Je décide de revoir Adriana.
Le week end suivant, je me rends à l’endroit ou on s’est rencontrés, et j’attends, attends longtemps, mon carnet toujours rangé dans ma poche.
Il ne pleut plus. L’atmosphère s’est rafraichie, certes, et le soleil a disparu, mais les arbres sont toujours pourvus de leurs belles feuilles vertes et ce n’est toujours pas le temps des pulls et des écharpes. Quelques élèves se baignent dans l’étang de Harly’s Park, profitants de cet entre – deux qui ne durera pas longtemps. Bientôt l’hiver s’installera définitivement.
Je ne suis plus le « nouveau », plus personne ne chuchote sur mon passage ou me demande qui je suis, si je me suis perdu. Neil m’a montré ses amis qui sont dans la classe C ou D. Je retiens quelques noms, salue parfois des camarades de classe. Et cela fait une semaine que je n’ai pas parlé à Julian. Parfois, entre – vue dans des couloirs ou en cours, mais son attitude à l’infirmerie m’a refroidit et lui non plus ne semble pas envieux de m’adresser la parole. Il va beaucoup mieux, porte toujours une attelle mais marche normalement. Une fois ou je passais devant lui et ses amis pour me rendre à la bibliothèque, je l’ai entendu geindre et se plaindre d’avoir atrocement mal, mais qu’il faisait des efforts pour marcher et ne comptait pas rater un cours. J’ai compris qu’il cherchait seulement à impressionner.
Je n’ai pas résisté et ait lâché un ricanement au moment ou il se tournait vers moi par hasard, sans m’avoir vu au préalable. Bien sur, ses amis ne pouvaient deviner que ce rire sarcastique lui était destiné, mais lui le savait. J’ai vu son visage pâlir et j’ai poursuivis mon chemin.
- Alors tu ne cherche plus à me fuir ?
Je relève la tête, souris en voyant Adriana à quelques mètres de l’arbre. Ses yeux verts me scrutent avec la même bonté et l’innocence que la dernière fois.
- Désolé pour l’autre fois. Je n’étais pas prêt.
Elle s’approche de moi et je lui fais signe de s’asseoir sur la branche. Je suis content qu’elle soit venue, on ne s’était donné aucun rendez vous, et pourtant elle est là comme si elle m’attendait.
- C’est moi qui suis désolée. Parfois je suis trop indiscrète. Et tu es différent des autres garçons.
Aujourd’hui, elle a fait une queue de cheval et porte un fin gilet qui lui aussi est doté du blason de son pensionnat pour filles.
- Est-ce que tu t’es réconciliée avec tes amies ?
Je me souviens de l’histoire qu’elle m’avait racontée, ses amies lui reprochant qu’elle attire le prétendant d’une autre. J’avais trouvé ça complètement niais mais la détresse dans son regard et la tristesse qu’elle portait, tout cela m’avait rendu inhabituellement compatissant.
- Non. Mais tant pis, je crois que tout ça n’était qu’une excuse pour me faire comprendre que je ne suis pas assez bien pour elles.
- Ça c’est faux, je lui assure en éprouvant une sincère colère envers ces filles. Je te trouve… très…
Comme rien ne sort, comme si le compliment se bloquait dans ma gorge, elle esquisse un sourire.
- J’ai compris Alex. Merci.
J’hausse les épaules. Je ne sais pas ce qu’elle a compris, je ne sais même pas ce que j’aurais dit. Belle ? Sympathique ? Différente ?
Rien de ce que j’aurais pu dire ne l’aurait consolée.
- De toute façon, c’est mieux comme ça. Elles m’auraient rejetées de toute manière.
Elle passe une mèche de cheveux derrière son oreille.
- Mais tu vas être seule sans tes amies, dis – je, vraiment navré.
- Ce ne sera pas la seule fois ou je serais seule. Ne t’inquiète pas pour moi.
J’hésite quelques secondes. J’aimerais pouvoir lui remonter le moral, mais je ne sais pas quoi faire, je ne suis pas sur de moi. Un moment, je pense à lui préter mon carnet pour qu’elle le lise, elle en avait envie la dernière fois et je le lui avais refusé immédiatement.
Mais je ne le fais pas car ce n’est pas ce que je veux, moi. Je ne suis pas prêt pour que quelqu’un le lise. Je garde ce carnet précieusement dans ma poche en attendant de trouver un moment idéal pour l’exposer à une quelconque critique, ce moment viendra sans doute jamais.
- On est amis alors ? Demande t-elle de sa voix chantante.
- Oui, je lui promet.
Et je le pense vraiment.
Elle s’assoit un peu mieux sur la branche ; prend ses aises à côté de moi, nous sommes à présent amis et la nouvelle l’enchante comme elle m’étonne.
- Est-ce que tu as déjà été amoureux ?
Pas besoin de réfléchir pour répondre à cette question. Je sais d’avance qu’Adriana sera déçue de ma réponse, mais je n’y peux rien. Elle a l’air d’être une fille qui connait beaucoup de choses et a vécu beaucoup d’expériences malgré son jeune âge, mais je suis tout le contraire. J’ai l’impression de ne savoir rien de la vie et de ne pas avoir fait grand-chose, et cette idée me rend parfois mélancolique.
- Non.
- Moi si. Une fois.
En disant ça, son regard se trouble, ses yeux verts deviennent lointains et ce n’est pas de la comédie. Je sens que parler de ça lui ravive des souvenirs profonds et cette idée me tourmente. Comment une simple personne peut te faire éprouver tant de choses ?
- Et… c’était comment ? Je ne peux m’empêcher de demander.
- Tu sais, on avait juste quatorze ans, nous étions encore des enfants. Ce n’était rien de sérieux et pourtant je n’ai jamais connu rien d’aussi puissant.
- Tu te souviens de lui ?
Je ne sais d’où me vient cette curiosité. Mais l’entendre parler de ça m’intrigue. J’en suis presque jaloux.
- Pas beaucoup. C’est comme si mon esprit avait voulu effacer des souvenirs pour que ce soit moins douloureux. C’est à l’époque ou j’étais en famille d’accueil. Mes parents sont morts quand j’avais six ans. Je ne me souviens pas beaucoup d’eux, y penser ne m’attriste pas… Je fus envoyée à onze ans dans une famille noble de la région, les Tradec. Je me souviens que leur maison était immense, et se situait au beau milieu d’un champ de blé. Toutes les terres de la colline leur appartenait. Ils étaient très riches et passaient leur temps hors de la maison. Ce fut une de leur employée, Miss Fanny, qui s’occupa de moi. Je fus élevée avec leurs trois fils durant des années. Jusqu’à ce qu’ils décidérent finalement de m’envoyer en pensionnat. Ou je suis depuis trois ans à présent…
- Mais pourquoi est ce que tu as été envoyée en pensionnat ?
- Je m’entendais très bien avec leurs fils, l’ainé et le dernier étaient, eux, comme mes frères. On s’est beaucoup amusés ensembles. Quant à l’autre frère, lui, je le considérais plutôt comme mon meilleur ami, puis bientôt comme… plus proche. N’étant pas liés par le sang, ça n’avait rien de problématique, mais sûrement Mr et Mme Tradec n’ont pas supportés de voir leur fils tomber amoureux de l’orpheline, et se sont vite occupés de me placer dans cet orphelinat. Notre amour n’a pas duré longtemps.
J’éprouve beaucoup d’admirations pour Adriana qui a vécu l’amour, cette chose si mystérieuse à mes yeux.
- Au moins étais – ce réciproque. Comment s’apellait il ?
- Ernest. Blond, sourire taquin et yeux sombres. Il me manque mais je suis persuadée que lui ne m’attends pas.
- Et toi tu l’attends ?
Elle me jette un regard vif. La tristesse a disparu de ses yeux, je ne décèle pas de nostalgie, mon amie brille de cette joie qui me surprends un peu.
- Je ne suis pas quelqu’un qui se morfond. Cela fait trois ans, je suis passée à autre chose. Bon, je te l’ai racontée, mais toi tu ne m’as rien dit sur toi. Comment t’es tu retrouvé ici ? Si ce n’est pas trop indiscret de ma part…
Ma vie n’est pas aussi romancée que la sienne, ni autant tragique. Je doute que ce que je puisse lui dire sur moi l’intéresse réellement. Et je n’ai pas pour habitude de m’ouvrir aux gens.
Mais elle l’a fait, ce serait malpoli de ne pas le faire aussi.
- Je n’ai jamais connu mon père. J’ai été élevée par ma mère et ma grand-mère. C’est cette dernière qui m’a tout appris : La musique, la poésie, et de ne pas faire confiance aux gens trop facilement. A l’école, je n’ai jamais eu d’amis mais j’étais toujours le premier de la classe. Mon maitre de Cm2 voulait que j’aille voir un psychologue, mais ma mère n’avait pas assez de sous pour le payer. Ma grand-mère disait que j’étais précoce, mais je ne sais pas vraiment si elle a eu toute sa tête à ce moment là. Elle est morte peu après.
Je m’arrête dans mon récit comme si je ne savais plus quoi raconter, alors que les souvenirs déboulent en avalanche et que je voudrais juste évacuer les paroles qui sont au seuil de mes lèvres. Mais je me tais, je regarde Adriana. Celle-ci est attentive, elle m’écoute.
- Quand je suis arrivé au pensionnat, il y a un mois, je ne pensais pas me faire des amis. Je croyais que cet endroit était le pire endroit au monde et que personne ne serait comme moi. Je me suis toujours sentit à l’écart. Dans le même monde que les autres, mais en version accélérée… Décalée. Pas à la même fréquence.
Elle hoche la tête, semble comprendre.
- Tu es fils unique ?
- Oui.
Je me suis toujours demandé si je serais différent en étant frère. Est-ce que je serais moins solitaire, plus cool, plus.. normal ?
- Moi non. J’ai une sœur aînée. Mais je ne la connais pas.
- Comment… ?
- Quand mes parents sont morts, on a été séparées elle et moi. Je suis allée chez les Tradec, dans cette grande maison sur une colline, et Cécile, qui avait déjà onze ans, a été envoyée chez un vieux monsieur qui avait besoin d’une aide pour cuisiner, faire le ménage, lui tenir compagnie.
- A onze ans ta sœur est devenue femme de ménage ?!
Je n’arrive pas à croire qu’une telle chose pour une enfant si jeune soit possible.
- Je sais, c’est assez dur. Depuis, je ne l’ai jamais revue, peut être a-t-elle été mise elle aussi en pensionnat ou encore est – elle morte. Je n’ai comme souvenirs d’elle qu’une photo qui date de quand nos parents étaient encore en vie. Je te la montrerais, un jour, si tu veux.
- Merci, je veux bien. Et vous ne vous êtes pas envoyés de nouvelles ? Vous êtes sœurs, vous ne devriez pas être inconnues l’une pour l’autre.
En disant ça, je me rends compte qu’en fait je ne suis pas sur de ce que je dit, peut être que des sœurs peuvent se séparer aussi violemment. Ce n’est sans doute pas aussi horrible que je me l’imagine…
- J’étais jeune et bouleversée par la mort de mes parents. Voir ma soeur au début ne m’a pas paru important. La tristesse avait pris la place de tout… Puis avec le temps sa présence a été lourde à porter, mais cela faisait tellement longtemps que je ne me rapellais plus vraiment d’elle. Maintenant, je peux vivre en sachant que je ne la reverrais sûrement jamais.
Nous continuons à parler, pendant un long moment. J’apprécie énormément être en sa compagnie et lui partager des choses que je ne dit à personne. On se ressemble, tout les deux, et elle attire ma confiance. C’est la première fois que j’ai autant de facilité pour parler à quelqu’un. Adriana a l’air triste et mélancolique la plupart du temps, sa vie est exceptionnellement dure, mais lorsqu’elle sourit, c’est plus beau que tout.
Sur le retour, je marche à l’ombre des arbres, l’après – midi est doux, calme, et je suis de nouveau seul, ce qui m’avait un peu manqué. Je reviendrais ici demain car Adriana m’a donné rendez vous. Elle veut me montrer la photo ou il y a sa sœur, et elle semble avoir hâte que nous discutions de nouveau.
Je marche sous les arbres, personne aux alentours, soudain une main agrippe mon blazer, et, sous l’effet de la surprise, je me retourne et sans regarder met un coup de poing au garçon derrière moi.
Il n’a pas été violent, c’est de ma faute, juste de ma faute. Je n’ai pas réfléchi.
Il tombe à la renverse et plaque ses mains sur son visage aussitôt. Complètement choqué, je me met à genoux devant lui et répète bêtement : « Est ce que ça va ? ». Il a ses mains sur son visage, réflexe à la douleur, mais je sais que c’est lui, c’est Julian, et je l’ai frappé. Il retire ses mains et je m’arrête de parler lorsque je vois l’hématome qui s’est formé sur sa pommette gauche, juste en dessous de son œil. Il est violet et semble s’agrandir à vue d’œil.
- Mais qu’est- ce qu’il te prend ?! S’exclame celui-ci, les yeux pleins d’incompréhension.
Je me relève, j’ai envie de me frapper moi.
- Pardon, pardon… je…
Je me tais. Je ne sais même pas pourquoi d’un coup j’ai eu si peur, pourquoi j’ai donné ce coup sans même voir qui m’avait hêlé. Julian se lève lui aussi, vacillant, le bleu est impressionant. Ses cheveux bruns sont décoiffés ; comme d’habitude, et sa peau est livide.
- Il te faut de la glace. Je t’emmène à l’infirmerie, dis – je d’un ton un peu plus sur.
- Non. On ne peut pas y aller. Sinon ils sauront que tu m’as frappé et ils te renverront.
Il me jette un regard dur, comme si il me mettait au défi de le contredire. Il a raison. Si quelqu’un apprends que je l’ai frappé, je serais sûrement expulsé du pensionnat. Je dois bien avouer que je suis soulagé ; Julian veut que je reste. Je sourirais si je ne venais pas d’user de violence envers lui.
- On fait quoi alors ?
- Rien. Ça va aller. Je vais emprunter à une fille du fond de teint, ça devrais faire l’affaire pour cacher tout ça…
Il s’assois. Je me demande à quelle fille il va demander ça.
Je m’assois à côté de lui, sincérement désolé. Je range mon poing dans ma poche et laisse mon regard divaguer sur la route qui nous fait face.
- Tu as de la chance que ce fut moi.
- Crois moi, j’aurais préféré frapper quelqu’un d’autre.
- Non, je veux dire… Cette autre personne aurait sûrement ripostée.
Je reste silencieux, conscient qu’il a raison. Julian ne m’en veut pas au point de me rendre la pareille ; mais peut être que quelqu’un comme Steven Gobb ou Pierre Lefevre n’aurait pas hésité.
Aucuns de nous deux ne bouge. On est assis côte à côte, et pourtant j’ai l’impression qu’il est à des kilomètres de moi. Sa main droite palpe par réflexe sa joue meurtrie, mais ses yeux gris se portent loin, dans le vague, dans ses pensées. Je suis surpris qu’il ne se lève pas. J’aurais pensé qu’après ça, il voudrait ne plus me parler. Enfin, il ne me parlait déjà plus, non ?
- Pourquoi est ce que tu ne m’as plus reparlé depuis que tu t’es blessé en cours de gym ?
J’ai posé cette question en essayant de paraître le plus détaché possible, mais dans ma voix suinte le désir de comprendre. Il ne répond pas tout de suite, j’ai même l’impression qu’il ne m’a pas entendu, pas écouté.
Mais il tourne la tête vers moi et approche ses mains de mes cheveux.
- La bagarre te décoiffe, dit il doucement en passant ses longs doigts dans mes mèches blondes, faisant mine de les remettre en ordre.
Je retiens ma respiration, ne fais aucuns gestes pour l’arrêter. J’espère qu’il n’a pas remarqué que mes poils s’hérissent sur ma peau, et qu’un frisson me parcours tout entier.
Il finit par se remettre droit, retire ses mains, pousse un petit soupir.
- Je croyais que tu me trouvais bizarre.
J’écarquille les yeux. Julian Llorim, LE Julian, que tout le monde admire, le sportif aux multiples amis. Toutes les filles sont folles de lui ; il ne déteint pas dans le décor, il est tellement à sa place ici. Qui penserait ne serais – ce une seule seconde que Julian est bizarre ?
- Toi ?! Bizarre ?!, je m’exclame, retrouvant la parole. Non, c’est moi qui suis bizarre. Tu ne sais pas à quel point.
Il me toise comme si, oui, il savait à quel point.
- Je crois que tu n’as pas la bonne définition de ce qu’est être bizarre, étrange… Différent. Je crois que tu ne sais rien de ces choses là. Tu es peut être le plus intelligent en cours, celui qui aura tout le temps de bonnes notes, ou le plus malin. Mais tu ne sais pas pour autant qui je suis.
Je ne peux pas m’empêcher d’être abasourdi. Si l’un de nous deux doit être différent, c’est bien moi. A quoi pense t-il en me disant ça ? Et comment est ce que cela pourrait justifier qu’il m’a ignoré des semaines durant ?
- Je ne te trouve pas bizarre.
- Tu changeras d’avis.
- Et pourquoi moi je te trouverais étrange et les autres non ?
- Car c’est avec toi que je suis le plus moi – même, dit il en perdant cette assurance que je lui connais si bien.
- Eh bien si un jour il s’avère que je te juge mal, tu seras le premier avertit. Mais je croyais que nous étions amis.
Il semble hésiter. Si il est soulagé, il n’en montre rien. Peut être même est ce l’inverse. Comme si il voulait que nous redevenions des inconnus l’un pour l’autre. Je n’arrive pas à croire que nous ayons cette conversation et que les rôles soient inversés comme ça. Il lève ses yeux vers moi, ils sont perçants, bien plus beaux que les miens. Le gris est plutôt argenté, maintenant que j’y pense. Un argent liquide.
- Nous sommes amis, Alex.
Il se lève, et je comprends que la conversation est close. J’aurais aimé lui parler plus, et je ne suis pas complètement satisfait de la discussion. Je ne suis pas une des ces personnes qui rassure ou console, je ne le serais jamais. Mais avec lui, c’est différent, et je sens que j’aurais pu faire plus.
Je me lève aussi, et le suis jusqu’au pensionnat dans un silence profond.
A partir de ce moment là, Julian continua de me parler et nous continuâmes à être bons amis. Je fus un peu soulagé de constater le lendemain qu’il était toujours nonchalant et arrogant avec moi. Quelque peu agacé, certes, comme toujours, mais il avait cette allégresse retrouvée, comme si mes simples mots avaient pu le rassurer quant à sa bizarrerie ( totalement inexistante pour moi.)
Surtout, il ne me prit plus par surprise, gardant un souvenir cuisant de mon poing.
L’hiver s’installa doucement, prévisible. Les journées étaient plus longues, plus dures aussi. Pas pour moi ; bien sur, n’ayant pas de soucis avec le travail donné. Mais Neil parlait un peu moins en cours, semblait plus concentré, chose à laquelle il ne m’avait pas habitué.
Ma mère ne vint plus à aucunes visites, et m’envoya une lettre d’excuse. Elle disait être très occupée. Je m’en fichai. Mes compositions se multipliaient dans mon carnet et je continuais, le week end, à aller voir Adriana. Nous ne faisions pas que rester sur assis sur la branche d’arbre, lieu de notre première rencontre, nous nous baladions aussi dans Harly’s Park. On parlait à tour de rôle de choses que nous avions vécu ou que nous connaissions de la vie, mais je ne rentrais jamais dans ce qui était trop intime.
Ce Dimanche matin, j’ai rendez vous avec elle prés de l’étang. Nous serons seuls à coup sur car il a neigé dru ce matin.
Je me rends là bas avec hâte. J’aime nos balades, à Adriana et moi.