Rodes a pris un petit café et puis il a filé vers le commissariat, la journée risque d'être longue entre la paperasse et la route, il se doute que tout se passera tranquillement vu que le lieutenant Dawkins veille au grain, mais il a toujours à l’esprit ces films où une bande armée s’attaque aux gars qui transportent des détenus. Au commissariat Dawkins l’attend avec un gars menotté, Rodes s’adresse au prisonnier.
Rodes : — Alors, on a été un méchant garçon !
Phil : — J'ai tué quelques policiers pour le plaisir, tu veux être le prochain sur la liste.
— Hank, il est sérieux ? C’est un tueur de flics !
Dawkins : — Bien sûr, ce genre de gars tue nos nerfs, c'est sa troisième arrestations pour vol qualifié, le petit Phil devrait ne plus importuner les braves gens pendant un petit moment.
Rodes : — C'est pas malin Phil, de jouer avec moi. Tu sais, je connais du monde où tu vas. Et je n’ai qu'à dire quelques mots aux gardiens, pour que ta vie là-bas soit un peu plus agréable ou un vrai calvaire.
Phil : — Vous croyez que vous me faites peur, la prison je connais et c'est pas les gardiens qui font la loi là-bas.
— Si tu le prends comme ça, on ne va pas être pote tous les deux. Hank, t’as fini avec la paperasse ?
Dawkins : — Je signe un dernier papier et on peut y aller.
Deux minutes plus tard, le prisonnier est attaché à l’arrière de leur voiture et Dawkins démarre son moteur en route vers la prison.
Rodes : — Comme c’est toi qui conduis, c’est moi qui choisit la musique.
Dawkins : — Je n’y vois pas d’inconvénient.
— J'ai préparé une sélection de chansons que j'ai nommé « Jailhouse rock » en ton honneur Phil.
Phil : — Ce mec est sérieux !
Dawkins : — Ça va, ce n'est que de la musique.
La musique commence et Rodes commence à chanter : « Let's rock, Everybody, let's rock Everybody in the whole cell block was dancin' to the Jailhouse Rock ».
Arrivés à la prison, ils déposent Phil qui semble ravi d'être arrivé à destination, puis les deux policiers retournent dans la voiture où il commence à parler.
Dawkins : — Une corvée de moins à faire. Pluto, tu vas parfois trop loin avec tes chansons.
Rodes : — T'as adoré la dernière chanson, Smile de Katy Perry.
— C'est pas le point, en plus c'est inapproprié, avant qu’un gars parte en prison tu lui dis de sourire.
— T'as d’autres reproches ?
— Pour tout te dire j’ai compris Jailhouse rock, c'est un classique.
— Merci !
— Mais «Bad »,« I knew you were trouble » et « I did something bad but was it feels so good».
— T’as vraiment un problème avec Taylor Swift! Avec toi, on se contente d’écouter la radio, au moins moi je fais des efforts.
— N’en parlons plus ! T’as l’adresse de madame Martin ?
— Je viens d’entrer ses coordonnées dans le GPS dans vingt mètres, tourne à droite. C’est beau le progrès !
— Que veux-tu encore demander à cette femme ?
— D’abord j’ai besoin du nom du laboratoire qui a fait le test de paternité, ensuite en passant du temps sur facebook, j’ai compris que malgré toutes ses photos et ses messages, tout ce que postait Janis n’était qu’une mise en scène, une fausse image d’elle pour la galerie.
— Et qu’est-ce qui te fait penser cela ?
— Je ne sais pas trop, appelle ça comme tu veux ! Une intuition ou peut-être l’instinct du policier.
— J’ai trouvé ta nouvelle théorie fumeuse.
— Tourne à gauche à la prochaine intersection, on arrive chez madame Martin.
Ils s’arrêtent devant une charmante maisonnette, descendent de voiture puis sonnent à la porte. Trente secondes plus tard, madame Martin ouvre sa porte.
Madame Martin : — Ah ! C'est vous !
Rodes : — Vous vous attendiez à recevoir quelqu'un d’autre ? Vous semblez déçue de nous voir.
— Il est vrai que je ne m’attendais pas à la visite de la police. Vous avez un motif pour venir me voir ?
— Vous deviez me rappeler pour m’informer du nom du laboratoire.
— J’aurais bien voulu le faire mais pour vous dire la vérité, je n'ai jamais le temps de vous appeler à vos heures de bureau.
— Vous avez donc le nom du laboratoire ?
— Oui, j’ai retrouvé la lettre qu’il m’avait envoyée.
Elle se retourne, ouvre un tiroir dans une commode à côté d’elle, puis elle tend la lettre à l’inspecteur Rodes.
Rodes : — Merci bien madame.
Madame Martin : — Ne me dites pas que vous avez fait toute cette route juste pour cette lettre !
— Cela n'aurait rien d’exceptionnel pour nous, mais en effet nous ne sommes pas venus seulement pour ça madame.
— Vous avez encore des questions sur ma Janis, ma pauvre petite fille, je lui avais pourtant dit d’être prudente avec internet. J'ai vu plusieurs émissions sur le sujet qui vous mettent en garde contre leurs fichus réseaux sociaux. Mais les enfants n’écoutent jamais leurs parents. Si seulement cette buse m'avait écouté !
— Justement madame, je crois qu'elle vous a écouté. J’ai lu les paroles de Janis sur la toile et mise à part des banalités, je n'ai rien trouvé de concret.
— Vous êtes sûr d'avoir bien cherché, c’est qu’elle y restait des heures. Pourquoi quelqu’un de normal resterait tout ce temps devant un écran sans se confier. Elle a bien dû écrire quelque chose d’un peu personnel.
Dawkins : — Vous avez certainement raison madame, nous avons dû louper des détails de sa vie.
Rodes : — Aucune chance, je suis resté des heures devant ses publications et sur une période de cinq années je n’ai rien à dire, à part qu’un documentaire sur la fabrication des pâtes en Italie qui était franchement ennuyeux comme c’est pas possible avait plus de saveurs que tous ses postes réunis.
— Je vous prie d’excuser mon collègue, comme vous pouvez le constater, il n’a pas l’œil d’un grand spécialiste, un documentaire sur les pâtes en Italie, ça doit être très intéressant, comme ce que devait publier votre fille.
Madame Martin : — Je ne sais pas pour ce qu’il en était avec les publications de ma fille je ne la suivais pas, les réseaux sociaux c’est franchement pas ma tasse de thé, mais en ce qui concerne ce documentaire sur la fabrication des pâtes en Italie, si c'est bien celui que j’ai regardé, c’était barbant.
Rodes : — Ils l’ont montré, il y a de cela deux semaines en deuxième partie de soirée.
— C’est bien celui auquel je pensais avec cette présentatrice qui s’habille sans aucune classe.
— Je ne dirais pas cela d’elle, je trouve qu'elle se donne du mal pour être en phase avec son public.
— Mais vous avez vu sa tignasse !
— Personne ne peut manquer sa tignasse, mais personnellement je pense qu’elle fait cela exprès pour se démarquer des autres présentatrices, vous savez que le monde des médias est impitoyable et pour survivre dans ce milieu, il faut être prêt à tout.
— Sur ce point, vous prêchez une convaincue. Que ne font-ils pas sur le petit écran !
— Des horreurs, mais tant qu'il y aura du monde pour les regarder, ils continueront.
—Vous savez, il m’arrive de plus en plus souvent de changer de chaîne mais irrémédiablement, je retourne à mon ancien programme en espérant une amélioration mais ils sont de plus en plus décevants.
— Je suis bien d'accord avec vous madame.
Dawkins : — Nous sommes tous d’accord, la télé c’était mieux avant.
— Carrément pas, on a plus de choix, plus de programmes et il y a toujours une nouveauté.
Madame Martin : — Votre collègue a parfaitement raison !
Dawkins : — Vu qu’entre vous deux, ça à l’air de fonctionner, je te laisse lui poser des questions sur notre enquête.
— Que voulez-vous savoir sur ma fille ? Je vous ai dit tout ce qu'il y avait à savoir sur elle au commissariat.
Rodes : — Il est vrai que vous ne traîniez plus avec elle depuis qu'elle était devenue infirmière.
— C’est la vie, les enfants quittent le nid !
— Oui mais avant de quitter le nid, ils ont une vie, des amis, des petits copains, des lieux qu’ils fréquentent.
— Pour tout vous dire, Janis était très populaire dès le lycée, tout comme moi, Marsha l’était un peu moins mais cela ne la dérangeait pas.
— Concentrons nous s’il vous plaît sur Janis.
— Elle a toujours aimé les garçons et les garçons l’aimaient bien.
— Un nom qui ressort du lot ?
— Pas vraiment et puis je ne m’y intéressais pas vraiment. Vous devriez aller voir son lycée, la plupart de ses anciens enseignants doivent toujours y être.
— Vous pouvez me donner l’adresse ?
— Le grand bâtiment gris avec plein de tags dessus est facile à trouver, c’est tout droit à deux cents mètres d’ici.
— Merci madame. Et avait-elle un lieu de prédilection ?
— Je pense qu’elle restait proche du lycée entre le parc, la boulangerie et le café qui se trouvent aux alentours du lycée.
Ils quittent madame Martin pour se diriger vers le lycée, à l’entrée ils croisent le gardien.
Dawkins : — Bonjour monsieur.
Monsieur Torval : — Bonjour messieurs, puis-je vous aider ?
Rodes : — Et qui êtes-vous ?
— Je suis le gardien du lycée, tous les gamins m’appellent Mister T.
— Vous n’avez rien à voir avec Mister T.
— Je sais, avant ils m’appelaient tous monsieur Torval, c’est mon nom de famille et puis un jour, un gamin qui m’aimait bien m’a surnommé Mister T. Je n’ai rien dit, un autre l’a copié et quelques jours plus tard, tous les gamins m’ont appelé Mister T. Et cela doit faire maintenant plus de quinze ans qu'ils m’appellent tous Mister T.
Dawkins : — Connaissiez-vous par hasard Janis Martin ?
— Connaître est un bien grand mot. Mais j’entendais souvent un groupe de filles qui ne disait pas des choses agréables sur elle.
— Pour quelles raisons ?
— À cet âge, c’est toujours à cause d’un garçon et si mes souvenirs sont bons cette fille avait un nouveau petit copain tous les deux, trois semaines, je crois bien que ces garçons ont créé un club des ex. Je m’en rappelle parce qu’en entendant cela, j’avais attrapé un fou rire.
— Vous n’avez pas les noms de ces jeunes gens ?
— Pour ce genre d'information, je vous conseille d’entrer, ça fait déjà pas mal de temps et ma mémoire n'est pas celle d’un éléphant.
— Merci, monsieur, et on doit se diriger vers quel bureau ?
— Après avoir monté le petit escalier, vous tournez à gauche puis à droite, vous continuez tout droit jusqu'au bureau 107, c’est là que se trouve l’accueil et le bureau du proviseur. Ne vous inquiétez pas, c'est très facile à trouver, ils ont collé une grosse pancarte où il y a écrit en gros B.107 sur la porte du bureau.
Après une petite marche, les policiers arrivent au bureau 107.
Dawkins : — Bonjour madame, je suis le lieutenant de police Hank Dawkins et avec mon collègue l’inspecteur Peter Rodes nous enquêtons sur le meurtre d’une ancienne élève de ce lycée Janis Martin.
Madame Walt : — La pauvre petite !
— Vous la connaissiez ?
— Non, je suis nouvelle, mais en de telles circonstances, on se doit d'être compatissant. Vous n’êtes pas d'accord ?
— Bien entendu ! Pourrais-je voir le proviseur ?
— Veuillez patienter, je vais voir si il peut vous recevoir.
Elle ouvre la porte fermée à sa droite et une minute plus tard elle ressort du bureau.
Madame Walt : — Il finit avec son coup de fil et il vous recevra.
Le principal Finn : — Entrez !
— Vous pouvez y aller.
Ils passent la porte, l’ambiance du bureau est glacial, sur les murs du bureau on peut voir en gros caractères la liste des élèves collés et des affiches expliquant que l’échec scolaire mène à la pauvreté et à la délinquance, sur une autre affiche, on peut lire sans diplôme c’est la taule.
Proviseur Finn : — Madame Walt m’a expliqué la raison de votre visite, j’ai le dossier scolaire de mademoiselle Martin sous les yeux, je peux vous imprimer une copie si cela vous intéresse.
Dawkins : — Vous l’aviez dans votre bureau ?
— Non, tout est dans l’ordinateur, il m’a suffit de taper le nom et le prénom de l’élève et un minute plus tard, j’ai accès au dossier de l’élève.
Rodes : — Connaissiez-vous Janis ?
— Pour tout vous dire, je dis à chaque rentrée lors de mon discours aux élèves que je connais chaque élève personnellement, mais à part les élèves qu’on m’envoie pour recevoir une punition, je ne retiens même pas leurs noms.
— C'est pas notre jour !
— Vous savez, j’ai regardé la liste de ses anciens professeurs, ils enseignent tous encore dans notre établissement.
— Où pouvons-nous les trouver ?
— Je peux vous indiquer chaque classe où ils sont censés se trouver ou vous n'avez qu'à les attendre dans la salle des professeurs. Ils y vont tous entre les cours généralement.
Dawkins : — On va prendre le choix numéro deux.
— Très bien, laissez-moi vous y accompagner.
Trois heures plus tard, les policiers mangent des viennoiseries.
Dawkins : — Et si on rentrait, on a interrogé ses anciens professeurs, des commerçants qui la connaissaient, on a retrouvé l’endroit où elle aimait traîner. T’en a eu assez avec ton retour aux sources ?
Rodes : — Je ne sais pas. Je ne voudrais pas manquer un détail important.
— Le crime n’a pas eu lieu ici !
— Et alors, les meurtriers ne tuent pas tous à côté de chez eux.
— Tu crois qu’un de ses ex du coin aurait voulu se venger ?
— Non, les amours de lycée, c’est jamais vraiment sérieux, sinon j’aurais du souci à me faire. Je suis sorti avec presque toutes les filles de mon lycée.
— T’as quand même du souci à te faire, t’as pas changé depuis le lycée et qui sait, un jour tu pourrais y passer.
— Non, je sais ce que tu veux faire, tu voudrais me faire changer. Mais comme disait ma mère, mon fils tu es formidable. Et on ne change pas un type formidable.
— T’as les chevilles qui enflent Pluto !
— En fait, cette journée n’aura pas été vaine pour nous, je pense mieux cerner Janis.
— Les profs nous on dit qu’elle était bavarde en classe, enjouée et malgré tout bonne élève, une vraie perte de temps on aurait pu lire ça dans son dossier.
— Tu t’attendais à quoi en parlant à des professeurs ?
— À apprendre quelque chose d’utile.
— Moi, ça ne m’a absolument pas surpris, j’ai jamais rien appris d’utile avec un professeur.
— On a quand même appris le nom de son ex avec qui elle est restée plus d'un an.
— Il a été renversé par un bus il y a deux ans alors qu’il traversait en courant pour attraper un autre bus.
— Bon, cela ne nous apporte rien, mais tu aurais pu te retenir de rire, le gars est quand même mort.
— C’était une mort débile !
— Ça n’existe pas les morts débiles !
— Si il y a même un top 10, il y a le gars qui glisse sur du verglas, le gars qui tombe dans l’ascenseur car la porte de l’ascenseur s’ouvre sans l’ascenseur, l’apprenti magicien qui coupe réellement quelqu'un ne sachant pas qu'il n’y a rien de magique dans ce tour, le piano qui tombe sur la victime accidentellement.
— Arrête-toi là! Parfois, t’es vraiment répugnant !
— Petite nature, allez on rentre! Je peux conduire ?
— Non, tu l'as dit, je suis une petite nature.
— Dans ce cas, je lance mon autre playlist.
Ready or not here I come ...