On tapa avec insistance à la porte de la chambre. A peine éveillée, Elvire chercha le masque de la Kharmesi, le trouva sur le tapis de laine couvrant le sol et l'enfila rapidement. Elle arrangea ses cheveux à la va-vite, parfaitement consciente qu'il suffisait d'un rien pour que les Mères se rendent compte qu'elle n'était pas Alara.
Le matin restait le moment le plus compliqué. Son amie était souvent de mauvaise humeur. Elle envoyait les gens sur les ronces et ne décrochait pas les mâchoires jusqu'à ce qu'elle ait l’estomac plein. Tout l'inverse d'elle. Elvire se forçait à être méchante. Elle respira un grand coup, maudit pour la centième fois la Kharmesi de l'avoir mise dans une telle situation et lança bien fort d'une voix qu'elle voulait énervée :
— Qu'est-ce que vous voulez ?
Derrière le battant, elle crut entendre des murmures. Elle attendit un peu avant d'ouvrir la porte à la volée. Une jeune fille en robe de novice tenait un plateau dans ses mains. Elle le lui tendit en baissant la tête. Ses mains tremblaient. Elvire prit la lettre posée sur le plateau en remerciant la novice. Elle se rendit compte de son erreur juste après. Alara ne ferait jamais cela. Pour donner le change, elle ferma la porte au nez de la fille. Pauvre enfant, elle n’avait pas fait grand-chose pour mériter ça. Alara le lui paierait.
Elle se plaqua contre la porte, se demandant si oui ou non, elle ouvrirait la lettre. La Kharmesi ne recevait pas beaucoup de courrier. Il transitait par les Mères, le plus souvent par Mairenn. Elle n’en prenait connaissance qu’après, durant les séances quotidiennes du conseil. Si celle-ci arrivait encore fermée ici, c'était qu’elle venait d’une des espionnes à la solde de la Kharmesi. Elle ne pouvait pas l'ouvrir. En même temps... Anneke fouillait bien le courrier d'Alara. La peur que quelqu'un ne révèle son identité ou quelque chose comme ça d’après elle. Si on lui posait des questions dessus, même détournées, elle serait dans l'incapacité de répondre. Une erreur qui pourrait coûter cher à son amie.
— Maudite sois-tu, Alara ! râla-t-elle en décachetant l’enveloppe.
Elle répéta sa menace plusieurs fois durant sa lecture. Elle ne savait que faire. Elle retourna dans la chambre en se lamentant. Il fallait que ça arrive alors que son amie n'était pas là. Elvire était bien incapable de gérer ce genre d’événement. Faire semblant auprès des Mères, pourquoi pas, mais plus haut, non. Il fallait que la Kharmesi revienne et vite.
Elle prit la première feuille qui traînait sur le bureau. Elle tailla une plume et la trempa dans l'encre noire qu'affectionnait Alara. Rapidement, elle traça ses lettres. Elle ne prit pas le temps d’écrire à la manière de la Kharmesi. Elle n’avait pas de temps à perdre. La dame de compagnie pouvait envoyer un courrier à la messagère sans que cela ne paraisse suspect. Cela faisait partie de son rôle. Elle fit attention à ne pas trop en dire. Elle ne divulgua pas le contenu de la missive qu'elle avait reçu, espérant qu'Alara se fierait juste à ce qu'elle lui disait.
Il fallait que la Kharmesi revienne à la Maison des Mères. Elle espérait être assez convaincante pour que celle-ci le comprenne.
Elle cacheta la lettre après l'avoir relu. Elle soupira. Pourvu que sa tête de lard d'amie la prenne au sérieux. Elle savait à quel point la liberté que lui offrait son rôle de messagère devait lui plaire. Alara était capable de tout envoyer en l'air rien que pour être elle.
Elvire n'avait plus qu'à prier pour qu'elle revienne vite.
Ca faisait un bout de temps que je n'étais plus passé par ici. Mais même après 3 mois sans te lire, je me rappelle plutôt bien de la trame générale (ceci dit j'ai relu en diagonale les chapitres précédents pour me remettre dedans^^).
Elvira est vraiment pas chanceuse de devoir imiter le caractère de cochon de son amie^^ C'est intéressant d'avoir son pdv, j'espère la revoir ponctuellement.
Bien à toi !
J'avoue que je n'ai pas été non plus très régulière pour poster ces derniers temps.
Oui, la douce Elvire n'a pas de chance mais elle ne s'en sort pas trop mal je trouve.
Je trouve intéressant que tu abordes le point de vue de ce personnage. On voit ce qui se passe en l’absence d’Alara et c’est bienvenu dans ton histoire. Qu’y a-t-il dans cette lettre ? petit suspense… lol
Quelques remarques :
-« ne décrochait pas les mâchoires jusqu'à », je dirais « la mâchoire » car seule la mâchoire du bas peu bouger. Cela me semblerait plus logique même si je pense que les deux se disent.
-« d'une voix qu'elle voulait énerver », énervée.
-« dans l'encre noire qu'affectionnée Alara », qu’affectionnait.
- Selon moi, tu répètes un peu trop qu’elle attend qu’Alara revienne vite. Surtout que c’est clairement dit à la fin. Je garderais cette phrase de fin de chapitre et reconsidérerais les autres.
Bien à toi
Merci pour ton passage.
J'ai toujours peur que ce passage soit un peu de trop parce qu'il est rare que le personnage point de vue ne soit ni Alara ni Marco.
Bien à toi