Calys fixait sa Noémie, installé sur un rocher près de l'espace réservé aux gardiens.
Il avait pu danser avec sa compagne la veille, puis elle avait voulu rester s'amuser avec ses amies. C'était la fête de Lammas, il pouvait bien faire cet effort pour qu'elle soit heureuse.
Il regardait le groupe depuis un moment et sentit changement subtil dans leur attitude et sa Noémie se mis à pleurer.
Il n'aimait pas ça du tout et foudroya ses amies du regard. Il y eu une altercation avec le gardien Donnon, puis elles se tournèrent vers lui.
Calys eu un mauvais pressentiment alors que Noémie approchait de lui les yeux rougis.
Pourquoi avait-elle l'air aussi triste. Il allait l'embrasser et lui faire oublier ce qui la tourmentait. Il se sentait perturbé, agité quand il la voyait en détresse et depuis leur retour de mission, un voile mélancolique était présent dans ses yeux.
Quand elle fût à son niveau il la prit doucement par la taille.
— Rentrons mon amour. Est-ce que tu as passé un bon moment avec tes amies ?
— Je... Je ne rentrerai pas avec toi Calys.
La main de l'ondin se raidis et il se figea totalement, la teinte de ses yeux changeant, comme chaque fois qu'il ressentait des émotions fortes.
— Qu’est-ce-que tu as dit ?
— Je t'ai parlé de mon frère qui est différent et je ne peux pas le laisser seul, il y a aussi mes parents et...
— Non, tu ne me laisseras pas. Tu es ma compagne, c'est MOI ta famille.
Il se pencha pour l'embrasser et elle garda la bouche close, même s'il sentait que son corps devenait souple sous ses mains.
Elle le repoussa doucement et le regarda dans les yeux, sa voix aussi basse qu'un murmure.
— Arrête s'il te plait. N'essaye pas de me convaincre de force, tu sais bien que je ne pourrais pas me défendre.
Il desserra son étreinte sans la lâcher pour autant.
— Je peux te laisser voir ta famille, mais je ne veux pas vivre sans toi. Je sais que tu m'aime aussi, tu m'as offert ton corps, on s'appartient l'un l'autre.
Des sanglots s'échappèrent de sa gorge et il détesta voir son visage baigné de larmes, les traits déformés en un masque de tristesse.
— Ce n'est pas aussi simple Calys, tu ne peux pas décider en quelques jours que la force de nos sentiments pourra tout balayer et que je dois renoncer à tout.
— Si je pouvais te suivre, c'est ce que je ferai... Tu dois rester.
— Tu me fais peur… J'ai peur de devenir quelqu'un que je détesterai en renonçant à mes convictions et en fuyant dans une prison dorée.
— Tu n'as aucune raison d'avoir peur, jamais je ne te ferai de mal.
— Et les autres ? Tu es totalement obnubilé par moi à tel point que tu oublies que MOI ça me fait du mal. Quand tu massacre des gens sans remords, quand tu me sauve en laissant les autres crever, le monde pourrait bien s'écrouler que tu le laisserais, tant que je suis à toi, à l'abri.
— Tu es la seule qui compte pour moi.
— Mais c'est mal... ça me fait du mal, parce que je me sens responsable du mal que tu fais. Je ne peux pas continuer. Si je ne pars pas maintenant, ça va me détruire, tu comprends ?
Elle recula alors que Calys tentait de la retenir sans oser la contraindre physiquement.
Elle jeta un regard vers ses amies et il les jaugea.
— C'est elles qui t'ont convaincu de me laisser ?
Noémie sembla effrayée quand il regarda dans leur direction.
— Non, elles respectent mon choix.
Il sentait sa peau le piquer, il voulait, il avait besoin de détruire quelque chose, mais la mer était loin et ses vagues ne pouvaient l'atteindre.
Alors qu'il avançait vers les amies de sa compagne, elle s'interposa bras tendu entre elles et lui. Il n'en fallait pas plus, il la saisit dans ses bras et commença à courir avec elle.
Il sentait la raison le quitter, il avait besoin d'elle, de sentir sa peau. Elle lui cria de la lâcher et deux paires de bras le saisirent, entravant ses mouvements.
Puis on lui arracha sa compagne et il n'arriva plus à se contrôler. Si elle partait, il deviendrait fou, il en était certain.
Il poussa un cri déchirant alors que Noémie se réfugiait dans les bras de ses amies et il se débattit en vain contre des géants qui le retenait, il était trop loin de la mer et il sentait ses bras se disloquer à force de tirer pour rejoindre sa moitié.
Une voix étranglée par le désespoir s’échappa de ses lèvres alors qu'il tenta de parler.
— Ne me séparez pas d'elle !
Il entendait un son de flûte l'engourdir, l'hypnotiser alors qu'il essayait encore de lutter pour s'approcher d'elle.
La dernière chose qu'il vit était sa compagne à genoux au sol le visage dans ses mains, des sanglots incontrôlables agitant son petit corps de soubresauts.
Il fallait qu'il la prenne dans ses bras.
Puis il sombra.
Sa relation avec Calys était assez malsaine, une sorte de syndrome de Stockholm, une relation qui la faisait souffrir mais qu'elle recherchait. Difficile à définir, mais cette relation aurait pu être bien plus tragique et c'est dommage que tu ne t'en sois pas beaucoup servi à mon goût.
J'en reviens encore une fois à un aspect qui n'a pas été exploité non plus, je t'en ai parlé plusieurs fois et j'ai même soulevé que c'était pour moi une incohérence: le fait que ses amies ne la recherchent pas parce qu'elles ne savent pas qu'elle est là. Ce qui, et je ne cherche pas à réécrire ton histoire, aurait pu mener à une relation abusive de Calys, peut-être même violente avec une Noémie en détresse qui ne se fait pas sauver par ses amies car elles ne sont pas au courant et, éventuellement, tout un ressentiment qui, comme je l'ai déjà évoqué, aurait pu en faire une antagoniste.
En tout cas, sa conclusion est très bonne, tragique mais très belle, avec un Calys qui sombre dans la folie sans même comprendre ce qui lui arrive.
Je suis une grande fan des fins heureuses, alors les faire se séparer était un crève-cœur pour moi, mais c'était nécessaire.