CHAPITRE CINQ

Plus les jours passent, plus on se voit avec Allia. Au début, ce que ne devait être qu’une mission de reconnaissance pour James, de rapprochement envers Allia afin de connaître ses secrets d’entreprise. Mais plus le temps passe, plus les idéologies de mon employeur me déplaisent. Je ne veux pas être celui qui fera le malheur du monde. C’est vrai, j’ai grandi dans l’autre monde, mais en connaissant petit à petit celui d’Allia, je me rends compte que la vie pour eux n’est pas aussi facile. Je ne dois pas tomber amoureux, c’est que des foutaises l’amour. 

 

Pourtant, mon côté protecteur et attentionné à encore pris le dessus. Je me retrouve dans le salon du dernier étage de la Amera corporation, une boîte de pâtisseries en main à parler avec l’IA de l’entreprise. Elle aurait scanné ma tenue, puisqu’elle me demande si c’est un jour particulier pour avoir mis des vêtements classes. C’est juste une chemise noir accompagnée d’un jeans de la même couleur. J’ai laissé le premier bouton ouvert ce qui donne un air, tout de même décontracté, mais habillé. Allia nous a inviter moi et des amis à elle -les successeurs- pour une petite soirée tranquille. Ce sont des gens importants, il faut avoir l’air convenable à leurs yeux. Ou juste les siens. 

 

On parle encore un peu avec Cortana. Elle me demande ce que je pense de la colonisation des pays d’outre-mer en Europe. Je ne comprends clairement pas comment on en est venue là, mais apparemment, Allia aimait ce genre de débat plus jeune. On n'a pas eu les mêmes discussions. Ni les même voyage visiblement. J’aime bien parler avec Cortana finalement, on en apprend toujours plus avec elle. Notamment sur Allia. Ce que je recherche. On en vient même à parler du compte en banque d’Allia. Clairement pas le même nombre de zéro que moi. Pas le même monde.

 

- Ça va, tu ne veux pas savoir mon revenu tant que tu y es ? 

 

Je tourne mon regard pour croiser le sien. Pas que d’ailleurs. Elle est juste sublime. Elle ne dit rien, me regardant aussi, avant qu’elle ne regarde son portable. Son visage change d’expression un bref instant. La tristesse lui prend. Ses amis l'ont laissé tomber, tous. Elle va vers son ordinateur, et se met à taper sur les touches un peu au hasard. Je n’ai pas vraiment le temps de comprendre mon propre acte, mais voilà que je la prends dans mes bras. Je n’aime pas la voir triste. Elle essaie de cacher ses émotions, tout le temps même, et pourtant je les remarque. Elle n'est peut-être pas assez bonne à ce jeu-là.

- Je n’en ai rien à foutre. Pourquoi on me reproche des choses quand… Et puis merde, ne me touche pas.

- Allia, vide ton sac et dis-moi tout ce qui ne va pas. Ça fait du bien de parler.

Elle ne me répond pas, ne bouge pas. J’en fais de même. 

- Ma foie, on peut toujours se faire une petite soirée à deux. Je t’ai apporté des pâtisseries d’une des meilleures boulangeries de la ville, elles sont sur la table si tu veux.

- Non, je ne mange pas de trucs trop gras… Mais c’est gentil, merci Kaito. 

Elle range les pâtisseries au frigo et me sourit, puis part dans sa chambre sans un mot. 

- Elle va mal…  Cortana, tu peux déverrouiller la porte ?

- Négatif. 

- Le balcon est relié à sa chambre non ? 

- Les portes ont été verrouillées. Dites, mademoiselle Amera est triste car ses amis ne sont pas venus ? 

- Je pense que oui… je réponds en m’approchant de la porte et en toquant en espérant une réponse de la demoiselle. Dit Cortana, il y a un évènement spécial aujourd’hui pour Allia ?

 

J’ignore comment cette idée m’est venue à l’esprit, mais cette soirée était peut-être aussi un prétexte pour oublier un événement. Et j’ai vu juste. Aujourd’hui est le jour où sa mère est décédée. La demoiselle ne répond toujours pas. Je me munie d’un couteau et glisse le couteau entre la porte et le mur pour essayer de bouger le verrou. Il n’y a pas de serrure classique, alors, on trouve des solutions. Je n'ai peut-être pas à faire ça, mais je suis inquiet pour elle. Mais ce que j’essaie ne sert à rien. Les nouvelles technologie ne sont pas mon domaine. Et pourtant, je ne suis pas vieux. Je m’assois à côté de la porte. 

- C’est quoi la tristesse monsieur Loroma ? 

- C’est un sentiment assez complexe je dirais qui peut être causé par telle ou telle raison. On se sent mal, parfois coupable. Mais c’est un sentiment, un ressenti au fond de nous, je ne pense pas que cela soit détectable par la médecine ou… Les robots.

- Je suis… elle se tait. Erreur 705. Pourquoi je ne suis pas en capaciter de comprendre ou de ressentir ce sentiment ? 

- Car tu es une intelligence artificielle, tu as été programmé et donc ne restent pas les choses.

- Je… un nouveau blanc ? Erreur 505. 

- Cortana ? 

Plus rien. Super. Je me relève et frappe à nouveau et cette fois la porte fait un bruit comme quand on l’ouvre. Je la pousse un peu et entre pour découvrir une Allia en train de se coiffer et un pyjama un peu moche, mais qui sur elle, rend bien. 

- Je te pose la question du « ça va » ? 

- A merveille pourquoi ? 

- Ho, pour la simple et bonne raison que tu as les yeux aussi rouges que si tu avais pleuré, que tu t’es enfermé sans donner de réponse.

- Si j’avais pleuré, Cortana se serait affolée et aurait prévenu. J’ai juste fumé. 

Mais pas moi, je ne suis pas la personne à prévenir, et ça ne sent pas la clope.

 

Je lui parle du souci de l’intelligence artificielle, et Allia semble presque heureuse, mais elle ne répond pas à mes questions. Au lieu de ça, elle se retourne face à son miroir, et reprend son brossage de cheveux. Ses marques dans son dos. Elle a été frappée, c’est indéniable. Je passe doucement ma main dessus en décalant la bretelle de son débardeur, elle grimace. 

- Tu t’es fait quoi ?

- Ça doit être la dernière fois…

- Tu as de la crème ? 

- Dans la salle de bain peut être…

Je la laisse pour sortir de la chambre en chercher avec des glaçons et un torchon puis revient, l’obligeant à s’allonger sur le ventre. Chose qu’elle fait. Je relève son haut délicatement, et vient tapoter les glaçons enfermés dans le tissu sur les bleu et plaie les plus gonfler. Le silence a envahi la pièce. L’odeur douce de la crème et mes mains qui glissent sur son dos dans un doux massage, nous apaisent l’un comme l’autre. Elle a le dos tellement fin et la peau tellement douce. La voir là comme ça, détendue, au fond me fait plaisir. Ne tombe pas amoureux, se serait con. Arrête toi la…

 

- Descends tes mains plus bas…

 

Je descends légèrement au niveau de son bassin mais elle ne semble pas satisfaite et désire plus bas. Je lui embrasse le dos pour lui faire plaisir autrement. Je veux prendre mon temps au fond, ça la fait rire. J’arrête, elle se redresse, on se fixe. Nos lèvres sont proches. Si proche…

- Est-ce que tu m’aime bien ? Elle me demande.

- Oui, je t’aime bien…

- Tu m’aime bien beaucoup ? 

- Bien beaucoup…

 

Elle me pousse et vient se mettre par-dessus moi. Son contact avec moi me fait perdre la tête. Mes mains sur ses fines hanches. Elle me rend dingue. Ses lèvres descendent sur les miennes, et la tension ne fait que monter. Sa préséance est en train de devenir une nécessité à chaque heure passée à ses côtés. Ma raison me dicte de tout laisser, de ne pas franchir cette ligne et de rester dans les traits de ceux pour qui je dois bosser, mais, ma curiosité, elle, me hurle de rester vers elle. De continuer avec elle. Je veux savoir où cette histoire va nous mener. Je veux cette femme pour moi. Et pas que pour cette nuit où nos corps ne feront qu’un encore une fois. Je la veux à jamais. Et je ne la laisserais pas repartir. C’est décidé.

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