Chapitre 9 - De vrais "p'tits anges"

Notes de l’auteur : Ma vie est un enfer. Mes élèves me font vivre l'enfer. Je suis le diable. Je veux mourir.

- Donc Ravenne, que peux-tu nous dire sur la définition que tu te fais de la notion de désir.

Qu'est-ce-que tu vas encore me sortir stupide, là, petite bouffonne ?

 

- Bah ! Je pense que le désir c'est un truc... bon... cool... et bizarre à la fois.

Humpfff ! Un truc !

 

- C'est-à-dire ?

- Que le désir, c'est quelque-chose dont on ne peut se séparer parce que nous sommes fait de ça. Pourtant, il peut s'avérer nuisible, quelquefois.

- Waouh ! C'est excellent !

Et ben ! Qu'est-ce-qui s’est passé ? Une encyclopédie lui est tombée sur la tête ou quoi ?

 

- Très excellent.

À la base, mes cours ne font pas vraiment valser ses «petits» anges. Mais, dès le moment où ils daignent donner un peu de leur sérieux, la partie devient tout de suite un véritable régal pour moi.

 

- Bien ! Alors, que pensez-vous tous du point de vu de votre camarade ?

 

Silence radio !

 

Que dalle ! Personne ne veut répondre. Ça c'est l'ambiance habituelle.

Je retrouve ma classe bien-aimée.

 

- Quelqu'un a-t-il quelque chose à redire sur le point de vue de Ravenne ?

- ...

Personne, hein ?

 

- C'est vraiment dommage ça. Je... j’aurai pu offrir un bonus à l'élève qui aurait fait preuve d'un peu plus d'esprit d'initiative. Hum ! Oui ! C'est dommage pour vous. Donc, Ravenne va devoir garder son bonus.

- Quoi ? Mais monsieur, vous n'avez pas parlé de ça au début.

- Ah bon ? Et de quoi ais-je parlé, Pidot, toi qui es si pointilleux et attentif à mes cours ?

- Euh ! Je sais pas mais... mais, vous n'avez pas parlé de donner des bonus. C'est un complot ça.

Bah voyons ! M'sieur le syndicat.

 

- Ah ! Bah oui ! C'est comme ça.

- Ah non ! Ce n’est pas juste ! D'où sortent ces points bonus que vous voulez octroyer à cette idiote de Ravenne ?

De mon caleçon… si tu veux tout savoir.

 

- Euh... Figure-toi que j'ai reçu ma paye hier et que je voulais vous faire un peu plaisir aussi.

- Mais pourquoi ça tombe sur cette idiote ?

Parce que...

 

- Hé ! Je ne te permets pas, hein, fils de puta.

- Ne vous discuter pas pour si peu, les mioches.

- Ah non !

- Tout peut encore se régler à l'amiable. Mais, seulement si tout le monde décide de participer pour gagner ces points.

- J’peux répondre… j’peux répondre, scande la foule en délire.

 

Ah ! Ces journées de cours sont toujours très exténuantes. Quand je pense qu'il y'a des jours où je reviens sens dessus-dessous de la tête au pied. La poussière des bâtonnets de craies, la fécondation des bruits de mes pas sur le plancher mal foutu et le bavardage incessant des élèves, les interminables rattrapages que je dois me coller pour relever le niveau de ces branquignols.

Je ne donne pas très chère de ma peau, en ce moment.

 

- Tiens, comment vas-tu, collègue ?

- Je vais très bien, Angéla. Et toi ?

Il n y a que le parfum de la CVS et ses courbes magnifiques qui peuvent me redonner le sourire.

 

- Parfaitement bien !

- Étonnant ! Vu toute la série d'exercices que tu t'es tapé, hier, à la salle de sport.

Ça, c'est rien de l'dire ! Mon dos et l'ensemble de mes muscles souffrent autant que si un bus leur était passé dessus.

 

- Des fois, j'me demande si tu n'exagère pas un peu.

- De quoi ? Non... Euh... C'est vrai que c'était loin - Je dirais même, très loin - d'être une promenade de santé. Mais bon, je tiens le coup.

Si souffrir le martyre signifie bel et bien tenir le coup.

 

- Waouh ! T'es vraiment costaud.

Je n’ai plus qu'à me laisser passer dessus par un bus.

Je ne sentirais même pas la différence, je vous assure.

 

Je ne sais pas si c’est son ironie qui sollicite ma dépendance vis-à-vis d'elle, ou juste le fait que ce soit la seule femme qui m’accorde de l'attention.

Et, bien-sûr, l'intérêt soudain que Gisèle me témoigne ne compte évidemment pas.

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