CHAPITRE 9

Par Taranee

PRESENT : LE DUC NOWISE

 

            Cher père,

            Je commence à prendre plaisir à maintenir cette petite correspondance avec toi. Tu m’as trouvé ? Parfait, viens, je t’attends avec impatience. Mais, père, on dirait bien que le petit Jio t’a trahi. Cet enfant des ombres que tu convoitais tant s’est enfui. Comment vas-tu faire pour l’utiliser ? Moi, je sais où il est. Je vais bientôt le récupérer. Et cette fois, je ne le laisserai pas partir. Tu n’as plus qu’à venir me trouver, si tu veux le récupérer. Dis-moi si je me trompe, mais cette fillette, Nethan… C’est l’enfant de la lumière, n’est-ce pas ?

Trêve de bavardages. Sache que j’aurai bientôt retrouvé mon pouvoir. Tu ferais mieux d’agir au plus vite. Je suis certain que tu as encore un souvenir cuisant de la dernière fois que j’ai utilisé ma magie contre toi.

Je termine ma lettre sur ce doux souvenir d’un passé glorieux. J’attends ta visite. Ne tarde pas trop, père.

 

            Le Duc reposa la lettre sur le bureau dans un soupir las. La servante qui la lui avait apportée attendait toujours dans la pièce, espérant recevoir un ordre. Erlein la contenta.

- Va-t’en.

Elle obéit dans la seconde. Nowise commençait à se lasser de ce petit jeu de provocation auquel jouait son fils. Qu’il ait la mainmise sur Jio était préoccupant, mais Erlein ne pouvait rien faire pour l’instant. Il n’avait pas la moindre idée d’où était ce traître de mage d’ombres. Lorsqu’il l’avait envoyé en mission pour le tester, il avait espéré que Jio serait différent, que, même s’il était l’enfant des ombres, il ne se comporterait pas comme ses compères mages noirs. Mais il s’était trompé. Il l’avait laissé, seul, à accomplir une mission de la plus haute importance, et ce gosse s’était joué de lui et était parti avec l’enfant de la lumière. Quelle immaturité de sa part. Ce n’était qu’un caprice d’enfant. Il ne valait pas mieux que Nilt et Soö. Que faire, maintenant ? Attendre. Oui, il n’y avait que ça. Attendre, continuer d’assurer l’influence qu’il avait sur l’assemblée. Et le moment venu, il irait voir Soö.

            Soö qui le provoquait, et qui pourtant se terrait dans sa minable forteresse, aux côtés de ses déchets de mercenaires. Des criminels de bas étage, versés dans l’art de la tuerie de masse et de l’hécatombe. Aucune beauté, aucune subtilité dans leur art. Juste un travail brutal et barbare, indigne d’un homme. Nilt aussi, se cachait, avec Jio, et avec l’enfant de la lumière. Tous ses rivaux le fuyaient, tels les couards qu’ils étaient. Ils prenaient tous un malin plaisir à le provoquer puis à décamper une fois que le Duc passait à l’action. Des moucherons qui l’empêchaient de se concentrer sur son projet. Sa mission. Pourquoi se mettaient-ils en travers de son chemin ? Pourquoi voulaient-ils l’empêcher de sauver la face ? Tenaient-ils tant que ça à la destruction ? Ou étaient-ils si égoïstes qu’ils ne pensaient qu’à eux, sans penser au reste des mages, à toute la face magique ?

 

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