Chapitre 9 : Tornade

Soudain, le duc Arthur fut projeté à l’autre bout de la pièce par une bourrasque violente. Clave tomba à genoux, les larmes aux yeux. Elle n’avait pas senti le coup de fouet du duc et tout était doré autour d’elle. 

“Qu’est-ce que… Pourquoi… Pourquoi je…”

Clave était tellement ébahie qu’elle n’arrivait même plus à penser deux mots à la suite. Elle remarqua Catherine qui la fixait, les yeux grands ouverts et elle se demanda pourquoi.

Comme la jeune fille était accroupie, elle s’appuya sur le sol pour se relever, mais elle chancelait. Elle se sentait faible. Et elle voyait toujours doré, elle ne savait pas pourquoi. Était-elle devenue folle, après seulement une semaine passée dans cet endroit ?

En jetant un coup d’œil au duc Arthur, Clave le vit qui se relevait déjà, alors qu’il venait d’être projeté par une tornade. Enfin, était-ce vraiment une tornade ? Clave aurait bien aimé le savoir… Elle baissa les yeux et soudain, elle remarqua que son pendentif brillait d’une intense lumière bleue. Elle pouvait même sentir une immense force émaner de lui.

Catherine fixait toujours Clave, qui était entourée d’une tornade dorée ressemblant à de la magie, mais elle sortit un instant de sa surprise en voyant que le duc Arthur se rapprochait de la jeune fille et qu’il avait l’air dans une fureur sans nom.

– Clave… Tout va bien ?

En entendant son nom, la jeune servante leva des yeux paniqués vers son amie. Catherine remarqua que ses yeux brillaient d'une puissante lumière dorée, aussi dorée que la tornade qui soufflait autour d’elle. Cependant, malgré cette tempête violente, la pièce n’était pas ravagée.

“C’est donc bien de la magie, pensa Catherine, interdite”

– Cath…, murmura une voix. Cath…

Catherine mit un moment à se rendre compte que Clave lui parlait.

– Que… Que s’est-il passé, Cath ?

– Je ne le sais pas plus que toi, mais il faut partir, le duc est en colère.

– Mais… Attends ! protesta la jeune servante. Pourquoi mon collier a réagi comme ça ?

Catherine fit la grimace. Elle ne savait pas plus que la jeune fille.

– Clave, tu… Tu peux arrêter cette tempête, s’il te plaît ? demanda-t-elle tout en surveillant du coin de l’œil le duc Arthur.

Sauf qu’il n’était plus là.

Il poussa Catherine sur le côté sans faire vraiment attention à elle et s’approcha de Clave, les yeux avides de pouvoir et un sourire maléfique collé sur les lèvres.

– Non… Arrêtez ! s’écria Catherine sans réfléchir, alors que Clave se plaquait de plus en plus contre le mur, terrifiée.

Comment ne pas l’être, dans pareille situation ?

Le duc Arthur attrapa le bras frêle de sa servante, qui poussa un cri. Il remonta la manche de sa robe noire jusqu'à son épaule. Catherine, de son côté, ne pouvait pas apercevoir ce qu’il voyait, mais elle remarqua très bien l’expression affreuse qu’il avait. 

– Enfin… Après toutes ces recherches… C'est bel et bien elle ! Merveilleux ! murmura-t-il. 

“De quoi parle-t-il ?” se demanda Catherine, mais elle préféra garder ses réflexions pour elle.

Il commença à ricaner, puis à rire de plus en plus fort d’un rire qui faisait trembler la domestique. Puis le duc Arthur claqua des doigts et la tornade dorée qui enveloppait Clave jusque-là disparu aussi vite qu’elle était arrivée, neutralisée par une sorte de vapeur argentée. Catherine n’en revenait pas. La scène qui se déroulait sous ses yeux était presque irréelle. Elle aurait tout aussi bien pu être en plein rêve.

Elle remarqua que Clave s’était évanouie, de fatigue sans doute. Elle ne tenait même plus sur ses jambes il y a quelques instants à peine. C’était comme si la tempête qu’elle avait elle-même créée lui avait aspiré toute son énergie. Le duc Arthur, toujours sans faire attention à la domestique qui se tenait juste à côté de lui, prit Clave dans ses bras et se leva.

– Attendez ! le retint Catherine, à genoux sur le sol. Qu'est-ce que vous allez lui faire ?

Le duc Arthur se retourna très lentement, surpris par l’intervention de la domestique, qu’il n’avait même pas remarquée jusqu’à présent.

– Tu tombes bien, toi. Va me chercher ma sœur. Elle saura mieux s’en occuper, dit-il en désignant Clave du menton.

Catherine se mit debout pour ne pas avoir à lever trop la tête vers son interlocuteur, mais même sur la pointe des pieds, cela ne changeait rien. Que devait-il penser d’elle, la petite domestique réservée, aux cheveux en bataille, qui tentait de se tenir face à lui ?

– Va chercher ma sœur, répéta le duc Arthur. Je ne le dirais pas une troisième fois.

– Non, répliqua subitement Catherine.

Elle écarquilla ses yeux noisette, éberluée. C’était elle qui avait dit ça ? Elle avait tenu tête à son maître, elle allait être punie ! Mais autant continuer sur sa lancée…

– Vous… Vous ne m’avez pas répondu ! Qu’allez-vous lui faire ? Ce n’est qu’une servante ordinaire…

“Bien sûr que non, idiote, tu l’as vu de toi-même ! Pour avoir des pouvoirs comme ceux que Clave a, il faut être très puissant, et donc spécial !” s’écria une petite voix dans sa tête.

Voyant que le duc Arthur ne répondait pas, Catherine baissa les yeux vers le sol, intimidée. Le duc Arthur lui tourna le dos et, Clave dans les bras, sortit de la pièce sans un mot.