Chapitre 6 : Les liens

Le feu grinçait dans la cheminée, projetant une lumière fauve sur le lit à baldaquin. Le visage décharné d’Elmar n’était plus que rouge et noir. Sa pâleur masquée par la lumière des flammes ne se laissait deviner que par la maigreur de ses traits. Ses yeux atones restaient fixés vers le plafond. Le silence dans la chambre royal était tel que l’on entendait sans mal ses faibles respirations. De temps en temps, Eldrid retenait un sanglot. Ce bruit étouffé faisait presque sursauter Wilhelm.

Il observait le profil tourmenté de sa femme, dont la main nerveuse agrippait celle, flasque, de son père. Voilà deux jours qu’elle était à son chevet. Elle refusait de le quitter. On commençait à s’inquiéter pour l’enfant à naître. Le prince du Réor, lui, ne pensait pas à ce ventre rond qu’elle comprimait contre le rebord du lit. Il ne voyait que les plis plein de détresse qui striaient son visage.

Un jour, son propre père, le roi Odon, était tombé de cheval. Il était resté plusieurs jours inconscient. Sa famille l’avait veillé sans relâche, refusant le pronostic pessimiste des médecins. C’était Wilhelm qui se tenait près du lit quand il avait ouvert les yeux. Ce fut sans doute l’un des moments les plus heureux de sa vie. Il en avait pleuré au mépris des convenances.

Eldrid, elle, continuait de se retenir. Tentant de garder la face, de simuler une force qu'elle n’avait pas. Alors, quand elle se mit à crier, son mari sut.

Le roi d’Elvarri venait de rendre son dernier soupir.

Des soubresauts secouèrent la poitrine de la princesse. Secs, violents. Des larmes jaillirent de ses yeux injectés de sang. Des mots inintelligibles se pressèrent sur ses lèvres en hurlements inarticulés. Wilhelm ne put en supporter plus. Il quitte la chambre où se ruaient les prêtres. Il longea les couloirs charbonneux du châteaux. Il ne savait pas où il allait, il marchait, simplement. Il lui sembla qu’il ne s’arrêtait jamais. Mais c’était sans compter sur la voix victorieuse d’Adhara qui émergea d'un coin d’ombre.

— Le poison a fait son effet ?

Il serra les poings.

— Oui.

— Ce n’est pas trop tôt.

Il prit une inspiration, brève, râpeuse. Il pensa à enfourner ses phalanges dans les dents de la meurtrière.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

— Rien.

Il reprit sa marche furieuse. Il tremblait.

C’était pour ça qu’il n’était pas un grand stratège, ou même un grand intellectuel. Il se laissait tout le temps déborder par ses émotions, sa foutue empathie. Il le savait pourtant, que le roi devait mourir pour la réussite de son plan. Et qu’Eldrid n’allait pas tarder à subir le même sort. Alors n’arrivait-il pas à se détacher de ses tumultueuses émotions ?

Il n’était pas un bon complotiste, il n’était même pas un bon pantin.

 

*

 

Il était tout le temps là. Il dormait sur le sol, il mangeait contre le mur. Il ne rentrait plus chez lui.

Dans le monde cotonneux et amer, où flottait Conan, chacune de ses respirations créait un séisme. Il finit par oublier Patience.

— Rentre chez toi, dit-il un jour à Feolan.

Le Sylvien se tourna brusquement vers lui pour le dévisager.

— Tu as retrouvé ta langue ?

— Rentre chez toi.

— Je ne peux pas.

— Rentre chez toi.

— Je suis contente que tu me parles, même si c’est pour répéter la même phrase en boucle.

— Rentre chez toi.

— En fait, il se trouve que ma femme…

— S’il te plaît.

Sa voix s’était craquelée. Feolan se tut. Il s’approcha doucement du lit.

— Ma présence t’es autant insupportable ? souffla-t-il.

— J’ai essayé de te tuer.

— C’est vrai.

— J’ai essayé de te tuer.

Les larmes montèrent, irrépressibles. La respiration de Conan se fit irrégulière.

— J’ai essayé de te tuer, comme Asha.

Le Sylvien s’assit sur le bord du lit, le visage grave.

— Je l’ai tuée. Asha. Et mes parents. Et Maxima. J’ai tué tout le monde.

— Sauf moi.

— Éloigne-toi. Éloigne-toi. Je vais te tuer, toi aussi.

— Tu es attaché.

— Je tue tout le monde. Tout le monde est mort à cause de moi.

— Conan…

Il se mit à hurler. Son corps s’agitait sans qu’il ne le contrôle. Il ne se souvint plus trop de la suite. Seulement des larmes qui ne voulaient pas s’interrompre, et du visage de Feolan, au-dessus du sien. Il essayait de l’aider.

Mais il était perdu.

 

*

 

Eldrid demeura de marbre durant les funérailles. La population pleura son bon roi à sa place. Mais Wilhelm voyait bien sa peau fripée, le tremblement de ses mains. Elle n’avait pas assez pleuré. On ne pleurait jamais assez la mort d’un proche.

Le lendemain eut lieu le couronnement. On lui fit mettre des habits de cérémonie elvarriens. Un manteau de peau de renne et de loup brodé des armorierais de la royauté. Il se sentit presque noble dans ce digne apanage.

Il rejoignit pesamment la salle du trône. Eldrid l’attendait, ses épaisses fourrures cachant la proéminence de son ventre. Son air froid lui donna envie de grimacer.

L’Artrê Valerius assura la cérémonie, aussi impassible que la presque reine. La solennité pesait sur les épaules de Wilhelm. Il se sentait intrus.

On apporta les couronnes de cérémonie, faites en bois de cerf et en plumes d’aigles.

Il était donc roi, désormais. Il avait tant rêvé de cet instant. Il ne goutait pourtant que l’amertume. Eldrid semblait aussi de son avis. Il la vit retenir une grimace.

— Longue vie à la reine ! Longue vie au roi ! Jurèrent leurs sujets.

Le nouveau souverain retint un rire nerveux.

Longue vie à la reine.

 

*

 

Valerio ignora la servante qui entrait dans sa chambre en refermant doucement la porte. Ses yeux parcouraient une missive envoyée par Julius la veille.

— Comment puis-je vous servir, Votre Sainteté ?

Il releva la tête vers la jeune femme.

— Viens-voir, ça pourrait t’intéresser.

Le visage de la servante se troubla pour faire apparaître celui d’Adhara.

— À quel moment as-tu deviné que c’était moi ?

— Tout de suite. Personne n’ose entrer dans ma chambre sans un demi-millier de courbettes.

Il lui lança la missive avec un léger sourire.

— Tu es dans les appartements d’un demi-dieu, je te signale.

Elle saisit la tablette de cire en levant les yeux au ciel. Elle alla s’asseoir sur le lit, ses sourcils se fronçant sur ses yeux dorés.

— Mmmh, pas mal ce code.

— Tu as réussi à déchiffrer ?

— Pas si vite. Laisse-moi un peu de temps.

— Je te donne la clé, ce sera plus simple.

— Non !

Elle leva son index devant lui.

— Je préfère le faire moi-même.

Il soupira.

— Tu ne voulais pas qu’on parle de ton plan ?

— Ça peut attendre quelques instants.

Il s’esclaffa devant son profil concentré. Ses lèvres délicates étaient plissées devant l’ardeur de la tâche.

— Donne-moi de quoi écrire, demanda-t-elle.

Il s’exécuta sans se départir de son sourire niais. Il n’y pouvait rien, sa simple présence le faisait plonger dans un cocon moelleux.

— Ça y est, je l’ai ! s’exclama-t-elle.

Elle se tourna vivement vers lui.

— Il a un culot incroyable.

Son frère haussa les épaules.

— Ça ne me choque pas.

Elle reposa sèchement la tablette.

— Avec moi, il ne prend pas ce ton.

— Tu es sa fille.

— Et tu es son mari.

Il grimaça. Adhara, elle, avait un air grave.

— À ce propos…

— Qu’est-ce qu’il y a ?

Elle se pinça les lèvres.

— Non, rien.

Il n’insista pas. Il n’avait pas vraiment envie de parler de ses relations avec ses conjoints. Il alla plutôt farfouiller dans un meuble pour en sortir un plateau de bois gravé.

— Une partie de rexorion, ça te tente ?

Un grand sourire naquit sur les lèvres de sa sœur de cœur.

— Tu veux me déconcentrer pendant que je t’explique mon plan ?

— Parce qu’il en faut si peu pour te déconcentrer ?

— Bien sûr que non. C’est toi qui pense m’avoir.

Il installa le plateau, les pions, et distribua les jetons.

— Pas vraiment, je veux juste jouer avec toi. Ça fait si longtemps…

Elle ne répondit pas, se contentant de récupérer les jetons pour les empiler soigneusement.

— Commence, proposa-t-il.

— Ça fait longtemps que je n’ai pas joué, mais ne crois pas devoir me donner un avantage.

— Pourriez-vous me faire l’amabilité de commencer cette partie, ô Grande Unificatrice ?

Elle avança une première pièce.

— À vous de jouer, Votre Sainteté.

Elle ne lui laissa cependant pas le temps de réfléchir paisiblement.

— Ton arrivée change tout dans mes plans, mais en bien. Ça va être beaucoup plus facile de rallier la population elvarrienne à la rébellion.

Il posa un pion en avant.

— Que compte-tu faire ?

— Tu connais le phénomène de réactance ?

— Quand tenter d’imposer ta vision à quelqu’un le conduit à adopter la vision inverse ?

— Précisément.

Elle gagna une case « marchand » et récupéra des jetons.

— Tu diriges l’Ordre des Prêtres Noirs.

— Oh, si peu.

— Tsss, écoute-moi au lieu de me couper. Puisque le rôle de l’Ordre est de lutter contre les hérétiques, c’est exactement ce que tu vas lui faire faire.

— Tu veux que j’impose une répression à la population pour qu’elle se range de ton côté ?

— C’est ça.

Elle avança un pion, tuant celui de Valerio.

— Mais ça ne suffira pas à renverser la foi de la population, objecta-t-il en reprenant des jetons.

— C’est là que j’interviens : je vais mettre en place un réseau d’aide aux victimes.

— Un réseau ?

— Il sera divisé en cellules indépendantes les uns des autres. Chaque cellule accomplira ses missions seule, sans rien connaître du reste de la rébellion. Mais si les cellules ont besoin d’aide, elles seront reliées par des agents spéciaux qui ne sauront rien des détails de leur identité ou de leurs buts.

— Tu cloisonnes au mieux pour éviter que ton réseau se fasse démanteler.

— Exactement. Toi, tu feras ton boulot. Tu procèderas à des arrestations, de la torture, des exécutions. Mais le réseau tiendra.

— Et si ce n’est pas le cas ?

Il s’empara d’une des places fortes de son adversaire.

— Eh bien, je te laisse me couvrir.

— C’est à moi de tout faire, soupira-t-il.

— Ne t’inquiète pas, tu ne seras pas surmené. Si tu dois intervenir, ça signifiera que j’aurai fait une erreur. Ce qui n’arrivera pas.

Il s’esclaffa doucement.

— Tu n’as pas changé, déclara-t-il.

— Mmmh.

Elle lui reprit la place forte.

— Toi, tu as changé.

Elle planta son regard dans le sien. Il se rembrunit.

— Le temps passe, tenta-t-il.

La main d’Adhara se leva pour venir effleurer sa joue.

— Il y a tout le temps un verre d’alcool vide sur ta table de chevet.

— C’est vrai.

— Que veux-tu oublier ?

Il baissa les yeux, muet. Elle le saisit par l’arrière du crâne et rapprocha leur front jusqu’à ce qu’ils se touchent.

— On triomphera, promit-elle. Tous les deux.

Il hocha la tête, osant un sourire triste.

 

*

 

Le soleil se levait sur Bibracte, perçant vaillamment le froid de la nuit.

Kurtis et Maig, emmitouflés sous une même couverture, profitaient de ses premiers rayons. Malgré la sérénité du moment, le jeune garçon ne pouvait s’empêcher de ressentir le contact brûlant du corps de sa compagne contre le sien. Cette sensation ardente était de plus en plus fréquente. Il n’était d’ailleurs pas le seul à la ressentir.

Un hululements, dernier chant de l’obscurité mourante, retentit non loin.

— Kurtis…

— Oui ?

Elle tourna des joues rougies vers lui.

— Tu te souviens de la Cérémonie de Maturité ?

Il déglutit.

— Oui…

Elle baissa le menton, confuse. Il pouvait presque sentir son cœur battre à travers ses vêtements.

— Est-ce que…

Elle ne termina pas sa phrase, son regard venait de heurter celui de son interlocuteur.

Ce dernier hocha la tête, sans un mot. Elle s’empourpra encore.

Elle enroula la couverture autour d’elle tandis qu’il en prenait une autre. Ils se mirent en marche vers la forêt. Même au cœur de la saison froide, ils devaient se porter au plus proche de la terre.

Ils installèrent une couverture sur le sol, et une autre au-dessus d’eux.

— Ça fait comme une tente, s’amusa Maig.

— Oui, mais j’ai peur qu’elle ne tienne pas longtemps.

— C’est… c’est vrai…

Elle remit une mèche dernière son oreille, son regard virevoltant sans savoir où se poser. Kurtis tendit une main presque tremblante vers son menton qu’il releva doucement. Il se perdit dans les prunelles couleur forêt de sa bien-aimée. Il l’embrassa. Elle lui rendit son baiser avec autant de tendresse que de fébrilité.

Le Lien qu’ils partageaient se mit à vibrer. Ils se pressèrent l’un contre l’autre. Leurs vêtements s’évanouirent, tout comme leur retenue. De douces, leurs caresses devinrent incandescentes. Kurtis découvrit le corps de sa partenaire, sa beauté timide, le goût de sa peau. Il caressa le contour de sa poitrine, épris par son harmonie, elle l’enjoignit d’un regard à l’embrasser.

Le jeune Arsalaï sentait le Silh qui s’embrasait, leur Lien qui rayonnait. Il n’avait qu’à tendre ses sens pour voir par les yeux de Maig, pour respirer par sa bouche emplie de soupirs, pour frissonner avec sa peau brûlante. Cette superposition de sensations ne le dérouta pas, au contraire. Elle décupla son ardeur.

Il sentit sa compagne prête, même impatiente. Elle accueillit son intimité dans la sienne avec une pointe de grimace. L’espace d’un instant, il stoppa net. Il percevait sa douleur aussi sûrement qu’elle. Mais elle ne le laissa pas décider si ça lui était supportable ou non. Elle attrapa ses cheveux pour le tirer vers elle. Kurtis s’exécuta, lent, doux et attentif. La douleur se délita peu à peu au profit d’une sensation plus ambiguë. Il ferma les yeux, elle aussi. La lumière qu’un morceau de ciel projetait sur eux disparut. Ils ne sentirent plus que leur corps, que leur âme, qui se mêlaient, jusqu’à ne plus faire qu’un.

 

 

Ils s’étaient repliés sous la chaleur de la couverture, essoufflés. Ils échangèrent un regard orné de sourires.

— Je ne savais pas que ça faisait ça… tenta Maig.

Il hocha la tête sans avoir besoin de plus de mots.

— Je comprends pourquoi ça s’appelle ainsi.

Elle se blottit dans ses bras.

— Nous ne craignons plus la fureur des Esprits, désormais.

— C’est pour ça que… ?

— Pas vraiment… je l’ai fait parce que j’en avais envie.

Elle embrassa son cou.

— C’est ce que je voulais, tout simplement.

— Moi aussi…

Il posa son front contre le sien.

— Tu sens… ? sourit Maig. Le Silh nous appelle.

Il inspira profondément, elle aussi. Ils s’immergèrent dans le Monde Invisible.

 

 

D’abord, ils ne sentirent que le froid. Ils ne virent que le noir. Le silence était presque total. Presque, car le bruit d’une goutte d’eau tombant régulièrement sur la pierre résonnaient comme le brame d’un cerf dans la grotte.

— Où sommes-nous ? s’enquit Maig.

— Je ne sais pas, souffla Kurtis.

— Pourtant…

Elle s’interrompit.

— Là-bas !

Un éclat de lumière se glissait entre deux rochers. Les deux amants se pressèrent dans sa direction. Là, dernière un monticule de terre, une petite ouverture laissait filtrer le jour.

— On peut se faufiler, estima-t-il. Viens.

Elle ne lâcha pas sa main alors qu’ils se contorsionnaient à tour de rôle pour passer la crevasse. L’effort en avait la peine. Ils se retrouvèrent juchés sur une falaise surplombant une immense forêt verdoyante. Une bourrasque fit danser leurs cheveux.

— C’est magnifique ! sourit Maig.

— C’est…

Il venait de reconnaître une petite clairière, au loin.

— C’est mon Sanctuaire…

— Tu ne l’avais pas reconnu ?

— C’est que… d’habitude je ne suis que là-bas.

Il pointa la clairière.

— Je ne savais même pas qu’il était aussi grand…

— Peut-être qu’il ne l’était pas jusqu’à maintenant.

Il médita sur ces paroles, fixant l’horizon immense.

— Et si on y allait ? proposa Maig. Si tu le veux bien.

— Je veux bien, mais comment, on…

Ils se mirent à flotter, soudain.

— C’est toi qui fait ça ? demanda-t-il en gigotant dans les airs.

— Non !

Ils s’accrochèrent l’un à l’autre alors qu’ils s’élevaient vers le ciel.

— Mais je n’ai jamais appris à contrôler mon Sanctuaire ! s’exclama-t-il. C’est réservé aux doyennes !

— Tu le fais sans le vouloir !

Le vent les fouetta. Kurtis sentait sa tête tourner. Il s’agrippa à sa compagne aussi fort qu’il put.

— C’est ébouriffant ! apprécia-t-elle.

Plus prudent, il se contenta de regarder le paysage défiler. Ils volaient, ils volaient vraiment. Il avait beau savoir que tout ceci se déroulaient dans un autre plan spirituel, son réalisme n’en demeurait pas moins saisissant.

Ils arrivèrent bientôt en direction du centre du Sanctuaire.

Dressé au sommet d’une petit colline couverte de prairies, un grand et noble chêne faisait chanter ses feuilles. Ils se posèrent à son pied.

— Qu’il est beau ! s’émerveilla Maig en caressant l’écorce rêche de son tronc.

Elle retira cependant vite sa main devant son air moins enthousiasme.

— Pardon, je ne veux pas m’immiscer…

— Non, ce n’est pas ça. C’est que…

Il balaya la clairière du regard.

— Il manque des choses.

— Des choses ?

— Mes symibaïl.

— Ah…

Elle détailla le paysage de ses iris inquiets.

— Tu es simplement troublé, elles vont revenir.

Il ne répondit pas. Les fleurs colorées, les insectes butinants, la chaleur du soleil, tout était comme à l’ordinaire. Seuls les habitants les plus précieux de ce lieu avait disparu, ceux qui représentaient les personnes qu’il aimait.

— Regarde !

Le cri de Maig le fit sursauter. Elle avait attrapé quelques chose qu’elle serra dans ses bras.

— C’est incroyable, c’est lui !

Elle se tourna, il put voir un bébé lynx blottit dans ses bras.

— Ton totem s’est incarné ici !

L’animal planta ses yeux indéchiffrables dans ceux de Kurtis. Il s’approcha, comme hypnotisé.

— Il est adorable, commenta Maig.

Il effleura son pelage soyeux.

— Que veux-tu ? lui demanda-t-il.

Le félin se garda bien de lui répondre. Au lieu de ça, il sauta des bras de la jeune fille pour aller se rouler en boule au pied du chêne.

— C’est un symibaïl ? s’enquit Maig.

— Je ne sais pas… Je ne l’ai jamais vu.

Elle lui prit la main.

— Ne t’en fais pas, je suis sûre que tu comprendras bientôt la raison de sa présence.

— J’espère.

Elle lui saisit doucement le menton pour le faire pivoter vers elle. Elle l’embrassa.

— Viens, murmura-t-elle. Il est temps de retourner dans le monde tangible avant que nos corps ne gèlent.

Il hocha la tête. Ils s’étreignirent.

La clairière se craquela avant de se dissoudre. La chaleur de la saison des fleurs aussi. Ne resta que leurs corps blottis l’un contre l’autre. Leurs lèvres se caressaient.

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