Chapitre 6 : Première Rencontre

Par Lucinda
Notes de l’auteur : Point de vue de Cheryl et Ethan !
Le tout dans un même chapitre !!!

Cheryl

     J'ignore les avertissements de Lucas, me rendant à la cérémonie de couronnement de l'Alpha, Corey à mes côtés. Il se tient droit, son regard bleu, normalement doux, a laissé place à des yeux couleur acier, durs et perçants, comme des fusils de chasse chargés, prêts à tirer. Ses cheveux coupés à la militaire accentuent l’intensité de sa haine envers eux. Je sens sa tension, palpable comme une corde prête à se rompre, et je ne peux m'empêcher de me demander ce qui se passe dans son esprit.

Mon cœur bat la chamade, une mélodie effrénée d'excitation et d'appréhension qui résonne en moi. Chaque pas que je fais m'éloigne un peu plus de la sécurité de mes habitudes, de ce que je connais. Lucas m’a mis en garde, répétant inlassablement que les loups-garous et les vampires ne se mêlaient pas. Ce n’est pas qu’une question de préjugés, mais une question de survie. Pourtant, j'ai besoin de comprendre ce monde qui m’est encore si étranger, un monde où le danger se cache derrière chaque sourire et chaque regard.

En entrant dans la salle, je suis immédiatement frappée par son immensité. Les draperies sombres tombent du plafond comme des ombres mystérieuses, créant une atmosphère à la fois solennelle et menaçante. Des symboles de la meute, à la fois familiers et étranges, décorent les murs, évoquant des légendes anciennes dont j'ai entendu parler sans jamais vraiment saisir leur importance. La lueur des chandeliers, accrochés à des supports en fer forgé, danse sur les surfaces sombres, projetant des éclats de lumière vivants qui semblent jouer à cache-cache avec les ombres.

L'odeur de la chaleur humaine m'enveloppe, une fragrance entremêlée de sueur, d'excitation et d'adrénaline. Je perçois des notes de cuir, des effluves de parfums entêtants, et un arrière-goût de sang, comme un rappel constant de notre nature. Les cris de rires et de chuchotements s'élèvent autour de moi, formant un brouhaha festif qui contraste avec le poids de l'attente qui pèse dans l'air. Mon nez frôle une odeur terreuse, presque animale, mélange de poussière et de feu, celle des souvenirs gravés dans le sol. Je me rappelle que je ne suis pas seule, que nous sommes tous réunis ici pour assister à un événement décisif. Et pourtant, l'angoisse se mêle à l'excitation, créant un tourbillon d'émotions qui fait battre mon cœur un peu plus vite.

En entrant, mon regard se pose immédiatement sur lui. Je ne sais pas exactement qui il est, mais cet homme, ce loup, dégage quelque chose de différent. Grand, brun, avec des muscles saillants qui se dessinent sous sa peau, comme un prédateur à l'affût. Son regard vert, ravageur, m’accroche, mais il ne sourit pas ; son expression est sérieuse, presque grave, ce qui intensifie l'aura mystérieuse qui l’entoure.

Ses traits sont marqués par une intensité rare, et ses yeux,couleur émeraude, semblent lire en moi comme un livre ouvert. Un frisson parcourt mon échine, et je comprends à cet instant que je suis irrésistiblement attirée par lui. Un mélange d'admiration et de crainte m’envahit. Je me sens comme une spectatrice dans une pièce de théâtre, captivée par la performance d’un acteur principal, mais je ne comprends pas encore les implications de ce que je ressens.

Mon cœur bat fort, pulsant avec une intensité qui rivalise avec le tumulte de la cérémonie. Chaque instant semble suspendu dans le temps, et je sais au fond de moi que ma présence ici changera tout. Alors que la foule se rassemble autour de lui, je me laisse emporter par une vague d'émotions. La tension monte, comme une promesse d’événements à venir. Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve, mais je réalise que je suis prête à affronter tout cela, même si cela signifie me plonger dans l'inconnu aux côtés d’un loup-garou.

Je me tourne vers Corey et lui fais un signe discret en direction de ce loup.

— Qui est-il ? Tu le connais ?

Sa voix siffle, chargée d'une irritation à peine dissimulée.

— C'est Ethan, le futur Alpha, répond-il en levant les yeux au ciel.

Son ton trahit une certaine exaspération, comme si la simple mention d’Ethan suffisait à lui mettre les nerfs à vif. Je scrute à nouveau Ethan, cherchant des indices sur son caractère à travers son regard ou son attitude. Mais il reste impassible, presque distant, et cela ne fait qu’augmenter ma curiosité.

Alors que la cérémonie avance, je le vois tendre la main. L'homme en face de lui est plus vieux, ses cheveux grisonnants ajoutent un poids solennel à la scène. Il saisit une lame, et sans hésiter, tranche la peau d’Ethan. L’excitation monte autour de nous, et les loups la ressentent, également. Malgré moi, mes crocs sortent, perçant légèrement ma lèvre inférieure. Je me tourne brusquement, tentant de garder mon calme, essayant de masquer l'envie qui gronde en moi.

— Putain, tu aurais pu me prévenir, Corey, chuchoté-je, serrant les poings pour contrôler mes instincts.

Corey esquisse un demi-sourire, amusé par ma réaction.

— Ah oui, j’avais oublié ce détail, dit-il avec légèreté. L’Alpha offre son sang en guise de promesse… Un truc sans grande importance, si tu veux mon avis.

Le sang. Son odeur flotte dans l’air, sucrée et sauvage, comme une invitation que mon corps refuse d’ignorer. Ce parfum ensorcelant me ramène à quelque chose de primitif, un lien que je n’ai jamais ressenti. Mes yeux se posent à nouveau sur Ethan, sa posture tendue, mais sa tête relevée, marquée d’une fierté indomptable. Son regard traverse la foule avec une intensité qui absorbe chaque once de l'énergie environnante. Je sens cette tension, ce besoin brûlant d’y goûter, de m’abandonner à cet instinct qui m’agace et m’attire en même temps.

Je me maudis intérieurement d'éprouver de telles sensations pour un loup-garou, mais je ne peux pas lutter contre l'attraction qui se renforce. Mon esprit se débat entre la logique et le désir. Les murmures de la foule, les regards admiratifs, tout cela se mélange autour de moi, mais rien ne compte plus que ce lien que je ressens avec Ethan. Je sais que cette cérémonie marque un tournant, non seulement pour lui, mais aussi pour moi. Alors que l'Alpha achève son rituel, je réalise que ma vie ne sera plus jamais la même. Je suis attirée vers lui, vers un monde qui m'est interdit, et je ne sais pas si je dois fuir ou me laisser porter par cette tempête d’émotions.

 

 

Ethan

     Je me tiens là, sur le seuil de ma nouvelle vie, entouré de la foule compacte des membres de ma meute, tous rassemblés pour célébrer mon ascension en tant qu’Alpha. La pression écrase mes épaules, lourde, inéluctable. Ce n’est pas un poids que j’ai choisi, et pourtant, il s’abat sur moi avec la force d’une pierre. Les rituels commencent à s’enchaîner, et les paroles de Garry résonnent dans l’air épais de la salle, s’imposant à mes pensées dispersées.

La première invocation porte sur l’héritage. Garry lève les mains, sa voix grave et résonnante amplifiée par le silence respectueux de la salle.

— En ce jour, nous honorons l’héritage des Alphas passés. Ceux qui ont tracé le chemin, forgé les alliances, et préservé notre meute à travers les âges. Par cet héritage, tu es lié aux esprits de tes ancêtres, porteur de leur force, gardien de leur mémoire.

Je laisse ses mots s’envoler autour de moi sans m’y attacher. L’héritage… Que savent-ils vraiment de ce que cela implique ? Ce ne sont que des mots pour eux, mais pour moi, cette chaîne invisible devient une entrave. Autour de moi, les symboles de la meute ornent les murs : un loup hurlant gravé sur une bannière sombre, un arbre ancien dont les racines plongent profondément dans le sol, reliées aux silhouettes de loups, symboles d’une loyauté inébranlable et d’une tradition millénaire. Les draperies sombres tombent lourdement du plafond, transformant la salle en un sanctuaire solennel et écrasant. Des lueurs dorées projettent des ombres mouvantes, comme si même la lumière respectait les codes de ce lieu.

Le deuxième rituel suit, une invocation à la force, un serment silencieux que je dois adresser à la meute. Garry reprend, sa voix empreinte de gravité.

— Par la force qui coule dans ton sang, tu portes désormais le fardeau de nos peurs et de nos espoirs. Que ton pouvoir nous protège, que ta force ne vacille jamais devant l’ennemi, et que ta loyauté envers la meute soit aussi indomptable que la lune elle-même. 

La foule murmure d’assentiment, les regards brillent autour de moi, mais je sens toujours ce cynisme percer mon masque. Leur foi aveugle en ces paroles, en ces symboles, me laisse amer. La force… que sait-elle du prix à payer ?

Vient enfin le troisième et dernier rituel, celui du sacrifice du sang. Garry s’avance vers moi, une lame à la main, et je le regarde s’approcher, mon visage figé. Sa voix, plus basse mais encore plus solennelle, s’élève à nouveau.

— Par ce sacrifice, tu offres ton sang à la meute, ton âme à son service, et ton cœur à sa survie. Par cette promesse, tu deviens leur Alpha, leur guide et leur protecteur. 

Il prend ma main, le poing fermé j'hésite un instant, puis je l’ouvre. Le métal est froid contre ma peau. Lentement, il tranche ma paume, le sang coule, sombre et épais, tombant sur le sol devant moi. L’excitation des loups monte autour et j’entends même quelques grondements d’impatience. L’odeur du sang emplit la salle, sucrée et métallique, éveillant quelque chose de primal en chacun d’entre eux. Moi compris.

Je balaye la foule d’un regard, droit et fier, comme si j’acceptais ce fardeau sans broncher. Mais, encore une fois, ce n’est qu’un masque. Derrière cette façade de force, je me fou de tout ce rituel, de ce rôle d’Alpha qui me colle à la peau malgré moi. Et pourtant, alors que mes yeux parcourent la salle, mon regard se fige sur un coin où les vampires, des invités par pure obligation, se tiennent en retrait. Leur simple présence me révulse, mais une figure attire mon attention, m’arrêtant net.

C’est une petite rouquine, plantée là avec une posture figée, elle semble constipée, et pourtant elle dégage une sensualité qui m’ébranle. Sa peau est d’une pâleur glaciale, presque translucide, marquant sa condition de morte-vivante, mais elle rayonne d’un charme à la fois sauvage et inhumain. Ses cheveux roux tombent en vagues légères autour de son visage, encadrant des yeux noisette, profonds et perçants, des yeux qui semblent pouvoir lire mes pensées les plus sombres.

Mon regard descend le long de son corps, s’attardant sur ses courbes voluptueuses, qui tranchent avec son teint diaphane. Sa poitrine généreuse se dessine sous son corsage, ses seins tendus, comme une invitation silencieuse, un appel à les saisir fermement, à y plonger mes mains. Une chaleur primitive m’envahit, brûlante, alors que je m’imagine la baiser, ici même, avec cette foule autour, en pleine transe. Elle est une vision, à la fois provocante et interdite, une apparition qui me fait oublier, l’espace d’un instant, toute cette angoisse qui m’étreint.


Un frisson m'agrippe, mais je repousse cette pensée avec véhémence. Qu'est-ce qui m'arrive ? Pourquoi cette attirance irrésistible pour une créature qui n'aspire qu'à une chose : le sang ? Je ne peux pas me permettre de me laisser emporter par ce désir. Pas avec elle, pas encore une fois. Les vampires ne sont que des prédateurs, des sangsues qui se nourrissent des faiblesses des autres. Mais merde, pourquoi diable me trouble-t-elle autant ? L'adrénaline pulse dans mes veines, et je sais que je dois me concentrer sur le rituel, pas sur cette foutue tentation. Elle n'est qu'un obstacle à mon devoir, un rappel des plaisirs d'un monde que je vais devoir laisser derrière moi.

 

Alors que Garry poursuit son discours sur le sacrifice et la puissance, je me sens de plus en plus étranger à cette cérémonie. Les mots résonnent en moi, mais leur sens semble flou, comme si j'étais enveloppé dans une bulle. Chaque phrase, chaque accentuation sur le devoir et la loyauté ne fait qu'accentuer ma réticence. Pourquoi, au fond, devrais-je me soucier des traditions, des attentes ? J'ai toujours préféré vivre dans l'instant, m'abandonner à mes désirs sans penser aux conséquences. Elle est là, ses yeux rivés sur moi, captivée. J'esquisse un sourire sarcastique en moi. Elle est comme tous les autres vampires, obsédée par le sang. Je me moque d'elle intérieurement. Comme si elle pouvait comprendre ce que cela signifie réellement. Je peux sentir cette soif en elle, cette attirance irrésistible pour le sang, pour le danger, et cela m'irrite. Je ne suis pas un simple morceau de viande, une proie à ses désirs. Mais malgré mes pensées, quelque chose en moi se débat. Pourquoi est-elle si différente ? Pourquoi est-ce que je ne peux pas détourner les yeux ?

 

À cet instant, je prends conscience que je dois rester fort. Céder à ces impulsions, à cette attirance déroutante, n'est pas une option. Je dois incarner l'Alpha, le leader que ma meute attend, et pas un branleur en proie à des désirs illusoires. Mais putain, pourquoi diable est-ce si compliqué ? Je ne peux m'empêcher de m'interroger sur ce que cette soirée me réserve, au-delà de ce couronnement et de la montagne de responsabilités qui pèse sur mes épaules.

À quoi bon être Alpha si je perds le contrôle de moi-même dans le processus ? Je vois déjà les membres de ma meute cracher à mon passage : « Alpha le lâche », « Alpha le faible »… Qui a besoin d'un chef qui se laisse distraire par des futilités, même si cette vampire est sacrément envoûtante ? Je serre les poings, tentant de repousser ces pensées intrusives. C'est comme si mon instinct animal se rebellait, me soufflant que cette soirée, avec toutes ses merdes, est à la fois une bénédiction et une malédiction.

La cérémonie se termine, et maintenant j'ai trois mois pour trouver une Luna, ou plutôt pour tenir mes promesses. Merde ! Tout ce bordel me donne une envie irrésistible de baiser encore, de m'abandonner au seul plaisir qui me libère un peu de ce poids, mais ce soir, je ne peux pas. Les membres de la meute m'entourent, euphoriques, et même quelques vampires traînent, juste assez polis pour me féliciter. Féliciter de quoi, d'ailleurs ? De ne plus avoir de vie ? Je me force à sourire, à serrer des mains, mais à l'intérieur, je suffoque. Chaque seconde me rapproche un peu plus du bord.

Elisa était là, comme toujours, capable de lire en moi comme dans un livre ouvert. Elle n'avait pas besoin de poser de questions, elle savait déjà. D'un geste ferme, elle me prit par le bras et m'entraîna à l'écart de la foule.

— Viens souffler un peu, me dit-elle, ses yeux pleins de cette compréhension que je détestais autant que j'appréciais.

— T'es ma sauveuse aujourd'hui, grognai-je.

— Bon anniversaire, Ethan, dit-elle doucement, son regard chargé de compassion.

Encore une fois, elle était la seule à se souvenir de cette merde. Mon anniversaire, comme si ça avait encore un sens. Qu'est-ce que j'en avais à foutre, franchement ?

— Ouais, tu parles, craché-je. Voilà mon cadeau : une couronne d'épines. Autant me planter un pieu en argent dans le cœur tout de suite, ce serait plus rapide.

Elle soupira, visiblement fatiguée par mes conneries. Sûrement désespérée aussi. Il n'y avait plus rien à récupérer chez moi, et tout le monde le savait. Mes travers ? Ils les connaissaient tous par cœur. J'étais foutu d'avance.

— Tu crois vraiment que le simple fait d'être officiellement Alpha allait me changer ? demandai-je, un sourire tordu sur le visage.

— Non, mais fais un petit effort, murmura-t-elle. Ou Dan se fera un plaisir de te prendre en duel.

Dan, ce loup qui exhale la haine à chaque geste, chaque regard, toujours prêt à bondir à la moindre occasion pour se battre, pour dénigrer les Alphas, quel qu’ils soient. Il ne manque jamais une chance de me fixer avec ce mépris à peine voilé, ses yeux brillant d’une hostilité froide. Tous ici savent ce qu’il veut réellement : le pouvoir. Il rêve de devenir Alpha, de me détrôner, de prouver qu’il est plus fort, plus digne. Mais il est né du mauvais côté de la hiérarchie, dans une famille sans statut, et ça, il ne pourra jamais le changer.

Même si j'ai souvent l’impression que ce titre est une chaîne plus qu'un privilège, hors de question que ce soit lui, ce sale connard, qui prenne ma place. Dan n’a pas la trempe d’un chef, pas le sens des responsabilités. Lui, il est obsédé par la force brute, la domination aveugle, sans rien comprendre aux sacrifices et aux compromis que ce rôle exige. Et ça, ça me met en rage autant que ça me motive. Je ne laisserai jamais cet abruti croire qu'il peut m'atteindre, encore moins me remplacer.

— Qu'il le fasse, ce fils de pute ! Je le massacre quand je veux, lui et tous ceux qui pensent pouvoir prendre ma place. 

Les mots glissent de ma bouche, glacés et tranchants, une froideur qui ne m’étonne même plus. Je me redresse, les épaules tendues, les yeux fixés droit devant, déjà en train de construire l’armure invisible qui me sépare du reste du monde. L'image se grave en moi :  La bête en moi gronde. La meute attend un leader, mais moi... moi, je ne suis qu’une tempête, cherchant encore ce qui peut me sauver, ou me détruire. Je vais être celui qui donne l’impression que rien ne peut ébranler, que le contrôle m’appartient en tout instant, même si je dois me tordre de l’intérieur pour y arriver. Je me jure de devenir cette version de moi qui ne laisse rien paraître, pas une fissure, pas un seul frémissement. Chaque fibre de mon être se tend vers cette promesse silencieuse.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez