« Alors comme ça tu leur as montré le Jardin des Morts ? »
« Ouais... »
« Et ils ont aimé ? »
« Ils ont aimé Riton. Ils ont aimé. »
« Et bien c'est bien ! » s'esclaffa mon ami en me tapant un grand coup dans le dos. « Tu vois que tu peux être un bon père ! Tu en es capable ! »
« Je ne serai jamais père Riton. »
« Si tu le dis. Et pourquoi cette tronche de déterré ? On a l'impression que tu viens d'apprendre que ta chienne t'a trompé avec un autre. »
Arrête de me foutre le doute Riton, je sais bien que ma chienne ne me ferait jamais ça. « Les gosses ont foutu en rogne les chats. »
« Les gardiens ? »
« Ouais, c'est ça. »
« Et alors ? »
« Comment ça ''et alors'' ? Les malédictions des imagos, ça te dit rien ? Les gars qui finissent écrabouillés par les roches, bouffés par des insectes géants, ensevelis par les sables, écartelés par les arbres ? »
« Détails que tout cela ! Je ne nie pas que cela ait existé par le passé, mais le problème de base reste le défaut de communication. Si tu vexes les imagos, tu retournes les voir avec une tarte à la framboise, tu leur expliques la situation et tout rentre dans l'ordre. »
« Et s'ils se mettent en colère ? »
« Cela dépend de ce qu'ils font. S'ils font pousser une queue de félin à ta Gamine, tu lui dessines des moustaches sur les joues. »
« Et s'ils la blessent ? Ou la tuent ? » dis-je avec une pointe d'inquiétude dans le ton. Riton se tourna vers moi et sourit paisiblement.
« Alors tu rends au quintuple, comme tu sais si bien le faire. Et je t'aiderai, ne t'inquiète pas. »
« Je ne sais pas si cela suffira. Les chats ont neuf vies après tout. »
« Ça nous laisse de la marge. Enfin, comment est ce qu'elle va depuis ? »
« Pas trop mal. Elle tousse un peu, peut être un coup de froid à l'entrée du brouillard. Ce qui m'inquiète c'est sa main : elle ne veut pas cicatriser. Je suis obligé de serrer méchamment les bandages pour que ça ne saigne pas. J'espère que ça n'a pas touché une artère. »
« Tu lui as donné des médocs ? »
« Les antibiotiques sont rares, j'ai désinfecté à l'alcool pur. Pour sa gouverne elle n'a pas moufté. »
« Elle a du cran cette fillette. Je te laisse t'occuper du coté médical, moi quand je me blesse j'utilise des toiles d'araignées que je trouve dans ma grange pour m'en faire un cataplasme. Ça marche bien sur moi, mais on arrête pas de me dire que c'est dégueulasse. »
« Et tu continues à le faire ? »
« Bien sûr ! Désinfecter à l'alcool, c'est comme cicatriser au fer rouge : beaucoup de souffrance pour un peu de plaisir, et cela uniquement si tu es masochiste, ce qui n'est pas mon cas. »
« Tu dis ça mais tu restes avec Caroline. Si ce n'est pas de la souffrance ça ! »
« … Ouais c'est pas faux. »