La relative petite taille de la caravane lui permit de se préparer rapidement. Le mitan venait à peine de débuter quand elle reprit la route. Le trajet qui menait au sud ne dépendait pas de la Grande route de l’est, mais du réseau naytain de routes cardinales. Ces artères majeures qui reliaient les grandes métropoles du pays dépendaient directement de l’archiprélature. Elles étaient larges et bien entretenues. La progression de Rifar et de ses compagnons se faisait aisément.
Cette voie qui reliait Massil à Lynn n’était pas encore très fréquentée. La nouvelle capitale n’était pas encore achevée et cela ne faisait que quelques mois que l’archiprelat avait quitté Ambes en vue d’intégrer son nouveau palais, plus digne de sa fonction, même s’il était au cœur d’une cité encore dépourvue d’habitants. La route n’était pas déserte pour autant. Plus directe que celles déjà existantes, de nombreux convois la préféraient pour amener les denrées à Massil depuis les riches terres agricoles du sud. Ce n’était encore rien en comparaison de ce qui était attendu dans quelques années. La théocratie se préparait d’ailleurs à cet afflux annoncé de voyageurs. Fenkys avait à peine atteint le zénith qu’ils avaient croisé deux refuges en cours de construction.
Chevauchant en tête du convoi, Rifar réfléchissait aux événements de la nuit précédente. Après des débuts prometteurs, il s’était isolé avec Meghare dans la chambre de la jeune femme. Avec beaucoup de délicatesse, il avait essayé de l’embrasser. Elle avait alors manifesté des réticences et il n’avait pas insisté. Ils avaient passé une partie de la nuit à parler avant que Rifar réintègre sa chambre.
Rifar ne comprenait pas pourquoi il s’était comporté ainsi. En temps normal, il n’aurait pas pris autant de précautions, comptant sur son habileté au lit pour faire oublier à sa partenaire ses appréhensions du début. D’ailleurs, ses compagnons ne s’étaient pas montrés aussi pusillanimes. Le sourire satisfait de Dalbo montrait clairement qu’il avait concrétisé avec la musicienne. Quant à Vlad, de toute évidence Ksaten avait fait plus que de lui montrer son corps comme lors de leur escale au lac. Le sourire extatique qu’il affichait depuis le matin commençait d’ailleurs à attirer des commentaires égrillards de ses compagnons de voyage. Même Daisuren semblait satisfaite. Pourtant, vu son âge, il doutait que ce fût entre les bras d’un homme qu’elle avait trouvé du plaisir.
Ils venaient à peine de passer le premier refuge qu’un galop derrière eux attira leur attention. Ils étaient encore trop près de Massil, il doutait que ce fût des brigands, et de toute façon, ces derniers ne procédaient pas de façon aussi peu discrète. À tout hasard, Rifar préféra aller voir ce qui se passait. Escorté de deux hommes, il se rendit en queue de convoi. Il découvrit deux cavaliers chevauchant vers eux à bride abattue. Quand ils furent assez près, Rifar reconnut, à sa grande surprise, Meghare, accompagnée de Dercros.
Laissant le convoi continuer seul, Rifar attendit que les deux jeunes gens arrivent à sa portée et s’arrêtent devant lui. D’un rapide coup d’œil, il les évalua, notant au passage l’état des chevaux.
— Que faites-vous ici ? demanda-t-il.
— Je n’ai jamais vu Lynn, répondit Meghare. Et Ambes est une ville si laide.
La Naytaine était un peu sévère envers l’ancienne capitale de son pays. Il ne pouvait malgré tout pas lui donner totalement tort. Fondée au temps des feythas, elle affichait encore de nombreux stigmates de la guerre qui avait éliminé les tyrans.
— Ksaten vous a donné l’autorisation de nous rejoindre ?
— Je ne suis pas aux ordres de Ksaten.
Il attendait maintenant la réponse de Dercros.
— Je ne pouvais pas laisser Meghare s’aventurer seule dans le pays.
Rifar dévisagea si longuement le jeune homme qu’il se sentit mal à l’aise.
— Nous sommes trop loin de Massil, il est hors de question de faire demi-tour. Vous allez donc continuer avec nous. Et vous jeune homme, quand votre sœur viendra vous récupérer, je ne me mêlerai pas ce de qui se produira.
L’air, à la limite de la panique, qu’il afficha confirma l’opinion de Rifar sur la musicienne.
— Et dans l’immédiat, vous allez descendre de cheval et les laisser se reposer.
Le ton glacial du caravanier aurait gelé les enfers et terrorisa Meghare.
— Comment allons-nous voyager ? demanda-t-elle d’une toute petite voix.
— Vous marcherez ! Cela vous fera les pieds !
Dès que les deux jeunes gens furent descendus de leur monture, Rifar confia ces dernières à Vlad qui venait de le rejoindre. Le palefrenier les fit marcher un peu avant de les attacher à la voiture de queue. Le rythme lent de la caravane leur permettrait de se reposer.
— Vous deux, devant ! ordonna Rifar à Meghare et à Dercros.
Ils remontèrent la file de voitures jusqu’à se retrouver quelques perches en tête du convoi. Posasten donna alors le signal du départ.
Au bout de cinq longes, Dercros donna des signes de fatigue. Il trébuchait de plus en plus souvent. Trop protégé, comme beaucoup de stoltzt nés après la guerre, il n’avait jamais fait d’efforts. Heureusement ils n’étaient pas tous dans ce cas, sinon la génération actuelle aurait mené l’Helaria à sa perte.
— Montez dans le chariot, lui ordonna Rifar.
Dercros ne se fit pas prier. Il laissa le premier véhicule arriver à sa hauteur et grimpa jusqu’au banc du conducteur. En revanche, Meghare continua à marcher. Rifar se porta à sa hauteur.
— Je vous ai dit que vous pouviez monter à bord.
En réponse, elle lui renvoya un regard hostile.
— Comme tu veux, dit-il enfin. Mais je te préviens, au bivouac, je ne te masserai pas les jambes et je ne soignerai pas tes ampoules aux pieds.
En disant cela, Rifar savait qu’il mentait. Il aurait donné n’importe quoi pour poser les mains sur jambes en question. Surtout que si lui ne le faisait pas, derrière lui seize volontaires étaient prêts à lui rendre ce service. Et l’idée que l’un d’eux put la toucher lui était insupportable.
Au bout d’un monsihon, Rifar se désaltéra de quelques gorgées d’eau. Meghare jeta un coup d’œil vers la gourde. Rifar remarqua son manège. Il la lui tendit. Elle leva la tête, fière, et refusa. Pourtant, le caravanier voyait qu’elle était fatiguée et certainement assoiffée.
— De quel droit me punissez-vous ? demanda-t-elle enfin. Je ne suis pas votre fille.
— À partir du moment où vous avez choisi de vous intégrer ma caravane, vous respectez mes règles. N’importe lequel de mes hommes aurait subi sa punition sans broncher si je lui en avais infligé une.
Meghare envoya un regard assassin au jeune homme.
— Au fait, savez-vous pourquoi vous êtes punie ?
— Parce que j’ai désobéi à Saalyn ?
Rifar éclata de rire.
— Vous êtes une adulte censée être responsable de vos décisions. Vous êtes libre d’aller où vous le désirez. Sur ce plan, c’est plutôt pour Dercros que je m’inquiéterais. Et si en fin de compte je me suis trompé, eh bien vous vous expliquerez avec elle. Si je vous ai punie, c’est à cause de la façon dont vous avez maltraité vos chevaux. On ne les pousse pas à leurs limites comme vous l’avez fait. On ne galope pas sur une route parsemée de cailloux qui pourraient rouler sous leurs sabots. Vous avez de la chance qu’ils ne se soient pas cassé une jambe.
— Il n’y a pas de cailloux sur les routes naytaines.
— Sur celle-là, si. Lynn vient à peine d’entrer en fonction. Tout le long de cette route se construisent des refuges et des auberges devant absorber le trafic attendu d’ici un à deux ans. Cette route ne pourra être achevée qu’une fois tous ces travaux terminés.
Meghare ne sembla pas apprécier la leçon. Elle détourna le regard et fixa la route droit devant elle. Au bout d’un monsihon supplémentaire, comme une confirmation des dires de Rifar, elle trébucha sur une pierre. Elle serait tombée si le caravanier ne l’avait pas rattrapé par le bras. Elle était fatiguée et elle avait mal aux pieds. Rifar estima que la punition était terminée. Elle l’était depuis longtemps en fait, c’était sa fierté qui avait poussé la jeune femme à s’infliger cela. Il la hissa sur son cheval et l’installa sur la selle devant lui. Les deux jambes du même côté, elle était idéalement placée pour appuyer sa tête contre la poitrine du jeune homme. Et cette position instable fournit une excuse à Rifar qui put lui enlacer la taille de ses bras. Épuisée, bercée par les pas réguliers du cheval, elle ne tarda pas à s’endormir.
Ce fut l’immobilisation de la monture et la voix grave de Rifar qui réveilla Meghare. Elle ouvrit les yeux pour se repérer. Ils venaient de croiser une autre caravane remontant vers le nord et les deux chefs parlementaient. Rifar n’était là que pour surveiller que tout se passe bien. Il discutait un peu à l’écart avec son homologue. Si ce dernier était surpris de la présence de la jeune femme, il n’en laissait rien paraître. Les petits coups d’œil fréquents qu’il lui jetait étaient dus davantage à sa beauté, que laissait transparaître sa tunique, qu’à la curiosité.
Afin de paraître à son avantage, elle adopta une position plus convenable, à califourchon sur le cheval. Elle arrangea ses cheveux et rajusta sa tenue puis adressa un sourire un peu timide au garde. Ce dernier avait l’allure sèche des Naytains de la région de Tolos. Dans cette ville, le désert empoisonné tout proche rendait obligatoire la culture sous serre. Cela limitait les surfaces agricoles. Elle si elle produisait des fruits et légumes à profusion, elle était dépourvue de céréales. Quant à l’élevage, en dehors du jurave, il ne fallait pas y compter. Ce fut donc sans surprise que Meghare constata que les six premiers chariots transportaient du blé et qu’autant d’autres étaient chargés de maïs. Les autres chariots étaient trop loin pour qu’elle pût voir leur contenu, mais Tolos n’avait pas que des besoins en nourriture. Chaque jour, des dizaines de convois similaires convergeaient de tout le royaume pour alimenter la grande ville du désert et sa région alentour.
La logique aurait voulu que la région soit abandonnée. Cependant, les Tolosiens étaient ceux qui avaient payé le plus lourd tribut lors de la guerre contre les feythas. Leur territoire se trouvait aujourd’hui en majeure partie sous les sables empoisonnés. Quitter la dernière cité de leur ancien royaume aurait fait d’eux des apatrides au sein de leur propre pays. Heureusement, la proximité du Chabawcks faisait de cette ville la principale pourvoyeuse en objets de bronze du monde entier, ce qui en faisait la ville la plus riche du pays. Il suffisait de voir le manteau de leur capitaine des gardes pour s’en convaincre.
Meghare s’intéressa à la conversation.
— Je constate que votre escorte comporte des gardes épiscopaux, remarquait le Tolosien. Cela signifie-t-il qu’un prêtre vous accompagne ?
— En effet, nous avons une prêtresse de Nertali parmi nous, confirma Rifar.
Le capitaine sembla déçu.
— J’avoue que j’aurai préféré un dieu plus martial, capable de protéger la caravane.
— Que reprochez-vous à Nertali ? demanda Meghare.
— D’être trop douce. C’est d’une épée dont nous avons besoin, pas d’amour.
— Nertali n’est pas dénuée de force et sa prêtresse Arda de Bayne joue parfaitement son rôle d’intercesseurs.
— Il est vrai qu’elle prend son rôle de prêtresse de l’amour très au sérieux. Elle met du cœur à l’ouvrage, plaisanta Rifar.
Il s’attendait à un rire de connivence de la part du capitaine naytain. Tout ce qu’il obtint fut un regard sombre. Il avait oublié à quel point les Naytains étaient pieux, au point d’avoir confié le pouvoir temporel aux prêtres. Heureusement, le Naytain reprit bien vite sa conversation avec Meghare.
— Vous avez bien évoqué Bayne ? s’assura-t-il.
— Elle-même, confirma Meghare.
— Pourquoi n’aviez vous pas dit de qui il s’agissait tout de suite ? Cela va constituer un honneur d’être béni par une telle prêtresse.
La réaction du capitaine surprit Rifar. Il croyait que le respect que Meghare lui manifestait était dû à la proximité de Bayne et de Burgil. Or, même un Tolosien la connaissait.
— Qu’a donc de si spécial Bayne pour que vous la respectiez tant ? s’enquit-il.
— Si l’ancien vidame de Burgil n’était pas mort si prématurément, elle aurait hérité de sa place et serait certainement aujourd’hui notre archiprélat, expliqua-t-il.
— Elle était trop jeune pour inspirer la confiance des fidèles, et le seigneur Serig trop expérimenté. Il a réussi à enlever la vidamie à Arda, ce qui lui a valu d’être rétrogradée au rang d’éparque, ajouta Meghare.
— Serig est retors et ne se laissera pas souffler la vidamie comme cela. En plus, il semble bien parti pour devenir lui même archiprélat ce qui laissera le champ libre à Arda. Et dans quinze ans au plus tard, elle arrivera à décrocher le poste.
Arda archiprêlat. Rifar était loin de se douter que cette femme qu’il avait recueillie sur la route ait failli atteindre un rang aussi élevé. Et ses chances n’étaient pas nulles d’y parvenir. Malheureusement, d’après les pronostics du Tolosien, elle serait vieille à ce moment, plus de quarante ans (soixante de nos années) et ne resterait pas longtemps à la tête de la Nayt.
— Puisqu’on parle du hofec, justement, la voilà, fit remarquer Rifar.
En effet, Arda avançait vers eux d’un bon pas. Sans qu’il comprenne pourquoi, elle lui fit aussitôt penser à Saalyn. Les deux femmes ne se ressemblaient pas pourtant. La couleur de leur peau, de leurs cheveux, leur coiffure, jusqu’à leur silhouette, était différente. Et pourtant, son attitude évoquait la chanteuse. Il faut dire que la prêtresse portait une tenue empruntée à cette dernière et qu’en plus, elle avait adopté sa manière de nouer les pans de son chemisier au lieu de le boutonner, ce que Saalyn préférait quand il faisait très chaud comme ce jour. Et qu’une Naytaine se découvrit autant – elle avait la taille nue – était surprenant. S’il n’avait pas su que Bayne se trouvait très au sud du pays, dans les basses terres de la Nayt, il l’aurait deviné rien qu’à ce détail. Elle n’avait de toute évidence pas grandi sous la menace constante des poussières empoisonnées du désert.
Intrigué par le silence soudain de son interlocuteur, Rifar quitta la prêtresse des yeux et revint sur lui. Ce dernier était subjugué par la vision de Bayne. Ce n’était toutefois pas la femme qu’il regardait, malgré sa beauté, mais bien la représentante de la déesse sur terre.
Le Tolisien mit pied à terre et se dirigea vers Bayne. L’un en face de l’autre, ils discutèrent un moment. Ils étaient trop loin et Rifar qui maîtrisait mal le naytain ne comprenait rien. Toutefois, la jeune femme affichait un air enjoué, bien différent de sa démarche décidée un un plus tôt. Finalement, l’homme se mit à genoux.
Rifar ne put en voir plus. Un membre de sa propre escorte revenait vers lui.
— Capitaine, à une centaine de perches, il y a un lac d’eau saine. Enfin, le lac n’est pas sain, mais la rivière qui se jette dedans, si.
— À la bonne heure ! s’écria-t-il. Nous allons pouvoir réparer les erreurs de cette jeune écervelée et de son étourdi de compagnon.
— Quelles erreurs ? demanda Meghare sur un ton vexé.
Rifar ignora la question.
— Conduisez leurs chevaux s’y abreuver et laissez-les se reposer un peu.
— Je m’en occupe, répliqua la jeune femme.
— Excellente initiative.
Elle descendit du cheval. Dès qu’elle posa le pied sur le sol, elle poussa un cri de douleur. Elle serait tombée si Rifar ne l’avait pas rattrapé. Il la rejoignit et la souleva dans ses bras. Elle se laissa faire tant elle avait mal. Il la déposa sur un rocher obligeamment placé sur le bord de la route. Ses aspérités érodées indiquaient qu’il avait dû servir de siège à des centaines de voyageurs.
— Faites-moi voir ce pied, ordonna Rifar.
Docilement, elle releva la jambe. Il l’attrapa sous le mollet et reposa le talon sur ses cuisses. Puis il entreprit de défaire le lacet qui maintenait la bottine en place. Une bottine de bien bonne qualité qu’une simple domestique ne pouvait s’offrir. Il avait été un peu prompt à la classer dans cette catégorie. Il s’était basé sur sa mise peu luxueuse. Pourtant Saalyn, Ksaten et maintenant Arda étaient habillées à l’identique. C’était le confort qui avait présidé à leur choix, pas l’argent. Rifar penchait maintenant en direction d’une fille de bourgeois aisé. En plus, cela cadrait mieux avec le but affiché de son voyage. Jamais un domestique n’aurait eu les moyens d’envoyer sa fille étudier à Sernos.
Sous la bottine, il découvrit une épaisse chaussette de laine destinée à protéger le pied des ampoules. Et elle avait bien rempli son rôle puisqu’il en vit très peu en l’ôtant. La douleur s’expliquait plutôt par l’hématome qui lui marbrait une partie du pied.
Délicatement, il explora la surface de la peau à la recherche d’un point sensible. Il n’obtint rien de plus qu’un tressaillement. En revanche, quand il fit jouer l’articulation, elle poussa un cri et retira sa jambe par réflexe.
— Je vois ce que c’est, dit-il. Rien de cassé, mais il va falloir bander sinon ça ne guérira pas comme il faut.
Elle hocha la tête. Pourtant Rifar eut l’impression qu’elle ne comprenait pas de quoi il parlait, se contentant de lui faire confiance. Il la laissa un instant le temps d’aller chercher la trousse de soins dans le chariot de l’intendance. Quand il revint, elle était toujours assise sur son rocher, mais elle n’était plus seule. Un Tolosien était venu lui tenir compagnie. En voyant Rifar revenir, il lui adressa un salut rapide, puis il s’éloigna.
— Que voulait-il ? demanda Rifar.
— Pas grand-chose. Juste la compagnie d’une femme.
— Parler seulement ?
Comme seule toute réponse, elle lui renvoya un sourire ironique.
— De toute façon, je n’étais pas intéressée.
— Faites attention. Certains hommes sont violents parfois et prennent ce qu’ils veulent de force.
Il avait repris ses soins tout en discutant. Elle tressaillit quand il lui appliqua la pommade sur la peau.
— Je ne suis pas si innocente, badina-t-elle, j’ai quatorze ans déjà. Je sais ce que c’est un homme. Il m’arrive même de leur donner ce qu’ils veulent, quand ils ont su me plaire.
Tout en enroulant la bande autour de la cheville, il avait noté la dernière phrase. Bien que dite sur un ton presque indifférent, elle lui apprenait qu’elle n’était pas vierge, voire qu’elle était ouverte aux propositions.
— Et celui-là vous plaisait-il ? demanda-t-il innocemment.
— Sa silhouette était pas mal et sa barbe bien taillée montrait qu’il prenait soin de lui. Pourtant, il empestait.
— Ce qui ne présente rien d’anormal sur cette route où peu d’auberges sont en fonction et les occasions de se nettoyer rares. Il n’y en a pas encore assez pour tous les voyageurs. Il faudra attendre encore un ou deux ans si on veut s’y déplacer dans des conditions confortables.
— Cela veut-il dire que nous allons tous finir comme cela ?
— J’en ai peur. Les humains au moins. J’ignore ce qu’il en est des stoltzt.
— Que Deimos nous prenne en pitié.
Tout en relaçant la chaussure, Rifar ne put s’empêcher de sourire en entendant l’exclamation.
— C’est fini, annonça-t-il enfin, essayez de marcher.
— C’est un peu serré, fit-elle remarquer.
— C’est normal, il faut maintenir la cheville le temps que vous guérissiez.
Soutenue par le caravanier, elle se releva sur sa seule jambe valide. Rifar lui enserra la taille d’un bras pour l’aider à tenir debout. Puis, prudemment, elle posa le pied blessé sur le sol.
— Alors ? demanda-t-il d’un air empreint d’inquiétude.
— C’est douloureux, mais c’est supportable.
Lentement, il la lâcha, tout en restant à porté au cas où elle serait tombée et qu’il aurait dû la rattraper. Ce ne fut pas le cas. Elle fit quelques pas puis revint le Rifar. Elle posa une main sur l’épaule du jeune homme pour garder l’équilibre et releva le pied blessé. Pendant son court trajet, le caravanier avait pu voir qu’elle boitait et même si elle essayait de le cacher, marcher la faisait souffrir.
— Ça ira, dit-elle.
— Il est préférable que vous voyagiez assise par la suite.
— C’est préférable, confirma-t-elle.
— Vous prendrez place sur le chariot de l’intendance.
Elle se pencha pour voir à quelle position il se situait dans la caravane. Comme il abritait l’infirmerie, il était surmonté d’un fanion rouge qui permettait de le repérer immédiatement. Il était aussi le seul à bénéficier d’un escalier rétractable.
— Il est loin, gémit-elle.
— Je vais vous aider.
Sans cérémonie, il la souleva dans ses bras. Elle poussa un cri de surprise quand elle se sentit basculer et s’accrocha au cou du caravanier. Mais elle ne se débattit pas. Rifar était assez musclé pour ne pas la laisser tomber. Elle se sentait en sécurité dans ses bras. Et quand il la déposa sur le banc qui devait l’accueillir pendant le reste du voyage, elle éprouva du regret.
Après plus d’un monsihon d’attente, la caravane redémarra. Rifar ne savait pas ce que Posasten avait gagné, cependant vu son sourire, les affaires avaient été bonnes.
'au cœur d’une cité encore dépourvue d’habitants' quel est l'intérêt au niveau politique ? L'emplacement du palais doit être stratégique, accès à l'eau, nourriture à proximité, défenses naturelles. Les ouvriers à eux seuls ont de quoi lancer un village.
'avant que Rifar réintègre sa chambre.' ajouté ne - 'avant que Rifar ne réintègre sa chambre.'
'Même Daisuren semblait satisfaite. Pourtant, vu son âge, il doutait que ce fût entre les bras d’un homme qu’elle avait trouvé du plaisir.' alors quand tu as été élevée dans un pays à la con (ou une famille à la con), ça laisse des traces, des réflexes. Il lui faudra du temps pour changer.
Que fait Meghare avec un type à la salle mentalité qu'est Rifar ? Qu'est-ce qu'elle lui trouve ?
Bien joué pour le respect des chevaux !
'Elle si elle produisait des fruits' faute de frappe : 'Si elle produisait des fruits'.
' Il croyait que le respect que Meghare lui manifestait était dû à la proximité de Bayne et de Burgil. Or, même un Tolosien la connaissait' je ne comprends pas ce passage.
'— Puisqu’on parle du hofec, justement, la voilà, fit remarquer Rifar.' pourquoi tu introduis maintenant un hofecy ?
'bien différent de sa démarche décidée un un plus tôt.' faute de frappe : 'bien différent de sa démarche décidée un plus tôt.'.
Tu peux évoquer le fait de faire reposer les chevaux dans la rivière, pour resserrer les tendons des jambes.
'Elle serait tombée si Rifar ne l’avait pas rattrapé' la scène se répète, aurais tu d'autres termes pour la décrire ?
'Et elle avait bien rempli son rôle puisqu’il en vit très peu en l’ôtant. ' si tu as déjà une ampoule au pied, tu ne marchés plus fièrement...
'— Que Deimos nous prenne en pitié.' ponctuation : '— Que Deimos nous prenne en pitié !'.