« Pourquoi est-ce que j’ai pas le droit de regarder dans ce tiroir ? Je croyais que tu avais dit que je pouvais faire comme chez moi ici… »
Extrait d’une discussion entre Jolène Tingaal’Rane
et son professeur de théâtre, Narcisse Pandiorki, en 1810.
*
12 minutes après le meurtre de Narcisse Pandiorki
15 avril 1821, 03h14 du matin
Des dizaines de carnets aux reliures toutes plus splendides les unes que les autres s’entassaient sur les étagères en bois, en compagnie de divers bibelots décoratifs. Narcisse avait toujours eu le sens du beau. Réprimant un haut-le-cœur, Jolène les parcourut des yeux jusqu’à tomber sur celui qu’elle cherchait. Là, le petit à la couverture violette agrémentée de fleurs dorées. Le sien. Elle n’avait plus qu’à tendre la main pour faire disparaître toute trace de son passé tragique, effacer le dernier lien entre elle et son ancien bourreau. Elle suspendit pourtant son geste en plein mouvement. Du sang. Sa main était tachée de sang. Elle ne s’en était pas rendue compte.
La jeune femme recula précipitamment et s’essuya sur sa robe à volants, dont la teinte rouge d’origine était désormais couverte de taches plus foncées. Les terribles souvenirs des minutes précédentes se bousculèrent dans son esprit.
***
Une boite à biscuit dans les mains, Narcisse leur demande, tout sourire :
— Vous prendrez bien quelques sablés à la fleur d’oranger ?
Jolène échange un regard ébahi avec Zéphyr. N’y a-t-il donc aucun moyen de discuter avec leur ancien professeur sans qu’il ne détourne la conversation au bout de deux minutes ?
— Non ? Avant vous les mangiez sans rechigner mes gâteaux, pourtant. Ce que vous êtes devenus ennuyeux en grandissant…
Zéphyr lui arrache sans ménagement la boite des mains et la balance par terre.
— Je crois que tu n’as pas bien saisi la situation. On n’est pas venu te rendre visite au milieu de la nuit pour s’amuser. Jolène et moi, on a quelques objections à faire concernant ton attitude envers les enfants et tu ferais mieux de coopérer si tu veux éviter d’avoir de gros ennuis.
Sans un mot, Narcisse se baisse pour remettre les gâteaux dans la boite. Il s’en va ensuite la ranger dans la cuisine et revient se planter devant son ancien élève comme si de rien n’était.
— Mon Zéphyrou… Tu sais qu’il est parfaitement inutile de faire un cirque pareil pour revenir dans ma vie ? Tu as toujours été mon préféré et je suis ravi de t’accueillir à nouveau ! Les autres élèves ne sont rien d’autre qu’une distraction à mes yeux… Alors que toi… Toi, mon garçon, tu pourrais faire de si grandes choses si tu t’en donnais les moyens !
Jolène assiste à la conversation sans savoir s’il vaut mieux en rire ou en pleurer. De toute évidence, ils ne vont pas y arriver, ou en tout cas pas comme ça, en lui jetant leurs requêtes doublées de menaces à la figure. Même en s’y mettant à plusieurs, ils ne font pas le poids. Narcisse est trop buté, trop sûr de lui, certain de s’en tirer à bon compte, comme toujours. Après tout, il a déjà réussi à échapper à la police une fois. Comment est-ce qu’une bande de jeunes traumatisés pourrait bien l’arrêter ?
Zéphyr ne lâche pourtant pas l’affaire. Excédé, il attrape un poignard caché sur lui et le brandit d’un air menaçant.
— Fini de jouer ! Je vois bien que tu ne me crois pas quand je dis que je connais des gens dangereux, capables de te régler ton compte. Mais je t’assures que je ne rigole pas du tout ! Si tu ne coopères pas, tu vas le payer très cher.
Le jeune homme joint le geste à la parole et lacère le canapé d’un coup de lame. Cela n’ayant aucun effet sur Narcisse, il entre alors dans une rage folle et s’acharne sur le divan jusqu’à le réduire en lambeaux. Quand il se redresse, essoufflé, et balaye la pièce du regard à la recherche de sa prochaine cible, Jolène décide de participer à son tour. Les tableaux décoratifs finissent éventrés, la collection de trophées jetée au sol et le miroir explosé. Plus rien ne les arrête. Alors qu’elle détruit méthodiquement une à une les assiettes en porcelaine, Jolène exulte. Cette petite opération destruction n’est peut-être pas grand-chose en comparaison de ce qu’ils ont subi, mais ça fait du bien et ils auraient tort de s’en priver.
De son côté, Narcisse se contente de les observer en soupirant.
— Vous avez bientôt fini ?
Zéphyr lâche le livre dont il était en train de déchirer les pages et revient près de lui.
— Et toi, tu t’es enfin décidé à nous écouter ?
— Je ne vois pas ce qu’il y a à écouter. Vous semblez juste avoir décidé de faire votre crise d’adolescence à retardement.
— Je vois.
Zéphyr lui lance un regard mauvais tout en retournant à ses occupations. Après avoir fracassé l’horloge murale, il ouvre un tiroir du buffet et Jolène l’aperçoit en sortir une boite ovale richement décorée.
Cette fois, Narcisse réagit au quart de tour.
— Non ! Rend-moi ça tout de suite !
Surpris, le jeune homme a tout juste le temps de reposer la boite avant que l’acteur ne se jette sur lui. Tandis qu’ils en viennent aux mains, Jolène en profite pour subtiliser l’objet et regarder à l’intérieur. Des lettres, un foulard et quelques bijoux ? C’est ça qui met Narcisse dans un tel état ?
A côté d’elle, les deux hommes s’affrontent dans un enchevêtrement de coups et de cris. Alors qu’ils percutent un meuble dans un bruit sourd, Jolène sursaute et relève la tête. Zéphyr semble à présent en mauvaise posture. Écrasé sous Narcisse, il parvient malgré tout à attraper son arme et poignarde son ancien professeur dans le ventre. Une expression profondément choquée déforme les traits de l’acteur. Comme s’il n’en revient pas que Zéphyr, dont il a contrôlé la vie pendant des années, puisse en arriver là. Bien fait pour lui ! Ce n’est pas Jolène qui va le plaindre, au contraire. Voir ainsi le jeune homme briser ses chaînes ne fait que lui insuffler le courage de se rebeller à son tour. Tandis que Narcisse se tord de douleur sur le sol du salon, Zéphyr la rejoint, triomphant.
Penchés au-dessus de la boîte, les deux complices s’empressent alors de déplier quelques lettres. Celles-ci commencent toutes de la même façon : Chère A. Mais qui est A ? Ils n’ont pas le temps d’en lire plus que l’acteur revient à la charge, se jetant dans les jambes de Zéphyr. C’en est trop pour Jolène. Elle attrape un trophée qui traîne à proximité et frappe.
Pour toutes les horreurs qu’elle a subi, elle frappe.
Pour venger les autres victimes, elle frappe.
Pour ne jamais avoir reçu d’excuses, elle frappe.
Parce qu’il a eu le culot d’accorder plus d’importance à de stupides lettres qu’à des vies humaines, elle frappe.
Elle frappe, elle frappe, elle frappe.
— Jolène, arrête ! Tu vas lui défoncer le crâne !
Elle sent des bras lui encercler la taille pour la tirer en arrière et lui enlever le trophée des mains. Zéphyr. Il recule et semble avoir un haut-le-cœur en observant la scène qui s’étale sous ses yeux.
— Merde, je crois que je vais vomir.
Il s’accroupit au milieu du dépotoir qu’est devenu le grand salon-cuisine et reste un moment immobile, à inspirer et expirer de façon anarchique, proche de la crise d’angoisse. Il semble cependant un peu plus calme quand il reprend la parole.
— En fait non, ça va. Mais tout ce sang…
Jolène se risque à jeter un coup d’œil au corps inerte à ses pieds et un grand frisson la traverse.
— Zéphyr ?
— Oui ?
— Est-ce que je… Je viens de le tuer ?
— Étant donné qu’une partie de son cerveau sort de son crâne, je pense qu’il est mort, oui.
***
— Alors, tu as trouvé ton carnet ?
La voix de Zéphyr ramena Jolène dans le présent. Les étagères de la pièce secrète s’étalaient toujours sous ses yeux, remplies des dizaines de carnets qu’avait accumulé leur propriétaire au fil des ans. Elle attrapa celui qui la concernait et quitta ce lieu sordide, qui n’arrêterait sûrement pas de sitôt de peupler ses cauchemars.
Sur le mur blanc du couloir, Zéphyr venait d’inscrire à la peinture rouge AGRESSEUR D’ENFANTS de façon bien visible. Une grande flèche pointait également dans la direction de la pièce secrète, au cas où l’avoir ouverte n’était pas suffisant pour inciter la police à fouiner à l’intérieur.
— Bon travail ! commenta-t-elle. Tu es sûr de vouloir laisser ton propre carnet ici ?
— Certain. Je suis trop lié à Narcisse pour qu’on ne m’interroge pas sur la nature de notre relation et je n’ai plus la force de continuer à mentir à ce sujet. Pas après ce qui vient de se passer…
Jolène hocha la tête. Elle-même préférait enterrer son passé pour toujours, mais elle comprenait. Chacun avait sa propre façon de gérer ses traumas.
Ils retournèrent dans la pièce principale, où Zéphyr rassembla les maigres possessions qu’ils allaient emporter : le poignard, le trophée et la boite ovale. Alors qu’il enveloppait les armes dans un torchon pour éviter de mettre du sang partout, le regard de Jolène tomba sur la pierre de lune qu’il portait au poignet. Une nouvelle vague de souvenirs la submergea.
***
— Qu’est-ce qu’on va faire maintenant ?
— Je sais pas, Jolène. Je sais pas.
A le voir prostré comme ça, à se ronger les ongles, Zéphyr semble tout aussi perdu qu’elle.
— En fait si, je sais qui pourrait nous aider à échapper à la police. Mais ils ne vont pas être contents d’apprendre ce qui vient de se passer.
— Ton groupe de justiciers ?
— Oui. D’ailleurs, ce sont des gens que tu connais déjà.
— Ah bon ?
— Je t’expliquerai plus tard, déclare Zéphyr. Mais avant ça… Puisque la police prend généralement plus au sérieux les affaires de meurtres, peut-être que… on devrait en profiter pour rendre publics les carnets.
— C’est vrai que cet enfoiré notait tous ses crimes là-dedans ! Reste plus qu’à trouver la clé de sa pièce secrète.
Jolène baisse les yeux vers le corps inerte à ses pieds et ne peut retenir une grimace de dégoût.
— Beurk. J’aurais jamais cru devoir fouiller un cadavre un jour.
Alors qu’elle se met malgré tout à la tâche de mauvaise grâce, Zéphyr l’interrompt brusquement.
— Attends, je viens de penser à un truc ! Au fond, un être humain n’est pas si différent d’un animal, et puisque Narcisse vient tout juste de mourir, peut-être bien que je pourrais le…
Jolène hausse un sourcil, ne comprenant rien à ses élucubrations. Tout ce qu’elle a en tête, c’est qu’ils doivent se dépêcher d’ouvrir la pièce secrète et de filer d’ici. Chaque minute supplémentaire passée dans cette maison leur fait courir le risque d’être prit en flagrant délit !
Cependant, Zéphyr ne semble pas être du même avis. Il se penche au dessus du corps de Narcisse et utilise sa pierre de soleil pour matérialiser l’aura du défunt. Un spectre lumineux apparaît alors dans la pièce, flottant à quelques mètres du sol et visiblement en panique. Après tout, il vient d’être assassiné. Le fantôme ressemble de façon troublante au professeur de théâtre tel qu’il était de son vivant, la question de la transparence mise à part. Celui-ci braque son regard sur elle et Jolène recule d’un pas, sous le choc. Elle ne savait même pas que tout cela était possible ! L’âme d’un mort n’est-elle pas censée disparaître immédiatement dans l’au-delà ?
— Qu’est-ce que…
Elle ne termine pas sa phrase, coupée dans son élan par la vision de Zéphyr sautant sur le fantôme, tel un fauve sur sa proie. Il le rate de peu, mais se réceptionne en équilibre parfait de l’autre côté de la pièce, les yeux toujours braqués sur sa cible. Le jeune homme est méconnaissable. L’aura verte d’un gigantesque émeu se superpose désormais à la sienne, tandis que la pierre de lune à son poignet brille de mille feux. Mais c’est l’expression de son visage qui trouble Jolène. Elle ne l’a jamais vu comme ça. Si… prêt à tuer. Pourtant, Narcisse est déjà mort. Elle est bien placée pour le savoir.
La scène qui se déroule ensuite sous ses yeux est surréaliste. A une vitesse surhumaine, Zéphyr virevolte à travers la pièce à la poursuite du fantôme, jusqu’à ce qu’il finisse par l’attraper et le plaquer au sol. Le spectre se débat alors dans une grimace d’horreur, sans succès. Zéphyr le maintient fermement et commence à l’aspirer à l’intérieur de la gemme à son poignet. Le procédé est douloureux, à entendre les cris sourds qui s’échappent par la gorge diaphane du fantôme. Pourtant, cela ne perturbe pas le moins du monde le jeune homme, qui jubile au contraire d’observer le processus à l’œuvre, allant jusqu’à afficher un sourire radieux une fois celui-ci terminé.
— Ça y est, je te tiens, murmure-t-il dans un souffle.
Jolène n’est pas sûre de comprendre ce qu’il vient de se passer et cligne des yeux, pantoise.
— Voilà, maintenant nous pouvons nous occuper de la pièce secrète, annonce Zéphyr en se redressant.
***
Une fois les armes emballées dans le torchon, Zéphyr serra son petit paquetage contre lui et confia la boite ovale à Jolène. Celle-ci y glissa son carnet à l’intérieur pour ne pas le perdre et se décida enfin à poser la question qui lui brûlait les lèvres.
— Zéphyr… Est-ce que tu veux bien m’expliquer ce que tu as fait avec l’âme de Narcisse tout à l’heure ?
Le jeune homme eut l’air embarrassé.
— Ah, ça… Pas grand-chose en fait, juste un truc de Sentinelle.
Jolène fronça les sourcils. Chaque année, les Sentinelles faisaient démonstration de leurs incroyables pouvoirs lors du Jour des Parades. Perdue dans la foule, elle pouvait alors admirer les protecteurs de la ville simuler des combats, soulever des poids incroyablement lourds, ou comme Zéphyr l’avait fait un peu plus tôt, courir et sauter à une vitesse inaccessible au commun des mortels. Mais un détail la chiffonnait.
— Tu peux voir les fantômes de tous les habitants décédés ?
Le jeune homme leva les yeux au ciel, comme si elle venait de dire la chose la plus absurde qu’il ait jamais entendue.
— Bien sûr que non ! Je peux seulement… D’où crois-tu qu’on tire nos pouvoirs au juste ?
— Des pierres de lune ?
Le ton de Zéphyr se fit plus impatient.
— Et elles fonctionnent comment ces gemmes, à ton avis ?
— Euh… Grâce à votre volonté ?
En vérité, Jolène ne s’était jamais posée la question. Toute petite, on lui avait apprit que les Sentinelles possédaient des gemmes et une puissante magie qui allait avec, tandis que les autres habitants en étaient dépourvus. Comme tout le monde, ces pouvoirs provoquaient chez elle une certaine fascination et elle les enviait un peu, bien sûr, comme une petite fille devant une vitrine de jouets hors de prix. Sauf que cela lui étant inaccessible, elle n’avait pas pensé chercher plus loin.
Face à elle, Zéphyr semblait consterné.
— J’aurais cru qu’après tant de temps passé avec Melchior, tu en savais un peu plus que ça… Enfin bref, peu importe. Les pierres de lune ne sont en réalité que les outils des Sentinelles. Elles n’ont pas de magie intrinsèque, mais nous permettent de manipuler les auras à notre guise.
Piquée par la curiosité, Jolène l’écoutait avec attention.
— Le fantôme d’émeu qui m’accompagnait tout à l’heure… C’est un véritable oiseau que j’ai tué il y a six semaines. Au moment de sa mort, son âme s’est détachée de son corps et j’en ai pris possession, l’enfermant dans ma pierre de lune. Depuis, je peux utiliser son aura pour courir et sauter plus vite et plus loin qu’un humain, comme lui-même le faisait de son vivant.
D’un coup, des liens se faisaient dans l’esprit de la jeune femme et les choses prenaient sens.
— Est-ce que ça veut dire que… les Sentinelles volent les âmes des morts ?
— On peut dire ça, oui. Mais les âmes sont fragiles et disparaissent vite après un décès. C’est pourquoi l’on tue généralement nous-même les bêtes dont les capacités nous intéressent. Pour capturer leur aura tant qu’il en est encore temps.
Jolène hocha la tête.
— Je vois. Et Narcisse alors ?
Zéphyr dansa d’un pied sur l’autre, mal à l’aise.
— Eh bien… Je t’avoue qu’on n’est pas censé faire ça avec un humain. Comme c’est une première, je ne sais pas exactement quelles conséquences cela va avoir sur lui comme sur moi et j’aurais sûrement de gros ennuis si cela est découvert. Mais la tentation était si forte, qu’en effet, j’ai volé l’âme de Narcisse.
Jolène sentit une drôle de sensation l’envahir. Le champ des possibles que cela ouvrait donnait le vertige, tant de nouvelles possibilités s’offraient à eux. En quelques minutes, Narcisse était passé du statut de bourreau tout puissant à celui de cadavre, puis de prisonnier complètement à leur merci. Zéphyr pouvait désormais en faire ce qu’il voulait. Le garder enfermé dans sa gemme, le torturer, lui arracher des excuses et le faire implorer leur pardon…
— On est d’accord que ça veut dire qu’il vit toujours, mais sans corps ?
— En quelque sorte. Mais il finira tout de même par disparaître un jour. Même avec l’aide d’une pierre de lune, les âmes ne tiennent jamais plus de quelques mois une fois séparées de leur attache physique…
— En attendant, est-ce que tu peux toujours communiquer avec lui, enfermé là-dedans ? demanda la jeune femme en désignant la pierre de lune.
— Oh, j’y compte bien ! On a beaucoup de choses à se dire, maintenant qu’il ne peut plus se défiler. Enfin, on verra ça quand il se sera un peu calmé. Les premières vingt-quatre heures sont toujours les plus difficiles après une capture…
Jolène ne savait plus quoi en penser. Elle qui était persuadée d’avoir brutalement mis fin aux jours de l’acteur, voilà qu’il récoltait peut-être un sort pire que la mort. Alors qu’ils quittaient discrètement la maison de leur ancien professeur, la jeune femme posa la dernière question qui la préoccupait :
— C’est pas un peu immoral de lui avoir fait ça, à Narcisse ?
— Sûrement. Et alors ?
Yaaaa tu m'as fait trop peur. J'ai lu la première ligne et ma réaction a été à peu près : Nooooon 12 minutes après ??? Je vais pas lire LE moment ??
Et ouf, en fait si !
Bien bien bien. Un chapitre très intéressant, forcément, parce que je l'attendais depuis longtemps. Un juste retour des choses selon moi, mais j'ai peur que la culpabilité les guette déjà en cette fin de chapitre.
Une petite note sur le meurtre même :
"Lorsqu’elle relève les yeux, Zéphyr vient de poignarder son ancien professeur dans le ventre. Bien fait pour lui ! Tandis que Narcisse se tord de douleur sur le sol du salon" -> pour moi, même si on est sur le point de vue de Jolène et que Jolène est spectatrice de ce moment, c'était trop rapide. D'ailleurs je dis spectatrice, alors que j'ai le sentiment qu'elle regarde ça en périphérique et avec un casque sur les oreilles. J'ai trouvé que ça manquait un peu d'adrénaline, et de bruit surtout. Ça doit être bruyant, ce genre de lutte acharnée, quand même, pour qu'elle constate simplement que *pof*, il s'est fait poignardé.
A contrario, j'ai trouvé magnifique, le passage avec la répétition "elle frappe". Là j'avais tous les sens en alerte, et l'émotion, et la rage, et ça rendait le tout extrêmement puissant : magnifique.
Sinon : de la manière dont tu présentes la boîte ovale, je me demande si on n'aurait pas mérité quelques lignes de plus pour présenter son contenu. Il y avait évidemment une chose, à l'intérieur, qui valait la peine pour Narcisse de tout risquer. Je ne sais pas si tu la présentes trop ou pas assez, en fait, mais ça me rend curieuse. Un peu du genre "tu en as trop dit pour t'arrêter là".
Pour finir, j'aime assez le fait qu'ils capturent son âme. Ça me semble être le juste retour des choses, après ce qu'il leur a fait subir. Et je disais en introduction de ce commentaire que le regret semble déjà les guetter :
"— C’est pas un peu immoral de lui avoir fait ça, à Narcisse ?
— J’ai bien peur que si."
-> Je ne sais pas si la dernière réplique traduit de l'ironie "j'ai bien peur que si, mais on s'en fout en fait" ou s'il y a un début de regret chez Zéphyr qui fait écho à l'interrogation un peu coupable de Jolène. À mes yeux, ils ont eu raison d'agir ainsi. Je ne sais pas ce qu'ils vont faire de l'âme, et c'est sans doute sadique, mais je trouve ça juste.
Le tuer, c'était protéger les autres enfants. Prendre son âme, ça tient davantage de la vengeance, mais je crois qu'il mérite qu'on lui rende un peu la monnaie de sa pièce.
Sur la forme :
- "Le voix de Zéphyr" -> la
- "Le champ des possibles que cela ouvrait donnait le vertige, tant de nouvelles possibilités" -> un peu redondant
- "et revint se planter", "ils auraient eu tort de s’en priver." -> tu es au présent dans les passages en italique, sauf sur ces deux passages qui devraient aussi être au présent.
À bientôt ! ^^
Merci beaucoup pour ton commentaire ! Tes remarques sont très intéressantes et me permette de voir les passages à retravailler.
Je comprends ta frayeur du début XD Mélanger passé et présent dans ce chapitre est une décision un peu improvisée, mais j'aime bien le résultat ^^
Tu fais bien de mentionner le moment où Zéphyr poignarde Narcisse. Effectivement, c'est trop rapide. Je vais développer ça un peu plus !
Sinon, je suis très contente que tu aies apprécié le passage où Jolène frappe ^^
La boite ovale va être liée à une nouvelle intrigue, mais je n'en ai peut-être pas assez dit... Je vais y réfléchir ^^
Par contre Zéphyr ne regrette pas du tout ce qu'il vient de faire ! Je vais corriger ce passage pour que ça soit plus clair.
Merci encore pour ton retour !
« Surpris, le jeune homme a tout juste le temps de reposer la boite avant que l’acteur ne se jette sur lui. Tandis qu’ils en viennent aux mains, Jolène en profite pour subtiliser l’objet et regarder à l’intérieur. Des lettres, un foulard et quelques bijoux ? C’est ça qui met Narcisse dans un tel état ?
A côté d’elle, les deux hommes s’affrontent dans un enchevêtrement de coups et de cris. Alors qu’ils percutent un meuble dans un bruit sourd, Jolène sursaute et relève la tête. Zéphyr semble à présent en mauvaise posture. Ecrasé sous Narcisse, il parvient malgré tout à attraper son arme et poignarde son ancien professeur dans le ventre. Bien fait pour lui ! Tandis que Narcisse se tord de douleur sur le sol du salon, le jeune homme rejoint Jolène, triomphant.
Penchés au-dessus de la boîte, les deux complices s’empressent alors de déplier quelques lettres. Celles-ci commencent toutes de la même façon : Chère A. Mais qui est A ? Ils n’ont pas le temps d’en lire plus que l’acteur revient à la charge, se jetant dans les jambes de Zéphyr. C’en est trop pour Jolène. Elle attrape un trophée qui traîne à proximité et frappe. »
Top pour la boîte, c'est mieux, ça donne une idée de quelque chose de personnel ! Et là, je suis moins sur ma faim, je me dis qu'on reviendra à cette mystérieuse A. !
« Zéphyr semble à présent en mauvaise posture. Écrasé sous Narcisse, il parvient malgré tout à attraper son arme et poignarde son ancien professeur dans le ventre. Une expression profondément choquée déforme les traits de l’acteur. Comme s’il n’en revient pas que Zéphyr, dont il a contrôlé la vie pendant des années, puisse en arriver là. Bien fait pour lui ! Ce n’est pas Jolène qui va le plaindre, au contraire. Voir ainsi le jeune homme briser ses chaînes ne fait que lui insuffler le courage de se rebeller à son tour. Tandis que Narcisse se tord de douleur sur le sol du salon, Zéphyr la rejoint, triomphant. »
« — En attendant, est-ce que tu peux toujours communiquer avec lui, enfermé là-dedans ? demanda la jeune femme en désignant la pierre de lune.
— Oh, j’y compte bien ! On a beaucoup de choses à se dire, maintenant qu’il ne peut plus se défiler. Enfin, on verra ça quand il se sera un peu calmé. Les premières vingt-quatre heures sont toujours les plus difficiles après une capture…
Jolène ne savait plus quoi en penser. [...] la jeune femme posa la dernière question qui la préoccupait :
— C’est pas un peu immoral de lui avoir fait ça, à Narcisse ?
— Sûrement. Et alors ? »
Aussi, rien à voir, mais merci beaucoup pour avoir nominé mon roman pour les Histoires d'Or ! Ça me fait vraiment très plaisir.
Et franchement, oui, beaucoup mieux comme ça. Là, je trouve le sentiment/l'intention de Zéphyr... beaucoup plus claire ! On ne sent pas de regret.