Hans s’effondre à mes pieds. Je n’ai pas eu assez de force pour le retenir. Celui-ci se recroqueville sur lui-même, le visage déformé par la souffrance. Mon premier réflexe est de l’appeler, mais cela ne sert à rien. Il n’entend plus. Je me lève et cours vers ma porte. J’arrive à me contrôler in extremis juste avant d’ouvrir. Isis attend toujours sur le pas de la porte. Elle se tourne vers moi.
- Va chercher Vincent, lui ordonné-je en tentant de calmer les tremblements de ma voix.
Ne voyant pas la jeune fille bouger, je m’exclame brusquement :
- Tout de suite !
Je claque derrière moi en entendant un râle. Lorsque je me retourne, je manque de défaillir. Dépêche-toi, Vincent, le supplié-je. Je retrouve ma place aux côtés d’Hans. Il s’est mis à cracher du sang. Encore et toujours. Je tente de rester calme. Hans m’a expliqué ce qu’il fallait que je fasse dans ces moments-là. Rien. Cependant, je suis inquiète. Cette crise semble inhabituelle. Elle dure trop longtemps et semble d’une violence extrême. Entre deux toux, Hans articule difficilement mon prénom, je me rapproche de lui.
- Pardon, déclare-t-il.
Son regard devient vitreux. Je place mes mains sur ses joues.
- Hans, tu m’entends. Tiens bon Vincent arrive.
Aucune réponse. Un sentiment de panique m’envahit. Je l’appelle un peu plus fort. Toujours rien. Je lui donne une gifle.
- Reste avec moi ! hurlé-je. Hans !
- Elena.
Je me retourne. Vincent est sur le pas de la porte. Il ferme à clé derrière lui et se rue vers nous.
- Pousse-toi ! m’ordonne-t-il.
Je recule. J’attrape ma tête et craque pour la première fois depuis longtemps.
Les minutes s’écoulent. Vincent ne dit rien. Je voudrais lui parler, mais je n’ose pas l’interrompre. Alors que je suis au plus mal, celui-ci m’appelle enfin. Je me hâte de me mettre à ses côtés. J’observe Hans. Il semble si paisible.
- Il est sorti d’affaire, m’informe Vincent.
Je m’accroupis au côté de mon compagnon et glisse mes doigts sur son front trempé de sueur. Vincent pose une main sur mon épaule.
- Qu’est-ce qui s’est passé ? demandé-je.
- Il a eu une crise, rien de plus.
Je serre les dents.
- Ne me mens pas, Vincent. J’ai déjà vu Hans avoir des crises et ça, ce n’était pas normal. Avant de s’effondrer, Hans t’a mentionné. Qu’avez-vous fait ?
Mon ami pâlit légèrement avant de déclarer calmement :
- Nous avons testé un remède.
J’écarquille les yeux. J’ai dû mal comprendre.
- Vous avez fait quoi ? murmuré-je, mi-horrifiée, mi-surprise.
- Testez un remède, répète-t-il.
Des images des différents cobayes que j’ai achevées se déversent dans mon esprit. Je réprime un haut-le-cœur. Je reprends la parole, mais la rage est à peine cachée dans ma voix :
- Qui a voulu faire ce test ?
- Hans, m’avoue Vincent après une hésitation.
Je l’empoigne violemment.
- Pourquoi l’avoir fait ? m’exclamé-je.
- Il a insisté.
Je lui lance un regard furieux.
- Tu aurais dû lui fournir un flingue, cela aurait été plus rapide.
Le visage de Vincent vire au rouge et se dégage.
- Hans est mon ami et jamais je ne jouerais avec sa vie. Mets-toi bien ça dans le crâne.
- Ce n’est pas le sentiment que tu me donnes, craché-je.
- L’échec existera toujours.
Je le frappe. Il se retient de justesse pour ne pas tomber. J’ai les larmes au bord des yeux.
- Je me fiche de tout ça. Hans doit vivre alors trouve-toi un autre cobaye.
À l’instant où je prononce ces mots, je sais que j’ai commis une erreur. Vincent me contemple, éberlué, avant de se redresser calmement.
- Ne me mets dans le même panier qu’eux, déclare-t-il d’un ton glacial.
L’instant d’après, on perçoit un mouvement à côté de nous. Hans revient à lui. Vincent se détourne de moi et reporte son attention sur son patient.
- Comment te sens-tu, Hans ?
- Mal, répond péniblement le malade.
- Tu penses être en état pour m’accompagner ? demande Vincent.
Hans respire longuement avant d’opiner de la tête. Notre médecin l’aide à se relever. Pendant qu’Hans se dirige lentement vers la sortie, Vincent s’abaisse pour récupérer ses affaires. Je me place face à lui. Je lui dois des excuses.
- Pardon, Vincent, tout à l’heure mes mots ont dépassé… »
Il me coupe.
- Tu ferais bien de faire attention la prochaine fois au risque de perdre tes seuls soutiens.
Mon médecin ne me permet pas de lui répondre. Il tourne les talons et quitte la pièce avec Hans sans un regard en arrière, me laissant là plus honteuse et désorientée que jamais.
Ceci dit, cela fait globalement peu de temps que Hans a recu l'injection d'origine, du coup, ca fait un peu bizarre qu'Elena affirme "j'ai deja vu ses crises, celle-ci n'etait pas normale", alors qu'il n'y a pas de normal. On dirait qu'elle parle d'une maladie chronique dont elle a vu les manifestations depuis des annees... ca fait juste quelques jours.
Il pose une main sur mon épaule. Je me dégage. > ca, je dois dire, ca rend Elena vraimnt pas sympathique. On sait qu'elle est sous pression, mais elle est tres insultante. Evidemment, ca ne fait que s'accentuer dans la suite du chapitre. On ne peut que lui souhaiter de bonnes reflexions apres ce qui vient d'arriver. Se passer les nerfs sur un ami qui l'a toujours soutenue et dont, au fond, elle connait la sincerite, on ne peut que lui souhaiter de murir et de sortir de ce schema.
je sais que j’ai commis une erreur. > la formulation ne me parait pas convenir a la situation. Elle donne l'impression que Elena cherche a manipuler Vincent et se rend compte qu'elle n'a pas employe la bonne tactique.
"Je sais que j'ai eu tort", ou "qu'est-ce qui m'a pris... ou je n'aurais jamais du faire ca" me paraitrait plus humainement juste et correspndrait mieux a l'Elena qu'on connait.
Il est sorti d’affaire, m’informe Vincent. > c'est vraiment tres vague. Peut-etre ajouter quelques details physiologiques, "son coeur bat a nouveau a un ruthme supportable ou la douleur n'a plus prise ou... un detail qui fasse "medical". :-)
Quelle intensite! On ne peut qu'esperer que Hans retrouve une certaine stabilite... et peut-etre meme se souvienne de qui il a vu dans les bois???
Bon courage pour la suite!
tout à l’heure mes mots ont dépassé > il s'agit aussi de ses actes! Elle a frappe Vincent, elle ne l'a pas juste insulte.