Malgré les cours, la préparation de la mission Subface – comme Swann et Matt avaient décidé de l'appeler – nous avions trouvés le temps de réaliser une dernière sortie la veille au soir. Xian, nous avait conduit au Zwing, qui proposait ce soir-là un concours de danse aléatoire. Presque tous notre groupe vint avec nous, tant pour s'amuser nous-mêmes que voir Xian se donner à fond. Cynthia nous y rejoignit également.
A l'entrée de la boite, la tenue de ce concours de danse était affichée en grand sur l'immeuble. Les bâches étaient impossibles à ignorer, par leur couleurs flashies sur le gris terne du bâtiment – comment ils avaient eu l'autorisation de l'installer ? Dans une ville conçue pour être uniforme, un tel éclat de couleur devait se voir de l'espace !
La sécurité à l’entrée avait été remplacée par un service de sélection : il fallait prouver savoir exécuter quelques pas de danses correctement sur le parterre pour avoir l'autorisation de rentrer au Zwing. On y voyait donc les uniformes d’apparat, et ceux habillés spécialement se déhancher sur une musique quasiment inexistante, et en plein courant d'air. Aucun de ces deux désagréments ne renfloua le public. Le vigile lui, oui. Dès qu'il n'appréciait pas – ou ne savait apprécier – tel ou tel pas de danse, la personne incriminée était invitée à rentrer chez elle – "gentiment mais fermement" comme insistait bien notre cerbère à chaque fois. Plus d'une fois je vis Xian tiquer, sur des pas de danses plutôt bien menés, mais refusés.
Quand ce fut notre tour, il s'avança pour nous débiter son bonjour habituel :
« Alors écouter les jeunes, aujourd'hui il va y avoir plein de monde. On ne prend donc que ceux qui savent bien danser. C'est moi qui suis chargé de vous évaluer. Si ce n'est pas assez bon, je vous demanderais gentiment, mais fermement ... »
Il n'eut pas le temps de terminer que Xian avait déjà lancé deux cabrioles, et trois couchés au rythme des camions passant à cet instant. Ceci surpris assez notre cerbère – lui et la petite foule amassée derrière nous – que le temps qu'il réagisse nous étions presque tous rentrées. C'est-à-dire tous sauf moi. Il refusa de me laisser simplement passer. Et c’est fort de son autorité – surtout de ces kilos et de sa tête de plus que moi – qu’il m’obligea à démontrer mes capacités de danseur. Je dû pour la peine réaliser des pas de danses, au rythme de ses jurons, qu'il jugea acceptables – du moment qu'il avait rétabli un semblant d'autorité, n'importe quel pas lui aurait convenu.
Le Zwing était constitué de six pistes de danse en légère hauteur les unes par rapports aux autres. En temps normal pour accéder à une piste supérieure, il fallait démontrer un certain talent sur la piste où vous étiez engagés. Dans le cas contraire personne ne vous laissait de place, et vous étiez contraints de danser sur un coin de piste – de vingt centimètres tout au plus – avant de tomber – malencontreusement – vers le niveau que vous n'auriez dû quitter. Ainsi seuls les meilleurs danseurs accédaient aux plus hautes pistes – une sorte de sélection dansante, peu naturelle mais efficace.
Pour l'occasion, la piste avait été revue, toute la zone centrale avait été relevée. Tandis que le pourtour était laissé aux danseurs amateurs, le centre servirait pour les concurrents. Même la disposition des terrasses avait été changée, elles donnaient dorénavant toutes vues sur le centre de la piste. Sur les murs flottait, au rythme de la musique en sourdine, le nombre de places restantes, diminuant rapidement.
Me faufilant à travers la foule, en bord de piste, je rejoignis le groupe, qui venait juste d'inscrire Xian. Personne d'autre d’entre nous n'avait oser relever le défi.
« Il fallait que j'inscrive des partenaires, m'indiqua Xian en venant vers moi. J'ai mis Cynthia pour les danses à deux. Si t'es partant. Je t'ai rajouté pour les danses à trois. »
Je ne savais à laquelle de ces deux propositions, il demandait mon avis. Mais devant l'air enjoué, et déterminé de la partenaire attitrée, je savais n'avoir le choix – sur aucune des deux propositions.
« Imagine en finale, une belle danse à trois, nous laissant mener toi et moi, par Xian, on raflerait le podium » me chuchota-t-elle à l’oreille, je fus bien moins attentif à la suite de ses paroles, qu'à son parfum enivrant.
Pendant que Xian s'échauffait, nous nous rapprochâmes des menus musicaux dispersés tout au long de la salle. En temps normal, il était possible de voter pour des chansons qui montaient alors plus vite dans la file pour être diffusée. Pour le concours, les musiques diffusées devant être aléatoires, nous ne pouvions voter pour des morceaux, mais uniquement pour des thématiques. Chaque thématique reviendrait en proportion des votes, les musiques étant elles-mêmes tirées au sort.
Nous choisîmes de voter pour les musiques pré-expansion – quoique très éclectiques Xian connaissait bien – danse en groupe, et zoomala – ce style remis au jours il y a quelques années dont les mélodies ne détenaient aucun rythme propre. Malgré nos votes, les catégories les plus en tête étaient duels – non content d'être dans l'armée, les gens voulaient encore des affrontements – et séduction – forcément quand il s'agit de danse les gens restent quelques peu conservateurs.
La première moitié des danseurs fût appelée sur le centre de piste. Le concours allait commencer pour trente d'entre eux. Un second round de trente serait appelé ensuite. Seuls les dix meilleurs de chaque round participerait à la final. Xian faisait partie du premier, et montant au centre de la piste, se mêla aux danseurs et danseuses concurrents.
Cynthia, en tant que première partenaire, avait le plus de chance d'être appelée, et resta dans un coin réservé. Je filai avec le reste du groupe, prendre position sur une terrasse, afin d'observer celui que nous considérions comme notre champion. Je m'accoudai à la balustrade, un verre en main – qui cette fois n'était pas d’un lait fraise, mais un alcool léger qui sentait l'iode – et détaillais les adversaires de Xian.
Une bonne moitié était encore des élèves, dans les différents cursus de formation, Xian n'était donc pas le seul 'mineur'. Tous ou presque avaient revêtu leur unil – cet habit d'un gris métallique était ce qui nous rapprochait le plus d'un vêtement civil, il était néanmoins rappelé l'arme le grade, l'affectation, et les spécialités de chacun. Sur celui de Xian, comme le mien, était simplement écrit « élève – ENOS », suivi de notre matricule.
La première musique fut un morceau a-rythmé, à danser seul. Les trente attendirent la fin de l'introduction avant, d'un seul mouvement, de se lancer dans la danse. La musique était douce, sereine. La respectant, les danseurs étaient sages. Chacun bougeait seul, libéré. Vu de haut, c'était un vrai méli-mélo. Les bras balançaient, sans cohérence. En tous sens, les jambes tiquaient. Et tout d'un coup, un rythme majeur arrivait. Les mouvements se synchronisaient, le temps d'un rythme, toute la piste bougeait d'un même corps. De nouveau, un rythme mineur sortait. Ils s'éparpillaient, tous à leur tour. Perdu dans les différents rythmes, quelques-uns ne se raccrochaient déjà plus rien, sauf aux majeurs.
Trois minutes plus tard, c'était des applaudissements plus polis qu'enthousiastes qui sortirent des spectateurs. Aucun danseur n'avait donné beaucoup. Tous attendaient de juger les autres. Nous attendions la prochaine musique, quand le jury demanda à cinq des candidats de sortir. Nous étions tous surpris, l'élimination se faisait en direct. Il n'y avait pas de droit à l'erreur. Parmi les éliminés certains s’étaient totalement perdu dans le rythme. Mais les jurys semblaient avoir principalement éliminés ceux qui sortaient des codes : l’un avait tenté de véritables saut acrobatique – bien éloignés de l’esprit d’un a-rythme – deux autres s’étaient abstenus de changer de rythme.
S’en suivit deux duels l’un après l’autre, le second sur une musique pré-expansion, que Xian semblait connaître. Elles n’avaient rien de sensationnel, et les candidats éliminés étaient évidents pour tout le monde. La quatrième chanson fut un slow, au grand étonnement de tous. Ce n’était pas vraiment le genre de musique qui permettait une séparation des bons danseurs.
Tandis que les couples se mettaient en position, que Cynthia rejoignait Xian, je tentais en vain de capter le regard de mon ami. Le jury avait systématiquement éliminé tout danseur trop entreprenant, qui sortaient trop des codes. Et j'avais espéré pouvoir lui faire passer le message de rester calme. Néanmoins il ne sembla pas tenter par quelques extravagances. Ils dansèrent très simplement, enveloppés par le courant. Cette musique lentement, les rapprochait tout doucement. Elle devint fugue, ils se mirent à fuirent. Volant par-dessus la piste, ils se pressèrent, l’un contre l’autre. Je n’avais d’yeux que pour elle. Je m’imaginais à la place du danseur. Un sourire, son regard.
Ils étaient dorénavant une quinzaine encore sur piste. Dès l’intro suivante – un vieux classique des pistes de dance, déchaîné, endiablé – il était évident que le sérieux venait de commencer. Chaque danseur avait plus de place, et s’y donnait à fond. Il leur fallait bouger, devenir rythme. Être danse. Anticiper les montées en puissance. Un mouvement : le son vibrait, et tous répondaient. Immergé dans la musique Xian jouait. A chaque tempo, choisir le pas, la figure. Sans retenu il vivait pour la mesure.
A la fin de celle-ci, mes camarades, me regardaient, étant le plus expert de nous après Xian. C’est lui que j’avais principalement regardé, mais je sus deviner un des deux éliminés. Ils enchainèrent trois autres musiques. A chaque fois je sus reconnaitre le perdant. Xian avait encore une longueur d’avance sur les éliminés. Mais certains des danseurs lui donneraient plus que du fil à retorde.
Notre champion nous rejoint sous nos applaudissements, tandis que le second groupe de candidats se mettait en place. Profitant du bar, entrecoupé de nos chamailleries nous tentions de deviner le pronostic final. Xian, qui n’avait pu voir ses propres adversaires, choisit pour vainqueur un grand blond de l’aéronautique. Moi je pariais sur une des adversaires de Xian, au teint brun, que son uniforme affectait à la scientifique.
Je profitais d’un rock, pour danser avec Cynthia, sur la piste secondaire, en dehors du concours. Nous évoluions sur ce rythme un peu rapide. Main dans la main, au tour des hanches ou des épaules. Caressant sa silhouette, je la guidais – là où elle le voulait bien. Je m’étalai à terre devant Cynthia, en tentant une passe compliquée apprise de Xian, sous son rire franc, et son sourire. J’arrêtais les frais au second essai encore moins réussi que le premier – j’étais têtu mais pas suicidaire.
Après une pause appréciable, le concours repris avec les vingt sélectionnés. Nos deux choix, à Xian et moi, faisaient partis des retenus, et devraient désormais affronter mon ami. Dès le départ, une danse à deux entremêlée fut lancée. Et je vis Xian, accueillir notre belle amie, d'un franc sourire.
Les regardant danser, je voyais l'évolution qu'il y avait entre ses premières danses en boite sur D'Zörons quelques mois plus tôt – une vie entière. Ses gestes étaient plus sensuels, moins freinés, on y sentait bien plus le désir qu'ils appelaient. Et Cynthia lui rendait bien. Elle avait moins de précision, et d'extravagance, dans ses mouvements. Mais elle y mettait une pointe de naturelle, de charme tranquille – me charmant moi tout du moins – répondant aux demandes de son danseur.
Plongé dans le spectacle sous mes yeux, je ne remarquai pas quand les discussions de mes voisins se tarirent, pas plus que l'homme qui s'était rapproché de nous.
« Ne dansent-ils pas bien ce beau couple ? » Malgré la musique j'avais de suite reconnu la voix de M. Wearek. Juste avant j'en étais encore à contempler les danseurs sans plus amples calculs que l'admiration, par une simple phrase il venait de me replonger dans les calculs de comportements, de conditions, d'équilibre de l’ENOS. Le sentiment d'enfermement, de stress, de claustrophobie devant ces myriades de calculs, me montait à la gorge. Une envie de se rouler en boule, et d'attendre le temps passer.
« Je ne savais pas que Xian dansait aussi bien. Avec sa partenaire ils font des vraies merveilles. Vous la connaissez ? Je n'arrive pas bien à voir son affectation. Rassurez-moi elle n'est pas infirmière quand-même ? »
Pris de cours je faillis m'étrangler à chacune de ses phrases. Assurément il avait lu le dossier de chaque élève encore à l'école, et savait ainsi que Xian était un danseur. Cynthia une infirmière ? Savait-il qu'elle m'avait rendu visite lors de mon enfermement ? Mon cœur battait en tous sens. Mon esprit se confondait en hypothèse, en conjecture. Que pouvait-il bien faire ici ? À me donner ces informations, à m'observer tandis que je les digérais. Je bouillais d'impuissance. L'envie de le bousculer franchement, de l'obliger à me dire ce qui se tramait, pour nous – et j'incluais désormais Cynthia. Quel était le plan qu'il manigançait dans son petit coin ? La danse devant moi passait sans que j'accrochât aucun mouvement, trop concentré à garder mon contrôle.
« Que faites-vous donc ici, Monsieur ? lui demandais-je me retournant vers lui pour la première fois. Etes-vous également amateur de danse ?
- M. Lupan, je ne vais pas vous dévoiler tous mes centres d'intérêts. Vous savez déjà pour l’aquaponey. Mais étant dans le coin, je vous ai vu par hasard, et voulais savoir si vous aviez trouviez la réponse à cette vieille question. »
Ainsi donc il était ici pour ça – comment pouvait-il attacher autant d'importance à cette question ? Lors de mes temps libres – de plus en plus rares et restreints – je tentais de trouver quelques réponses convaincantes. La question restait : pourquoi avais-je perdu contre Xian lors de ce fameux entraînement, des mois plus tôt. Le seul indice était que c'était également la meilleure arme. J'avais tenté toutes les armes connues, et même quelques idées conceptuelles : la mort, les combattants …
« Alors avez-vous la bonne réponse ?
- A moins que ce ne soit la danse, aucune idée. Désolé M. Wearek. Et je crains de n'en trouver ce soir.
- Ah, vous me décevez, presque. J'avais pourtant cru, au vu de vos derniers avancements que vous auriez compris cette petite devinette. Mais peut-être ce soir n'est-il pas le bon pour vous y pencher dessus ? Je suis sûr que c’est demain soir qui verra de meilleures perspectives, n'est-ce pas ? »
Je ne sais comment je trouvai la force de lui répondre. Je venais de prendre une douche glacée. Tous mes poils hérissés – heureusement on nous avait coupé les cheveux il y a peu, j'aurais eu une tête affreuse. Il m'acheva en me souhaitant une bonne soirée, et me faisant promettre que Xian lui présenterait sa partenaire à la prochaine occasion.
Après son départ, je me dirigeai vers la sortie pour prendre un bol d'air. Lou se rapprocha de moi tandis que tous les autres me regardaient comme si j'avais une tête de déterrée – ce qui était au moins le cas.
« Ça ne va pas ? Il y a un truc que je n’ai pas saisie dans ce qu'a dit Wearek ? » l'inquiétude de sa voix était maîtrisée, mais bien présente si on savait y faire attention. Elle n'avait rien saisie des sous-entendues de Wearek, mais mon comportement seul avait suffi à l'alarmer – une part de moi me dît que je devrai mieux me maîtriser. Je ne pus que la rassurer d'un grognement, avant de sortir du club.
Une fois dehors, sans trop y réfléchir je me mis à courir. J'avalais les kilomètres pour me défouler. Décharger cette pression que m'avait mise Wearek. Rien n'était dû au hasard chez lui. J'étais prêt à parier qu'il connaissait le dossier de Xian, le mien ainsi que ceux de Lou et Swan par cœur – je faisais bien trop de pari ces derniers temps, et commençait à risquer gros. A l'école tout le monde savait Xian très bon danseurs, il était évident qu'il nous trouverait ici. Mais quel intérêt de me reposer sans cesse la même question ? J'arrivais en général à comprendre facilement les motivations des élèves avec moi, parfois celle des officiers qui nous encadraient. Mais de M. Wearek je n'avais aucune idée.
Aussi j'enchainais les pas, les uns après les autres, je me perdais dans cette cité gigantesque et similaire. Les immeubles gris défilaient les uns devant les autres. Les lumières, des rares véhicules me croisant, m'éclairaient à toute vitesse avant de sombrer dans l'uniformité de la ville. Rarement un éclair bleu turquoise figeait la scène, témoignant de la charge des boucliers.
Wearek avait fait référence trois fois à Cynthia, et ce n'était pas par hasard. Il devait aussi avoir lu son dossier, et savait qu'elle n'était pas infirmière. Savait-il que c'était sous ce déguisement qu'elle était venue me voir lors de mon enfermement. Que lui voulait-il ? Pourquoi me dire tout ceci ? Et s’il savait tout cela, pourquoi avait-il toujours associé Cynthia à Xian ?
Je n'écoutais même plus mon term, qui m'indiquait où tourner afin de me rapprocher de l'école. Dans une ville où tout se ressemble, du gris du béton jusqu'au lumières des fenêtres, tourner importait peu. J'allais donc tout droit, sans réfléchir, chaque pas se laissant porter par le précédent. J'atteignis ainsi un état un peu second, où mes questions paraissaient moins importantes, secondaires. Même si à l’occasion d’un ralentissement, d’un arrêt, elles revenaient d’autant plus présentes, d’autant plus pressantes, que je les avais écartées.
Pour finir Wearek avait clairement – selon moi – parlé de demain soir. Savait-il ce que nous avions prévus ? Prévoyait-il de nous en empêcher ? Pourquoi ne pas nous arrêter dès maintenant ? Il me semblait jouer au chat et à la souris – et moi je me retrouvais dans la position très désagréable de la souris.
J'enchainais les rues, les unes après les autres. Le béton des bâtiments plus sombre témoignait des quartiers plus vieux. De ci, de là, les lampadaires et les phares des véhicules affichaient un coin vert au milieu d'un gris monotone. Autant d'indice de quartiers d'officiers supérieurs.
J'avais espéré, je crois, que cet ENOS me permettrait d'atteindre ces fameux postes, plein de gloire et de reconnaissances – dans tes rêves Anthem ! Ce Lycée n'était pas la voie royale tant promise, j'en étais désormais certains. C'était une toile d'araignée, dont Wearek semblait tirer les fils. Peut-être étais-je une de ces marionnettes que Xian s'amusait à singer. Mais alors quel était le rythme ? Et la chute ?
* * * *
« Oups !! » le cri à moitié étouffé me réveilla en partie. Une autre partie de moi fut réveillée par la sensation de chute. Et je fus totalement alerte une fois que mon coude rencontra le sol – ce qui arrêta ma chute nette. Celui qui m'avait réveillé, m'avait également fait tomber du banc où je m'étais installé, et il paierait pour les deux – le réveil et la douleur de mon coude. La tête encore embrumée, les jambes fébriles de ma course, je me levai doucement pour dévisager mon bourreau : qui n'était autre que Xian.
« Je te croyais rentré au dortoir, avec les autres. Lui lançais-je en désignant la porte en face du banc où j'avais pris place, afin de ne réveiller aucun de mes camarades.
- Tu sais qu'ils t'ont cherché une bonne heure ?
- Pas toi ?! »
J'étais trop endormi pour y mettre tout l'intensité que j'aurais voulu dans la question : la curiosité, l'intérêt bien compris, la politesse enjoué, et une note de jalousie.
« Il fallait que je raccompagne Cynthia. C'était après l'heure de fermeture de son casernement. Et elle ne connaissait pas encore de passage sans surveillance.
- Vu qu'elle n'est plus avec toi, c'est donc que vous en avez trouvé un, n'est-ce pas ? »
La note de jalousie était, ici, un peu plus présente – Xian me connaissait assez pour l’avoir remarqué. Et sans attendre de réponse, je me rallongeai sur une moitié du banc. Lui laissant la place, à ma tête, pour faire de même.
Le triangle amoureux est intéressant, on ressent encore beaucoup la complicité entre chaque personnage et aussi la tension. Un beau travail en général, avec un chapitre nous faisant apprendre bien plus sur l'ensemble de la culture.
Gros bisou de bear pour ton récit. ;)