L’incursion avait commencé comme prévue. Nous nous étions introduits sans trop de difficulté dans le bâtiment informatique. Les patrouilles de nos propres camarades pouvaient être évitées sans problème pour nous qui connaissons les trajets et les horaires. Une fois dedans nous avions pris possession d'une salle équipée d'un simulateur.
« Whouuulà ! Et prends ça ! »
J'essayais, tant bien que mal de me concentrer sur les écrans de Lou, malgré les cris incessants de Brunach. Celui-ci était rentré dans le simulateur une demi-heure plus tôt, et semblait s'en donner à cœur joie. Il passait pour l'instant sans trop de problème le niveau 7 des simulations de vols.
Un des écrans sur ma droite, montrait une vue de la simulation dans lequel il était plongé. Il agissait en vrai brio, les tête-à-queue, virées de bords s'enchainaient les uns après les autres. Dans cette simulation – en atmosphère dense, et chaotique – il slalomait entre les nuages, les condensés et les trous, y perdant peu à peu ses poursuivants. Aucun autre d'entre nous n'aurait pût arriver à ces résultats – et je me demandais combien de marge il lui restait encore.
Le simulateur était un gros cylindre métallique, haut d'un étage et demi, pourvu à l'intérieur d'une multitude d'axe de rotation – à vous donner le tournis rien qu'à les compter. Je préférais largement ne pas être dedans quand ils se mettaient tous en route – mais Brunach avait selon moi des goûts bizarres. Une fois dedans, tout était retransmis comme en réalité. Quand sur l'écran l'avion faisait des loopings en tous sens, Brunach faisait les mêmes dans le simulateur.
« Ça y est je suis sorti ! » d'un air triomphant Lou levait les bras – indiquant sans aucune modestie qu'elle avait réussi quelques exploits de piratage. L’ENOS n'était équipé que d'un réseau interne, ne permettant que des échanges limités avec le réseau extérieur – nous avions du mal à envoyer des nouvelles à nos parents, alors pour ce qui était de piocher des informations à l’extérieur : il ne fallait pas rêver.
Seule la salle d'informatique y était connectée. La sortie sur le réseau planétaire y étant bien protégé. C'était ma raison officieuse de cette escapade. Tandis que Brunach annihilait tous ses ennemis virtuels, Lou, tout aussi virtuellement, paradait entre firewall, et détection d'intrusion haute sécurité, pour nous connecter au réseau planétaire. Sur Malan'har, il était entièrement consacré à l'armé, et nous pourrions trouver toutes les informations voulues.
« Que dois-je chercher Grand Amiral en Chef ?! » Lou s'amusait depuis peu à me faire monter en grade à chaque occasion – d'ici peu je serai Grand Maréchal de l'Union, et s'en serait fini des titres militaires.
- Si tu peux m’ouvrir une connexion de messagerie sur l’extérieure. Puis trouve moi les dossiers de Mike, Rolland, et Doomaï. » lui demandais-je en lui citant trois jeunes passés par l’ENOS, et officiellement renvoyés vers les premières lignes.
Dès qu’elle m’ouvrit la connexion, je commençai à recevoir des nouvelles du monde extérieure, celui que nous avions quitté quelques mois auparavant. Je reçus entre-autre une nouvelle de Jean, qui nous informait Xian, Kalder et moi, qu’il avait été mobilisé sur la 454ème flotte interspatiale. J’ignorais, que la 454ème avait été créée, mais connaissait le principe. Dès qu’une flotte était annihilée, une nouvelle – avec un nouveau chiffre – était mise en place. Les nouvelles flottes étaient presque totalement remplis de nouveau, sans expérience. En l'occurrence maintenant, de jeunes adolescents comme Jean.
Je ne reçus aucun message de Kalder, et décida avec Xian de lui en donner. Nous ne donnions aucun détail sur notre vie ou l’ENOS, mais l’assurions de notre amitié et de nos pensées. Nous n'eûmes pas à attendre cinq minutes qu’une réponse nous parvint. C’était une réponse automatisée. Elle nous apprit que l’identifiant citoyens utilisé pour destinataire du message – l’identifiant unique permettant d’envoyer les messages à chacun – était désactivé pour raison dissolution active, suivis de la date et de l’étoile. Ce qui en terme militaire devait être compris comme mort au combat confirmé. C’est par un simple message automatique d’un serveur que Xian et moi apprîmes la mort de Kalder.
Je n’eus pas le courage de répondre à Jean, en lui indiquant la mort de Kalder. Notre pari enfantin, avait pris fin. Un silence gêné, s’installa dans la salle, qui ne fut interrompu que par Lou qui, plongé dans ses piratages, n’avait pas suivi les échanges du reste de l’équipe.
« Trouvé. Un vrai jeu d'enfant. Tout est écrit dans la base d'affectation général. Je te le lis ?”
Je répondis d’une voix absente. Une partie de moi s’intéressait à ce qui se passait dans la salle, et connaissait le plan que je voulais suivre. La seconde partie était déjà ailleurs. Perdue dans bien des souvenirs, de quelques mois auparavant, qui paraissaient déjà si loin.
- Non, envoi sur mon term. Puis trouve le dossier militaire complet de Wearek.
- Quoi ? »
Ce n'était pas seulement la voix de Lou qui avait poussé un cri, mais de tous ceux présent dans la salle : Xian, Peter, et Cicé. J'avais même perçu l'indignation de Swann, à travers l'émetteur radio, dont il était pourvu.
- Si on me trouve sur le réseau, tu sais ce que je risque ? Et même s’il paraît que Wearek t'aime bien, il ne pourra pas nous sortir de la cour martiale, ce n'est qu'un civil. »
Ce n'était qu'un civil, mais puisque présent sur Malanh'ar, il avait forcément un dossier. Celui-ci était quasiment vide, Lou nous lut les éléments au fur et à mesure de leur décryptage. « Aucun membre familial déclaré ». J'aurais parié, même sans cette information, que c'était un nom d'emprunt. « Aucune formation, aucune affectation ». A trop vouloir rien mettre ça paraît forcément louche. Ils auraient dû s'en rendre compte à la bureaucratie militaire. Nous apprenions même ce B.A. BA dans nos nouveaux cours de 'comportements' – qu'il fallait comprendre dissimulations et fraudes. « Autorisation complète de quatorze à huit ». Même plus que le directeur officiel de l’ENOS.
« Au-delà il me faut des autorisations spécifiques pour questionner la centrale.
- Tu peux cracker, et voir plus loin ? »
Même Swann était intrigué. Et après plusieurs minutes – pendant lequel nous eûmes droit en fond sonores à tous les jurons connus de Brunach, qui était en mauvaise posture – Lou nous annonça les autorisations vertigineuses de notre protecteur, au fur et à mesure de leur décryptage :
« Autorisation sept et six, autant que les meilleurs amiraux. J'ai un traceur au cul, je ne vais pas rester longtemps. Autorisation cinq. Il a tous les droits de la chaîne normal de commandement, généraux compris. Impossible à semer, on débranche d'ici peu, tenez-vous prêts. »
Malgré ma faible compréhension des outils et principes de piratage, je comprenais que la situation était tendue pour Lou : tous les écrans affichaient des messages d'alertes rouges clignotant – il fallait être aveugle pour ignorer les messages. Le pare-feu virtuel céda tout d'abord. Puis le traceur commença à bloquer toutes les entrées. Cette fois-ci on s'était frotté à quelque chose de piquants – certainement plus que nous.
« Autorisation quatre : accès à tous les dossiers, archives et réunions, dont celle du Haut Etat Major. On débranche ! ».
La dernière phrase avait été criée, et d'un geste, Xian et Cicé débranchèrent tous les câbles informatiques – sans aucune attention pour le matériel qui prit quelques bosses dans l'opération. Se retournant Lou me fusilla du regard, et je ne fus sauvé d'une remarque cinglante que par l'arrêt du simulateur, et la sortie d'un Brunach ignorant et enchanté.
Il désenchanta quand il sût que nous n'avions rien vu de ces derniers exploits. Ce fût pire, quand je le coupai avant qu'il puisse s'épandre sur ses prouesses. Il nous fallait nous préparer à la ronde, qui arriverait d'ici quelques minutes.
Le hackage de Lou, et les informations sur Wearek qu’elle nous avait sortie, et le traceur qu’elle avait subi, m’avait fait mettre de côté la nouvelle de la mort de Kalder. Je réussi à mobiliser quelques efforts de volonté pour mettre mes émotions de côtés et remettre à quelques heures le deuil qu’il me faudrait porter.
Par radio Swann nous confirma qu'il était en place, puis Matt resté au casernement que tout était en prêt. De notre côté Cicé, Lou et Brunach se cachèrent. L'idée était assez simple, nous ne pouvions rééteindre le simulateur et les ordinateurs, d'ici que la patrouille arrive – et nous n'aurions le temps de tout rallumer pour que Brunach réussisse le niveau 8. La première étape était que seul Xian et moi-même serions repéré, puis pris en chasse. Les trois autres resteraient sur places cachés, puis pourraient reprendre la prochaine simulation.
A ce stade notre plan était simple, attendre l'arrivée de la patrouille. Affalé sur un bureau, Xian guettait son term de toute son attention. Nous enfilâmes des cagoules, en plus des gants que nous avions tous – les caméras étaient hors d'usages, mais il fallait donner le change. Si la patrouille nous repérait, c'est que nous n'étions pas si bien préparés, n'est-ce pas ?
Un flash rouge sur nos terms, nous appris la sortie de la patrouille, au premier étage. Il leur faudrait monter au cinquième pour nous trouver. La pression montait peu à peu en moi, parcourant mes intestins, remontant vers l'estomac, seconde après seconde. Mais nous ne pouvions rien faire. Nous devions être 'surpris en flagrant délit' par l'inattendue patrouille.
Finalement elle fut sur nous. Et par un cri de profonde surprise de Xian, nous fîmes semblant de découvrir la patrouille. La première étape était faite. La seconde, s'enfuir, allait être plus compliquée.
Nous avions ménagé les entrées et sorties de pièces de sorte à ralentir la patrouille, et nous permettre de sortir dans les couloirs plus facilement. Parti devant, j'entendis Xian se prendre des tables et des chaises en trébuchant – donner le change, je ne pouvais me le permettre. Au premier couloir, je pris à droite, et lui tout droit.
Nous avions appris la configuration du bâtiment par cœur, et le trajet de chacun de nous également. Derrière moi, deux rythmes distincts confirmaient la présence de deux suiveurs. Aucun patrouilleur n'était resté dans la salle.
Dans deux minutes, Xian et moi aurions changé d'étage, et Brunach pourrait commencer le prochain niveau de simulation, pour une petite heure. Arrivé au hall d'escalier, que je dévalais à tout va, Xian, arrivé en face, sauta d'un étage, pour se retrouver derrière moi. Fit semblant de charger mes deux suiveurs – qui instinctivement ralentirent – avant de sauter encore d'un étage. Il était désormais au troisième. J'en avais profité pour me perdre dans le quatrième.
Un coup d'œil à mon term, me confirma que tous les renforts arrivaient au quatrième. Je me mis donc à faire le tour de l'étage, il fallait qu'on me voie, qu'on me suive. Je passais par 'hasard' devant la sortie de leurs ascenseurs, pile au moment où ceux-ci en descendaient. La première équipe, qui m'avait suivi en courant à fond, déboula dans la seconde. Le temps que tous se remettent debout, j'avais repris mon avance. Je réussi à reproduire le même phénomène sur la troisième équipe.
Toutes les équipes étant sur place, il nous fallait désormais jouer finement avec Xian, pour rejoindre le premier étage, et le fameux local technique qui avait servi d'ascenseur à la première équipe de surveillance.
Je tournais en tous sens dans ce labyrinthe, me laissant en grande partie guider par mon term. Celui-ci récupérait les données des capteurs de présence que Maro avait disposé dans tout le bâtiment. Je connaissais ainsi la position des différentes personnes me poursuivant, et pouvait emprunter les routes les plus sûres.
J'arrivais à un escalier, et sautai d'un étage. Deux mètres devant moi, je découvris l'équipe qui poursuivait Xian. Les deux secondes d'hésitation qu'ils eurent me sauvèrent, je n'en eu aucune et lançai immédiatement deux fumigènes à leurs pieds. Puis je fonçai dedans, les renversant au passage, et poursuivit ma descente, avant de foncer dans un couloir.
Depuis trois minutes à peine, et déjà je sentais déjà la fatigue arriver, et le souffle me manquer. Fuir n'était pas qu'une question d'endurance, il fallait sans cesse relancer, changer de direction, surprendre ses poursuivants. Le tout sans oublier le plan prévu. Heureusement pour nous aider, Claude avait placé toutes sortes d'artifices que nous déclenchions en fonction de nos besoins : fumigènes, grenades à impulsion électrique.
Nous ne pouvions foncer tout droit sur notre objectif, cela aurait été trop évident. Nous nous forcions à faire des détours, autant que possible. Comme en ce moment où je courrais dans ce couloir trop étroit. Mais je n'avais pu, aller dans ceux de droite ou gauche, deux gardiens me poursuivaient en parallèle de chaque côté.
Un coup d'œil derrière moi me confirma qu'il y en avait quatre autres sur mes talons. Je les entendis crier qu'ils me tenaient. Effectivement le couloir se terminait en T, avec des équipes me cernant de partout.
J'accélérai dans les dix derniers mètres, puis me jeta par terre, glissa jusqu'au mur, me cogna dedans fortement. La plaque où je m'étais appuyé céda de suite, et je pus disparaître de l'autre côté du mur. J'entendis les gardiens cogner le mur de tous leurs poids, espérant le faire céder. Peine perdue nous n'avions trafiqué que de petites plaques, sur une vingtaine de mur. Le reste des murs étaient aussi solide que la norme militaire.
Me relevant je fis basculer tables et chaises sur le trou – qu'ils venaient seulement de penser à emprunter – et je poursuivi ma fuite. J'étais dans un auditorium, et en profitai pour descendre au premier étage.
Depuis mon term j'indiquai à Xian ou j'étais. Swann venait de terminer le hackage de l’ascenseur. Nous étions donc prêts à partir. Dix secondes plus tard, j’entendis Xian débouler à mes côtés.
« Ils sont tous là » me dit-il dans un grand sourire moqueur, en désignant d'un grand geste les pas qui se rapprochait derrière nous. Il nous fallait encore traverser tout le bâtiment pour rejoindre le faux local technique, où était posté Swann.
Derrière nous les pas se rapprochaient. J'avais l'impression que cette course n'avait été qu'un lent rapprochement inévitable, sauf par quelques artifices que nous avions judicieusement prévus. Mais les gardiens étaient des adultes, et nous pas encore tout à fait. Xian paraissait autant épuisé que moi.
J'entendis un déclic, et me jeta à terre. J'entendis l'impulsion électrique passé au-dessus de moi. Xian, qui s'était plaqué contre un mur, revint en arrière de deux pas pour me relever. Nous repartîmes de plus belle, avec une peur naissante au ventre. Nous n'avions pas prévu qu'ils soient armés. Même si c'était de simple impulsion paralysante.
Un des gardiens réussi à m'attraper un bras. D'une secousse je l'envoyais balader contre un meuble. Le jeu commençait à devenir dangereux. Nous étions heureusement arrivés dans la dernière ligne droite avant le local. J'avais espéré pouvoir nous en sortir en douceur, mais avec les gardiens à moins d'un mètre de nous, ce n'était plus possible.
Je jetai un coup d'œil à Xian, qui confirma. Puis de mon term, j’activais l'impulsion électrique dont nous avions truffé le couloir. Nous les entendîmes crier. La charge était faible, et très répartie. Pas de quoi paralyser, juste surprendre, bloquer un muscle ou deux le temps d'un mouvement. Certains tombèrent, nous laissant reprendre les quelques mètres d'avances nécessaires. Arrivée au bout du couloir, nous enclenchâmes des mini fumigènes, afin de nous dissimuler quelques secondes.
D'une tape sur l'épaule, Xian me fit comprendre qu'il me laissait, et se cachait dans une armoire. Moi je rejoignis, Swann, habillé en Xian – avec des chaussures compensées pour l’occasion – dans le local technique. Le temps que je me retourne, les portes se refermaient et plusieurs gardiens eurent juste le temps de voir les deux fuyards prendre leur ascenseur 'secret'.
L'ascenseur se mit en marche, et je m'autorisai à reprendre mon souffle, puis à sourire. Swann, lui, ne me laissa pas un moment de répit.
« J'ai débranché la communication des autres ascenseurs, d'en bas on devrait pouvoir les voir, et les contrôler. T'as une minute pour te remettre après on sera arrivé » me dit-il en me tendant deux de nos tasers – paralysant cette fois. Nous n'avions aucune idée du prochain comité d'accueil.
La minute me parut courte, quand Swann me fit signe de me préparer. Un pistolet dans chaque main, je m'accroupis devant la porte. Et me prépara à faire feu. La porte coulissa, et j'entrai dans la salle, qui ressemblait davantage à un bar qu'à une salle de garde. Prêt à tirer au moindre mouvement, je cherchais des yeux, les gardes qui seraient restés. Mais rien nous accueillis, à part le feulement d'un petit sauverge, qui de l'autre bout de la salle, tenta de planer jusqu'à moi, et me dépassa –la pesanteur de la planète n'était pas faite pour eux.
Swann partit directement sur le poste de contrôle. Une minute plus tard, il m'indiqua d'un air joyeux : « Ils sont tous rentré dans les autres ascenseurs. Je viens de les bloquer. Ils sont dedans pour un bon moment ». Je m'écroulai par terre, pour savourer cette bonne nouvelle.
La salle de surveillance était on ne pouvait plus commune. La porte d’entrée, qui devait mener sur un des couloirs de correspondances souterrain, faisait face aux quatre cages d’ascenseurs qui renvoyaient vers notre école. Les écrans, qui couvraient un mur, montraient les vidéos du bâtiment. Tout paraissait trop calme. On n’y voyait aucun vestige de notre fuite : pas de fumée, pas de mur troué, ou d’ampoules grillées. Lou avait bien réussi un détournement du flux vidéo dans les règles.
Un réfrigérateur contenait de quoi boire et manger pour tenir les longues heures ennuyeuses de surveillances que les soldats devaient mener. Et l’ouvrant, je cherchais de quoi remonter en haut pour savourer notre victoire. En tant que vainqueur un pillage dans les règles s’imposait. Quand la porte d’entrée s’ouvrit sans prévenir.
Trois soldats rentraient, riant entre eux. Jusqu’au moment où ils nous virent. Je refermais la porte du frigo. Je cherchais le taser des mains avant de me rappeler que j’avais laissé sur le canapé. Nous eûmes tous un moment de flottement, dans le silence.
J’entendais Swann continuer de pianoter, comme si de rien n’était. Je ne savais s’il avait entendu les autres gardes rentrer. D’un air que je voulu naturel, je me retournai vers Swann.
« Swann, les renforts sont arrivés, lui l’alertai-je tentant de masquer la panique de ma voie.
- Oh, déjà ! lança-t-il en se retournant.
Je croisa son regard, et fut rassurer de voir, qu’une idée semblait avoir germé.
- Ah vous avez été rapide, lança-t-il d’un air rassuré d’un gamin voyant des adultes prenant les choses en main. On vient à peine d’appeler la centrale. »
Devant l’air interdit des gardes, nous leur expliquâmes qu'il y avait et du grabuge à l'étage, et qu’au retour les sentinelles avaient été coincées dans l’ascenseur.
« Vous montez en haut, et une fois la zone sécurisée, vous rappelez les ascenseurs un à un, leur détailla Swann. Quand ils seront tous en haut, nous pourrons les débloquer d'ici pour votre descente. »
Une minute après être monté dans l’ascenseur que nous avions pris, nous les bloquions à leur tour.
Il ne nous restait que la sortie principale. Sans que nous ne sachions vers où elle menait. Dans les tunnels je voulus faire marcher notre application de navigation pour nous donner le chemin le plus rapide vers l’ENOS. Mais impossible, nos terminal nous répondaient que nous étions en dehors du réseaux.
« C’est impossible, jurait Swann. L’ensemble des plans de la planète est renseigné. Même l’intérieur des bâtiments. Alors un niveau souterrain, où il y a même un accès au réseau de Taupes utltrarapide. »
Nous venions de croiser un panneau indiquant la direction d’une station. Nous nous dirigions vers celle-ci espérant trouver une sortie. Les tunnels étaient vides, et nous ne croisions des soldats que de loin. Chacun dans occupés à ses propres affaires.
Arrivé à la station, un grand panneau indiquant le nom du niveau confirma mon préssentiment. Une tablette permettait de commander des Taupes ultrarapides, pour aller dans la direction que nous souhaitions. Et Swann s’attela à chercher un plan.
« Nous sommes dans le niveau N2, expliquais-je à Swann. Les trois niveaux N1, N2, N3, sont des niveaux utltra sécurisé, et secrets. Nous n’aurions jamais du pouvoir y rentrer aussi facilement.
- Cela explique le protocole de sécurité mis en place, me dit-il. C’est un réseau fermé. Nous ne pouvons y accéder en dehors de ce niveau. Et une fois à l’intérieur il faut être enregistrer pour l’utiliser. »
Le principe était que sans terminal autoriser à l’intérieur, vous ne pouviez recevoir d’information du réseau informatique. Le terminal était sur un réseau fermé, totalement indépendant du reste de Manlan’har. Lou n’aurait pu y accéder de l’extérieur malgré tous ses efforts. Aucune connexion informatique n’existait vers l’extérieur.
Mais en cet instant nous étions déjà à l’intérieur. Les décodeurs et virus que nous fournissait l’école – dans le cadre de vos études, pour des raisons pédagogiques uniquement ne cessaient de répéter nos professeurs – fonctionnaient à merveilles également sur ce réseau.
Swann pu me configurer une autorisation d’accès, après les quatorze avertissements que seules les personnes autorisées devaient être autorisées – un brin répétitif. La plus grande difficulté fut de coupler mon terminal à celui du niveau N2, pour y copier la seule carte de navigation que j’eus jamais vu de Manlan’har. Celle-ci indiquait toutes les sorties – officielles, gardées, secrètes – la localisation des principaux bâtiments militaires – Etats majors, armement, ou base secrète – ainsi que les voies des véhicules automatiques ultrarapides : nommée Taupe – du nom d’un autre animal légendaire.
J’avais désormais accès à ce niveau secret, ainsi qu’à la liste des entrées. Une autre débouchait à l’intérieur même de notre école, et nous filâmes rejoindre les autres.
* * *
Dès que la lumière s'éclaira, ils réagirent tous au quart de tour. Xian, avait déjà fait trois mètres vers la sortie, tandis que les autres s'étaient à peine retourné – Cicé avec un impulseur en main, dangereusement pointé sur Swann.
« Calme, calme. Les chiens sont enfermés dans la cage à lapin. Je répète les chiens sont enfermés dans la cage à lapin. Je ..
- C'est bon Swann, on a compris. L'interrompit Cicé avant que nous ne nous mettions tous sur son dos."
De retour à nos logements, en pleine nuit, nous pûmes fêter notre opération. Lou avait récupéré les dossiers et informations que je cherchais. Les dossiers de Rolland et Doomaï me confirmait qu’ils n’avaient pas été envoyé sur le front, mais simplement dans une formation plus classique de sous-officiers.
Nous passâmes la soirée, Xian et moi, nous bercant l’un l’autre nos souvenirs de lycée et de collège avec Kalder. Il s’agissait de mettre du baume sur cet absence, sur ce vide qui venait de se creuser d’un coup.
Son absence, sa mort, m’apparaissait brutale, d’autant vu la façon dont nous l’avions apprise. Pas dans une lettre de deuil, que l’armée envoi aux familles et proches – quoique répliquée à très grande échelle ces lettres gardaient un semblant de forme, et j’avais vu mon oncle lire attentivement de nombreuses fois celle qui concernait sa femme – mais dans un simple message automatique du serveur indiquant l’impossibilité de joindre le destinataire, et donnant la raison : mort au combat, à quinze ans tout juste.
A l’ENOS, nous jouions à la guerre, mais elle nous touchait de loin. Et quand je voyais le groupe que nous formions, je les savais près de moi. Intérieurement je me jurais que si morts il devait y avoir, je serai là, à leur côté, pour ne pas apprendre par réponse automatique leurs morts. Je souhaitais former une équipe, et qu’on reste ensemble jusqu’au bout – quel que soit celui où nous menait l’armée, l’ENOS, et Wearek.
J'ai été assez triste de lire que Kalder est décédé et je me demande ce qu'il s'est passé...
Je vois que ça remet en question pas mal de chose pour notre narrateur qui est de plus en plus confronté à la dure réalité...
La dernière phrase de ton récit nous fait penser peut-être à une éventuelle montée de l'intrigue peut-être vers une future guerre.
Je m'en vais lire la suite très bientôt. ;)
Merci pour tes commentaires encourageant.