Bon, c’est pas tout ça, mais je sens — et j’entends — Catherine arriver pour venir nous chercher.
— Bah alors mon tout beau et ma toute belle ? Vous laissez tomber Maxime et Sandra ? C’est pas le jour on dirait ?
Cath, au lieu de nous disputer, est toute gentille avec nous et caresse nos encolures en nous faisant des bisous.
Je la remercie en mâchouillant un peu sa manche.
— Maintenant, il faut y retourner. Il n’y a plus de seau Pissenlit, tu n’as pas à t’inquiéter. Et toi Pâquerette ? Tu as souvent peur aujourd’hui, qu’est-ce qu’il se passe ?
Évidemment, elle n’attend pas de réponse, et semble assez surprise lorsque je me mets à hennir, n’étant pas d’accord avec ce qu’elle vient de dire. Je ne me suis pas enfui, non mais !
— Oh, t’es pas bête toi, ma belle. Je croyais que tu étais venue ici parce que tu avais eu peur, mais on dirait que ce n’est pas ça ? C’est pour venir chercher ton copain, pas vrai ? T’es gentille ma fille. Allez, suivez-moi tous les deux, maintenant, je compte sur vous pour aller rassurer les enfants, d’accord ?
— Hélios… j’ai fait tomber Maxime.
— Et j’ai fait tomber Sandra.
— Quoi ? Encore ?
— Bah, tu m’as fichu la trouille aussi, à te cabrer comme ça juste devant moi !
— Pardon… mais j’ai été effrayée sur le coup, lorsque j’ai vu le seau. Le pire, c’est que je ne comprends même pas pourquoi. Je sais bien que Pissenlit a peur des seaux, mais c’est tellement bizarre qu’il en soit terrifié à ce point-là !
— Bah, peu importe. Ni Maxime ni Sandra ne se sont fait mal apparemment, c’est le principal.
— N’empêche, ce n’était peut-être pas une si bonne idée que ça d’aller embêter Pâquerette et Pissenlit avec nos casques magiques.
Je pense pareil. Peut-être qu’on aurait dû faire plus attention, mieux contrôler nos émotions pour moins les déranger ? Rester « en retrait » de leur conscience ?
Je laisse Catherine nous guider avec la longe jusqu’au chemin d’entraînement. Et c’est là que je le vois :
Théo, le copain de Maxime, que j’ai déjà aperçu à plusieurs reprises venir ici pour regarder les poneys. Il ne monte pas, lui, mais il aime bien passer nous voir.
Et bien Théo, il est en train de glousser en observant son téléphone, et j’ai comme un mauvais pressentiment.
— Solène, regarde Théo.
Après un instant de silence, durant lequel je ne lâche pas Théo des yeux, Solène me répond :
— Si je n’étais pas un poney, je lui hurlerais dessus !
Un horrible hennissement particulièrement aigu éclate alors, et j’ai un mouvement de recul maîtrisé aussitôt par Catherine, heureusement. Sinon, je crois que je me serais enfui pour de bon cette fois-ci !
— Oh là là, Solène, c’était quoi ce couinement atroce ?
— Rien ! Je suis en colère !
— Tut tut tut… tout doux Pissenlit. Et bien, mon grand, qu’est-ce qu’il t’arrive ?
Solène, les oreilles plaquées en arrière, l’air agressif, essaye désespérément d’entraîner Cath dans la direction de Théo, tirant sur la longe. Mais Cath ne comprend pas et la retient. Théo vient de relever la tête… oh non, il va cacher son téléphone et alors, on ne pourra plus rien prouver !
D’un mouvement brusque de la tête, je repousse Catherine et lui fais lâcher la corde avant de foncer sur Théo.
— Pâquerette !
*** Informations documentaires ***
Il peut y avoir différentes causes au mordillement d’un cheval ou poney. Ici, pour Pâquerette, c’est tout simplement un signe d’affection envers Catherine.
Un hennissement aigu exprime la colère du poney ! Et Pissenlit a de quoi être en colère après Théo !
Les oreilles plaquées sur la tête, dirigées brusquement vers l’arrière, sont en effet un signe d’agressivité.