_ Qu’est-ce qu’il se passe ? J’ai entendu des cris.
_ Rien Alice, ne t’inquiète pas, mon frère a juste fait un cauchemar.
Loïc avait encore ce regard apeuré d’un enfant qui rêve de sa maison qui prend feu. Alice allait retourner se coucher quand elle vit Éric qui tenait le bras de son frère tellement fort que le sang ne semblait plus circuler.
_ Éric, lâche-le, tu es en train de lui faire mal !
L’intéressé lâcha sa prise, mais Alice remarqua le regard noir qu’il lança à son frère. Puis il se retourna vers la jeune fille, son visage avait changé d’expression, il abordait le même sourire rassurant qu’elle lui connaissait.
_ Viens Alice, je te ramène à ta chambre.
Éric se leva et raccompagne la jeune fille jusque devant sa porte. Alors qu’Alice appuyait sur la poignée, Éric plongea son regard dans le sien. Il se pencha et l’embrassa. Alice fut si surprise qu’elle ne le repoussa pas tout de suite et quand elle le fit, elle détourna les yeux et se réfugia dans la chambre. Elle resta un instant adossée à la porte, comme pour se rassurer qu’il ne rentrera pas.
La jeune fille ne savait plus quoi penser, l’instant d’avant elle avait vu ses yeux froid, dénué d’émotion et presque dangereux. Le moment d’après, il l’embrassait avec un regard confiant, sûr de lui. Éric lui plaisait, c’était évident, il était beau garçon, grand, brun, bien élevé, les traits délicats. Elle avait besoin d’affection venant d’un garçon après ce qu’il s’était passé. Mais malgré tout, elle restait méfiante. Il s’était produit quelque chose dans la chambre de Loïc, et cela ne lui plaisait pas du tout. Elle devait aller interroger le jeune homme.
Alice tendit l’oreille, elle n’entendait plus la respiration d’Éric, il avait dû partir. Elle ouvrit la porte et, sans un bruit, se glissa dans la chambre des deux garçons. Loïc s’était rendormi et le lit d’Éric était vide. La jeune fille tapota l’épaule du garçon pour qu’il se réveille.
_ Loïc, réveille-toi !
_ Hein ? Quoi ?
_Chuut ! C’est moi Alice. Je dois te parler, c’est important. Mais Éric ne doit pas le savoir.
_ Je connais un endroit, suis-moi.
Loïc enfila un peignoir et emmena Alice au dernier étage de la maison. Il lui expliqua que c’était son endroit à lui, qu’il était le seul à venir ici. Elle le cru.
_ De quoi voulais-tu me parler ?
_ Que s’est-il passé tout à l’heure ? Je t’ai entendu crier.
_ J’ai fait un cauchemar, c’est tout.
Loïc réagissait bizarrement. Alice savait qu’il lui cachait quelque chose. Mais comment gagner sa confiance alors qu’ils ne se connaissaient que depuis quelques heures ? C’est Loïc qui fit le premier pas.
_ Tu as l’air d’avoir plus confiance en moi qu’en mon frère, pourquoi ?
_ Cela fait un moment que je connais ton frère, enfin c’est ce que je pensais jusqu’à il y a quelques jours. Depuis la mort de mes parents, je ne le reconnais plus. Avant il était calme, doux, patient et maintenant il est froid, distant et il semble affolé par le moindre souci. Et puis il y a eu ce soir, comme si tu avais découvert quelque chose que tu n’aurais pas dû découvrir. Et quand il m’a ramenée à ma chambre, il m’a embrassée…
_ Il t’a embrassée ?
Loïc fit une grimace de mécontentement mais n’ajouta rien. Il préféra revenir sur l’incident du soir.
_ Si mon frère semblait énervé contre moi, c’est que je l’ai accusé d’être responsable de l’accident qui a causé la mort de tes parents.
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