Chapitre 9.1 - P2

« Elle mange… LEYLA, viens voir, vite ! Elle mange ! Pluie d’Étoiles mange ! Bon sang, on y croyait plus ! »

Séb s’émerveillait, incapable de cacher sa joie, son soulagement. Au cours du mois qui venait de s’écouler, la jument avait négligé son alimentation à un tel point qu’elle en avait perdu énormément de poids. Sa masse musculaire n’était plus du tout la même non plus. Elle survivait simplement, s’abreuvant et avalant tout juste assez de foin pour ne pas mourir.

Impossible de songer à la travailler, elle était bien trop fébrile.

« Qu’est-ce que tu as à crier, Séb ? Tu te mets à avoir des hallucinations ?

— Mais non, regarde ! C’est un truc de dingue, j’te jure ! »

Leyla constata de ses propres yeux que son collègue n’avait pas la berlue.

« Mais tu as fait quelque chose pour qu’elle dévore son grain comme ça ?

— Même pas, c’est ça le pire, Leyla ! On n’a rien fait du tout, c’est incompréhensible…

— Espérons que ça continue comme ça… »

La jeune femme remarqua alors quelque chose d’autre. Un détail si subtil que son collègue semblait l’avoir laissé de côté.

Les oreilles tantôt vers l’avant, tantôt légèrement plus en arrière, une lueur nouvelle dans ses yeux… Tout dans le comportement de la jument traduisait une excitation certaine. Comme si elle savait quelque chose qui échappait à tout son entourage.

« Tu les as déjà vu travaillé ensemble ? demanda Leyla.

— Vite fait. Pourquoi ?

— C’est très particulier à regarder. C’est comme s’ils pouvaient se lire dans les pensées l’un de l’autre. Je n’ai jamais vu une chose pareille, même avec des cavaliers expérimentés qui ont étudié le comportement des chevaux. C’en est presque dérangeant d’être le spectateur d’une telle complicité.

— Toujours pas de nouvelles ?

— Non, toujours rien. Enfin, si, y a quand même du nouveau. Y a un type qui enquête sur sa disparition soudaine et celle de sa mère. Un inspecteur Li ou un truc du genre. ’fin bref, je sais pas trop d’où il sort mais c’est pas trop tôt, un mois après sa disparition.

— L’inspecteur Pi tu veux dire, non ? Il est déjà passé l’autre jour, il posait des questions.

— Quel genre de questions ?

— Ben, tu sais les trucs habituels. Quand on l’aurait vu la dernière fois, quel genre de mec c’était, si sa mère payait bien la pension, tout ça tout ça.

— Il essayait probablement de comprendre si c’était le genre à disparaître du jour au lendemain. Pff… Ils n’en sont encore qu’au premier stade de l’enquête, c’est ridicule. »

La conversation s’en tint là et les deux palefreniers soigneurs s’en retournèrent vaquer à leurs occupations.

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