isaak, le poussant à reculer instinctivement face à ce mot. Une promesse… L’idée même d’un pacte le répugnait. Mais il savait qu’il n’avait pas d’alternative. La vieille gardienne possédait les réponses dont il avait besoin.

— Soit, céda-t-il avec une pointe de dégoût. Je te donne une faveur, en échange des secrets de la clé.

La vieille femme sourit, un sourire presque triomphant. Elle se leva, lente et solennelle, et s’approcha d’un vieux grimoire posé près du feu crépitant. Avec une révérence contenue, elle ouvrit les pages, pointant un dessin d’un lac gelé encerclé de symboles runiques.

— Voici Cragmount, tel qu'il est depuis des siècles. Sous ses glaces, la clé repose. Mais cette glace est protégée par une barrière ancienne. Elle résiste à la force brute… Seule une offrande peut la faire céder.

— Une offrande ? demanda Isaak, plissant les yeux, toujours méfiant.

— Oui. Le sang d’un être puissant, lié aux esprits. Ce sol ne s’ouvre que devant ce qui a une véritable valeur.

Isaak serra les poings, réfléchissant à ses paroles. Une offrande, une clé dans les profondeurs gelées, un marché avec une sorcière à moitié folle… Son chemin vers la puissance se chargeait d’énigmes. Mais quoi qu’il en coûte, il trouverait un moyen de triompher.

— Très bien, murmura-t-il, la voix réduite à un murmure menaçant. Je trouverai cette offrande.

La vieille hocha la tête, avant de se redresser, ses yeux brillant d’une étrange clarté.

— Alors, vampire, honore ta promesse. Mes os fatigués ne me portent plus, ma vie touche à sa fin. Libère-moi de cette souffrance.

Isaak tressaillit, étonné. Jamais encore on ne lui avait demandé un tel acte, et l’absurdité de cette requête le frappa.

— Est-ce une ruse ?

— Non, soupira-t-elle. Deux cents années et bien des secrets… J’ai suffisamment vécu. C’est la seule faveur que je réclame. Maintenant, ne dis plus rien et accorde-moi ce dernier vœu.

Isaak n’ajouta rien, s’approchant d’elle dans un silence inhabituel. Il la porta jusqu’au lit, ses gestes d’une délicatesse rare pour lui. Lentement, il pencha la tête, laissant ses crocs s’allonger, luisants et acérés. Une main puissante se posa sur le cou fragile de la vieille femme, et il plongea ses crocs dans sa jugulaire. Le sang qui se déversa avait une pureté qui le stupéfia ; il s’en délecta, une énergie ancienne glissant dans ses veines. Soudain, un souvenir de ses mots lui revint : une offrande sacrée, une créature liée aux esprits… cette femme, c’était elle.

— Vieille sorcière… tu pensais me duper ! s’écria-t-il, une flamme de colère dans la voix.

Il l’arracha du lit, la hissant sur son dos sans effort, bien qu’elle fût à demi consciente. La sorcière avait joué son dernier tour, et Isaak se promit de le retourner contre elle.

— Nous allons ensemble au lac gelé, dit-il, sa voix aussi froide que la glace. Tu seras l’offrande que réclame cette terre, vieille femme.

Le souffle de la sorcière s’amenuisait, mais elle n’avait plus le choix. Isaak, sans un regard en arrière, s’avança dans la nuit, portant avec lui sa macabre offrande.

 

Isaak laissa tomber le corps de la vieille femme sur la neige gelée. Il la scruta un instant, indifférent à sa pâleur cadavérique, puis leva les yeux vers le lac. La surface givrée s'étendait devant lui comme un miroir brisé, chaque fragment capturant des reflets d’un monde étrange et silencieux. Au milieu de l’étendue gelée, une faible lueur semblait vaciller, comme un secret qui ne se révélait qu’aux initiés.

Un éclat fugace attira son regard — un scintillement si ténu qu’un simple humain n’aurait jamais pu l’apercevoir. Isaak fronça les sourcils, se sentant étrangement attiré par ce point lumineux qui paraissait presque respirer sous la glace.

Il se pencha pour reprendre la vieille sorcière sur son épaule, sentant le poids de son corps faiblir à chaque pas. Chaque pas sur la glace résonnait dans le silence, un craquement étouffé qui se mêlait à son propre souffle. Son avancée était lente, calculée, et la glace crissait sous ses pieds, comme si elle murmurait un avertissement dans une langue ancienne.

Arrivé enfin devant la lueur, il se figea. La clé était là, juste sous la glace. Un objet fin, ciselé avec une précision presque surnaturelle, brillant d’un éclat bleuté et froid. Mais elle semblait irrévocablement hors de portée, enfermée dans cette prison glacée. Un frisson d’impatience le traversa.

Il déposa la sorcière à ses pieds, ses yeux revenant sans cesse sur la clé comme une obsession grandissante. La voix rauque de la vieille femme brisa le silence.

— Maintenant que tu es là… murmura-t-elle d’un souffle éteint. Elle savait ce qu’il allait faire, peut-être même depuis le début, comme si elle avait attendu ce moment toute sa vie.

Isaak se redressa, calculateur. Son regard glissa sur la vieille femme, puis il baissa lentement les yeux vers la clé.

— Tu seras l’offrande, déclara-t-il avec une froide détermination. Le sang d’une gardienne pour une porte sacrée.

Sans hésiter, il s’agenouilla, prenant un poignard à sa ceinture. Il plaça délicatement la lame contre la gorge de la vieille femme, ses yeux scrutant les siens une dernière fois. Elle ne montra ni peur ni regret, juste une résignation que seul le passage du temps pouvait offrir.

Dans un geste rapide, il laissa le sang s’écouler, rouge vif contre la blancheur de la neige. La glace sous ses pieds sembla réagir, vibrant légèrement, comme une entité consciente absorbant cette offrande. Une onde se propagea sous la surface gelée, et la lueur autour de la clé s’intensifia, dégageant une chaleur étrange qui faisait fondre la glace lentement.

Isaak observa avec fascination la barrière céder, l'accès à la clé se révélant comme un trésor enfoui sous des siècles de magie. Soudain, la lumière s’éleva vers lui, et le froid de la glace disparut, remplacé par une chaleur mystérieuse qui faisait battre son cœur plus fort, plus vite. L’ultime pouvoir semblait enfin à portée de main. Alors qu’il tenait la clé entre ses mains.

Après plusieurs jours de marche épuisante, ses vêtements déchirés et tachés de poussière, Isaak s’arrêta un instant en haut d’une colline, observant la silhouette austère d’Ironwind se profiler à l’horizon. Il était néanmoins soulagé de ne plus avoir ce gnome bavard entre les pattes.

Il arriva enfin à Ironwind, et le paysage lugubre qui s’offrit à lui était bien loin des récits qui peignaient cette ville comme un bastion de fer et de force. Au lieu de hautes murailles imprenables et d’artisans de guerre, il trouva un village vétuste, rongé par le temps et la misère, où les bâtisses médiévales semblaient ployer sous le poids des siècles. Les toits étaient couverts de mousse épaisse, verdâtres et dégoulinants d'humidité, tandis que les murs en pierre, autrefois robustes, étaient fissurés et envahis par le lierre, comme si la nature elle-même cherchait à reprendre ce lieu maudit.

La lumière y était étrange, filtrée par un ciel perpétuellement gris, aussi délavée que les âmes qui erraient dans les ruelles. Une brume froide flottait au-dessus du sol, s’élevant des marécages environnants et des cimetières qui cernaient le village de toute part. Les tombes étaient nombreuses, entassées les unes contre les autres, témoins muets des générations de malchance et de souffrance qui avaient pesé sur Ironwind.

Les villageois, quant à eux, semblaient autant des spectres que des vivants. Leurs visages étaient ternes, leurs regards fuyants et vides, marqués par des années de terreur et de résignation. Leurs vêtements, usés jusqu’à la corde, les enveloppaient de gris et de brun, comme s’ils cherchaient à se fondre dans la pierre. Quelques-uns levaient brièvement la tête à son passage, mais aucun n’osait croiser son regard. Ce n'était pas la peur qu'il inspirait à laquelle Isaak était habitué — une peur vivante, indignée — mais un effroi muet, docile, hérité d’un fardeau qu’ils portaient depuis si longtemps qu'ils ne se souvenaient même plus de ce qu'était la révolte.

Le vampire marchait parmi eux comme une ombre menaçante, ses pas lourds résonnant sur le pavé humide. Il ressentait une étrange satisfaction, presque une excitation, en parcourant ce lieu dénué de vie véritable. Tout ici évoquait la mort, l'abandon, une oppression si ancienne qu’elle semblait incrustée dans la terre elle-même.

Il laissa ses yeux fouiller les ruelles et les visages décharnés, cherchant des indices sur la pierre qu’il poursuivait. Mais il lui sembla que chaque coin de ce village n’était qu’un reflet du désespoir, chaque visage une copie de l'autre, et chaque regard une fenêtre ouverte sur un vide sans fond.

 

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Nqadiri
Posté le 13/11/2024
Toujours aussi prenant ;) Bravo à vous deux, je fais un seul commentaire pour les deux chapitres.

J’adore ce mélange de style, vous avez vos propres mots, et ça se ressent. Hâte de découvrir la “rencontre” des deux mondes ;)
Lucinda
Posté le 13/11/2024
coucou :)

Merci beaucoup pour ce retour, c'est très encourageant en tout cas ^^

Nous allons continuer, nous sommes motivées ;)
Solamades
Posté le 13/11/2024
Salut ! Merci pour tes encouragements ! 
On s’amuse beaucoup, c’est génial de voir que ça te plait aussi ! <3
Hâte de voir ce que donnera la suite ! 
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