"Obligé de jouer les nourrices pour un p'tit con comme toi."
" 'pas ma faute," je grogne, agacé. Avant d'essuyer la perle d'eau qui me coule jusqu'au menton.
"Tu ferais mieux de te la fermer, Lukas."
J'ai un soupir, ôtant la glace de ma joue pour constater les dégâts dans l'écran de mon téléphone. Cette sous-merde n'y est pas allée de main morte. Mon seul réconfort, c'est que j'ai fini avec son sang sur mes phalanges - mais lui, il s'est pas relevé. Hé, non, il est pas mort. Juste plié en deux sous la douleur, parce que je lui ai pété le nez.
Rien qu'à cette pensée, je jubile, bordel.
Mon oncle a un soupir - bon, en réalité, je suis pas non plus le mieux loti pour l'instant. J'ai une menotte pour chacun de mes poignets, soit deux au total. J'ai évité la cage de fer pour pouvoir être assis confortablement dans le siège à côté de ce dernier. Bon, en réalité, c'est parce qu'il a pas envie que je me retrouve assis avec un criminel, je crois. Le gars, il aurait tué une gamine - j'lui ai dit, à mon tonton. Me fous pas le roi des enculés en face de moi, j'vais pas pouvoir me contenir.
"Je vais rester combien de temps, ici ?" je râle, m'affalant sur le bureau, la poche de glace en guise de coussin - c'est plus pratique que d'avoir les deux bras en l'air.
"Autant qu'il le faudra pour que t'apprennes. T'as dix-neuf ans maintenant, t'es censé être un adulte, pas un putain d'adolescent qui s'en prend à tout ce qui bouge !"
Sa voix prend un ton qui me fait grimacer. En vrai, je l'aime bien, il est gentil et tout, mais ça reste quelqu'un de très sévère, et qui ne rigole pas de mes petits méfaits dans la rue. La preuve, c'est que c'est lui qui est venu interrompre notre petite dispute entre moi et l'autre trou du cul... et que, ben, il a décidé de me donner une petite leçon et de me coller une garde à vue.
Mais bon, je reste son neveu.
"Il m'a craché dessus," je tente de me justifier. Bon, je sais moi-même que c'est risible, mais j'ai le poing qui me démange ! "Il m'a traité de sale pédé en plus."
"T'es pas prêt de partir, toi."
"Raaah." Il se penche sur son bureau, attrapant mon télé- "Ah, non !"
"Lukas. Si t'as envie de finir en taule, continue à te comporter comme ça, t'as raison. Si t'arrives à pleurnicher parce que je t'ai foutu les menottes et que je t'enlève ton téléphone, je te souhaite bon courage quand on te privera de ta liberté."
"J'vais pas finir en prison pour un nez pété."
"Tu vas finir par faire pire que péter un nez. C'est le dernier avertissement que je te donne, parce que j'en ai assez de couvrir tes arrières. La prochaine fois, tu te débrouilles avec un de mes collègues."
Je ne réponds pas.
Il retourne à ses papiers, ou je ne sais quoi. Et moi, je décide de me servir de mon imagination pour faire passer le temps un peu plus vite. Une liste de mots qui commence par le son "con", un peu comme l'autre fils de concombre qui conspire à continuer à me contaminer de ses con-neries...
J'ai un sursaut en entendant la porte s'ouvrir. Il y a un garçon, entouré par deux policiers - il doit pas être plus vieux que moi. Mais c'est difficile à dire : son visage est dévasté par je ne sais quelle douleur, sa mâchoire tremble, tandis que sa respiration paraît difficile. Et les larmes qu'il déverse...
L'un des deux flics a l'air confus.
"C'est qu'un gosse," il dit, alors que son compère ouvre la porte de la prison. "Hé, Eric, on te le confie."
"C'est lui qui a tué la gamine ?"
"Une sale histoire de drogue. C'est un revendeur," il crache, poussant le concerné dans sa cellule. "Il faut oser vendre ça à des gosses putain. Il va rester ici vingt-quatre heures, après il sera déplacé dans une autre prison. Vu sa gueule, ils se feront un plaisir à lui faire les fesses."
"Un flic qui encourage au viol, j'admire," je rétorque.
"C'est ton gosse ?"
"Mon neveu. Mais... je dois reconnaître qu'il n'a pas tord. Évite de tenir ce genre de propos avec cet uniforme, c'est dégradant."
"Pfff. Défendre un criminel."
Ils discutent deux minutes avec mon oncle, tandis que j'observe l'individu dans sa cage. Il m'a l'air juste mort de l'intérieur.
"Après on s'étonne que je sois violent," je tente de me justifier, une fois les deux policiers partis. "Mais avoue que tu lui en aurais bien collé une, à ce chien."
"J'en rêve quotidiennement, mais je ne le fais pas, et tu sais pourquoi ? Pour m'éviter les ennuis. N'est-ce pas ?"
Je fais mine de l'ignorer. Je retourne à ma contemplation, observant le garçon dans la cellule, recroquevillé sur lui-même. Je me lève pour m'approcher des barreaux, devant lesquels je m'accroupis. Et dans mon dos, je sens le regard lourd de mon oncle - une seule bavure et il m'en fout une dans la gueule.
Mais qu'est-ce que je pourrais faire ? Il dégage un tel désespoir que c'en est presque insoutenable. Non, ce n'est qu'une mise en scène pour me servir de leçon, n'est-ce pas ?
"Hé, toi."
Il ne me répond pas.
"Fous-lui la paix."
"..." Je me mords la lèvre. "C'est faux, hein ? C'est juste pour me faire peur ?"
"Lukas-"
Il se met à pleurer. Le mec, hein, pas mon oncle. Il a peur. Je me retourne vers lui, horrifié.
"Ca ne peut pas être un criminel ! T'as vu dans quel état il est ?!"
"C'est un revendeur. A part de ce moment-là, c'est un criminel. Il est lié à la mort d'une collégienne de douze ans. Il aura ce qu'il mérite, c'est tout."
"Il a mon âge !" je m'énerve.
"Qu'est-ce qu'il te prend ?" il me demande, surpris. Pourquoi ça me bouleverse autant, effectivement ? Si c'est un meurtrier- non. Il n'a pas le visage, ni l'expression, ni l'âme d'un meurtrier. Je ressens quelque chose, au fond de moi - c'est troublant. Non... suffoquant. "Je te ramène chez tes parents. J'ai fait une bêtise. Viens."
Je l'ai appelé. Une, deux, trois fois. Il a fini par lever les yeux vers moi. Je crois que c'est à ce moment-là que j'ai voulu tout oublier. Sa détresse, sa douleur, sa peur, ses remords, tout ce qui allait le plonger vers le néant. J'ai paniqué. J'ai pleuré tout le long du trajet.
Notre relation, aussi dépourvue de sens soit-elle, a pris fin ce jour. Et quand je parle de ce jour, je ne parle pas de la date de l'histoire que j'ai raconté, qui s'est passée il y a cinq ans. Je parle du lendemain où j'ai réalisé, que j'ai ressenti le besoin de le voir. De savoir. Cette triste journée d'hiver, où le soleil éclatant semblait juste se foutre royalement de ma gueule.
Ca m'est revenu d'un coup. Je me suis rendu compte que ce n'est rien d'autre que ce désespoir au fond de ses yeux que j'ai reconnu. Pas le garçon dévasté, au visage bouffi par les larmes et la culpabilité. C'est ce regard qui m'a coupé les jambes, brisé le cœur, foutu une claque phénoménale dans la gueule.
Ca l'a terrifié, lorsque je lui en ai parlé.
Il m'a demandé de partir. De ne plus jamais rechercher à le voir.
Je ne vais pas vous raconter en détails, car je n'en ai pas envie. J'ai été partiellement ridicule, à le supplier, à m'excuser, à lui promettre d'oublier. Il a été froid, tremblant, effrayé. Quand j'ai compris que ma présence ne ferait qu'empirer la situation, j'ai fait demi-tour, et je suis parti pour rejoindre ma bécane.
Je suis rentré chez moi. Avoir roulé m'a fait du bien - le choc passé, j'ai pris une douche brûlante, je me suis brossé les dents, et j'ai attendu avec impatience de reprendre le boulot.
J'allais pas le laisser tomber aussi facilement. Pas maintenant que j'ai réalisé d'où je le connaissais, et à quel point, à l'époque, il avait pu me saisir le cœur. Et surtout, que j'ai pu me rendre compte que je me suis attaché à lui plus que nécessaire.
J'ai laissé les jours défiler. Je me suis concentré sur le travail, le basket, et j'ai même ressorti ma guitare électrique pour apprendre un nouvel instrumental. Je n'en ai parlé à personne. J'avais peur de révéler ça à Kirsten, mais elle a bien compris que quelque chose n'allait pas. Krista et Eliott aussi ont fini par se poser des questions, mais j'étais incapable de sortir une moindre réponse.
Qu'est-ce que je pouvais dire ? Le garçon que j'avais rencontré, que j'étais allé chercher jusqu'à son lieu de travail... avait été suspecté du meurtre d'une fillette. Rien que d'y penser, ça me retourne les tripes.
J'ai essayé de l'appeler - mais il a bloqué mon numéro. J'ai piqué le téléphone de ma sœur, il n'a jamais répondu. Puis je me suis rappelé la difficulté d'obtenir son numéro, et j'ai compris que rien n'y ferait.
J'ai essayé de me rendre chez lui - mais il ne m'a jamais ouvert. J'ai déposé une lettre d'excuse dans la boîte aux lettres. Je me suis dit que je n'étais pas loin du harcèlement, mais j'en avais rien à foutre. Tout mon corps, mon cœur, refusait cette fin.
Je suis allé à son boulot, une fois - mais dès que je suis venu lui parler, il a fait mine de ne pas me connaître. J'ai été insistant, un mec m'a mis dehors.
Alors j'ai trouvé la dernière solution. J'ai pris mon courage à deux mains, enfoncé mes billets au fond de ma poche pour ne pas les perdre, et je me suis rendu vers vingt-trois heures à son travail. De ce que j'avais pu comprendre, c'était là où son emploi du temps devenait un peu plus différent.
J'avoue que j'ai pas mal la pression. J'ai vraiment l'impression de le harceler - quoi que ce doit être le cas, à présent. Mais je ne peux pas faire autrement - son absence m'obsède. Je ne serais pas dans l'excessif si je disais que c'est comme s'il manquait une part de moi. Parce que je l'ai enfin trouvé. J'ai cette sensation étrange... et quitte à se dire adieu, j'aimerais qu'on le fasse correctement.
Je rentre dans le bar, allant m'adresser directement au barman. J'essaie de faire ça discrètement. Je me penche légèrement vers lui - s'il n'entend pas mon cœur battre, c'est qu'il doit être sourd. Parce que ça tonne tellement que je ne vais pas tarder à l'être.
"Vous gérez certains services, non ?"
Est-ce la bonne méthode ? Sont-ils au courant ? Seulement, c'est triste à dire, mais c'est par cette seule manière que je pourrai le forcer à me voir. Passer par le concerné ne fera que m'éloigner un peu plus de mon objectif.
"Mh. Comme ?"
"William."
Il a un sourire. Gros porc. J'ai une sensation nauséeuse qui m'envahit.
"Faut voir."
Merde. J'aurais presque espéré qu'il ne comprenne pas. Ca veut dire qu'il a un maq. Je suppose. Ou ses amis font sa promotion ? Mais quel ami laisserait son pote se prostituer ? Et pourtant, la dernière option reste la meilleure.
"J'ai les sous."
Je tente de garder mon calme. Je tremble sous l'angoisse et l'horreur.
"Minute."
Il prend son téléphone pour appeler je ne sais qui. Je l'entends résumer brièvement la situation, avant d'écouter la réponse et d'acquiescer, puis raccrocher.
"Quatre-vingt."
Il semble attendre. Donc je dois lui filer mon fric. Ca me débecte.
"... la nuit ?"
"L'heure." J'ai une grimace. Putain, l'enfoiré. Je sors les billets froissés de ma poche. Il m'échange l'argent contre une clé. "Tu montes à l'étage, c'est la porte juste à droite. Tu l'ouvres, il te rejoindra dans cinq minutes."
"... merci."
Je prends la clé, fébrile. Dans quelle merde je me suis foutu ? Oh, William, je te jure que si tu décides de faire ta tête de cochon, je te démonte des pieds à la tête avant de te faire passer en petits morceaux par les chiottes.
Je surveille que personne ne me suive - sait-on jamais -, avant de me rendre dans la dite pièce. Je l'ouvre, découvrant un lieu beaucoup plus propre que ce que je n'aurais imaginé. Je pose ma veste sur le porte manteau, allant fureter - il y a une salle de bain accolée à la petite chambre. Le style correspond au bar d'en dessous - des anciennes chambres d'hôtes ?
Je mets de côté l'envie de farfouiller - Dieu seul sait ce que je pourrais y trouver, et je n'ai pas vraiment envie d'assouvir ce côté là de ma curiosité. Alors je m'assieds sur le lit - le drap est propre, visiblement. Même s'il est cher, le service a l'air de qualité. Ou alors ce n'est que pour le premier essai... allez savoir. J'ai un frisson d'horreur à cette pensée. Un tel système...
Et effectivement, au bout de quelques minutes, mon beau blond pointe le bout de son nez. Je me relève, le cœur battant. Il me regarde sans comprendre, avant de reprendre consistance. Son côté professionnel prend le dessus avec une aisance surprenante.
"Tu veux aller prendre une douche avant ?"
"Pas besoin."
Et pourtant, je me sens crade. Crade de l'intérieur, d'en arriver aussi loin pour pouvoir revoir la personne que j'aime. Parce que je suis incapable de respecter sa décision de ne plus me voir, de couper les ponts.
"..."
Je me mords la lèvre. Il me fait presque peur. Ce n'est pas le garçon que je connais.
Il s'avance vers moi. Et sans un mot, ses mains viennent encadrer ma mâchoire pour venir m'embrasser. Je le laisse faire, m'abandonnant à ses lèvres - j’entrouvre les miennes pour l'inviter à approfondir notre échange, glissant mes mains dans son dos, m'accrochant à son pull.
Je ne suis pas venu pour ça. Mais je ne peux pas m'empêcher d'accepter son offre, et d'y répondre avec une envie que je ne me connaissais pas. Pas à ce point. Je mets de côté mon objectif principal, appréciant cette douceur, mêlée à un fond de désespoir.
C'est pathétique.
Je mets fin à notre baiser, un peu - pardon, carrément troublé. Je reste quelques secondes à le contempler, ses yeux habituellement si pétillants semblant s'assombrir de plus en plus.
"Je ne suis pas venu pour ça, Will..." je dis doucement, alors qu'il retourne à l'assaut de ma mâchoire. Ses mains, elles, commencent à fureter dangereusement au niveau de mon ventre - je lui attrape les poignets pour le forcer à arrêter. Mon cœur va exploser. "Will !"
"Si tu veux papoter, t'as qu'à aller voir un psy. C'est pas mon boulot," il me répond froidement.
Mais quel merdeux !
Je le repousse un peu fort, sentant l'agacement me titiller un peu trop.
"Espèce d'enfoiré, j'viens de payer quatre-vingt balles pour te voir, parce que tu fais tout pour m'éviter. Là, au moins, t'as pas le choix. Donc tu vas arrêter de me faire chier !"
"C'est ton problème, pas le mien."
Je serre les dents. Ok, si j'avais pas claqué autant de fric, j'aurais fait demi-tour. Je déteste me prendre la tête - mais en vérité, lui... je sais pas. J'ai pas envie de le perdre de cette manière. J'ai envie de comprendre.
"Alors soit on baise, soit on s'ignore pendant une heure, hein ?" Il détourne la tête. "Alors faisons-le. Couchons ensemble, comme si on se connaissait pas. Comme deux inconnus. Au pire, tu fermes les yeux, tu fais comme si j'étais un type lambda. C'est ce que tu veux, non ?"
"... non." Sa voix est douloureuse. "Te comporte pas comme ça avec moi..."
Les larmes qui se mettent à couler sur ses joues me font l'effet d'un poignard dans le cœur. Je l'ai fait pleurer. Mon petit ange, au sourire renversant, au rire dont je suis incapable de me lasser, se met à verser des larmes parce que je l'ai poussé dans ses retranchements.
Et moi, je m'en veux. Atrocement. J'ai perdu pied. J'ai craqué. Je me suis énervé.
"Pardon- je voulais pas te blesser, Will..."
Sur le coup de l'émotion, je me retrouve à meurtrir davantage ce cœur aux remparts si fragiles. Quel con. Mais quel con.
"Quand tu- tu m'as dit qu'on se- se connaissait," il tente de dire entre deux hoquets. "J-je, j'ai..."
"Hé..." Je le prends dans mes bras, toute la colère précédente s'évanouissant au contact de son corps tremblant. "Tu te souvenais de moi ?"
"N-non, mais... j'ai eu espoir de- de quelque chose de- de plus beau. P-pas ça," il gémit, les bras ballants, incapable de me rendre l'étreinte dans laquelle je tente de l'étouffer, histoire de le consoler au maximum.
Mais ai-je au moins une utilité, moi qui ne suis venu là que pour régler mes comptes et lui reprocher de m'ignorer de la sorte ? Je n'ai pas pris en compte ses sentiments. Bien sûr. Trop égoïste pour penser à autre chose que mon envie de le revoir.
"Ce n'est pas toi que j'avais vu, là-bas," je dis doucement, glissant ma main dans ses cheveux. "C'est toi que j'ai vu au café. C'est ce mec carrément trop mignon, avec son sourire à me faire tourner la tête, et ce regard dont je ne me lasse pas... et là, je découvre quelqu'un de désespéré. Est-ce que ça veut dire que je l'aime moins ?"
"Je l'ai tuée..." il hoquette, s'effondrant à genoux - j'atténue la chute en le soutenant, sentant les larmes me monter aux yeux. "Je- je... "
Il n'arrive plus à parler, ses paroles ne devenant que des sanglots. Moi-même, je suis incapable de lui répondre. Il porte ce fardeau depuis tout ce temps ? Lui, et son sourire, ses mimiques pleine de charmes, sa volonté, son humour... et pourtant, le voilà complètement brisé de l'intérieur.
Il est resté un moment à me pleurer dans les bras. Je lui ai caressé le dos, murmuré de douces paroles. Rien d'utile. Et quand il a fini par se calmer, je l'ai libéré. Il est allé à la salle de bain pour se passer un peu d'eau sur le visage.
Puis il est revenu, les yeux et le nez rougis.
"Il te reste vingt minutes," il me dit, affichant une mine désolée. "Je te rembourserai..."
"C'était mon choix. Et puis, on a le temps de faire des choses, en vingt minutes," je le taquine, caressant sa joue. Il acquiesce, avant de se pencher dans un mouvement presque pré-commandé sur moi. Je profite de cette diversion pour partir à l'assaut de ses côtes, chatouillant du bout des doigts cette partie supposément sensible - et je ne me suis pas raté.
"Ca, par exemple," je me moque, alors qu'il se met à rire - mais l'instant d'après, c'est de nouveau la crise de larmes. Je me tétanise, cessant toute action.
J'ai mal agi, encore ?
Mais il me prend dans ses bras, me serrant fort. Beaucoup trop fort, mais j'endure sans un mot la douleur que je ressens.
"Je t'aime, Lukas, je t'aime. Je- je t'aime tellement."
J'ai un sourire douloureux. Idiot. Mais quel idiot.
Je lui rends son étreinte, le forçant à atténuer son emprise. Je ne vais pas prendre ses paroles au sérieux. Vu la situation, il est juste... tellement désespéré. Mais ça me fait plaisir. Égoïstement, je veux profiter de ses mots, de cette déclaration. C'est peut-être trop rapide, mais... c'est ainsi que je le ressens, aussi stupide cela puisse paraître.
"Je suis là, Will," je lui murmure doucement. "Je suis là."
Will est trop touchant dans toutes ses apparitions ! quand il pleure olalaaaa je veux lui faire un calin !!
Lucas fait ce qu'il peut, et je trouve qu'il se débrouille pas si mal.
je t'avais déjà dis je crois que "revendeur" c'est un peu bizarre comme terme, on est plus habitués à "dealer", du coup ça fait hésiter sur ce qui est vendu, peut-être inutilement, je sais pas.