Chapitre 7

Jeudi 14 octobre 2021
Matéo Lacour

 

– Là j'aimerais juste sortir et aller marcher dans la rue, m'évader un peu. Regarder le ciel étoilé, oublier tout ça, me dit Lucie.

Il est deux heures du matin et elle n'arrive pas à dormir. On est allé s'asseoir sur la terrasse. Aujourd'hui a été une journée difficile. Les autres élèves n'y vont pas avec le dos de la cuillère. Ils lui ont envoyé des boulettes de papier dessus contenant des mots plus insultants les uns que les autres. Le professeur était parti faire des photocopies donc il n'a pu rien dire. Mon amie m'a dit de ne rien lui raconter, de faire comme si de rien n'était, que ce n'était pas grave. Je ne sais pas comment l'aider. On pourrait en reparler au CPE, ce qui entraînerait un renvoi temporaire de Candice ? Mais on n'a pas assez de preuves pour que le proviseur prenne une telle décision. Elle pourrait éventuellement aller en conseil de discipline, mais connaissant l'influence de ses parents, ça ne marcherait pas.

– Je commence à avoir sommeil, pas toi ? demandé-je à mon amie.
– Pas vraiment. Va dormir si tu veux, je reste ici.

Après une petite discussion, elle accepte de venir dans la chambre. Je n'ai pas envie de la laisser seule ici. Surtout qu'il fait froid. Pendant que je m'installe dans mon lit, je la vois s'asseoir à la fenêtre et regarder la Lune.

* * *

– Elle dort encore ? demande Dylan.
– Je vais voir.

J'entrouvre la porte et vois Lucie en train de dormir. Il est bientôt l'heure de déjeuner mais je n'ai pas envie de la réveiller.

– Mat ? entends-je une petite voix alors que je la vois bouger.
– On va bientôt manger.
– J'ai mal à la tête.

Je lui dis que je vais lui apporter à manger dans la chambre et elle se recouche. Je retourne dans la cuisine où Dylan fait cuire des pâtes.

– Je vais lui apporter à manger, elle a mal à la tête.

J'ai encore du mal à comprendre pourquoi Lucie ne veut pas en reparler au CPE. Il ne faut pas perdre espoir. Je respecte son choix, je ne suis pas dans sa tête et elle a ses raisons.

Je fais partie de ces personnes qui aimeraient aider tous ceux qui en ont besoin, de pouvoir recharger leurs batteries et les soutenir face aux aléas de la vie. Mais je n'arrive même pas à aider ma meilleure amie. Je pourrais tout donner pour la voir sourire sincèrement à longueur de journée. J'en ai marre de la voir souffrir intérieurement et qu'elle nous montre tout le contraire. J'aimerais lui crier haut et fort que ça va aller, qu'elle va s'en sortir avec le temps, mais ça ne servirait à rien. Ce genre de mots ne réconfortent qu'une fraction de secondes. Je ne peux que l'écouter, lui faire sentir ma présence, et lui dire que je suis là pour elle. Mais rien de plus. Je ne suis pas un sorcier : je ne peux pas faire disparaître Candice.

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