Il était à peine midi passé, Amandine gara la voiture dans l’allée devant la maison de ses beaux-parents. Comme elle le pensait, la maison était entourée d’une banderole jaune fluo marquée « zone interdite ». Il y avait même un policier devant la porte qui surveillait. La jeune femme alla parler à l’homme en uniforme pendant que Carl restait dans la voiture.
_ Bonjour monsieur, mon ami Carl est le fils de la famille qui habite ici, nous avons des affaires à récupérer dans la maison.
_ Vous n’avez pas le droit d’entrer mademoiselle, je suis désolé.
_Même si vous nous accompagnez ?
_ Je dois demander à mon supérieur.
Amandine esquissa un sourire pendant que le policier s’éloignait en tapant sur le clavier de son téléphone. Elle retourna à la voiture.
_ Je te l’avais dit, je suis un suspect, on ne me laissera jamais entrer.
_ Laisse-moi faire, ne t’inquiète pas. Je lui ai dit que tu avais des affaires à prendre dans ta chambre. Tu auras juste à prendre des bibelots, et pendant ce temps-là le flic sera avec toi et moi je fouillerai la maison.
_ Tu sais où chercher ?
_ Je connais ta sœur.
Amandine fit un clin d’œil à Carl pour le rassurer.
Cela faisait maintenant onze ans qu’ils étaient ensemble, et la jeune femme avait passé beaucoup de temps avec Alice, elles étaient devenues très complices.
Quelqu’un toqua à la vitre de la voiture. Carl ouvrit la portière, c’était le policier.
_ Vous pouvez entrer dans la maison, mais je dois surveiller monsieur.
_ Je vous remercie, nous ne serons pas longs.
Pendant que Carl montait à l’étage avec l’agent, Amandine commença ses recherches.
_ Si j’étais Alice…
Elle remarqua la photo manquante dans le cadre sur la commode de l’entrée. Le verre était brisé. Elle le prit dans ses mains.
_ Si j’étais Alice…
La jeune femme reposa le cadre et grimpa les marches du vieil escalier en bois. Elle s’arrêta devant la porte de chambre de Carl, le policier était occupé à surveiller Carl.
_ Je ne le retrouve plus, il devrait pourtant être quelque part !
Elle savait qu’elle pouvait compter sur lui, il lui ferait gagner du temps. Elle passa la porte et s’enferma sans bruit dans la chambre de sa belle-sœur.
_ Si j’étais Alice…
Amandine regarda la chambre. Elle la connaissait bien pour y avoir passé beaucoup de temps avec celle qu’elle considérait comme sa sœur. Le lit était fait, une pellicule de poussière de quatre jours commençait à se voir sur les meubles, rien n’avait bougé sur le bureau. Elle ouvrit la buanderie. Cela sauta tout de suite aux yeux de la jeune femme. Il manquait des affaires, beaucoup d’affaires. Elle vérifia alors la valise, elle n’était plus là. Cela ressemblait de moins en moins à un enlèvement.
_Si j’étais Alice.
Amandine s’assit sur le grand lit pour réfléchir. Sur la table de chevet il y avait une photo d’Alice et elle en vacances au lac. Elle se rappelait ce jour-là, Carl avait attrapé des coups de soleil parce qu’il s’était endormi au bord de l’eau. C’est pour cela qu’il n’apparaissait pas sur la photo, il avait honte. Amandine souri, c’était un bon souvenir. Les premières vacances qu’elle passait avec la famille de Carl, elle devait avoir 17 ans, Alice 14.
Elle prit le cadre, pour voir la photo de plus près et en la sortant un petit papier tomba par terre. Amandine le ramassa et le déplia. C’était l’écriture d’Alice. La jeune femme parcouru le message des yeux.
_ Carl ! J’ai trouvé quelque chose !
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