Chapitre 8

Astier a un plan. Il va passer au Lac, c'est sûr que Amel s'y trouvera. Il l'emmènera au Rayon Vert et ils discuteront de leur voyage en train vers le Sud. Il l'emmènera au Rayon Vert et il prévoit de coucher avec elle dans la voiture. Il lui envoie une photo par texto, avec des lettres et des émoticônes, qui doivent certainement avoir une signification, mais elle ne fera pas l'effort de le décrypter.

Amel, après sa douche, se rend dans le garage et farfouille un long moment avant de remettre la main sur le sécateur. Elle le prend avec son téléphone portable. Elle ouvre le dernier message d'Astier, une photo de son pénis. Elle fait ''répondre''. Super ! « Je t'envoie aussi une ''tof'' ». Puis compose un deuxième message, en y joignant l'image de l'outil de jardin : « la seule chose que ton petit machin m'évoque, c'est ce sécateur ».

Amel est partagée. Elle n'a pas vu sa sœur depuis des années. Elle ne la connaît pas. Elle sait vaguement qu'elle apprend le piano à des enfants, mais elle ignore si elle a quelqu'un ; si elle avait eu des enfants, peut-être serait-elle au courant quand même. Sûrement, aurait-elle été invitée à un éventuel mariage. Elle a souvent ressenti le besoin d'appeler Stéphanie mais elle n'a jamais eu le courage de le faire. Ce départ, si précipité. Elle n'avait que dix ou onze ans. Elle n'a pas compris, personne ne lui a expliqué. On l'a maintenue hors du secret. Il ne fallait juste pas prononcer ce prénom, évoquer cette sœur si mystérieuse, aborder sa disparition lors des repas. Son père disait toujours à Nicole que c'était une bonne chose, que cela ne pouvait en être autrement.

Elle est impatiente de la revoir, de rattraper toutes ces années, même si trois semaines seront insuffisantes. Et puis, elle a besoin de souffler. De quitter, enfin, cette maison.

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