Chapitre 8

Par Eldir

Le prince trouva un abri sommaire et quand ils furent installés il demanda à son compagnon :

  • Qu’est-ce que tu feras si on retrouve le voleur ? Vous avez des lois ou bien des traditions pour punir les vôtres ?
  • Déjà, il faudra s’assurer qu’il est bien le voleur.

Jorka serra le poing, mais retint le « bien sûr qu’il l’est » qui lui brûlait les lèvres.

  • Ensuite, s’il est coupable, je devrais le mettre à la merci de mon clan pour qu’il soit châtié en rapport à son crime. Si personne de mon clan n’est présent, je peux prendre un membre d’un autre clan pour m’aider en tant que membre honoraire à appliquer la sentence.
  • Tu veux dire que seuls les minotaures peuvent participer au jugement ?
  • Oui, mais il y a déjà eu des exceptions. Par exemple Fofarrah, l’héroïne de mon peuple, avait invité les centaures du clan Khajima à prendre part au jugement de la trînée Ismalia. Ils lui ont coupé les cornes avant de lui arracher les bras et les jambes.

Le nain tressaillit, les minotaures lui avaient semblé placides et calmes. Même ceux qu’il avait combattus n’avaient jamais fait preuve d’une telle cruauté. Parfois même, il avait vu leur manque de cruauté se retourner contre eux, certains laissant un adversaire à terre se relever plutôt que d’en finir immédiatement. Une attitude que le nain jugeait fort noble.

  • Et qu’avait-t-elle fait cette Asmala ?
  • Ismalia ! corrigeât le minotaure. Elle avait vendu les enfants de son clan aux démons pour obtenir leurs faveurs.

Le nain réfléchit à la légende du minotaure et lui souhaita bonne nuit.

 

Le lendemain ils commencèrent à redescendre vers les plaines de Tal’AMORTH, et les arbres remplirent leur champ de vision, des mouvements furtifs attirèrent l’attention du prince. Ses yeux sautaient d’une tache d’ombre à une tache verte, quand tout à coup un loup plus grand que lui traversa le chemin à quelques pas. Il se figea combattant de toutes ses forces la peur qui lui battait le ventre. La bête avait un mètre cinquante au garrot, elle aurait pu poser sa gueule sur le crane de Jorka sans même la lever. Son épaisse fourrure grise était ébouriffée, mais il y avait dessous une musculature imposante. Rien à voir avec les loups faméliques qu’il avait croisé dans l’empire ou sur les terres d’Oled.

Magnamon empoigna son arme, bien décidé à régler son compte au majestueux animal. Le prince intercepta son geste :

  • Non ! murmura t-il. Ces bêtes sont sacrées pour les amorthiens.
  • Chez nous aussi, répondit le minotaure sur le même ton. Quand on en tue une, on a le droit de porter sa peau.

Le loup gronda et les deux voyageurs se figèrent, dans les bois alentour d’autres bêtes déambulaient à l’abri des regards.

  • C’est une autre sorte de sacré ici. Si tu en tue une, c’est ta peau que les amorthiens portent en trophée, souffla le nain.

Son compagnon poussa un grognement qu’il n’avait jamais entendu dans les naseaux d’un membre de cette race. Le nain aurait juré qu’il riait.

Le loup les fixa et gronda de nouveau. Puis sans plus d’explication, il s’enfonça dans les bois nonchalamment.

  • Bon allez, on s’attarde pas ! ordonna le nain en essuyant ses paumes de mains moites sur sa vieille tunique.

Ils avancèrent donc sous les arbres en suivant la route qui se transforma en chemin, puis en sentier à mesure qu’ils tournaient vers le nord pour rejoindre les berges orientales de la mer Intérieure. Dans le premier village qu’ils croisèrent, ils s’enquirent d’un guérisseur pour vérifier les blessures de Magnamon. Un homme avec la main rouge de la maison des Guérisseurs sur sa tunique grise s’occupa de lui. Il appliqua un onguent et refit son pansement, mais la forte constitution du minotaure avait fait le plus gros du travail. Jorka utilisa un peu de son or afin d'acheter une tente pour deux car la grisaille gagnait le ciel. Il acheta aussi de nouvelles provisions.

Il fallut presque dix jours de marche avant de sentir les embruns salés de la côte est de la mer Intérieure. Retrouver le village de pêcheurs où les minotaures avaient appris à construire des bateaux leur pris quelques jours de plus. Ibar, une petite communauté de marin et de pêcheur, sentait le sel, les algues et le poisson. Une fois installés aux abords du village, ils entreprirent de questionner les habitants. Jorka fut surpris de voir les gens lui jeter des regards curieux à lui, plutôt qu’au monstre de deux mètres de haut, muni de cornes qui l’accompagnait. Il ravala sa fierté et poursuivi son enquête. Les habitants n’étaient pas hostiles, pour la plupart. Cependant, au lendemain de leur arrivée, quatre cavaliers portant le loup Faujir sur leur bouclier et leur surcot firent irruption dans le village.

Jorka et Magnamon étaient dans leur camp de fortune, les chevaliers amorthiens montèrent la faible pente qui y menait. Le prince les observa et dit au minotaure.

  • T’fais pas de mauvais sang, ils ne croient pas à la guerre. Ils sortent jamais leurs armes.

Bientôt ils constatèrent que deux d’entre eux avaient l’arc à la main, les deux autres avaient l’épée tirée.

  • Enfin… aux dernières nouvelles, rajoutât le nain contrarié.

Les deux épéistes démontèrent un peu avant d’arriver au camp. Les archers, quant à eux, contournèrent leur camarade et leurs montures pour garder une ligne dégagée entre eux et les deux vagabonds. Il posa sa hache, qu’il avait attrapée malgré lui, au sol. Quand les épéistes arrivèrent à leur niveau, l’un d’eux demanda :

  • Qui êtes-vous ?

Souhaitant calmer la situation, le prince répondit aussi aimablement que possible :

  • Des amis, je suis Jorka, prince de Kardhir.
  • Jamais entendu parler, répondit le cavalier.
  • Le prince Deymak de Gorm est mon cousin au second degré.
  • C’est ça ! et moi j’suis l’neveux de la reine Jianna ! se moqua le chevalier.

Il avait espéré que le nom de son cousin apaiserait les chevaliers, mais ils n’avaient pas l’air de le croire.

  • Salut à vous cavalier du clan Faujir, je suis Magnamon du clan Chasta.
  • Salut à toi Magnamon, dis-moi, as-tu voyagé du côté de Treflatre la semaine dernière ?
  • Non, je ne connais pas cet endroit répondit le minotaure.
  • Nous venons du sud, nous avons passé les Vascagornies au sud de Doromone la semaine dernière, renchérit le nain.
  • Vous étiez ensemble tout le temps ? questionna l’épéiste ;
  • Oui, affirma Jorka.
  • Est-ce que l’un de vous a tué un homme de Treflatre ?
  • Non.
  • Vous pouvez me donner votre parole de nain ?

Le prince considéra la situation, il ne donnait jamais sa parole à la légère, comme tout les nains, son honneur et sa vie en dépendaient. Comment savoir si parmi les soldats qu’il avait tués en tant que mercenaire l’un ne venait pas de Treflatre ? Il prit donc le temps de bien formuler sa réponse :

  • Ni moi, ni Magnamon n’avons tué d’hommes lors des deux derniers mois. De toute ma vie je n’ai jamais rencontré qui que ce soit qui, à ma connaissance, vienne de Treflatre. Nous n’avons enfreint aucune loi de votre royaume. Je vous en donne ma parole.

Les deux épéistes se concertèrent, puis l’un d’eux poursuivit :

  • Et qu’est-ce que vous êtes venus faire ici ?

Tandis que le nain cherchait une réponse qui lui éviterait de révéler à qui que ce fut que les plans les plus précieux de sa citadelle avaient été volés, Magnamon pris la parole.

  • Nous sommes à la recherche d’un membre de mon clan qui a jeté le discrédit et le déshonneur sur moi et les miens en volant nos hôtes.
  • Et toi, tu es vraiment de la noblesse naine ? Que fais-tu hors de ton château sans armure ni escorte ? interrogea le chevalier.
  • Il va falloir décider si vous me croyez ou pas ! Je suis prince héritier de Kardhir et je cherche un voleur. Ce que je porte et qui m’accompagne ne vous concerne en rien.

Le nain pris un instant pour se promettre qu’une fois tout cela terminé, il viendrait provoquer cet insolent personnage en duel pour lui enseigner les bonnes manières. L’homme finit par acquiescer et fit signe aux autres de ranger leurs armes. Ils remontèrent sur leurs chevaux.

  • Pardon, prince Jorka, j’espère que vous ne tiendrez pas rancune à notre reine pour nos maladresses, déclara un des chevaliers.
  • Excusez-moi mais qu’est-il arrivé à votre compatriote de Treflatre ? demanda le nain à tout hasard.
  • Il a été vu avec un minotaure, dont la description ne correspondait pas tout à fait à Magnamon. Celui qu’on nous a décrit avait la… comment dire… la toison blanche et tachetée.

Le cavalier jeta en regard en coin au monstre à cornes pour voir s’il l’avait offensé, ce dernier ne releva pas.

  • Est-ce celui que vous cherchez ?
  • Je pense qu’il s’agit bien d’Hujir, répondit Magnamon. Où se trouve ce village de Treflatre ?
  • Au nord, suivez la route derrière cette colline, vous ne pourrez pas le manquer. Si vous le trouvez, reprenez ce qu’il vous a volé, mais amenez-le à la justice de Tal’AMORTH.

Puis les quatre loups saluèrent de la tête, avant de repartirent au galop.

Le prince et son compagnon se regardèrent un moment, la question de la justice qui les avait déjà embarrassés plus tôt flottait de nouveau entre eux avec une nouvelle composante cette fois.

  • Peut-on éviter les terres des Faujir au retour ? demanda le minotaure.
  • Oui, mais faudrait passer par l’empire, c’est guère mieux.

 

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Edouard PArle
Posté le 03/09/2021
Hey !
Intéressante rencontre avec les épéistes. J'aime beaucoup l'idée du loup sacré, j'espère qu'il aura une importance dans l'histoire.
Quelques remarques :
"« bien sur qu’il l’est » qui lui brulait les lèvres." ->sûr brûlait
"au jugement de la trainée Ismalia." -> traînée
"certain laissant un adversaire" -> certains
"pour acheter une tente pour deux" répétition de "pour"
Bien à toi
Eldir
Posté le 03/09/2021
Bonjour, et merci encore pour les fautes. En fait ce texte fait partie d'une série de quatre (pour l'instant, cinquième en cours d'écriture) et ils ont pour but de développer le monde que j'ai créer. Donc certains éléments sont mis là pour un usage ultérieur, notamment les loups.

Merci à vous de persévéré à lire et commenter.
Edouard PArle
Posté le 03/09/2021
Ok ! cool
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