Un mouvement. À l’intérieur.
Asha s’immobilisa, les yeux fixés dans le vide. Elle avait l’impression d’avoir rêvé. Mais il y eut un autre mouvement dans son ventre. Plus fort, plus distinct. Il n’y avait pas de doute.
Sa main tremblante reposa la couverture qu’elle était en train de faire et vint épouser la rondeur de son abdomen. Voilà longtemps que les nausées avaient cessé, remplacées par la croissance de son ventre. Chaque jour il était plus lourd, plus encombrant. Chaque jour, elle était plus fatiguée, elle dormait moins bien.
Elle ne le sentit pas sous ses doigts mais dans sa chair. Un petit coup faible, comme un salut. C’était irréel.
Dans son Sanctuaire, ce n’était plus une petite flamme nichée au creux d’un arbre, mais une lumière pulsante qui semblait faire vibrer tout le paysage. Deux lumières, en fait.
Soudain elle le perçut, infime, sous sa paume. Ce n’était pas juste un rêve. Il y avait la vie dans son ventre, quelque chose d’autre qu’elle. Quelques larmes se glissèrent entre ses cils, ce n’était ni de la joie ni de la tristesse. Elle le voyait désormais, ce jour où elle serait mère. Jusqu’alors elle avait eu la possibilité de renoncer, de renvoyer cela à l’intangible. Mais désormais, plus de pas en arrière. Ce qui s’agitait à l’intérieur d’elle changerait sa vie. Ou y mettrait fin.
Elle fut prise d’un doute assassin et se leva, un peu raide. Elle sortit de sa maison et fut frappée par le froid. Cette sensation revigorante lui fit oublier l’épreuve qui s’annonçait dans ses entrailles.
Nuit, qui avait perçu sa nervosité, la rejoignit avec un doux hennissement.
— Tu as déjà eu des petits, toi ? s’enquit Asha d’une voix chevrotante.
La jument se contenta d’effleurer tendrement son visage.
*
Son ventre s’étant calmé, Asha avait pu reprendre son ouvrage. Elle travaillait les peaux d’auroch pour les rendre douces. Elle avait abandonné une ébauche de berceau dans un coin de rangement.
Nuit dormait avec elle, à l’intérieur. Ici, à l’abri, elle s’allongeait sur le sol pour se reposer. Alors qu’elle somnolait, elle se redressa soudain, faisant sursauter Asha.
Le regard nerveux, elle se mit à fixer l’entrée, les oreilles tendues en avant.
La Sylvienne posa la fourrure et écouta attentivement ce qui se passa au dehors. Des pas se firent entendre. Un cheval. Le cœur d’Asha rata un battement. Elle reconnaissait cette petite âme.
Une tête blanche poussa la porte avec un hennissement. Avant que la jeune fille n’ait pu esquisser un geste, Nuit fondit sur l’arrivant et le chassa à l’extérieur.
— Attends !
Asha sortit pieds nus dans la neige. La jument noire se dressait de toute sa hauteur face à un petit étalon brun moucheté de blanc. Un sourire éclata sur le visage de la Sylvienne.
— Flaé !
Le cheval émit un hennissement joyeux et contourna Nuit pour venir caracoler autour de sa cavalière. Il enfouit ses naseaux dans son cou tandis qu’elle serrait son encolure.
— Tu m’as retrouvée… balbutia-t-elle.
Ses doigts disparurent dans la crinière pâle de son étalon. Elle semblait vouloir s’y fondre.
— Je suis tellement contente de te voir…
Flaé planta ses yeux dans ceux de sa vieille amie. Elle fut projetée dans son Sanctuaire et put voir pour la première fois une petite étoile à l’horizon, juste au dessus des arbres. Elle scintillait gaiement, fière et vaillante. Asha ne chercha pas à retenir ses larmes.
Le jeune cheval rompit l’étreinte pour sautiller autour d’elle.
Il s’arrêta un instant, une oreille en arrière, l’autre tendue vers l’avant. Il baissa la tête vers le ventre proéminent de sa cavalière.
— Ah ça, c’est… comme des poulains, mais sans poils.
Flaé renifla la fourrure qui recouvrait le ventre avant de s’en désintéresser pour se mettre à galoper joyeusement dans la neige. Asha, malgré la fatigue, ne résista pas à l’envie de le rejoindre.
Nuit renâcla.
*
Il régnait dans les forges une chaleur dense. Conan plissa les yeux, des gouttes de sueur dévalaient son front. Il se glissa entre les hommes affairés qui faisaient résonner dans ce grand bâtiment de pierre un vacarme métallique. Enfin, le jeune garçon aperçut la silhouette de Maxima adossée contre un mur.
— C’est pas trop tôt, lâcha-t-elle.
— J’étais à l’entraînement avec Bénen. Tu sais bien que…
— Passons.
La Porteuse ne transpirait même pas. Elle semblait comme un poisson dans l’eau dans cet air en feu. Si elle le décidait, elle pourrait le tuer lui et toutes les personnes avoisinantes en une demi-seconde.
— La princesse a un petit cadeau pour toi. Ta dernière mission a été un grand succès.
Maxima se déplaça pour dévoiler derrière elle un fourreau posé contre le mur. Un frisson parcourut Conan.
— Bon, c’est pas de la grande épée de seigneur, mais c’est déjà de la qualité. Le maître forgeron l’a travaillée en personne. Admire.
Le fourreau était sobre, en cuir. La lame, en revanche, étincela à la lumière des flammes quand Maxima l’en sortit. Ce n’était pas une spata ni un glaive, mais le genre d’armes très prisé au Réor.
— C’est moi qui lui ai dit que ce petit couteau conviendrait mieux à ton style.
Conan saisit délicatement le pommeau dans sa main tremblante. Ses yeux parcouraient l’acier avec adoration. Il se perdit dans les reflets brûlants qui ondulaient sur la lame. La prenant à deux mains, il trancha l’air avec une excitation grandissante.
— Eh bah, on dirait que ça te fait plaisir.
— Tu n’imagines pas à quel point.
Un sourire mi-fier mi-moqueur se dessina sur le visage de Maxima.
— Comment tu veux l’appeler ? C’est ta première épée, elle mérite un nom.
Conan s’immobilisa, pensif. Son regard caressa le tranchant.
— Vengeance.
Sa supérieure ricana.
— Classique, dit-elle. Le sabre de Lohan porte le même nom, mais dans sa langue natale.
Le poing du jeune garçon se resserra sur le pommeau.
— Ce sera Dévoreuse, alors.
— Mmmmh. Dévoreuse de quoi ?
— De vie.
Maxima eut un rictus.
— Bientôt, promit-elle.
*
La pyramide résonnait tristement de toux et de gémissements. À l’approche du printemps, une épidémie avait fondu sur la petite communauté d’Angelus. Ce mot seul suffisait à le glacer, alors voir ses camarades étendus et fiévreux faisait monter en lui une panique acide. Cinq personnes avait déjà succombé à la maladie mystérieuse. Dont trois des amis de Lucio.
Ce dernier n’était pas épargné. Voilà une semaine qu’il avait manifesté les premiers symptômes, et sa fièvre n’avait fait qu’augmenter. Il n’avait même plus la force de tousser, il respirait à peine.
Angelus, comme tous les prêtres, avait reçu une formation médicale. Mais il était impuissant, comme il l’avait été pour sa famille.
— Ça va aller, souffla Amaya en le voyant trembler.
— Je… je vais sortir un peu… je reviens tout de suite.
Il se précipita dans l’air frais de l’hiver mourant et s’isola derrière le temple. Il ne voulait pas que les autres le voient pleurer. La douzaine de malades avaient été transportée dans la pyramide, les autres avaient interdiction de s’en approcher. Trois maisons avaient été achevées depuis les premières neiges. Angelus voyait leurs habitants lancer vers sa direction des regards inquiets. Ils attendaient le retour de leurs proches. Peut-être en vain.
Il posa ses yeux ternes sur les dernières plaques de neige boueuse.
Son rêve s’était transformé en cauchemar.
— Maître !
Il sursauta en entendant l’appel de Magnon.
— Je suis là !
Son ancien élève lui sourit quand il le vit contourner le temple. Il était accompagné d’une inconnue.
— C’est l’ermite dont je vous avais parlé, annonça le jeune trion. Elle dit qu’elle peut nous aider à soigner les malades.
— Je ne promets rien, mais je peux essayer.
C’était une femme magnifique aux amples boucles blondes et au regard chaleureux. Elle inspira immédiatement confiance à Angelus.
— Enchantée, dit-elle d’une voix veloutée. Je m’appelle Clervie.
Il hocha la tête.
— Angelus Amayus Pusilla, se présenta-t-il. Vous voulez bien les examiner ?
— Bien sûr.
Clervie se laissa guider vers l’intérieur du temple d’une démarche gracieuse. Elle fronça le nez en pénétrant dans cette atmosphère gangrénée mais garda une expression neutre.
— Qui est-ce ? s’enquit Amaya.
Alors que son mari lui expliquait, l’ermite parcourut les lits de fortune et se pencha sur quelques patients. Elle revint vers eux avec un air assuré.
— Je connais cette maladie, annonça-t-elle. On l’appelle le mal vert. Certaines plantes sont très efficaces contre elle, mais il faut aller les chercher dans la montagne.
Le cœur d’Angelus s’envola.
— Dites-nous, la pressa-t-il.
*
Lohan donna un grand coup rageur dans le bois. Après des mois à surveiller bêtement des bûcherons qui faisaient très bien leur travail tout seuls, il avait décidé de se joindre à eux pour s’occuper et entretenir sa musculature. Malgré la fraicheur du printemps sur son torse nu, il ne manquait pas d’avoir chaud, ce qui n’était pas une sensation si désagréable après ce rude hiver. L’exercice physique le défoulait bien, avec la technique récemment apprise auprès de ses subordonnés, il s’était montré étonnamment productif. Cette satisfaction, bien que minime, avait réussi à canaliser ses ombres agitées. Mais il savait que cela ne suffirait pas.
Un rayon de soleil vint frapper ses iris. Il plissa les yeux et se redressa, fixant l’horizon lumineux découpé de troncs d’arbres.
— Ça va être l’heure ! lança-t-il.
Les bûcherons hochèrent la tête et commencèrent à rassembler leur récolte en discutant gaiement. Lohan les observa en silence. Il ne prit même pas la peine de vérifier qu’ils avaient rempli leur quota. Ces hommes s’étaient dévoués à la Faction, ils accomplissaient toujours ce qu’on leur demandait. Pas comme lui qui avait abandonné son poste sans prévenir.
Le jeune homme perçut soudain un mouvement à sa droite. Il ne bougea pas mais ses yeux pivotèrent rapidement pour voir une silhouette humaine se cacher derrière un arbre. Il fit mine de n’avoir rien remarqué et se rapprocha un peu des bûcherons. Il se mêla au petit groupe et disparut de la vue de l’inconnu. Il se glissa lui-aussi derrière un tronc. L’intrus s’était un peu approché, il écoutait la conversation de ses subordonnés. Lohan mit à profit l’obscurité grandissante pour le contourner sans qu’il ne le remarque.
Il parvint à quelques mètres de l’espion. L’homme, de dos, ressemblait à un simple voyageur. Ce qu’il n’était évidemment pas.
L’Ombre surgit derrière en dégainant son sabre. L’intrus se retourna et sortit une dague qui vola hors de ses mains. Il se tendit et renonça à fuir, préférant se mettre en garde.
— Qui es-tu, pour qui travailles-tu et que viens-tu chercher ici ? siffla Lohan.
L’autre ne répondit pas. Il fit jouer ses pieds sur le sol, ses poings repliés devant son visage. Il attaqua avec flegme, mais ce n’était qu’une feinte que Lohan ne prit même pas la peine de parer. L’offensive arriva par le bas, un couteau qui glissa hors de la manche de son adversaire. Le sabre s’élança et le jeta hors de portée, broyant presque la main qui le tenait.
Alors qu’il allait répliquer, Lohan aperçut l’ombre d’un autre homme au-dessus de la sienne, une lame levée. Il savait qu’il ne pourrait pas bouger assez vite.
Mais il n’en avait pas besoin.
Il fit sauter les verrous qui retenaient son pouvoir et le laissa exploser. Les ombres jaillirent du sol pour venir agripper avec violence ses deux agresseurs. Des volutes noirâtres les étouffèrent, des griffes brumeuses percèrent leur corps. Ils furent engloutis en un instant par un néant féroce.
Lohan se retourna vers son assaillant qui n’avait même pas eu le temps de crier. Il était déjà mort. Le jeune homme vit l’autre remuer un peu. Il s’approcha et s’accroupit près de lui, posant sa main sur son torse. Il ferma les yeux, visualisa la lumière de l’aube de son Sanctuaire. Les ombres se retirèrent comme à regrets, dévoilant les profondes entailles qu’elles avaient dessinées dans la chair et les membres tordus. L’espion était mourant, mais il y avait encore un espoir d’en tirer quelques informations.
— Je pars devant, fit-t-il à ses hommes qui avaient accourus, bouche-bée. J’ai un colis à apporter à la princesse.
*
Les fleurs émergeaient de la terre ressuscitée, formant des mosaïques colorées sur un espace qui se teintait doucement de vert. On pouvait tout deviner dans ces dessins de pétales, mais une chose demeurait évidente dans leur message silencieux : la vie. Asha sourit, elle flatta l’encolure de Flaé.
— Ça faisait si longtemps qu’on avait pas fait une balade, tous les deux, souffla-t-elle.
Le cheval acquiesça sans avoir besoin d’un geste. Ils étaient Liés, et Asha redécouvrait cet amour transcendant avec émerveillement.
Le temps qui s’était paré de douceur l’avait décidée à s’éloigner de sa maison pour goûter à la saison du renouveau. Elle voulait en profiter pour poser quelques collets, elle avait épuisé presque toutes ses réserves.
— Arrêtons-nous là.
Flaé s’immobilisa et se baissa pour permettre à Asha de descendre plus facilement. Sa lourdeur l’étonna encore lorsqu’elle posa le pied à terre. Elle se sentait terriblement pataude.
La jeune fille enleva ses chaussures et se mit à marcher pieds nus dans la prairie naissante. Le sol était froid, mais revigorant. Comme elle aimait cela. Asha se laissa choir avec un soupir. L’herbe n’était pas assez épaisse pour faire un matelas, mais elle s’en fichait. Elle porta son regard sur le ciel immense et vertigineux. Sa profondeur lui faisait peur, parfois, mais à cet instant elle lui inspira un sentiment de liberté. Enfin de l’air après ces mois passés enfermés.
Les naseaux de Flaé masquèrent la vision céleste. Il projeta son souffle son son visage.
— Désolée, j’aimerais bien jouer avec toi, mais je ne peux pas.
Les oreilles du cheval retombèrent, il hennit doucement.
— Je suis désolée. Quand j’aurais accouché, on pourra courir ensemble.
Cette phrase sonnait étrange, Asha préféra penser à autre chose.
— Et si on passait une nuit à la belle étoile ? Tu crois que Nuit nous en voudrait ? Après tout, c’est elle qui est partie on-ne-sait-où.
Flaé goûta l’herbe naissante pour toute réponse, la jeune Sylvienne sourit. Elle ferma les yeux et ouvrit ses sens. Depuis le début de sa grossesse, elle était devenue capable de percevoir le Monde Invisible, celui des âmes. Un flux intangible, le Silh, coulait, nourrissant tous les êtres vivants qui émettaient une forme de chaleur, ou de lumière. Un firmament où toutes les étoiles se répondaient entre elles. Chaque chose qui l’entourait avait une texture immatérielle, une saveur sans réel goût, un parfum inodore, une apparence invisible. Elle découvrait toutes ces empreintes dans le Silh avec délice.
Elle rouvrit les yeux en sentant Flaé se coucher près d’elle. Le soleil caressait l’arête des montagnes Bergonosh, elle n’avait pas vu le temps passer. Elle rassembla quelques branches et alluma un petit feu. Puis elle s’assit contre le cheval et commença distraitement à nouer sa crinière en petites tresses qu’elle parait autrefois de plumes. Plusieurs coups de pieds dans son abdomen immobilisèrent ses doigts. Ça s’agitait, ça vivait. Ça semblait impatient de sortir. Un mélange de peur et d’attendrissement envahit la jeune fille. Elle les redoutait mais elle avait aussi hâte de les voir.
— Patience… souffla-t-elle en caressant son nombril.
La nuit s’éleva et les étoiles vinrent tinter le ciel bleu sombre. Asha se cala comme elle put pour éviter d’être gênée par son énorme ventre et s’assoupit.
Lorsqu’elle se réveilla, sa première vision fut celle du ciel souverain. Les étoiles étaient majestueuses, cette nuit-là. Elles brillaient étonnamment fort. Asha se rendit compte que cette impression était dû au feu qui s’était éteint pendant son sommeil. Laisser le foyer mourir lorsqu’on dormait hors de chez soi était dangereux, d’autant que l’air s’était considérablement refroidi. Quelques braises demeuraient entre deux branches à demi calcinées. C’était l’humidité qui était venue à bout des flammes et non le manque de combustible.
En temps normal, Asha aurait attisé le feu avec son souffle. Mais cette fois-ci elle perçut une possibilité. Elle se leva lourdement et se mit en position. Elle inspira et commença à danser lentement. Elle fit à peine le tour du foyer, mais les flammes rugirent et s’élancèrent soudain vers le ciel en une langue brûlant, réveillant Flaé en sursaut. La jeune fille s’immobilisa et le feu reprit une taille raisonnable. Elle peinait à croire à ce nouveau pouvoir qu’elle avait sur le monde qui l’entourait. Avant, elle aurait pu danser des heures sans faire naître une flammèche. Un petit sourire émergea sur ses lèvres, et sa main vint épouser de nouveau son ventre.
Soudain, elle perçut une âme en proie à de fortes émotions. Elle avait du mal à apprivoiser son nouveau sens, mais elle reconnut sans mal un esprit humain quelque part dans les environs. Incapable de le localiser, elle le chercha dans la pénombre. Elle repéra vite une lanterne solitaire. Celui qui la portait était vêtu d’une tenue blanche et était monté à cheval, mais ce fut tout ce qu’elle put voir car il s’éloigna rapidement vers la vallée. De sombres émotions lui parvinrent, elle fut parcourue d’un frisson. Elle posa une main nerveuse sur l’encolure de Flaé.
— On devrait partir…
Elle étouffa le feu et remonta prestement en selle, habitée d’une étrange peur.
*
Angelus et quelques volontaires étaient partis au plus vite avec la liste d’herbes médicinales demandées par Clervie. Ils s’étaient séparés pour augmenter leur chance. Le jeune prêtre avait passé une journée entière à chercher ces fameuses plantes. Il avait eut beaucoup de mal à les dénicher malgré les descriptions détaillées de l’herboriste. Il était déjà épuisé quand la nuit était tombée, mais il ne s’accorda aucun repos : il devait ramener les remèdes au plus vite.
Il descendait donc les pentes douces des basses montagnes lorsqu’il aperçut un mouvement non loin. Il vit une personne bouger, avant qu’une gerbe de feu n’émerge du sol, dessinant la silhouette d’une femme enceinte.
Angelus s’immobilisa, sa main se mit à broyer les rênes de son cheval. Le deuxième ermite. Comme il l’avait pensé, il s’agissait d’un Maudit porteur d’un pouvoir impie qui avait trouvé refuge dans cette région reculée. Voilà sans doute pourquoi la malédiction du Sinistre s’était abattue sur sa communauté. Les dieux voulaient le punir de tolérer sur ses terres un être sali par le royaume des morts qui s’apprêtait en plus à mettre au monde un enfant-spectre.
Angelus enfonça ses talons dans les flancs de sa monture qui se mit à dévaler la pente. Ses sourcils étaient profondément enfoncés sur ses yeux et tout son corps était raidi. Tous les remèdes miracles ne serviraient à rien tant qu’il n’aurait pas accompli la volonté des dieux.
*
Deux jours plus tard, Nuit n’était toujours pas revenue. Asha espérait qu’il ne lui était rien arrivé. Depuis qu’elle avait aperçu cet inconnu tourmenté, elle nourrissait une angoisse qu’elle ne pouvait s’expliquer. Oui, quelqu’un l’avait vu, mais ce n’était pas si grave.
Si ?
Elle n’eut pas le loisir de se questionner plus, un mouvement étrange dans son abdomen se fit sentir. Quelques heures plus tard, un liquide coula sur ses jambes et imbiba ses vêtements. Il était transparent.
Le cœur d’Asha fit un bond dans sa poitrine. Elle retint tant bien que mal les tremblements qui la prenaient et s’organisa sous les yeux intrigués de Flaé. Elle prit tous les récipients de terre cuite qu’elle avait maladroitement confectionnés et les remplit d’eau. Elle disposa les bols et des fourrures et tissus à portée de mains avant d’aménager un espace le plus propre possible. Les mouvements dans son ventre s’étaient transformés en douleur.
Elle dut bientôt se mettre en position en serrant les dents. Elle s’accroupit, priant pour que le travail se finisse au plus vite. Les convulsions la secouaient par vagues, elle se sentait déjà harassée. Elle ne put bientôt plus retenir ses grognements, puis ses cris, puis ses hurlements. Flaé l’observait, anxieux. Il tournait nerveusement autour d’elle dans l’espace confiné de la maison.
La gorge d’Asha se déchira encore. Elle changea de position et se coucha, ne pouvant plus tenir sur ses jambes tremblantes. Une bataille violente semblait se dérouler dans son ventre, une bataille qu’elle n’était pas sûre de gagner. Elle se cabra et un hurlement jaillit de nouveau. Les larmes déferlèrent sur ses joues.
Elle ne pouvait pas. Il fallait que ça cesse. Elle avait fait le mauvais choix. Elle aurait dû manger la mortis. Elle allait s’ouvrir en deux, mourir encore.
Asha hurla.
L’image de Séla ondula sous ses yeux fiévreux. Elle aurait su quoi faire, elle. Elle l’aurait aidée. Elle, et toute sa famille. Keira, Kurtis, Aedan, Ealys se mirent à danser devant ses prunelles. Et Artis.
Je te l’avais bien dit.
Asha gémit entre deux convulsions.
Pourquoi n’étaient-ils pas avec elle ? Pourquoi avait-elle décidé de s’éloigner d’eux ? Pourquoi était-elle… seule ?
Le souvenir de Réa, emportée par son accouchement, la percuta.
Dans son Sanctuaire, les flammes faisaient vibrer l’air, le sol tanguait, les ombres s’étendaient. Paradoxalement, une partie de la forêt avait pris feu. Un brasier bleu clair, à la fois magnifique et terrifiant. Asha l’observait, hébétée. Elle se demanda si ces flammes azurées allaient la dévorer. Les chats qui d’ordinaire habitaient la clairière avaient disparu, sauf celui qui dormait, imperturbable, au pied du chêne.
Une convulsion, comme une déferlante, traversa le corps d’Asha. Au milieu de la douleur, elle sentit que quelque chose avait changé. Encore une vague, elle se cabra.
Un éclat illumina son Sanctuaire. Le paysage disparut un instant face à cette lumière intense.
Un faible vagissement retentit, puis enfla. Les larmes d’Asha redoublèrent tandis qu’elle cherchait à tâtons son bébé. La nuit était tombée et le feu qu’elle avait allumé ne suffisait pas à ce qu’elle puisse voir son enfant. Elle sentit un paquet trempé et chaud sous ses mains, elle s’en saisit délicatement, coupa le cordon avec une dague et s’empressa de le mettre contre sa poitrine, elle savait qu’elle n’avait droit qu’à un bref répit.
Les vagissements du nourrisson se turent lorsqu’il — ou plutôt elle — attrapa un téton. Alors, dans le silence retrouvé, Asha entendit nettement un tonnerre de pas croissant.
Je maintiens que le fait d'accoucher seule était un acte purement inconscient, Asha a eu beaucoup de chance, c'est quand même bien que ce se soit bien passé. Et puis se cacher et balancer un lance-flammes dans les airs? Il me semblait qu'elle avait vu que d'autres personnes se trouvaient dans les alentours. Et Clervie l'a-t-elle remarquée? Elles sont pourtant "voisines" et cette dernière aurait bien des raisons de vouloir se venger.
Il est toujours un peu difficile de comprendre les intentions de Conan. Comme les autres, j'ai du mal à comprendre contre qui il veut se venger: La Cité? Pour la mort d'Asha. Les Sylviens? Pour la mort de ses parents? Lui-même? Pour avoir provoqué les deux malgré lui? Pour quoi (bien en deux mots) se bat-il? Pour la Cité? Avoir quelque chose à protéger? Pour Maxima qui l'a encouragé à continuer à vivre? Ses motivations restent un peu floues.
Un dernier détail que je voudrais éclaircir: Mis à part leur totem, y a-t-il quelque chose qui différencie un Sylvien d'un humain normal, physiquement parlant?
Et puis, il ne faut pas juger Angelus trop vite. Il a assisté à un événement surnaturel, il est normal qu'il craigne que ce soit l'un de ces "monstres" à la Marque. Si je ne me trompe pas, l'Eglise n'est pas en conflit avec les Sylviens qui sont censés être à l'origine de la Religion (si je ne me trompe pas dans les détails, avoir un rythme de lecture décousu a des conséquences sur le souvenir de ces détails).
Pour les flammes, et pour l'accouchement, il faut quand même se dire qu'Asha n'est pas quelqu'un de particulièrement prudent ou méthodique. À ce stade de l'histoire c'est assez visible : elle est distraite et un peu trop optimiste. Donc oui elle commet des imprudences (je rappelle aussi qu'elle a 18 ans et donc très peu d'expérience).
Et pour Conan tes questions sont tout à fait légitimes et la réponse est : un peu tout à la fois. Dans le sens où il ressent énormément de culpabilité qu'il transforme en haine aveugle envers autrui pour survivre émotionnellement.
Tu as trouvé juste, en vérité la seule différence entre les Sylviens et les "humains" ce sont les totems, et physiquement on peut parler des traits de leur visage qui sont un peu différents. En tout cas biologiquement, ce sont des homo sapiens.
Oui c'est ça tu as juste^^
- Maxima se déplaça pour dévoila (soit “et dévoila” soit “pour dévoiler”) derrière elle
- mais le genre d’armes très prisé (prisées) au Reor
- Ses yeux parcourait (parcouraient) l’acier avec adoration.
- Il se perdit dans les reflets brûlant (brûlants)
- La prenant à deux mains (,) il trancha l’air avec une excitation grandissante
- Il se précipite (précipita) dans l’air frais de l’hiver mourant
- Trois maisons avaient été achevée (achevées)
- Ils attendaient le retour de leur(s ?) proche(s ?)
- Elle dit qu’elle eut (veut) nous aider à soigner les malades.
- avait réussi à catalyser (canaliser ?) ses ombres
- Flaé s’immobilisa et se baissa pour remettre (permettre) à Asha de descendre
- on pourrait (pourra ?) courir ensembles.
- qu’elle ne pouvait (y a des espaces en trop) s’expliquer. (expliquer)
- traversa la (le) corps d’Asha.
Remarque
- Ce mot seul suffisait à le glacer, alors voir ses camarades étendus et fiévreux faisait monter en lui une panique croissante. (Tu dis déjà que la panique monte pas besoin de rajouter “croissante”, il faudrait un autre adjectif)
- l’ermite parcourt les rangées de lits de fortune (je pense que tu peux enlever “les rangées” ça alourdi la phrase et puis il n’y a qu’une douzaine de malades donc il n’y a pas beaucoup de rangée”)
Encore elle ?? Purée, ça paraissait tellement évident que c'était Clervie, mais, j'sais pas, j'ai pas fait le lien ! 😮😂🤦♀️
Par contre, les gens là, vous touchez ni à Asha, ni à son bébé ! C'est hyper courageux de sa part de faire ça seule :o
Mais quand Flaé est arrivé, au début je pensais que c'était Lohan moi 🥺😅 Et Nuit est un chouille jalouse d'être délaissée comme ça, à mon avis, haha, mais j'la comprend ^^
• "Ou qui y mettrait fin." → j'aurais dit 'ou y mettrait fin' ^^
• "Ici, à l’abris, elle s’allongeait sur le sol pour se reposer" → l'abri
• "Conan plissa les yeux, des gouttes de sueur dévalait son front" → dévalaient
• "Trois maisons avaient été achevée depuis les premières neiges" → achevées
• "Son rêve s’était transformé en cauchemars" → cauchemar
• "Elle dit qu’elle eut nous aider à soigner les malades" → "qu'elle eut" ? ^^
• "Elle fronça le nez en pénétrant dans cette atmosphère gangrénée" → gangrenée
• "Alors que son mari lui expliquait, l’ermite parcourt les rangées de lits" → parcourut
• "des bûcherons qui faisaient très bien leur travail tout seuls" → tous seuls ^^
• "Ces hommes s’était dévoués à la Faction, ils accomplissaient toujours" → s'étaient
• "Qui es-tu, pour qui travaille-tu et que viens-tu chercher" → travailles-tu
• "Ils furent engloutit en un instant par un néant féroce" → engloutis
• "dévoilant les profondes entailles qu’elles avaient dessiner dans la chair" → dessinées
• "Le temps qui s’était paré de douceur l’avait décidé à s’éloigner" → décidée
• "Sa lourdeur l’étonna encore lorsqu’elle posa le pieds à terre" → pied
• "L’herbe n’était pas assez épaisse pour faire une matelas" → un matelas
• "Quand j’aurais accouché, on pourrait courir ensembles" → ensemble
• "nourrissant tous les être vivants qui émettaient une forme chaleur" → êtres / "une forme de chaleur", peut-être ? ^^
• "Puis elle s’assit contre cheval et commença distraitement à nouer sa crinière" → "contre le cheval", ou "contre son cheval", peut-être ? ^^
• "Soudain, elle perçut une âme en proie à de forets émotions" → "fortes", I think ^^
• "Des émotions sombres lui parvinrent, elle fut parcouru d’un frisson" → parcourue
• "Elle étouffa le feu et remonta prestement en scelle" → selle
• "un liquide coula sur ses jambes et imbiba ses vêtements Il était transparent" → tout ptit détail, il manque un point ^^
• "Le cœur d’Asha fit un bon dans sa poitrine" → bond
• "Elle retint tant bien que mal les tremblements qui la prenait" → prenaient
• "les récipients de terre cuite qu’elle avait maladroitement confectionné" → confectionnés
• "Au milieu de la douleur, elle sentit que quelques chose" → quelque
Et oui encore elle x)
Nuit est carrément jalouse XD
Merci pour tes cols, les coquilles et tout (*´꒳`*)
XD tu veux que je fasse passer la morsure ?
Conan nous fait son passage Sasuke oui x)
Bon sang, mais les noms que Conan trouve sont vraiment tout pourraves xD Surtout que, pour le coup, je rejoins Sorryf : il veut se venger de quoi exactement ? C'est lui qui a tout foutu en l'air x) Aucune légitimité à être en colère. Lohan je veux bien, mais lui.... c'est juste rageant x)
Roh et puis les p'tits gens là, ça me saoule, ils pouvaient pas rester sympa plus de... 7 ou 8 chapitres ? Toujours à mettre la responsabilité sur les autres. Il va considérer que le totem d'Asha est une nouvelle forme de marque ?
XD Il veut venger ses parents, il fait du déni. Il est tellement paumé aussi...
Exactly.
Ton chapitre se centre enfin sur Asha (qui est l'un de mes personnages préférés avec Lohan) et je le trouve merveilleusement bien écrit.
Mais j'ai trouvé quelques petites coquilles comme : Ici, à l'abris (sans -s)
Elle inspira immédiatement (spontanément sonne beaucoup mieux)
Comme elle aimait cela. (je verrais plutôt cette phrase avec un point d'exclamation)
Et tu as oublié un point avant la phrase "il était transparent".
Sinon, c'est génial. Je suis toujours emportée par l'histoire !
Puisses tu découvrir une licorne sur ton balcon,
Pluma.
Trop cool que tu aimes Asha <3 Merci beaucoup ^^
Merci pour les coquilles, j'en prends note !
Et toi un dragon blanc ~ (ça commence à partir en cacahuètes ces salutations XD)
J'espère que tu posteras vite de nouveaux chapitres ! J'arrive au dernier, là.
Et puisse la licorne que tu as découvert sur ton balcon ne jamais te quitter !
Puisse ton draguent blanc t'emmène vers des contrés inexplorées ~
Moi qui pensais que ce groupe était a priori décent, et là ils basculent dans le dark side des qu'ils voient une meuf danser. Quels monstres. Bon pour le moment rien n'a été fait, peut-être qu'ils vont se calmer en lui parlant... j'espère... tous les humains peuvent pas être des ordures T.T
a propos d'ordure... J'ai rigolé quand Conan trouve un nom super banal a son épée, et après il est vexé de pas être original alors il change. C'EST TOUJOURS NUL ! T'ES NUL CONAN è.é! TU VEUX TE VENGER DE QUOI C'EST TOI QUI A TOUT DETRUIT !
hem. Quoi d'autre ? Les retrouvailles avec le cheval étaient émouvantes... maintenant que le bébé est né Asha va peut-être pouvoir retourner auprès des siens ? Allez quoi, sa place est là bas en sécurité et entourée de gens qui l'aiment !!
Mais non mais c’est pas parce qu’elle danse XD c’est parce qu’il voit un évènement surnaturel (=la gerbe de feu) et qu’il en déduit que le personne qu’il le crée est un Porteur de la Marque, un Maudit quoi. Tu penses que je dois préciser ?
XDD
Hrm hrm...
Merci pour ta lecture et ton com’ !
Épargne-moi les cailloux au prochain chap stp x(