Chris termina son tour et chaque nouveau sujet de Sa Majesté put s’éloigner, généralement accompagné de son ami l’ayant convaincu de s’agenouiller. Un seul se retrouva isolé et une femme en noire se proposa gentiment de le guider. Il accepta volontiers.
- Tu vas pouvoir découvrir la nouvelle école, lança Chris en se plaçant devant elle.
- Majesté ? J’ai une requête à formuler, indiqua Mariam alors que la grande pièce était maintenant entièrement vide.
- Je t’écoute, proposa-t-il gentiment.
- Lors de mon premier point de situation avec mon formateur à l’école, il a semblé abasourdi par ma capacité à ne pas drainer ma victime de mon sang.
- Ce n’est pas une chose facile en règle générale, confirma Chris.
- Pour moi ça l’était, assura Mariam, ça l’a été dès ma première morsure, uniquement parce que vous me l’avez ordonné.
Chris la dévisagea en silence.
- Je ne me rends même pas compte qu’il se passe quoi que ce soit quand je mords ma victime et pourtant, elle se transforme, pleura Mariam.
- Tu penses que, si je te l’ordonne, tu parviendras à retenir ton venin ? Mariam, si c’était aussi simple, ça se saurait !
- Simple ? répéta Mariam. Non, Majesté, ça ne l’est pas. De plus, les jeunes Vampires ont-ils pour habitude de recevoir de votre part ce que vous m’avez fait ?
Chris sourit.
- Non, assurément pas. Je n’ai fait subir cela à aucun Vampire qui soit encore vivant.
Mariam frémit. Chris réfléchit puis lança :
- Et que se passe-t-il si tu ne parviens pas à obéir à mon ordre parce que, soyons honnête, c’est juste impossible que tu y parviennes. Je ne vais pas te tuer quand même ! Imhotep ne me le pardonnerai pas et je ne veux pas le faire souffrir inutilement.
Mariam haussa les épaules. Pour une fois, elle n’avait pas la solution. Chris plissa les yeux puis s’accroupit devant Mariam, se mettant ainsi à sa hauteur sans toutefois perdre de son autorité.
- Je ne peux pas te voir en peinture, annonça-t-il.
- Ce sont des choses qui arrivent, répondit Mariam sobrement.
- On pourrait penser que je t’apprécierais. Je veux dire : tu as rendu le sourire à mon petit. Tu nous a permis de nous retrouver. Tu as permis la résolution d’un très vieux conflit, apportant la paix et l’ordre. D’aucun penserait que je devrais même te remercier et te couvrir de cadeaux mais non, rien à faire, je te hais.
Mariam haussa les épaules. Elle ne pouvait pas y faire grand-chose.
- Les goûts et les couleurs, ça ne se commande pas, dit-elle.
- Rien à voir, la contra-t-il. Je sais exactement pourquoi je te déteste.
Mariam pencha la tête, curieuse.
- Je t’en veux parce que tu as résolu ce problème. Ça t’a pris quoi ? Deux ans ? Si j’ai bien compris, ça faisait un moment que tu avais compris et que tu désirais me parler mais que tes formateurs te le refusaient.
- Voilà, ça va être de ma faute, maintenant, grogna Yanis depuis le couloir, prouvant que la conversation était tout, sauf privée.
Mariam hocha la tête.
- C’est juste que ça t’a pris une dizaine d’années pour trouver comment t’évader, continua Chris et Mariam acquiesça. De ce fait, tu me jettes en pleine tête ma propre incompétence.
- Majesté ! s’écria Mariam.
- Ainsi, si je te hais, c’est avant tout parce qu’il m’est plus facile de reporter cette rancune sur toi que sur moi-même.
- Je suis heureuse d’être cet exutoire.
- Tu sais quoi : je te crois. Je pense que tu es sincèrement contente de me servir. Comme ça ou autrement…
Mariam hocha la tête.
- Tu es, sans aucun doute, le sujet, en dehors de mes petits, le plus fidèle et le plus dévoué.
Mariam sourit.
- Vous êtes dur envers vous-même ! dit Mariam.
- J’ai été incapable, en plusieurs siècles, de voir ce que tu as mis deux ans à comprendre. Comment suis-je censé me le pardonner ?
Mariam ne sut quoi répondre.
- Ceci dit, tu avais un net avantage sur moi, continua-t-il.
Mariam leva un sourcil interrogateur.
- Tu as un créateur et il t’a abandonnée. Tu as pu te reconnaître en Gilles d’Helmer.
- Des petits abandonnés par leurs créateurs, l’école en regorge, répliqua Yanis.
- Et combien parmi eux ont l’honneur d’être des sujets de Sa Majesté ? rétorqua Mariam.
- Ouais ben, ça, personne n’avait pris la peine de me le dire ! grogna Yanis.
- Moi, continua Chris comme si Yanis n’était pas intervenu, je ne connais que l’autre côté du lien, de créateur à petit.
Mariam se souvint que Chris avait été mordu par des singes. Cela expliquait l’absence de lien vers eux. Mariam eut du mal à se remémorer le livre des origines. Elle comprit que la mémoire parfaite ne commençait qu’à partir de la transformation. Les informations reçues avant devenaient floues. Mariam se promit de relire l’ouvrage. Chris poursuivit :
- Ce que j’essaye de te dire, c’est que te torturer me fera très plaisir, parce que cela me permettra de faire ressortir ma propre déception. J’ai fait beaucoup de choses stupides ces derniers temps. J’ai énormément de regrets. Je vais projeter ma douleur, ma peine, ma souffrance, sur toi.
Mariam frémit.
- Je vais te faire subir la torture la pire que je puisse imaginer, celle qui me ferait moi, souffrir le plus.
Mariam blêmit.
- De ce fait, tu ne devras jamais, au grand jamais, en dévoiler le contenu.
- Je comprends, Majesté, assura Mariam.
- Toujours partante ?
Mariam plongea son regard dans celui du roi et hocha la tête.
- Que n’est-on pas prêt à faire pour un peu de liberté ? répondit Chris en souriant. Allez debout ! On va au palais. J’ai une scène de torture à monter.
Mariam suivit Chris jusqu’à une navette posée dehors. Il prit les commandes et pilota jusqu’à l’aire d’atterrissage.
- Je ne sais pas combien de temps ça va prendre, annonça Chris une fois sorti de l’engin volant. J’estime une semaine environ. En attendant, tu peux vaquer à tes occupations.
- Je peux me promener librement dans le palais ? s’exclama Mariam.
- Es-tu au contrôle en dehors de la procréation ?
- Oui, Majesté.
- Alors je confirme : tu peux aller où tu veux au palais. En revanche, te nourrir d’un être vivant t’est interdit. Tu devras te contenter de poches de sang. Je t’appellerai quand ça sera prêt.
- D’accord, Majesté.
Le roi s’éloigna entre les arbres. Mariam n’en revenait pas. Elle constata que la nouvelle version du palais ressemblait en tout point à la précédente. Elle retrouva aisément la salle du trône. La différence de décoration lui sauta aux yeux : tentures colorées, vases immenses brûlant d’un feu permanent, banquettes chaleureuses, plantes, tableaux. Mariam reconnut la patte de Dracula. Elle en rit de joie. Il avait fait en sorte que cet endroit lui ressemble. Cela prouvait qu’il se sentait bien ici. Son cœur en bondit de joie.
De nombreux Vampires se trouvaient là, dansant au son d’un orchestre composés d’humains. Certains baisaient, d’autres se nourrissaient ou discutaient.
Au fond, sur un trône en bois très simple, se trouvait un Vampire. Mariam ne connaissait pas ce visage mais son cœur lui indiqua qu’il s’agissait de son créateur. Il avait changé d’apparence pour ne plus ressembler à Lord Kerings. Désormais, il était une petite vieille femme noire ridée, un chignon blanc strict sur la tête et des lunettes rectangulaires posées sur son nez. Il portait un tailleur bleu et des collants transparents. Un collier en or, un bracelet type gourmette, une bague et une paire de boucle d’oreilles harmonisaient l’ensemble.
Mariam grimaça mais choisit d’ignorer l’apparence actuelle de son créateur. Après tout, Dracula faisait bien ce qu’il voulait et si cette identité lui plaisait, elle n’avait pas à le critiquer.
- Mariam ? s’exclama Dracula d’une voix féminine haut perchée. Tu es au contrôle ?
- Non, répondit-elle.
- Et tu as le droit d’être là ?
Son ton était mi surpris, mi interrogateur, mi dégoûté.
- Oui. Permission spéciale de Chris, annonça Mariam.
- Ah bon. Ça me fait plaisir, sans aucun doute, surtout qu’on est vendredi !
- Ah ! Et vendredi, c’est ravioli ? répondit Mariam.
- Non, c’est lundi, répliqua Dracula qui avait la référence depuis qu’il avait vu « La vie est un long fleuve tranquille » dans la salle vidéo avec elle.
Ils explosèrent de rire.
- Plus sérieusement, tous les vendredis, c’est fête au palais. Tu vas adorer ! Ça va bientôt commencer.
- Super !
- Nicolas ! s’écria une femme en entrant dans la salle du trône.
Mariam se tourna vers la nouvelle venue : une humaine brune d’une banalité affligeante.
- Nicolas ? répéta Mariam avant de se tourner vers son créateur pour constater qu’il avait changé d’apparence et de vêtements.
Désormais, il était un homme blanc, d’une vingtaine d’années, brun aux yeux marrons, à la plastique idéale. Il portait une chemise rouge et un pantalon noir, des chaussures de ville assorties et aucun bijou. Si son visage n’était pas celui de Lord Kerings, ses goûts vestimentaires en revanche étaient les mêmes. Mariam ricana.
- Quoi ? dit Dracula.
Mariam se retint difficilement de rire. Elle était au contrôle, certes, mais pas au point de pouvoir changer d’apparence et de vêtements aussi rapidement. Qu’il le fasse pour cette femme la faisait sourire.
Cette dernière avait traversé la salle de part en part, ignorant les présents qui le lui rendaient bien, pour enlacer Dracula. Ils échangèrent un long baiser passionné. Mariam en eut les larmes aux yeux de bonheur pour son créateur.
- Tu viens à la fête avec moi ce soir ? demanda-t-il.
- Non, répondit la femme. Je passe la soirée avec Auguste.
- Comme tu veux, ma chérie.
- Ma chérie ? murmura Mariam.
- Mariam, je te présente Julie Admel, ma petite amie. Julie, voici ma petite, Mariam.
- Ta petite ? Je croyais que tu l’avais éloignée pour ne pas avoir à te la traîner comme un boulet.
Mariam plissa les paupières. Voilà qui n’était pas agréable à entendre, surtout dans la bouche d’une humaine. Mariam dut se retenir très fort pour ne pas la gifler. Dracula ouvrit la bouche mais Julie Admel fut plus rapide.
- Quoi qu’il en soit, je suis heureuse que vous soyez là, dit-elle en se tournant vers Mariam. Nicolas n’en sera que plus joyeux. Et puis, cela va me permettre de vous remercier.
- Me remercier ? s’étonna Mariam, les yeux écarquillés.
- D’avoir fait perdre son sine condicione à Nicolas. Grâce à vous, il a cessé de souffrir, lui permettant de m’ouvrir son cœur.
Julie Admel embrassa de nouveau Nicolas à pleine bouche. Mariam se sentit de trop. Elle commença à s’éloigner, un sourire complet sur le visage.
- Tu devrais faire un tour à la bibliothèque du palais, entendit-elle Nicolas murmurer entre les lèvres de Julie.
- D’accord, répondit Mariam qui venait de sortir de la salle du trône.
Elle demanda son chemin et tous les Vampires croisés le lui indiquèrent volontiers. La bibliothèque resplendissait. Mariam n’essaya pas de compter le nombre de rayonnages et encore de dénombrer les ouvrages. Un homme apparut derrière un coude.
- Seigneur Kervey ! s’écria Mariam avant de ricaner.
De fait, le trouver en ce lieu n’avait rien de surprenant. Contrairement à Dracula, il n’avait changé ni d’apparence, ni de vêtements.
- Oh je t’en prie ! On est au-delà de ça. Appelle-moi Stiny, dit-il en balayant sa main droite devant lui.
- Stiny, répéta Mariam en souriant. La bibliothèque du palais est bien ?
- Pas encore, répondit-il. Dix ans n’ont pas suffi à la rendre potable.
- Elle n’était pas bien à ton arrivée ?
- Elle n’existait pas ! Il n’y avait pas un seul livre au palais à mon arrivée, souffla Stiny d’une voix tremblante. Tu te rends compte ! Pas un ! Quelle hérésie ! J’ai réclamé cet endroit. Chris l’a fait construire : isolée, grande, agencée selon mes désirs et décorée sur les demandes de Dracula.
Mariam avait reconnu sa patte.
- J’ai amené tous les livres du château puis j’ai commencé à réaliser des copies de tous les ouvrages du monde entier.
- Tu n’as pas fini, ironisa Mariam.
- C’est une tâche infinie que seul un immortel peut réussir.
Mariam ricana. Si un Vampire pouvait y arriver, c’était Stiny. Le seul à accepter d’y passer tout son temps, quitte à s’y perdre.
- Quand es-tu arrivé au palais ?
- Le matin où Dracula t’a emmenée en hélicoptère, il m’avait prévenu de ses intentions, afin que je n’attende pas inutilement que mon employée vienne faire le service.
Mariam gloussa.
- En revanche, je m’attendais à votre retour le lendemain. Un mois plus tard, j’ai commencé à me faire du souci. Dracula n’est revenu au château que deux ans après.
- Aouch, répondit Mariam.
- Il nous a réunis dans le bureau et il nous a expliqué la situation, nous révélant la vérité. J’ai eu de la peine pour Gilles. J’ai tourné le dos à mon mentor et j’ai suivi mon ami. Le soir-même, je devenais un sujet de Sa Majesté. Je n’ai pas regretté une seconde depuis.
- Sam est là ? s’enquit Mariam les yeux brillants.
- Oui, mais depuis peu, répondit Stiny, et uniquement grâce à Julie.
- Julie Admel ? La petite-amie de Dracula ? Celle qui se montre insolente un instant et adorable le suivant ?
- Tu as fait sa connaissance, en conclut Stiny en ricanant.
- Quel rapport avec Sam ?
- Elle ne supporte pas de manger avec les avertis alors elle a demandé que des restaurants s’ouvrent au palais. Un appel a été lancé à tous les cuisiniers. Sam a répondu à l’appel. Je ne l’avais pas revu depuis qu’il s’était incliné devant Chris. La vie en communauté ne lui convient vraiment pas.
- Il est venu quand même.
- Il a autant de commis qu’il veut. Les matières premières viennent des fermes : une tuerie. Quant à ses clients, ils sont hyper exigeants. Un sacré défi culinaire !
- Sam doit être ravi !
- Aux anges ! N’hésite pas à aller le voir. Il te demandera probablement d’éplucher des carottes. Refuse ! Tu n’es plus un larbin.
- Je tâcherai de m’en souvenir, rit Mariam. Tes autres petits ?
- Richard et Abraham vivent ici, au palais. Si tu vas à la fête de ce soir, tu vas les y croiser.
- Tu n’y vas pas ?
- Non. J’ai trop de boulot.
- Faire une pause te fera du bien. Allez ! Viens !
- Tu as raison. Après tout, c’est probablement ta première et dernière fête.
Mariam lui lança un regard interrogateur.
- Les rumeurs en provenance du Mexique disent que Chris va te torturer. Sont-elles fondées ?
- Oui, grogna Mariam.
- Je ne te savais pas masochiste.
Mariam lui envoya un regard noir auquel il répondit en riant.
- Et Anthony ? demanda Mariam en reprenant un visage avenant.
- Il est au dôme. Dès qu’il a découvert que ce lieu existait, il a foncé. Il a toujours été brutal. Cet endroit lui convient parfaitement.
- Le dôme ? répéta Mariam.
- Chris offre son monde idéal à quiconque le demande. Plus exactement, il met tout en œuvre pour que cet objectif soit atteint. Plusieurs bulles ont ainsi été créées. Le dôme est une ville où les humains se prosternent devant les Vampires, qui ne se cachent donc pas. Là-bas, on vit les crocs sortis en permanence et on tue, on torture, on viol.
- Je comprends qu’Anthony y soit bien. Ça lui ressemble tellement !
- Pas besoin de charmer ou de faire dans la finesse. Il est aux anges, confirma Stiny.
Mariam se dit qu’un tel endroit ne serait pas pour lui déplaire. Pour l’heure, autant profiter du palais. Ils se rendirent ensemble à la fête. Mariam but, dansa, discuta. Le lendemain, elle se rendit dans le restaurant de Sam pour y déguster un coq au vin absolument divin.
Elle partagea son temps entre Stiny, Sam et Dracula.
Elle aidait le premier à la bibliothèque. Elle en profita pour relire le livre des origines afin de l’ancrer dans sa mémoire parfaite. Elle découvrit les publications scientifiques en provenance des laboratoires. Toutes les découvertes y étaient dévoilées. Mariam en eut le tournis.
Elle mangeait trois fois par jour dans le restaurant de Sam avec qui elle papotait à chaque fois.
Enfin, elle passait du temps avec Dracula, découvrant son travail de grand Vizir qu’il prenait à cœur. Mariam participa à trois autres fêtes sans jamais y croiser le roi.
Chris se montra juste après un petit-déjeuner d’œuf, de bacon et de chocolat chaud dégusté en excellente compagnie. Le roi lui fit signe de le suivre. Les intestins noués, elle le suivit dans la navette sous un silence pesant. Mariam ne douta pas que tout le palais regardait et suspendait son souffle.
- Je suis désolé du contre temps, indiqua Chris aux commandes de l’engin spatial. Baptiste a fait des siennes.
- Pas de problème, assura Mariam qui se rendit compte qu’un mois entier était passé.
- Tu as pu te nourrir ?
- Dracula m’a donné ses restes, indiqua Mariam.
- Très aimable de sa part.
- Je trouve aussi. Il est adorable. Il semble épanoui. C’est très agréable à voir.
Chris eut une moue mi heureux, mi agacé que Mariam ne s’expliqua pas. Elle ne lui en demanda pas la raison. La navette creva une bulle et se posa. Mariam sortit à la suite du roi.
- C’est magnifique, souffla Mariam en plissant le front.
Le terrain proposait une forêt immense et des montagnes au loin, un ciel bleu aux nuages éparses, un soleil brillant, un vent tiède. On entendait le chant des oiseaux et le murmure de l’eau. La pression indiquait une météo constante.
- Je ne m’attendais pas à ça, admit-elle.
- L’écrin ne présume en rien du contenu. Quitte à te torturer, autant le faire dans un lieu splendide.
Mariam grimaça. Il sautillait de joie puis devenait morose. Qu’il fut en pleine tourmente était une évidence. La situation n’était pas simple pour lui. Mariam le suivit. Il la mena jusqu’à une grande clairière.
Au centre, des graviers blancs formaient un disque parfait. Autour, vingt poteaux portaient un être humain chacun, attachés à genoux, les mains au dessus de la tête, les chevilles liées par des fers.
Les victimes étaient d’origine et d’âge divers, dix hommes et dix femmes. Mariam ne comprenait pas.
- Va te placer au centre, ordonna Chris et Mariam obtempéra.
Les humains regardaient autour d’eux avec appréhension. Aucun ne parlait. Peut-être avaient-ils déjà essayé et, constatant qu’ils n’avaient pas de langue commune, avaient cessé. Ils attendaient, nerveux, les évènements à venir.