Chapitre 64 : Privilège

Notes de l’auteur : Désolée pour l'arrivée un peu tardive de ce chapitre, mon job d'été est très chronophage ^^'
Bonne lecture à tous ! =^v^=

Artag déposa Mathilde sur la table matelassée de la salle de soin. La jeune fille gazouillait des compliments sur tout ce qui croisait son regard. Son sourire béat sur son visage livide lui donnait un air encore plus mal en point. Mrs Titus se pencha sur elle et lui fit une prise de sang. Elle déposa ensuite une goutte dans un flacon de révélateur. Le liquide translucide prit aussitôt une couleur noiraude et l’infirmière fronça le nez.

— C’est bien du myatrol. Comment s’est-elle retrouvée avec une saleté pareille dans le sang ? Elle a dû être contaminée il y a un bon moment pour qu’il soit détectable aussi vite.

— D’après les estimations de Rok, c’était il y a environ deux heures.

Mrs Titus cessa de fourrager dans ses tiroirs.

— Deux heures ! Pourquoi n’est-elle pas venue me voir plus tôt ? Pas étonnant qu’elle soit aussi faible !

Artag se massa l’arête du nez et s’appuya sur le rebord de la table.

— Il y a eu un accident… Maria, c’est l’une de mes protégées. Rok et elle étaient dehors cette nuit.

L’infirmière roula des yeux tout en injectant une dose d’antidote dans le bras de Mathilde.

— Toi et tes magouilles ! Je t’ai toujours dit que c’était dangereux de laisser des gosses vagabonder la nuit dans Impera.

— Mais il n’est jamais rien arrivé ! répliqua le Chambellan, une main posée sur les cheveux de Mathilde. Je ne confie pas mes clefs à n’importe qui. Non, c’était différent cette fois. On les attendait. C’était des Finkadiens, Maria.

Mrs Titus se plaqua la main sur la bouche pour retenir une exclamation.

— Dit-moi qu’ils n’ont pas trouvé ton tunnel…

Artag releva ses yeux chatoyants vers l’infirmière. Les camaïeus de bleus et de noirs s’étaient imposés dans ses iris, entrecoupés d’éclats si clairs qu’on aurait cru plonger au cœur d’un orage. Mrs Titus s’assombrit.

— Que vas-tu faire ?

— Mathilde est-elle hors de danger ?

— Elle s’en remettra. Tu peux la libérer de ton Sylphe.

Artag soupira et Mathilde perdit peu à peu son sourire extatique. Il fut remplacé par un sommeil lourd qui effaça la tension de son visage et ses muscles. Le Chambellan redressa son corps décharné avec la souplesse d’un automate rouillé et se passa la main sur la figure.

— Je dois me rendre au Palais au plus vite. Puis-je compter sur ta discrétion ?

Mrs Titus lui donna une tape sur l’épaule.

— Toujours. Allez file ! Je m’occupe d’eux.

Il la remercia d’un sourire, puis sortit à grandes enjambées. Mrs Titus le regarda partir en secouant la tête. Puis, elle retourna aux bandages de Mathilde en bougonnant.

— Quelle tête de mule… quand comprendra-t-il que le monde ne repose pas sur ses épaules ?

*****

Mathilde se réveilla au son des encouragements de l’infirmière. Un bec de gaz en métal reposait sur son nez et sa bouche, l’obligeant à respirer des vapeurs poivrées. Elle toussa et tenta de s’en débarrasser. L’infirmière vint aussitôt à son secours et dégagea son visage. Une main passa sous sa tête et la redressa lentement en position assise, glissant deux coussins dans son dos.

— Te revoilà mignonne. Eh bien ! Tu m’as fait peur. Le myatrol a bien failli essorer tout le sang de tes joues. Enfin, tu t’en es bien sortie.

— Le myatrol ? balbutia-t-elle, la bouche pâteuse.

Ce mot évoquait vaguement des leçons de Lady Thiang, mais elle avait trop mal au crâne pour se concentrer. Au lieu de cela, elle but le bol que Mrs Titus approchait de ses lèvres. Le liquide épais et fade la réchauffa de l’intérieur.

— Ce concentré de nutriment devrait restaurer ses forces et l’aider à reconstituer le sang qu’elle a perdu.

Notant que cette remarque ne lui était pas adressée, Mathilde releva les yeux et, dans le flou de sa myopie, elle reconnut les silhouettes familières de ses coéquipiers, assis à distance sur les autres lits du dortoir. Mrs Titus lui tendit ses lunettes et prit sa température.

— Ta fièvre a bien baissé, bientôt il n’y paraîtra plus.

Mathilde acquiesça mollement la tête, des souvenirs désagréables affluaient dans son crâne et lui vrillait les tempes. Elle porta une main à ses côtes. La douleur était toujours présente, mais étouffée par des anesthésiants. Elle s’appliqua à finir son brouet de nutriments. Ses yeux glissèrent jusqu’à Rok par-dessus son bol.

Il s’était débarbouillé et changé dans un des pyjamas de l’infirmerie. Ses mains étaient enveloppées dans plusieurs couches de bandages. La fatigue avait laissé sa marque sur son visage et, à moitié allongé sur ses oreillers, il semblait à deux doigts de s’endormir. Malgré cela, en la voyant remuer, il se redressa et se força à adopter une position assise.

Ils échangèrent un regard soulagé. Ils s’en étaient sortis. Ils avaient survécu ensemble à ce cauchemar. Les derniers souvenirs de Mathilde étaient confus, mais elle était sûre d’une chose : Rok lui avait sauvé la vie. Elle lui adressa un merci silencieux du bout des lèvres avant d’être sollicitée par l’infirmière.

— J’ai recousu ta blessure, expliqua-t-elle, mais il faudra veiller au grain en cas d’infection. Après avoir t’être traînée dans les égouts, qui sait quelle cochonnerie tu as pu attraper.

Mathilde tressaillit à sa mention des égouts. Combien en savait-elle sur leur escapade nocturne ? Quelle excuse avait inventée Artag pour justifier son état ? Elle tourna la tête vers Rok qui la rassura d’un hochement de tête.

— « Elle sait tout. » Lut-elle sur les lèvres du géant.

Mathilde haussa les sourcils. Tout ? Elle ne put réprimer une pointe de déception. Artag avait partagé son secret avec plus de monde qu’elle l’avait cru. Cela dit, il y en avait bien un qui avait l’air de tomber des nues. Galis, assis à l’écart au bord d’un lit, balançait ses jambes dans le vide, le visage fermé. Ses yeux éteints allaient de Rok à Mathilde en un manège hésitant et frustré.

Lorsqu’il comprit que Mathilde l’observait, il rentra la tête dans les épaules et fuit son regard. Mathilde se mordit la lèvre. Pas doute, il savait.

— Pourquoi ne pas me l’avoir dit plus tôt ? marmonna-t-il à mi-voix.

Rok soupira.

— Mathilde te répondra la même chose que moi. Artag nous avait fait promettre de garder le secret.

Elle acquiesça en tentant de capter le regard de son cousin.

— C’est vrai, je n’en ai parlé à personne. Pas même à Rok. Nous ne savions pas que nous disposions du même…

— Privilège ?

L’amertume dans la voix de Galis fit grimacer Mathilde. Il releva enfin ses yeux cristallins sur elle. Il y avait un éclat accusateur au fond de ses iris.

— Je vous ai montré le clocher, pourquoi ne pas m’avoir aussi confié votre secret ? C’était plus amusant de me voir raconter des bêtises en sachant que j’avais tort ? Vous ne m’avez jamais fait confiance.

Mrs Titus interrompit sa plainte en lui ébouriffant la frange.

— Laisse tes comparses tranquilles, veux-tu ? Ce n’est pas leur faute, ils ont seulement respecté leur promesse. Et puis, aurais-tu vraiment préféré frôler la mort avec eux ce soir ?

— C’est toujours mieux que d’être mis à l’écart…

— Ne dis pas de sottises, va. Artag prend soin de tous ses Filleuls avec des moyens qui leur sont adaptés. Tu n’avais juste pas besoin d’une bouffée à l’air libre pour te stabiliser.

Galis se renfrogna, blessé malgré tout. L’infirmière reprit :

— Vous réglerez vos différends plus tard. Écoutez-moi d’abord. Vous partagez maintenant un secret qui compte énormément pour votre Tuteur. Je vous conjure de garder votre langue à ce propos. Hormis moi, personne d’autre au Collegium n’est et ne doit être au courant. Suis-je bien claire ?

Ils acquiescèrent. Mrs Titus se tourna vers Mathilde.

— Quant à toi, nous allons garder le secret sur ta blessure. Tu resteras à l’infirmerie le temps que tu puisses te mouvoir normalement ? Nous dirons que tu as attrapé froid pendant les séances d’entraînement autour de l’étang d’avant-hier. Personne ne doit savoir que vous étiez toi et Rok à l’extérieur d’Impera cette nuit.

— Mais… et les espions ?

— Nous aurons des nouvelles au retour d’Artag…

Mrs Titus sortit le bec à gaz du dortoir en massant ses paupières sous ses lunettes épaisses. Elle laissa derrière elle un silence gêné entre les trois Filleuls. Galis s’allongea sur l’un des lits, prit un oreiller et y enfouit son visage.

— Je suppose que, maintenant, vous êtes forcés de me faire confiance.

Rok fronça les sourcils. Il adressa à Mathilde un regard agacé, l’air de dire : « Sérieusement ? ». La jeune fille secoua la tête. S’énerver ne ferait qu’envenimer la situation. Rok grinça des dents et opta pour une phrase moins agressive.

— Ce n’était pas une question de te faire confiance ou non. Avec ta logique, cela voudrait dire que je n’ai pas de confiance en Mathilde non plus. Et puis, crois-moi, une seconde paire de bras nous auraient été très utiles cette nuit.

Galis releva des yeux humides de son oreiller, sa frange en bataille. Il était sur la réserve, comme s’il se préparait à encaisser un nouveau mensonge. Pour en finir avec son scepticisme, Rok brandit sous son nez ses mains bandées.

— J’ai dû creuser à travers un mur, Galis ! Un mur de brique, puis une couche de terre dure, avec une barre de métal rouillée et Mathilde qui se vidait de son sang derrière moi. J’aurais accepté toute l’aide qu’on m’aurait proposée, même venant de toi !

Galis renifla.

— Je suis donc ta dernière option.

Rok tourna vers Mathilde un visage exaspéré.

— C’est pas croyable ! En quelle langue dois-je le dire pour qu’il comprenne ?

Mathilde eut un sourire en coin. Son cousin avait retrouvé ses couleurs et une étincelle de malice avait rallumé ses yeux.

— Il a compris, ne t’en fais pas.

S’en suivit un échange vif et ponctué d’éclat de voix et de taquineries, que Mathilde était trop fatiguée pour suivre, mais qu’elle n’apprécia pas moins. Les choses rentraient dans l’ordre. Rok ne comprenait pas les jeux verbaux de Galis, et celui-ci en profitait pour se venger un peu. Au moins, il ne boudait plus.

Mathilde se tâta prudemment le flanc. Elle se sentait encore très faible, et la douleur de sa plaie, même atténuée par des anesthésiants, refusait de se faire oublier. Laissant ses coéquipiers se chamailler, elle se concentra sur les fragments de souvenirs qu’il lui restait des dernières heures.

La majorité contenait des images de Rok se déchaînant contre le mur ou courant de toutes ses forces pour l’amener à Artag. D’autres étaient plus flous. Les yeux arc-en-ciel illuminés d’Artag. Il avait dû user de son Sylphe sur elle. Elle avait le même sentiment d’avoir raconté des bêtises que lorsqu’elle sortait d’une de ses séances d’entraînement, particulièrement celles où ils affrontaient l’euphorie.

Un fragment l’interrogeait plus que les autres. Celui de Galis, assis au bureau d’Artag, tasse en main, les yeux rougis et l’air apaisé. Cette scène soulevant tant de questions : que faisait Galis à cette heure dans le bureau de leur Tuteur ? Pourquoi avait-il pleuré ? Qu’avait dit Artag pour le soulager ?

Mathilde haussa les épaules. Puisqu’ils en étaient au temps des confidences, elle n’allait pas se gêner pour poser la question. Elle n’avait pas l’énergie ni la patience pour son habituel souci d'éviter de froisser ses camarades. Étonnamment, Galis ne se braqua pas à sa question. Elle n’avait pas imaginé obtenir une réponse. Toute vulnérabilité de la part de ses coéquipiers était toujours exprimée qu’avec beaucoup de réticence.

Pourtant, même face à sa question directe, son cousin ne se défila pas. Il se laissa retomber sur le matelas, faisant grincer les ressorts du lit.

— Je savais que tu me poserais la question tôt ou tard. T’es une vraie fouineuse, tu sais ?

Mathilde se contenta de sourire. Il n’avait pas tort. Le sourire en coin de son cousin l’empêchait de se sentir gênée. Il fixa le plafond en silence un moment, après quoi il parla dans un souffle.

— Je n’arrivais pas dormir, alors je suis venu le voir. Comme on était au milieu de la nuit, je ne pensai pas le trouver debout, mais il venait en fait tout juste de rentrer de je ne sais quelle réunion administrative. Alors j’ai pu discuter avec lui de ce qui me tracassait…

Il jeta un coup d’œil taquin à Rok.

— J’ai dû réussir à être vrai avec lui, parce qu’il n’a pas eu de nausée cette fois-ci. Au contraire, il a été très compréhensif…

Il croisa le regard de Mathilde, qui pencha la tête sur le côté. Le rictus de Galis s’accentua.

— Bien sûr… de quoi ai-je parlé, pas vrai ? Je suppose que Artag m’en voudrait de m’arrêter en si bon chemin vers l’honnêteté. Je lui ai parlé de ma famille.

Aussitôt, il eut toute l’attention de ses deux camarades. Mathilde et Rok se penchèrent en avant, une onde d’inquiétude remuant leur être.

— Ta famille ? s’enquit Mathilde. Tu as reçu du courrier ?

— Personne n’est malade, j’espère, souffla Rok.

Galis secoua la tête.

— Tout le monde va bien, mais j’ai reçu ce matin un faire-part de naissance.

— De naissance ? s’exclamèrent en chœur Mathilde et Rok, faisant sursauter l’Ilaranais.

— Ben oui, de naissance. J’ai un nouveau petit frère. Le treizième de la fratrie Zha’kandov. Ils doivent en être à leur sixième jour de festivité maintenant, et ça va encore durer sept de plus. C’est la coutume de donner autant de jours de fête que le nombre d’enfants d’un foyer à chaque nouvelle naissance…

Un voile de tristesse s’abattit sur ses yeux cristallins. Mathilde avait déjà vu ce regard. Il survenait parfois dans les yeux de sa sœur Jadice. Elle ne l’avait jamais compris, mais le voir surgir sous ses yeux lui pinça le cœur.

— Tu aurais aimé assister à la fête ? C’est ça qui te tracasse ?

Galis soupira.

— Ils pourraient festoyer des mois entiers, je n’en ai rien à faire. Ça ne changerait pas beaucoup de leur quotidien.

— Alors quoi ?

Rok tâta avec précaution ses mains blessées. Il regardait Galis d’un drôle d’air, comme s’il découvrait une nouvelle facette à son visage neigeux.

— Tu as peur de voir ton frère grandir sans te connaître ?

L’Ilarnais réprima un frisson et un bref rire nerveux s’échappa de ses lèvres pour mourir aussitôt. Ses yeux tristes dérivèrent vers un coin éloigné de la pièce.

— Il y a de ça… mais ce n’est pas le pire. Je crois…

Il se retourna sur le ventre et affronta le regard de ses coéquipiers. Il avait l’air perdu, confus et un peu honteux.

— Ça vous arrive de… d’avoir peur que votre famille vous oublie ?

Leurs têtes ébahies parlèrent pour eux, et Galis rentra la tête dans les épaules.

— Évidemment. Je ne vois pas pourquoi je demande…

Mathilde se reprit la première.

— Ta famille ne t’a pas oubliée. Sinon, tu n’aurais pas reçu ces gâteaux de l’autre soir.

Elle cherchait à le rassurer, mais au fond, elle comprenait son sentiment. Être si loin de sa famille, et voir qu’elle continue à vivre comme avant sans soi, ça pouvait être dur à avaler. Elle se demanda si Jadice avait été traversée par la même inquiétude après son mariage et son départ pour Impera. C’était peut-être pour cela qu’elle tenait tant à ce qu’on remarque ses succès de cantatrice.

Ses mots restèrent sans effet sur Galis, qui renifla et se remit sur le dos à fixer le plafond. La voix de Rok s’éleva à son tour, plus rauque que d’habitude.

— Si ça ne m’arrive pas, c’est que ma famille est plus petite. Avec douze frères et sœurs et autant de cousins… je comprends mieux.

— Combien êtes-vous chez toi ? demanda l’Ilarnais.

— Avec moi, trois.

Galis se redressa à demi sur ses coudes, le visage chiffonné.

— Tu es fils unique ?

Cela sonnait comme des condoléances. Mathilde se souvint que son cousin avait eu une réaction similaire lorsqu’ils avaient discuté de sa grand-mère paternelle. Le fait qu’elle n’ait réussi à avoir qu’un seul enfant était considéré un déshonneur chez les Ilarnais, mais aussi une grande tristesse. Pour une fois, Galis semblait vraiment compatir avec Rok. Celui-ci l’arrêta sur sa lancée.

— Non, j’ai une petite sœur.

— Quel âge a-t-elle ?

— Onze ans depuis décembre dernier.

Mathilde se détendit sur ses oreillers. La tension avait soudainement décru. Elle apprécia tant ce relâchement qu’elle ne se rendit pas compte tout de suite que c’était la première fois qu’elle entendait Rok parler de sa famille. Malgré sa fatigue, Mathilde réagit à la mention d’une petite sœur. Prise d’un doute, elle demanda.

— Comment s’appelle-t-elle ?

Le géant grimaça. Il devinait d’où lui venait cette question. Il répondit tout de même avec un flegme affecté.

— Elle s’appelle Ida.

Mathilde hocha la tête. Son intuition ne l’avait pas trompé. Rok avait prononcé ce prénom depuis le brouillard de ses mauvais souvenirs, le jour où Sir Mathàn s’était transformé sous leurs yeux. À ce moment-là, il l’avait prise pour sa petite sœur.

Mathilde se garda de faire un commentaire et renchérit plutôt sur les questions génériques que Galis posait sur la famille de Rok. Une part de son esprit lui soulignait combien il était absurde qu’il ait fallu si longtemps à son équipe pour terminer leurs présentations. Rok leur décrivait une vie dans un chalet perdu en pleine forêt lorsque Mrs Titus les interrompit, sa montre à gousset en main.

— Mes enfants, il ne vous reste plus que deux heures avant que le soleil se lève. Il est temps que vous retourniez dans vos chambres. Pas toi Mathilde. Je te garde jusqu’à nouvel ordre. Mais vous mes garçons, dépêchez-vous. Vous reviendrez me voir après le petit-déjeuner, je vous donnerai des nouvelles s’il y en a.

Ils obtempérèrent sans rechigner, la fatigue creusant leurs visages. L’infirmière retint Rok avant qu’il ne passe la porte.

— Je parlerai à Malik pour qu’il annule ton entraînement particulier de ce matin. Tes mains auront besoin de temps pour cicatriser. Tant que tu n’auras pas mon feu vert, tu ne toucheras pas une arme, compris ?

Elle prit le grognement du géant pour un assentiment et les regarda partir avec un soupir. Puis, elle vint replacer les coussins de Mathilde et posa sa main calleuse sur son front pour prendre sa température.

— Quand Artag reviendra-t-il ? murmura la jeune fille.

Elle n’avait pas terminé sa phrase qu’une douce sensation de paix se diffusa en elle. Mrs Titus s’assit sur une chaise proche de son lit, ses yeux mauves luisaient dans la demi-pénombre du dortoir. Elle plongea un linge dans une bassine d’eau froide et la tamponna sur le visage de Mathilde avec un sourire maternel.

— Aie confiance. Ton Tuteur est un homme plein de ressources. Il trouvera une solution. En attendant, dors un peu. Ta nuit a été longue.

Mathilde laissa le charisme de l’infirmière aplanir les montagnes de ses inquiétudes comme un souffle céleste et ferma les yeux. Pour une fois, elle bénissait le pouvoir des Imperiens. Sans le calme que lui imposait Mrs Titus, le bouillonnement de ses pensées lui aurait interdit le sommeil.

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MarenLetemple
Posté le 20/12/2022
Très bon chapitre intermédiaire. J'aime aussi comment tu abordes la déception de Mathilde à ne pas être "spéciale" pour son tuteur. Personne n'est parfait, après tout, et nous avons tous des sentiments peu louables.
J'aime beaucoup cette amitié de personnalités si différentes !
Emmy Plume
Posté le 20/12/2022
Merci Maren !
Oui, je crois qu'on peut pardonner à Mathilde sa petite déception après avoir cru si longtemps être la petite protégée de son Tuteur XD
Aryell84
Posté le 01/08/2022
ReCoucou!
Je commente ce chapitre et le dernier ici car je les ai lu d'une traite sans m'arrêter (je n'ai relevé aucun coquille du coup, peut-être parce que j'étais trop emportée haha ^^)
Les 2 chapitres ont été très bien menés, j'étais à fond dedans, et maintenant je suis contente que l'événement ait été l'occasion d'un nouveau rapprochement entre les 3 coéquipiers, même si y a toujours le point d'interrogation de ce qui s'est passé avec les Finkadiens. J'aime tellement Artag !!!!!!!! My love <3
Bref, j'espère que tu arrives à profiter de tes vacances malgré le job, et j'ai hâte de te lire ;)
Gros bisous!
Emmy Plume
Posté le 20/12/2022
Hello !
Je relis tes commentaires (dans le désordre, mais tout de même XD ) et ils me font toujours autant plaisir, surtout ceux où le récit t'a emporté au point d'enchaîner les chapitres!
Encore merci pour le soutiens que tu as apporté à mon roman ! =^v^=

Emmy
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