J’ai dormi une bonne partie de l’après-midi pour être sûre d’être en forme ce soir. J’ai inquiété Laurine avec mon prétexte d’être un peu malade, mais, après un repas où j’ai bien mangé, elle m’a laissée tranquille. C’est maintenant la nuit, surtout représentée par le changement de teinte des lumières des projecteurs. Seuls les principaux restent allumés, puisqu’ils ne profitent qu’aux rares noctambules. Il paraît que dans le niveau des divertissements, ce n’est pas le cas et qu’il est du coup très difficile de différencier la nuit et le jour.
Une fois que Glenn est endormi dans la chambre d’à côté, je me faufile hors des draps. Je récupère sous mon lit les vêtements sombres que j’ai préparés et je m'habille en essayant de limiter le bruit. De l’autre côté de la vitre, l’huka danse, plus dense que d’habite. J’ai presque l’impression qu’elle me fait la morale de fuguer comme ça. Je vérifie dans ma poche que les clés de l’appartement s’y trouvent bien. Je les ai volées avant le repas. Nathan laisse toujours sa veste traîner n’importe où, c’était facile. Il suffira de tout bien remettre avant demain matin.
Il me reste plus qu’à aller discrètement retrouver l’autre idiot au lurex. J’ai besoin de ces réponses et j’espère qu’il pourra me les donner, qu’il me tourne pas juste en bourrique. Si c’est ça, il se prendra un coup de pied bien placé. On se moque pas de moi sans conséquence.
Silencieusement, je quitte ma chambre et referme la porte derrière moi. Sur la pointe des pieds, mes chaussures à la main, j’avance dans le couloir. J’ai une hésitation face à la lumière qui provient du salon. Je vérifie à ma montre. Il est onze heure. Nathan et Laurine sont toujours couchés ou en train de travailler à cette heure. Ils ont bien choisi leur soir pour changer de leurs habitudes.
Qu’est-ce que je fais ? Avec un peu de chance, ils regardent la télé et je pourrais passer discrètement. Je tends l’oreille en croisant les doigts pour reconnaître une émission quelconque. Pas de bol. Nathan et Laurine discutent. En faisant un peu plus attention, je constate qu’ils ont même l’air pas mal énervés. Laurine surtout. Nathan est pas capable de s’agacer de quelque chose.
— Arrête de faire comme si tout allait bien ! s’exclame Laurine. Les premiers mois, je voulais bien croire à l’état de choc, mais là… Le comportement d’Ariane est tout sauf normal ! Elle… Elle ne ressemble pas à une enfant normale, tu l’aurais remarqué si tu ne fuyais pas dans le travail !
Un silence, pendant lequel Nathan tente de calmer la situation d’une voix douce.
— Elle a bon dos, l’amnésie ! Les médecins avaient tous affirmé que sa mémoire reviendrait avec le temps, mais rien. Cela fait déjà un an ! Tu verrais sa tête quand j’essaie de réveiller ses souvenirs en parlant du passé… J’ai l’impression d'avoir ma mère qui me lance son regard glacial… Ce n’est absolument pas le comportement d’une enfant de onze ans ! Parfois, elle a des réflexions d’adulte et la seconde d’après, elle va s’extasier sur une crêpe comme si elle en avait jamais mangée !
— Elle… Elle a besoin de temps. Tu ne voudrais quand même pas qu’on l’abandonne, non ? Les Asuka risquent de mal le prendre…
— Non, bien sûr que non, soupire Laurine.
D’un coup, elle paraît fatiguée, toute colère envolée.
— C’est juste que… je pense que le souci est plus grave que ça et qu’on n’est pas capable de l’aider comme il le faudrait… Il existe des structures plus… compétentes que nous pour ce genre de problème. Ce n’est pas en continuant de faire comme si tout allait bien que ça s'améliorera. Je… Elle ne parvenait quasiment pas lire, et parfois, certains réflexes… Je suis certaine qu’elle a été battue avant. Au début, quand j’avais des mouvements trop brusques, elle reculait instinctivement… Il faut que tu te renseignes, on ne pourra pas l’aider sinon.
Pendant un long moment, Nathan ne répond pas. Je l’imagine sans mal pencher la tête d’un côté puis de l’autre, comme à chaque fois qu’il hésite ou qu’il sait pas quoi dire.
— Je… Laissons-lui un petit peu de temps, d’accord ? La période est difficile pour beaucoup, ce n’est sûrement que ça. Je ne vais pas déranger les Asuka pour… des suspicions.
J’entends le soupir de Laurine depuis le couloir. Cette solution ne lui convient pas, mais elle rend les armes pour ce soir-là.
— D’accord… Encore un mois de plus. Mais si son état ne s’améliore pas, je ne te demande plus ton avis, compris ? Je ne pense qu’à son bien, et ne pas soigner des traumatismes, ce n’est pas une bonne idée. À force de vouloir faire plaisir aux Asuka, tu vas juste ruiner la santé de la petite. Elle a besoin d’aide, on ne peut pas faire comme si de rien n’était pour t'arranger. Ce n’est pas parce qu’elle est peut-être une bâtarde Palladium qu’on peut la laisser souffrir.
Des bruits de pas accompagnent ses derniers mots. Je me cache derrière la commode du couloir, en espérant que les ombres me masqueront. Laurine est trop fatiguée pour allumer la lumière et elle se dirige vers sa chambre sans prêter attention à ce qui l’entoure. Quelques minutes plus tard, Nathan suit le mouvement, les épaules basses, perdu dans ses pensées. Même moi je capte qu’il fuit la réalité. Il faut pas être un génie pour saisir l’inquiétude de Laurine et de Glenn à son égard. Même s’il le dira jamais, ça le perturbe, il comprend pas pourquoi on m’a imposée à eux. D’un sens, on a tous peur d’apprendre une vérité dérangeante, mais Laurine est pas du genre à se défiler.
Je reste un instant immobile dans le couloir, mal à l’aise. Je sais que Laurine veut que mon bien. Qu’elle est beaucoup plus maladroite que Glenn, qu’elle me comprend moins, mais qu’elle est pas méchante. Mais après un an… Elle pense toujours à m’emmener dans un institut ? C’est pour que j’aille mieux ou c’est pour s’enlever une épine du pied ? Je secoue la tête pour dissiper le malaise qui revient régulièrement. Je suppose qu’il faudra que je fasse encore plus semblant que tout va bien et Nathan l’en empêchera encore une fois. Je veux pas partir. J’aime bien ici, je veux juste qu’on me laisse faire tranquillement ce que je veux sans poser de questions. Mon amnésie, je veux pas y toucher. Les murmures approuvent.
Une fois que j’entends plus de bruits en provenance de la chambre, je me dirige sur la pointe des pieds vers la porte de l’appartement. Je l’ouvre le plus délicatement possible, je me faufile à l’extérieur et referme. Une fois dehors, je prends juste le temps d’enfiler mes chaussures et je file en courant. J’espère ne pas être en retard et que l’autre idiot au lurex m’a attendue.
J’ai trop besoin de réponses. Celles-là, elles m’intéressent.
~0~
Je suis sortie de l’immeuble sans souci.
J’ai croisé personne, mais de toute façon, je compte bien courir et me laisser arrêter par aucun adulte. Le square est à peine à quelques avenues suspendues de chez moi, je peux pas me perdre, surtout que les lumières publiques sont allumées, d’un orangé plus pâle qu’en journée. Bon, elles ne réussissent pas à repousser l’huka, mais rares sont les projecteurs qui y parviennent. On a tous appris à évoluer avec la brume qui fraîchit le visage, bloque la vue, dessine des volutes qui s’enroulent autour des mollets…
Je me souviens de rien avant l’attaque, mais ça, je suis sûre que j’ai toujours vécu avec. Je me sens beaucoup trop bien dedans, c’est mon élément.
Au loin, j’ai parfois l’impression d’entendre quelqu’un me héler, mais je m’arrête pas. L’ombre d’un adulte tente de savoir ce que je fais dehors à cette heure, mais je file sans lui jeter un coup d’œil. Avec l’huka si dense cette nuit-là, il est impossible de poursuivre quelqu’un. Même pour les policiers et leur frontale, c’est compliqué.
Le reste du temps, le silence m’accompagne. Les murmures se sont tus, sans que je comprenne pourquoi. J’ai peut-être juste rêvé avant. Je suppose que je vais en apprendre plus sur ça aussi avec Lurex.
Je finis par arriver au square Helios. J’ai pas de lieu de rendez-vous plus précis, alors je ne sais pas trop où l’attendre. Je m’installe sur une balançoire dont la lumière est cassée. Je me balance un peu, tirant aux chaînes un grincement qui ressemble à un cri étrange, suraigu. Mes pieds dansent avec les volutes de brumes, je trouve ça amusant, on pourrait presque tracer des dessins dedans.
Au bout d’un moment, je vois Lurex passer devant moi, sur le chemin éclairé qui traverse le square. Il avance lentement comme s’il cherchait quelque chose, mais il manque d’assurance, il semble terrifié par quelque chose. Je saute par terre et je trottine vers lui. Il sursaute à cause du bruit, mais il se recompose un sourire moqueur et une expression un peu hautaine. Le résultat est pas très convaincant. Si ça lui fait plaisir hein…
— T’es en retard, attaque-t-il. Les Lames de Sang t’intéressent plus ?
Au début, je hausse juste les épaules, mais je comprends que ça ne lui suffira pas.
— J’ai eu un problème.
Un silence plane dans les brumes. Je crois qu’il espérait que je m’excuse et que je perde mes moyens, mais je reste droite sans un mot. Il craque rapidement et reprend la parole, un air mécontent sur le visage.
— Bref, tu as réussi la première partie !
— La première partie ?
Je parviens pas à retenir ma surprise. Je m’attendais pas à un truc du genre. Lurex rigole et tente de m’ébouriffer les cheveux mais je m’éloigne d’un bond et lui lance un regard mauvais.
— Tu croyais pas que ça serait si facile que ça ? Tu veux les secrets les mieux gardés de Néo-Knossos quand même ! On les donne pas à n’importe qui !
Lurex rejette un pan de son écharpe brillante derrière son épaule et il commence à marcher autour de moi en décrivant de larges cercles.
— Il va falloir que tu montres ta bonne volonté !
La situation a l’air de beaucoup plaire à Lurex, qui prend plaisir à s’écouter parler. Moi j’oscille entre curiosité et énervement. J’aimerais bien être rentrée avant le mois prochain si possible. L’huka se fait de plus en plus présente mais il le remarque même pas.
— Il faut que tu passes un… petit test d’admission, dirons-nous. Pour voir si ça vaut le coup de te répondre ou pas. Tu comprends, nous…
— C’est quoi, le test ?
J’en peux plus, je suis obligée de le couper ou je vais juste m’endormir. Pris de court, il sait d’abord pas comment réagir, puis il se renfrogne. Il jette un regard à sa montre, secoue la tête et se décide enfin à accélérer.
— Un cambriolage chez des Palladiums, chez les Asuka. Il faut que tu voles une lettre qui se trouve dans la chambre de Lumi Asuka. Voici une photo.
Je reste un instant surprise de voir le morceau de papier brillant que tend Lurex. Qui imprime encore ses photos ? Tout le monde a un smartphone, des cadres électroniques ou autre. Quel intérêt ? Je regarde quand même l’objet à récupérer. Rien que l’enveloppe a l’air de coûter plus cher que tous les vêtements que je porte, entre l’épaisseur du papier, les dorures et le cachet de cire rouge.
— Normalement, elle est dans la chambre de Lumi. Il te suffira de la choper et de me la donner. Là je répondrai à tes questions. Ça marche ?
Je hoche la tête.
— Ah, et ramène-moi ça avant demain matin.
Je me fige et je redresse le nez. Rien que pour monter tout en haut de la ville me prendrait une bonne partie de la nuit en voiture et je parle même pas de tous les contrôles qu’il faudrait éviter. Il espère quoi là ? C’est juste impossible dans un temps aussi court !
Le sourire de Lurex s’élargit. Est-ce qu’il s’agissait d’un piège depuis le début ou d’une façon de se moquer de moi ? Exiger n'importe quoi et me regarder fondre en larmes ? J’ai envie de lui écraser mon pied dans le mollet, mais je me retiens.
— T’inquiète pas, gamine. Je connais un moyen pour t’emmener en haut rapidement. Faudra juste me promettre de ne pas pleurer et de ne pas crier, ok ?
Je comprends pas trop pourquoi il demande ça, mais j’accepte. Comme si j’étais du genre à m’effondrer au premier problème. Il me fait signe et je le suis hors du square, vers des petites rues peu fréquentées. Les volutes d’huka nous suivent et continuent de jouer avec nous. Lurex leur lance parfois un regard de travers, mal à l’aise.
On finit par arriver dans une cour plongée dans l’obscurité, entourée par des hauts immeubles. Lurex se dirige vers l’un des recoins cachés par la brume, sûr de lui. Une fois à proximité, je découvre une structure que je n’ai jamais vue avant. Un filin d’acier est fixé au sol et s’élance vers les étages supérieurs. En bas, un équipement étrange est accroché.
Sans me demander mon avis, Lurex me passe un harnais et le règle à ma taille. Il coince ensuite mon pied dans une sorte de cale et le maintien avec des lanières. À ce moment-là, je perds l’équilibre et je me rattrape à sa veste. Énervé, il me remet droite et finit de me préparer, en attachant ma main à une poignée sur le filin.
— Tu as bien compris ? Pas de pleurs, pas de cris ni rien ? Une fois en haut, il te suffira de te détacher, tu devrais y arriver la demi-portion, non ?
Je lui réponds même pas. Déçu de mon manque de réaction, il se contente de tirer sur un fil. La structure à laquelle je suis accrochée s’élance vers le haut à toute allure. Au début, je ferme les yeux et je me mords l’intérieur des joues pour pas hurler. Un sifflement assaille mes oreilles et la montée loge mon estomac dans mes talons. La vitesse diminue pas, bien au contraire. Le vent se rajoute à toutes les sensations qui m’agressent et, malgré le harnais, je me sens ballottée dans tous les coins. Heureusement que je suis attachée de partout.
Je suis terrifiée, je n’ai aucune idée de ce qui va m’arriver, et pourtant, quelque part, je trouve la force d’ouvrir les yeux, ne serait-ce qu’une seconde, pour vérifier ce qui se passe.
La vue est magnifique.
Les néons multicolores laissent des traînées lumineuses dans les volutes d’huka tandis que je grimpe à toute allure. Plus je m’élève et moins les moyas sont denses, ce qui me permet de porter mon regard tellement loin, je reste ébahie. Le nombre d’immeubles et de routes suspendues est de plus en plus faible.
C’est incroyable, juste merveilleux. C’est ça Néo-Knossos. La vraie.
Leur dialogue est un peu "gros sabots" : moquerie, test, moquerie. Peut-être qu'il pourrait y avoir plus d'humour ou de méfiance ou d'énigmes ? Plus de questions et demi-réponses ? Qu'on pourrait en apprendre déjà un tout petit peu sur lui ? Est-ce qu'il fait partie de la mafia ? Est-ce que sa famille est dedans ? Pas forcément apprendre toute sa bio, mais avoir des indices, avoir envie de mieux le connaître.
Ariane est méfiante avec tous les personnages depuis qu'on la connaît. Ça ferait sens qu'elle soit méfiante avec Lurex aussi. Qu'elle sente qu'il prépare un mauvais coup. Et de là, elle peut soit le menacer "si je réussis, t'as intérêt à me présenter tes chefs", soit commencer par refuser et il insiste. Bref, tu pourrais jouer là-dessus peut-être.
Au fil de la lecture :
◊ "l’huka danse, plus dense que d’habite." que d'habitude + est-ce que la répétition de son danse/dense est intentionnelle ?
◊ "Je vérifie à ma montre" sur ma montre ? Pas sûre.
◊ Intéressante, la dispute entre Laurine et Nathan, qui nous montre la mère adoptive sous un jour bienveillant et attentif.
◊ "D’un sens, on a tous peur" Dans un sens ?
◊ "Mon amnésie, je veux pas y toucher." Je n'ai pas compris. Elle ne veut pas se souvenir mais elle veut des réponses sur son passé ? Peut-être que ça vaudrait le coup d'expliciter la différence entre ces deux quêtes.
◊ "J’ai croisé personne, mais de toute façon, je compte bien courir et me laisser arrêter par aucun adulte." "Avec l’huka si dense cette nuit-là, il est impossible de poursuivre quelqu’un." C'est deux idées différentes, donc j'étais confuse. Est-ce qu'elle est en sécurité dehors parce qu'elle courra plus vite qu'un adulte ou parce qu'aucun adulte ne pourra la suivre à travers l'huka ?
◊ "Les murmures se sont tus, sans que je comprenne pourquoi. J’ai peut-être juste rêvé avant." Ils viennent de parler pourtant : "Mon amnésie, je veux pas y toucher. Les murmures approuvent."
◊ Très jolie cette fin, où on s'envoooooole (en quelque sorte).
Et pour les objectifs d'Ariane, avec les corrections là, il y a pour moi deux choses. Son passé, elle veut pas le retrouver, elle veut pas retrouver la mémoire, elle fait un gros blocage dessus, en partie soufflé par les brumes, mais aussi par son instinct. Par contre, en apprendre plus sur le Yokai et sur les rêves qu'elle a de l'attaque, ça oui. J'essaie vraiment de plus insister sur ça dans les corrections, parce que dans son esprit, c'est pas du tout la même chose.
> "l’huka danse, plus dense que d’habite." que d'habitude + est-ce que la répétition de son danse/dense est intentionnelle ?
Pas du tout ^^'
>◊ "J’ai croisé personne, mais de toute façon, je compte bien courir et me laisser arrêter par aucun adulte." "Avec l’huka si dense cette nuit-là, il est impossible de poursuivre quelqu’un." C'est deux idées différentes, donc j'étais confuse. Est-ce qu'elle est en sécurité dehors parce qu'elle courra plus vite qu'un adulte ou parce qu'aucun adulte ne pourra la suivre à travers l'huka ?
Ya les deux aspects, faudra que je clarifie
Merci pour tous les retours =D
Depuis le début, j’oscille de chapitre en chapitre, entre chapitres longuets et chapitres qui font avancer l’histoire. Celui-ci est à ranger avec les chapitres « trajet en bus » et « trajet en voiture », donc « trajet au parc » puis « trajet avec le gamin ». Je pense que tu peux aisément enlever tout ce chapitre en ajoutant une simple phrase quand ils jouent dans les débris.
Je trouve que le gamin n’est pas assez introduit. On ne sait pas qui c’est. Et encore une fois, on est comme Ariane, c’est-à-dire qu’on ne ressent aucune émotion face à ce gamin et donc face à la scène, donc on n’est pas assez impliqué. On perd tout suspense et intérêt pour la scène. C’est un soucis qui fait qu’on n’a pas envie de tourner la page. D’autant que la quête de la lettre fait très quête d’une épée magique random au fond du ruisseau dans un jeu vidéo. Le lecteur veut se rendre dans la basse ville, trembler pour Ariane, voire la voir tomber dans un piège de la part de ce gamin. Il ne veut pas tourner en rond sans rien ressentir.
Si je fais un point et résume les points (-) et (+) jusque là : (encore une fois, c’est très subjectif. Je n’ai aucune idée de ce qui séduirait un éditeur ou quoi, là je te dis ce qui me séduit moi)
(+) Un bon style, fluide et une volonté de jeu sur le style qui reflète les émotions du perso
(+) Un monde original, très visuel, je me représente bien les hauts immeubles, les brumes colorées par les néons
(+) La promesse d’une SF politiques aux multiples intrigues, avec la présence des Palladiums, de la mafia et des écolos qui sont tous à lier à la présence des brumes et donc des Yokais à mon avis Ça, c’est le point que je préfère perso, car j’aime beaucoup ce type de SF/fantasy
(+) Du suspense autour de ces points, on veut vraiment savoir la suite
(-) La personnalité d’Ariane – Pour moi, trop passive, toujours dans les bras de Laureline et de Glenn et elle ne comprend rien à rien -> Donc manque d'émotions communiqués au lecteur, un peu comme avec un acteur qui joue mal
(-) Des chapitres longuets qui pourraient être resserrés pour amener les infos au bout mon endroit et au bon moment, avec notamment des quêtes annexes qui pourraient être coupées tout bonnement (la scène des arcades, ses crises sous le lit qui n’apportent pas grand-chose, les chapitres où on la trimballe ici et là) et tu répètes de nombreuses fois certaines infos, parfois c’est chiant, comme le truc de Laureline qui la caresse tout le temps ou Glenn qui veut toujours garder sa main. D'autres fois tu redis des infos de lore connues et j'ai l’impression d’être trop prise par la main.
Mes notes :
« Seuls les principaux restent allumés […]. Il paraît que dans le niveau des divertissements, ce n’est pas le cas »
> Tu veux dire qu’ils éteignent toutes les lumières toujours au quartier des divertissements ? Ça ne devrait pas être le contraire plutôt ? Et pourquoi « il parait » ? On a vu Arian s’y rendre précédemment, donc c’est une info qu’elle connait à priori.
« J’ai besoin de ces réponses et j’espère qu’il pourra me les donner, qu’il me tourne pas juste en bourrique. Si c’est ça, il se prendra un coup de pied bien placé. On se moque pas de moi sans conséquence.”
> J’enlèverais ce passage. Tu te répètes, on se doute qu’elle veuille ces réponses, c’est l’intrigue principale. Et après, elle va lui péter les cotes et tout ? 😊
« Le comportement d’Ariane est tout sauf normal ! Elle… Elle ne ressemble pas à une enfant normale »
> Tu vois qu’elle est handicapée, tu n’arrêtes pas d’insister sur ce point. Si tu ne veux pas qu’elle le soit, je te conseille d’enlever tout ça
« Mon amnésie, je veux pas y toucher. »
> Heu… vu la scène, on se dit qu’elle ment non ? La veille, elle est retournée sur les lieux du drame et là elle s’apprête à enquêter sur le gars de ses rêves donc son passé
« Tu croyais pas que ça serait si facile que ça ? Tu veux les secrets les mieux gardés de Néo-Knossos quand même ! On les donne pas à n’importe qui !”
> Le gamin a normalement un an de moins qu’elle donc 9 ans. Tu es sûr que tu as écrit ces lignes pour les faire jouer par un gamin de 9 ans ?
« Pris de court, il sait d’abord pas comment réagir, »
> Pourquoi ? Que lui arrive-t-il ?
« Un cambriolage chez des Palladiums, chez les Asuka. Il faut que tu voles une lettre qui se trouve dans la chambre de Lumi Asuka. Voici une photo.”
> Pourquoi il lui demande pas ça au chapitre précédent, sur les lieux du drame ? Ça t’épargnerait l’écriture de tout ce chapitre. Au passage, ça fait un peu quête annexe d’un jeu vidéo. Et je te rappelle qu’Ariane a 10 ans là. Aussi, c’est dommage qu’on ne connaisse pas du tout ce gamin. On ne sait pas du tout qui c'est !
J’en profite pour glisser ici ma réponse à notre échange précédent :
Tu dis : « C'est très rares et des cas très extrêmes les autistes qui sont vraiment "idiots" en tout. C'est de ceux-là qu'on parle le plus. »
> Non, ce n’est pas rare du tout : Les aptitudes des personnes atteintes de spectre autistique peut varier du tout au tout. Certains peuvent avoir de très bonnes compétences de conversation, d’autres seront non-verbaux. Certains peuvent vivre seuls quand d’autres ont besoin de beaucoup d’assistance. En fait, c’est même l’inverse de ce que tu dis. On sait par exemple que l’autisme est associé à des problèmes intellectuels (co-morbid intellectual disability en anglais, je sais pas trop comment traduire) donc une déficience intellectuelle chez 50% à 70% cas des cas, dans une autre étude : de 27 à 40%, donc des personnes avec un QI inférieur à 70, un pourcentage très élevé comme tu peux le voir donc pas du tout des cas rares (40% ou 70% donc bien la moitié des personnes autistes !). Je t’envoie vers cette revue récente : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7082249/
Donc ce n’est pas du tout de la maladie réelle dont on parle le plus, mais justement de cet aspect « génie » sur-représenté dans les films et donc dans la conscience populaire. Et ce sont eux, les génies, qui sont très rares en vrai. Cela induit des décisions non judicieuses quant au traitement de ce trouble, car de nombreux enfants autistes ont au contraire besoin de soin et donc d’une structure adaptée, non d'être considérés comme génies ou je-sais-pas-quoi.
« Du coup, pour moi, sans avoir tranché si Ariane était autiste ou pas »
> Je te conseille de pas te lancer là-dedans sans une connaissance approfondie du sujet ou tu vas tomber à côté.
« elle est nulle en intelligence sociale (elle a du mal comprendre ce qu'on attend d'elle socialement), mais scolairement elle a aucune difficulté et elle suit bien les leçons de Laurine. »
> Tu comptes en faire une héroîne comme dans l’Étranger de Camus ? Ça risque d’être difficile à écrire sur un bouquin long car ta héroïne est la porte d’entrée de ton monde (et là on est dans l’imaginaire). Par ailleurs, si elle est vraiment nulle socialement, il y a peu de chance qu'elle arrive à tenir en place ou être attentive aux leçons de la maitresse ou de Laureline. Et comment pourra-t-elle comprendre ses origines, ou déjouer des complots, de comprendre l’intérêt de fiançailles ? Elle s'en foutra royal, ne comprendra rien et du coup, tu risques que le lecteur ne ressentes rien lui non plus (c'est un de mes soucis jusqu'ici). Mais bon pourquoi pas après tout, à tenter 😊
Merci pour tes retours =D Bon, il reste encore pas mal de choses modifier, notamment, je préfère te prévenir, le chapitre suivant il y a aussi des trucs qui vont pas à mon sens, mais je n'ai pas encore eu le temps de m'en occuper, donc je préfère prévenir ^^" (D'ailleurs, si tu préfères attendre pour poursuivre que j'ai le temps de m'en occuper, je comprends =D )
Pour les questions de rythme, je suis en train de reprendre, ça, je vais notamment essayer de supprimer certains trajets, mais c'est vrai que c'est mon gros souci de la partie 1. J'ai voulu exposer beaucoup de choses, j'allais beaucoup trop vite au début donc j'ai eu des retours pour prendre plus mon temps, mais je l'ai fait maladroitement x)
Pour Lurex (le gamin), par contre, normalement il a l'âge de Glenn, donc il est plus vieux qu'Ariane, il a plus 14 ans.
Pour la lumière du niveau des divertissements, elle reste allumé même toute la nuit. Et Ariane ne le sait pas de visu vu qu'elle n'a jamais passé toute la nuit là-bas.
Pour l'étude sur les personnes qui ont un TSA, j'ai été voir l'article qui est cité dans la review pour les chiffres que tu donnes. Si je ne me trompe pas sur l'anglais (et je préfère être honnête, je ne suis pas très bonne en langue), la review fait référence à ce passage : "Finally, ADDM Network data have shown a shift toward children with ASD with higher intellectual ability (9–11), as the proportion of children with ASD whose intelligence quotient (IQ) scores fell within the range of intellectual disability (ID) (i.e., IQ <70) has decreased gradually over time. During 2000–2002, approximately half of children with ASD had IQ scores in the range of ID; during 2006–2008, this proportion was closer to 40%; and during 2010–2012, less than one third of children with ASD had IQ ≤70 (9–11)." qui montre que, justement, la proportion de personnes diagnostiquées avec un QI sous 70 diminue avec le temps. La moitié des enfant en 2000-2002, on passe un moins d'un tiers en 2010-2012. Il faut savoir qu'on distingue dans les TSA deux grandes catégories (bon, en vrai, il existe pas mal de classifications, mais c'est pas le point ici), avec l'autisme syndromique, dont le critère principal pour le diagnostique est d'avoir un QI sous 70, et l'autisme non syndromique, où il n'y a pas ce critère, et pendant très longtemps, on a beaucoup plus diagnostiqué le premier cas que le second, parce que beaucoup plus facile à diagnostiquer. Mais plus on avance dans le temps, mieux on parvient à diagnostiquer les autisme non syndromique, d'où je pense les pourcentages qui varient pas mal dans l'article source au cours du temps. De manière générale, certains TSA, notamment le syndrome d'Asperger (pour lequel il n'y a aucun déficit intellectuel), est a priori très sous diagnostiqué, parce que décrit cliniquement que récemment (1981) et qu'il se diagnostique mal chez l'adulte (qui ont souvent appris à compenser/cacher) et souvent encore plus mal chez les femmes.
J'ai très probablement un biais de vécu lorsque je parle de ça, puisque j'ai plusieurs amis diagnostiqués TSA (et d'autres qui le seraient probablement s'ils faisaient les démarches), et que je n'ai jamais rencontré autant de personnes ayant un TSA qu'à l'Ecole Normal Sup'. Bien sûr, il y a des TSA avec un déficit intellectuels, mais ils y en a aussi beaucoup qui n'en ont pas et qui ont longtemps pas été diagnostiqué à cause de ça. Je dis pas que toutes les personnes ayant un TSA sont des génies, c'st bien sûr des cas rares, mais il y en a aussi beaucoup qui vivent très bien avec et qui ne voit même pas leur TSA comme un trouble ou un handicap, juste comme de la diversité.
J'adore ce chapitre. Ariane n'est définitivement plus la rebelle que j'imaginais. C'est la petite curieuse avide de connaissances qui a enfin compris, après un an, que Glenn ne servait qu'à dormir dans la chambre d'à côté quand il fait nuit ! Oui, il aurait pu l'accompagner dans sa virée nocturne et en profiter pour se démarquer mais... non, battu par un Lurex.
Un Lurex qui, d 'entrée de jeu, se moque d'elle et qui veut la titiller encore avant de lui donner ce qu'elle recherche. Un vol chez les Asuka ? J'admire l'audace. Bien sûr que la naïveté de la petite va accepter ! L'arnaque est bien présente mais si cela lui permet de choper quelques indices sur sa filiation avec les Asuka, lessugo !
Je sens en tout cas que la suite des aventures de la petite Ariane catapultée va fortement m'intéresser. Allez, il est temps d'en savoir plus sur les coulisses de Néo-Knossos et les Lames de sang !
Allez petite Ariane, suis ton petit fil teinté de sang pour sortit de l'huka là !
Au plaisir de lire la suite :)
Pour moi, Ariane, quand elle est gosse, elle est surtout taiseuse, revêche et avec zéro compréhension de la morale, mais pas forcément rebelle ^^ Mais oui, elle est vachement curieuse, et si on lui offre une occasion d'en savoir plus, elle fonce sans trop réfléchir trop ='D Lurex, bien plus utile que Glenn sur le coup :p
Et ya aucune arnaque de la part de Lurex voyons, je suis choquée ! C'est juste un honnête citoyen voyons.
Merci pour tes retours ! J'espère que la suite te plaira =D
Sinon chapitre sympa ;)
Coquilles :
"Parfois, elle a des réflexions d’adulte et la seconde d’après, elle va s’extasier sur une crêpe comme si elle en avait jamais mangé !" mangée
"je ferme les et je me mords l’intérieur des joues pour pas hurler" Je pense qu'il manque le mot 'yeux"
De son point de vue, personne a jamais menti à Ariane, donc elle a pas de raison d'y penser ^^' Oui, ça donne grave envie de se facepalm, mais à chaque fois qu'on a été pas sympa avec elle, ça a été franc et direct, donc bon, pourquoi ne pas le croire hein ? Et puis bon, jamais Lurex ferait de coup foireux hein ? :p
Merci pour les coquilles ! =D
Et bien sûr, je vais devoir continuer ma lecture, c'est pas sympa d'arrêter le chapitre là-dessus ! :p
Ariane va-t-elle être prise la main dans le sac par Lumi Asuka ??
Et Lurex est absolument pas louche voyons :p Rien n'est louche dans cette situation x)
Un grand merci pour tes retours et ton ressenti à chaque fois <3