Deux semaines s’étaient écoulées depuis que Laura résidait au château. Roxy n’était pas revenue et la jeune femme l’avait cherchée partout avec l’aide d’Alexandre, mais en vain. Aucune trace du petit écureuil. Le prince lui avait répété de nombreuses fois que c’était un animal autonome qui se débrouillerait bien toute seule et Laura n’avait pas d’autres choix que de croire en cette possibilité, mais elle continuait tout de même de s’inquiéter pour ce petit animal qu’elle avait élevé et vu grandir.
Elle avait aussi reçu une lettre de sa famille, ce qui lui avait permis de penser à autre chose :
Notre très chère Laura,
Comment vas-tu ? J’espère que tout s’est bien passé et que tu es arrivée à Étéia sans problèmes. Alexandre est-il toujours aussi gentil ? Comment sont le roi Louis et la reine Cynthia ?
J’espère que tu as accepté de porter des robes ! Je te connais et je sais que tu n’aimes pas en mettre. Comment ce sont passés tes premiers jours au château ? Je ne sais pas si tu réalises la chance que tu as. J’ai tellement d’autres questions à te poser, mais je n’aurais jamais assez de place pour toutes les écrire. Je veux juste que tu saches que je t’aime et que je serai toujours là pour toi. Tu me manques énormément.
Ta maman qui t’aime.
Bonjour Laura ! Comment vas-tu ? Tu me manques beaucoup. La maison est tellement vide depuis que tu n’es plus là. À présent, je dois faire tous mes trajets à pied. C’était bien pratique tes portes…
Fait-il aussi chaud que cela sur Étéia ? As-tu vu du sable ? Tu n’oublieras pas de m’en envoyer, n’est-ce pas ? Maman m’a acheté un bocal pour en mettre dedans. Sinon, je suis impatiente que l’on se revoie. À bientôt.
Coralie.
Coucou Laura ! C’est maman qui écrit la lettre pour moi comme je ne sais pas encore lire et écrire. Tu te souviens du dessin que je t’ai fait ? Tu l’as accroché sur ton mur ? Est-ce que c’est bien la vie de princesse ? La nuit, quand j’essaie de m’endormir, je pense à toi et j’essaie de t’imaginer en robe de princesse avec le prince Alexandre. Tu me manques et quand je peux, je vais dans ta chambre, je ferme les yeux et je me souviens des bisous et des câlins que tu me faisais avant de me coucher. Tout ça me manque. Maman nous a dit qu’on se verrait bientôt dans ton château. On jouera ensemble ?
De Romain.
Laura versa quelques larmes en lisant cette lettre. Elle en voulait toujours à sa mère qui, en plus de l’avoir contrainte à se fiancer à un inconnu, lui faisait des reproches, mais avoir de leurs nouvelles lui fit tout de même du baume au cœur. Au château, sa famille lui manquait et, quelquefois, elle se sentait seule. Mais, heureusement, Alexandre était là et elle pouvait compter sur lui pour qu’il la réconforte. Le jeune prince avait toujours les mots pour aider les personnes malheureuses et tristes, et son sourire chaleureux était rassurant.
La reine Cynthia, aussi, était présente pour la princesse. Une fois, elle avait emmené Laura acheter un maillot de bain chez la couturière royale pour qu’elle puisse se baigner dans la mer. Pour Laura, c’était la première fois qu’elle touchait l’eau salée et le sable chaud et fin qui réchauffait les pieds et cela avait été une surprise agréable. Elle avait énormément apprécié la sensation de son corps soulevé par les vagues ainsi que le sel séchant sur sa peau qu’elle avait protégée en mettant une grande quantité de crème solaire.
Comme elle savait tenir ses promesses, elle prit plusieurs poignées de ces grains dorés qui ressemblaient à de minuscules grains d’or pour en envoyer à sa petite sœur, Coralie. Pendant un instant, Laura avait retrouvé son âme d’enfant et en avait oublié les manières qu’Alexandre lui avait enseignées, ce qui avait beaucoup fait rire la reine. Toutes les deux, elles s’entendaient à merveille. Cependant, le roi Louis, ne se préoccupait pas de Laura. Elle ne le voyait que lors des repas et c’était à peine s’il prononçait un mot. Laura avait l’impression qu’il faisait tout pour éviter de la croiser dans les couloirs du château. Une fois, dans la semaine, le roi avait organisé un bal et il ne l’avait pas invitée. Peut-être parce qu’il avait peur qu’elle ne sache pas danser, ou qu’il avait tout simplement honte de Laura, car elle n’était pas de sang royal. Mais, cela ne la dérangeait pas, au contraire, cela l’arrangeait puisqu’elle n’avait pas à se trouver dans la même pièce que cet homme. Et puis, elle n’aimait pas être au centre de l’attention et perdrait tous ses moyens lorsqu’elle devait parler devant un grand publique.
Après avoir lu la lettre de sa famille, Laura se leva de son lit et se dirigea vers son bureau. Elle prit une plume ainsi qu’un pot d’encre. Mais avant qu’elle ne trempe sa plume, quelqu’un frappa à la porte. La jeune femme se leva pour aller voir. Elle ouvrit la porte et découvrit un majordome. Il baissait le yeux (c’était un signe de respect envers les personnes de la haute société), puis, sans relever les yeux, il lui demanda :
« Excusez-moi de vous déranger, mademoiselle Laura, mais le roi Louis vous a convoquée dans la salle du Conseil. Sa majesté m’a demandé de venir vous chercher. Voulez-vous bien me suivre ? »
Laura hocha la tête et, sans prendre le temps de ranger ses affaires, emboîta le pas au majordome. « Que peut bien me vouloir le roi Louis ? se demanda-t-elle intriguée. Je n’ai rien fait de mal, j’ai suivi tous les conseils d’Alexandre à la lettre, j’ai porté des robes, je me suis bien coiffée, j’ai parlé comme il le fallait et j’ai même fait de mon mieux pour que tout ce que je fasse soit exécuté avec grâce et le sourire aux lèvres. S’il me reproche quoi que ce soit sur ma conduite, je hurle et je pars de cet endroit pour retourner sur Hiveria ! »
Le majordome la conduisit devant une porte. Il toqua et l’ouvrit pour Laura. Là, le roi Louis au regard tranchant, Alexandre et trois autres personnes qu’elle n’avait jamais vues auparavant, attendaient silencieusement qu’elle entre. La salle du Conseil était semblable à la chambre de Laura en plus grande et avec énormément de portraits représentant le roi. Laura ne posa aucune question et entra silencieusement dans la pièce. Le roi prit la parole et dit d’un ton hautain et autoritaire :
« Si je vous ai tous réuni ici, pour vous parler de la mission que je m’apprête à vous confier. Mais avant de vous en parler, connaissez-vous la légende du Collier des Quatre Saisons ? »
Seule Laura finit non de la tête. Elle en avait déjà vaguement entendu parler, mais ne s’en souvenait plus. Hiveria n’était pas une Saison très pratiquante et ses habitants étaient très peu éveillés aux légendes. Le roi reprit donc la parole et expliqua :
« Un jour, des quadruplées sont nées. C’était avant la Création, à l’époque où la Terre existait encore. En grandissant, elles découvrirent qu’elles étaient dotées de merveilleux et puissants pouvoirs. Mais lorsque la rumeur se répandit, plus personne n’osa s’approcher d’elles. Tout le monde en eut peur et les traita de démons. Même leurs parents les abandonnèrent et partirent vivre dans un autre pays. Les années passèrent et les quadruplées se proclamèrent déesses.
« L’une contrôlait la glace, la neige et le froid, elle se nommait Hiveria, la seconde, Printomnia, était la déesse de la vie, des plantes et des animaux, la troisième maîtrisait le feu, la chaleur et l'eau, elle se prénommait Étéia, enfin, la dernière, Automnia, était la déesse de la mort, du vent et de la pluie. Ensemble, sans doute pour se venger, elles décidèrent de séparer la Terre en quatre planètes et créèrent des êtres-vivants qui avaient, pour la majorité, des pouvoirs. Cette histoire, nous la connaissons tous. Mais en concevant ces quatre mondes, elles auraient inventé un collier qui contiendrait les pouvoirs de ces déesses. Celui qui porterait ce collier deviendrait un dieu immortel et obtiendrait les pouvoirs de ces déesses. Vous avez compris où je veux en venir. Je veux absolument ce collier et vous allez m’aider grâce aux pouvoirs que vous possédez. »
Le silence se fit pesant dans le bureau. « Comment ?! se dit Laura très surprise. Mais, je ne veux pas aider un roi comme lui à contrôler les quatre planètes ! Il ferait du mal à tout le monde ! Ce ne serait plus une monarchie, mais une dictature ! Et moi qui n’ai pas le choix ! Mais, à quoi serai-je utile dans toute cette histoire, et qu’est-ce qui m’empêcherait de ne pas l’aider et de fuir ? » Pourtant, la jeune femme se retint de faire part de son avis. Elle voulait d’abord en savoir plus à propos de cette légende.
« Mais, où se trouve le collier et quel rôle devrons-nous jouer ? l’interrogea finalement Laura après un long silence.
—Le collier se trouve au centre du Soleil, le lieu où demeurent les quatre déesses depuis la Création, expliqua-t-il de son habituel air supérieur. Ce sont elles qui le protègent, mais nous ne savons pas si nous aurons des difficultés à les atteindre. Vous, vous nous servirez à nous téléporter à l’intérieur grâce à vos portes. Le prince Alexandre utilisera sa vue pour voir là où vous devrez nous amener. Il vous décrira ce qu’il verra et vous ferez la fin du travail. Mais, ce ne sera que le début. C’est ici qu’interviendront les autres personnes dans cette pièce. Je les laisse se présenter. »
Une magnifique femme s’avança. Elle avait les yeux d’un bleu envoûtant et une longue chevelure blonde attachée en une queue de cheval haute ainsi que des lèvres charnues. Elle portait un débardeur blanc qui mettait en valeur sa poitrine, un mini short en jeans avec deux pistolets accrochés et de grosses chaussures aux pieds. Cela n’était pas une tenue convenable lorsque l’on était convoqué par le roi. Pourtant, elle ne semblait pas s’en préoccuper. Elle se présenta :
« Je m’appelle Louise. J’ai une force surdéveloppée, même si on ne dirait pas au premier coup d’œil, elle est surnaturelle. Mon rôle dans cette histoire est de vous protéger, le roi, Alexandre, les deux autres personnes présentes et toi. Mais ne te repose pas trop sur moi parce que je vais t’apprendre à te battre et à te défendre avant que l’on ne parte en mission. »
Elle parlait de façon autoritaire, ne semblait pas avoir peur du roi et se permettait de tutoyer Laura sans sa permission. Mais cela ne dérangeait pas celle-ci, elle sentait qu’elle s'attacherait très vite à Louise et qu’une personne comme elle, devait être un allié et non un ennemi.
La deuxième personne à se présenter à elle était un homme. Il s’était teint les pointes de ses cheveux en vert foncé et les avait ébouriffés et redressés. Il avait les yeux bruns et un sourire moqueur. Il portait un haut noir, une veste en cuir noire ainsi qu’un pantalon bordeaux. Laura le trouva très étrange. Il la regarda, tendit son bras vers l’avant, le pouce en l’air et déclama haut et fort :
« Moi, c’est Enzo. J’ai le pouvoir du bouclier. Je peux créer une bulle qui empêche tous les objets et la petite magie de passer. Mon rôle sera le même que celui de mon épouse, Louise. Je devrai vous protéger au péril de ma vie. »
Enzo était très enthousiaste, direct et possessif. Il précisait bien que Louise était sa femme.
La dernière personne à se présenter fut une femme d’environ une trentaine d’années. Elle était blanche comme la neige avec des yeux d’un bleu si pâle que, de loin, on aurait dit qu’ils étaient blancs, ses cheveux étaient attachés en une longue tresse brune avec quelques mèches blanches. Elle était vêtue tout de blanc avec une écharpe beige et des ballerines roses.
« Et moi, je m’appelle Sabine. Mon pouvoir est celui de la glace, je m’occuperai de garder la température moyenne du vaisseau pour que nous ne mourrions pas de chaleur. »
Des trois personnes, Laura ne savait pas laquelle était la plus étrange. La jolie Louise qui ne semblait avoir peur de rien et qui connaissait bien peu les bonnes manière, Enzo, un homme décontracté et possessif à la dégaine très originale, ou Sabine, polie et réservé, habillée chaudement sur la Saison de l’été ?
La jeune femme trouva pertinent de se présenter à son tour :
« Bonjour, je me nomme Laura et j’ai dix-neuf ans. Je peux déplacer des objets avec la pensée et je peux créer des portes qui me mènent là où je veux. Il me suffit de m’imaginer la pièce. »
Laura était perdue. Elle ne voulait pas aider le roi Louis, mais ne savait comme le lui dire ni quoi faire. Elle craignait le souverain d’Étéia et savait qu’un refus pourrait être dangereux pour elle, mais l’imaginer maître des mondes l’horrifiait bien plus que sa propre mort.
« Très b…
—Et si je refusais ? intervint la jeune femme. Et si je ne vous aidais pas à aller dans le Soleil ?
—Cela est simple, vous mourrez et elle aussi, répondit le roi Louis en claquant des doigts, un sourire sadique aux lèvres. »
Camille, la domestique de Laura, pénétra dans la pièce avec une cage dans les bras. Elle jeta un regard navré à Laura dont le visage se décomposa immédiatement. À l’intérieur de la cage se trouvait Roxy qui semblait tout affolée.
« Roxy ! s’écria la jeune femme horrifiée à la vue du petit animal enfermé. »
Laura voulut courir vers son écureuil, mais, un des gardes qui étaient dans le bureau l’en empêcha.
« Alors, mademoiselle Laura ? demanda le roi, heureux de la voir tant souffrir. Allez-vous m’aider à trouver ce collier ? »
Laura lui jeta un regard noir de haine.
« Vous êtes un monstre ! »
Le roi Louis la fixait sans ciller. Cette critique ne le blessait aucunement et à son sourire, il prenait un malin plaisir à voir les autres souffrir.
« O… Oui, se résigna Laura complètement soumise et désemparé, sachant qu’elle ne pouvait rien faire car, face au pouvoir du roi, elle était sans défense. C’est d’accord, je vous aiderai. Mais laissez-moi aller la voir, juste une minute. »
Elle fit voler un vase dans la pièce qui explosa sur le crâne du garde qui la maintenait immobile. Celui-ci s’effondra sur le sol, inconscient.
« Très bien, répondit le roi Louis exaspéré mais ne craignant en aucun cas Laura. »
La jeune femme se précipita vers la cage. Roxy poussa des cris de détresse à en briser le cœur.
« Ne t’en fais pas, Roxy. Je vais partir en mission et, dès que je reviendrai, je te ferais sortir d'ici, lui promit-elle en passant les doigts entre les barreaux de la cage pour caresser son petit animal. »
Elle se releva et se tourna vers Louis et les autres. Elle ne devait pas les décevoir. Même si elle n’aimait pas cela, elle le ferait car, de toute façon, elle n’avait pas le choix, sinon, Roxy et elles mourraient. Tandis que Camille s’en allait avec la cage et Roxy, le roi Louis reprit la parole d’un ton exaspéré et impatienté, le regard tranchant, comme à son habitude :
« Parfait, à présent que tout le monde est d’accord pour m’aider, nous pouvons commencer. Louise ainsi qu’Enzo, je vous prie d’accompagner mademoiselle Laura et le prince Alexandre dans la salle de combat. Vous leur confierez des armes et des tenues adaptées et vous les entraînerez au combat. Et, enfin, Sabine, je vous préviendrai lorsque j’aurais besoin de votre aide. Vous pouvez tous disposer, à présent. »
Louise vint s’agripper Laura par le bras et la tira vers la sortie, suivie d’Enzo et d’Alexandre. Louise semblait connaître le château comme sa poche, car elle parlait à Laura sans regarder où elle mettait les pieds ni la direction qu’elle prenait.
« Je suis née à Étéia, lui racontait-elle le sourire aux lèvres. J’ai connu le roi Louis lorsqu’il avait cinq ans et moi, je venais de naître. Il était amoureux de moi, mais, lorsqu’il m’a fait sa déclaration, il avait dix-huit ans et moi treize, je l’ai envoyé balader. Pour moi, ça n’était qu’un ami d’enfance. Il n’a pas apprécié, mais il ne m’a jamais empêché de venir au château. C’est comme ma deuxième maison. Et puis, j’ai rencontré Enzo à vingt-cinq ans et ça a été le coup de foudre. Un an après notre rencontre, il me demandait en mariage. Tu ne peux pas savoir à quel point j’étais heureuse de pouvoir vivre le restant de mes jours avec lui et s’il devait mourir, je me sacrifierai pour lui, ou s’il est trop tard, je mourrais avec lui. »
Elle se retourna pour voir Enzo et lui fit un magnifique sourire rempli d’amour. Il le lui rendit, puis, elle se tourna vers Laura et continua à lui raconter sa vie :
« Aujourd’hui, j’ai trente-huit ans et… »
Laura ne l’écoutait que d’une oreille. Elle n'en revenait pas que le roi puisse faire une telle chose. Emprisonner son écureuil dans une toute petite cage et lui faire du chantage à propos de la vie de ce petit animal et la sienne était odieux. « Il me le paiera ! se disait-elle. Dès que je trouverai un moyen de récupérer Roxy, je me vengerai et je m’en irai sans l’aider à trouver ce fichu collier ! Il se débrouillera tout seul ! Je me fiche de son pouvoir de torture ! Il n’aurait jamais dû toucher à ma Roxy ! »
La salle de combat, comme l’appelait le roi Louis, était, en fait, un immense dojo. Louise accompagna Laura dans les vestiaires où elles se changèrent. En revenant dans la salle de combat, Alexandre et Enzo avaient déjà commencé l’entraînement. Les filles prirent la moitié de la salle et les garçons, l’autre partie. Ils travaillèrent pendant environ quatre heures et, lorsqu’ils arrêtèrent, le soleil avait déjà commencé à se coucher. Laura était épuisée et peinait à tenir sur ses jambes tellement elle avait fait d'efforts. Elle n’était pas particulièrement sportive, elle savait donc que le lendemain, elle souffrirait à cause de courbatures.
Lorsqu’elle rentra dans sa chambre, la première chose qu’elle fit, ce fut de se jeter sur son grand lit moelleux et de s’étendre de tout son long. « À bat la bienséance ! pensa-t-elle, soulagée que personne ne soit là pour critiquer sa conduite. »
Puis, elle repensa à Roxy. La pauvre. Elle devait avoir peur et se sentir seule et abandonnée. La bonne nouvelle était que son écureuil était toujours vivant et qu’il n’avait pas fui, la mauvaise, c’était qu’il était entre de très mauvaises mains.
Soudain, un bruit résonna dans la salle de bain de ses appartements. Camille, la domestique, chargée du ménage de la chambre, en sortit, confuse et voulu s’en aller. Laura lui ordonna de lui dire où se trouvait Roxy mais la pauvre adjuvante se fondit en excuses, lui expliquant qu’elle ne pouvait le faire puisque le roi Louis l’en avait défendue. Elle parvint à quitter les appartements de la Dauphine qui fulminait.
Pour se changer les idées, elle décida de prendre un bain. Elle retrouva, ensuite, Louise, Enzo, Sabine, la famille royale et d’autres nobles dans la grande salle à manger. Elle se plaça entre la reine et Louise et en face d’Alexandre. Pendant tout le repas, Laura garda le silence. Elle était bien trop occupée à penser à l’endroit où elle pourrait trouver Roxy et à la façon de la récupérer. Mais elle fut bien obligée d’en arriver à la conclusion que s’était impossible puisqu’elle avait visité presque toutes les pièces du château et que celles qu’elle n’avait pas vues étaient gardées par plusieurs gardes. Elle ne pouvait pas non plus créer une porte pour y entrer puisqu’il fallait qu’elle se représente une pièce qu’elle avait déjà visitée ou qu’on lui décrivait.
Après avoir bien dîner, Laura retourna dans sa chambre pour se coucher, mais avant de se mettre dans son lit, elle se souvint de la lettre qu’elle n’avait pas encore commencé à écrire. Elle alla jusqu’à son bureau et prit la plume qu’elle avait oublié de ranger lorsque l’adjuvant était venu la chercher, la trempa dans le pot d’encre et écrivit de sa plus belle écriture :
À ma chère famille,
Bonjour maman, Coralie et Romain. Comment allez-vous ? Ici, tout va bien. Le voyage s’est très bien déroulé et Alexandre m’a appris à me comporter comme une princesse, à ma grande déception. Et, oui maman, j’ai fini par accepter de porter des robes.
L’arrivée sur Étéia fut bien compliquée. J’ai eu un gros coup de chaleur, je n’arrêtais pas de vomir et je ne tenais plus debout tellement j’étais faible. Mais, maintenant, je vais mieux et je me suis un peu accoutumée à cette chaleur étouffante. Recevoir votre lettre m’a fait un bien fou et m’a permis de l’oublier pendant un bref instant.
Coralie, je suis allée à la plage et je t’offre du sable (ainsi que de très beaux coquillages en supplément), comme tu me l’as demandée. Tu verras, lorsque tu viendras, la plage est magnifique et la mer est d’un incroyable turquoise transparent, le sable est doré au soleil et il y a même de grands palmiers. La reine Cynthia est une femme merveilleuse, elle est très gentille. Elle m’a emmenée acheter un maillot de bain pour que je puisse nager dans l’eau et j'ai bu la tasse. Je peux vous dire que ça n'est pas bon, car elle est très salée. Le soleil est très puissant là-bas et j’ai déjà eu quelques coups de soleil. Mais rien de très méchant, ma peau qui était si blanche à mon départ qu’elle a viré au rouge et commence tout juste à bronzer.
Romain, en rangeant les affaires de mes valises, j’ai pris ton dessin et je l’ai accroché sur mon mur. Tous les matins, je le regarde en pensant à toi. Le jour où vous viendrez, on jouera ensemble, c’est promis. Et peut-être qu’Alexandre jouera avec nous aussi. Il est très gentil, comme sa mère.
Maman, ne t’en fais pas pour moi, tout va très bien. Cela n’a pas été facile de s’adapter au climat ni à la vie de princesse (je me suis perdue plusieurs fois dans le château), mais, à présent, tout va mieux. Qu’as-tu fait de mon ancienne chambre ? Je veux bien la donner à Coralie ou à Romain. Mais je la récupèrerai lorsque je viendrai vous rendre visite ! J’espère avoir répondu à une grosse partie de vos questions, mais, je n’ai plus la place, je vais manquer de papier. Je vous aime tous et à bientôt. Passez le bonjour à papa de ma part.
Laura qui vous adore.
La jeune femme avait pris la précaution de ne pas parler de l’injonction du roi Louis pour ne pas les inquiéter. Elle ne savait pas ce qu’elle dirait à sa mère si elle le découvrait, mais elle n’avait pas le temps de penser à cela. Elle se coucha pour de bon. Demain et les autres jours s’avéraient être très difficiles, épuisants et éprouvants.