Chapitre I

Notes de l’auteur : Bonne lecture.

La pluie battait son plein dehors. Les gouttes s’écrasaient bruyamment contre les vitres pour s’écouler jusqu’au sol. La rue était pratiquement déserte. Les rares personnes qui sortaient se recroquevillées dans leurs manteaux pour ne pas être trop mouillées.  

La boutique était calme depuis ce matin. Pas un seul client n’avait fais son entrée, si bien que le gérant s’était assoupi sur son bureau.

La clochette de l’entrée sonna et réveilla Martin. Il entra dans la petite salle de bain de son appartement et se regarda dans le miroir. Rien n’avait changé, il avait la même tête d’adolescent rebelle, les même cernes et les même yeux que son grand-père. Il rajusta son pull, remonta son pantalon et ferma la porte qui joignait l’appartement à la boutique.

Il sortit en courant pour rejoindre la boutique où un client l’attendait. Un parapluie à la main, l’homme observait les montres pendant que son pardessus gouttait et formait une flaque à ses pieds. Il leva les yeux vers Martin et ne pût étouffer un rire.

— Vous êtes l’horloger ?

Martin, habitué à la réaction de ses clients, acquiesça. Il tenait la boutique de son grand-père. Du haut de ses dix-neuf ans, il gérait un magasin à lui tout seul.

— Vous cherchez quelque chose monsieur ?

— Oui, je voudrais une montre pour l’anniversaire de mon fils. Vous auriez ça ?

— Bien sûr.

Il se dirigea vers l’arrière boutique et revint avec un petit sachet en velours rouge. Il en sortit une montre qui tenait dans la paume de la main.

— Je suppose que votre fils aime l’horreur, les monstres et autres ?

— Oui exactement.

— Voici une montre qui lui conviendra à merveille. Frissons garantis.

Le client réfléchit un court instant. Il avait déjà oublié l’anniversaire de son fils, si il revenait sans cadeau, sa femme ferait une crise de colère dont elle avait le secret. Il ne voulait pas risquer de passer une mauvaise soirée. Mais il avait aussi peur que son fils perde la montre.

La montre se balançait le long de sa chaîne dans un mouvement régulier. Il ne la lâchait pas des yeux tandis qu’il pesait le pour et le contre de cet achat. Ses épaules se relâchèrent, il desserra les dents et sortit les mains de ses poches. 

— Je la prends.

Martin sourit et s’assit derrière la caisse. Il affichait un sourire hypocrite que son client ne remarqua même pas, trop occupé à compter l'argent qui lui resterait pour finir le mois. Il aperçu la flaque que son client avait laissé sur la moquette. Une raison de plus de lui vendre la montre.

Le client sortit, son sachet rangé dans la poche de son manteau. Il ouvrit son parapluie et courut jusqu’à l’arrêt de bus, éclaboussant au passage quelques passants. Martin le regarda s’éloigner et eut un rictus.

La nuit commençait à tomber sur la ville. Les réverbères s'allumèrent et commencèrent leur chant de grésillements. Il décida qu’il était grand temps de fermer sa boutique. Il sortit abaisser le rideau en se promettant intérieurement qu’on entendrait parler de lui et de son client.

 

Lucas était assis au côté de sa mère. Depuis quelques minutes, ils regardaient un film d’horreur, au désespoir de sa mère. Il entendit une clef qu’on introduisait dans la serrure et la porte s’ouvrit sur son père. Il referma la porte derrière lui et quitta ses chaussures crottées par la pluie. Lucas était étonné que son père ne soit pas au téléphone. Il ne vivait que pour son métier d’avocat et ne faisait jamais de pause dans son activité. Il lui sourit.

— Alors bonne journée fiston ?

— Ca va et toi papa ?

— Oui ça va. Viens, j’ai quelque chose pour toi.

Lucas se releva et attrapa le sachet que lui tendait son père. Il défit les nœuds et il trouva une petite montre à gousset. Elle était assez petite et brillait à la lumière. Lucas se souvint que Jean, son cousin, en avait une semblable. Il ne pourrait plus se moquer de lui lors des grandes vacances, lui aussi pourrait frimer avec sa montre.

Il remercia son père et se rendit dans sa chambre. s’allongea sur son lit lorsque son téléphone sonna. Il décrocha et sa meilleure amie lui répondit. Il était vraiment content qu’elle l’appelle. Ils ne s’étaient pas parlés depuis longtemps.

Son père était ravi de son achat. Même si il ne voyait pas vraiment ce qu’il y avait d’effrayant dans cette montre, il ne regrettait pas son choix.

— Tu vois que je n’ai pas oublié son anniversaire, chérie.

Sa femme afficha un sourire moqueur et lui fit signe de s’asseoir à côté d’elle.

— Tu regardes quoi ?

— Aucune idée. C’est Lucas qui a choisi le film.

Ils passèrent la soirée à regarder un film d’horreur américain pendant que leur fils enchaînait les conversations téléphoniques avec ses amis.

 

Lucas ne dormait pas. Il n’arrêtait pas de se retourner dans son lit. Il décida de se lever et récupéra sa montre qu’il avait laissée sur son bureau. Il la remonta par acquis de conscience et se recoucha. Il garda sa montre dans sa main, le tic tac le calmait. Plusieurs minutes passèrent sans qu’il réussisse à trouver le sommeil. La montre fit son effet et il plongea dans un profond sommeil. Il lâcha sa montre sans s’en rendre compte. Elle glissa, tomba au sol et s’ouvrit dans un claquement sec. La trotteuse arrêta sa course pour rejoindre les autres aiguilles qui s’étaient rassemblées sur le chiffre douze. Un faisceau de lumière orangé en émana et éclaira la chambre. Lucas se contenta de gémir, sans se réveiller.

Il se réveilla avec la désagréable impression d’entendre une respiration. Il aperçu une longue silhouette mince. Elle se retourna silencieusement et deux petits yeux lumineux se braquèrent sur lui. On pouvait y lire de la haine. Une haine si noir et si profonde qu’aucun humain ne pourrait ressentir. La créature avança doucement dans sa direction.

Lucas se souvint de ce visage. Ce monstre apparaissait dans ses cauchemars, enfant. Terrorisé, il se redressa. Il voulait appeler ses parents, mais les mots restaient bloqués dans sa gorge. Il essaya de respirer comme sa mère lui avait appris lors de ses crises d’angoisse. Rien ne marchait, ses appels restaient muets et le monstre continuait d'avancer.

La créature tendit sa main vers lui, lui attrapa les épaules et le força à se rallonger. Ses mains osseuses lui broyaient les épaules, mais il ne disait rien. Le souffle se fit plus rauque qu'avant, ses pupilles se rétractèrent, son corps entier se courba dans un concert de craquements à faire frémir. Son dos formait maintenant un arc parfait au dessus de l'enfant.

Lucas vit une longue pointe sortir de la main gauche de la créature et se rapprocher dangereusement de sa poitrine. Il priait tous les dieux pour que ce ne soit qu’un cauchemar. Il arrêta sa prière quand la pointe s’enfonça profondément dans son cœur. Son corps eut un soubresaut et devint mou.

La créature le reposa délicatement dans son lit et se dirigea vers la chambre des parents. Elle savait quoi faire. Si le fils avait été calme, les parents devraient l’être aussi.

 

L’horloger vit sa lampe clignoter. Elle projetait l’image d’un petit garçon sans vie, un trou à la place du cœur. Les enceintes transmirent des cris qui provenaient de la chambre d’à côté. La mère venait de se faire tuer, le père était déjà mort. Le monstre changeait de forme à chaque meurtre. Il n'y avait plus de personnes vivantes dans l'appartement et donc plus de formes à prendre. Il se roula en boule et s'évapora, ne laissant derrière lui qu'une odeur de sang et de mort.

Martin était satisfait de son invention. Il venait d’assister à la mise à mort d’une famille entière. Il ne pouvait rien espérer de plus réjouissant. Il punaisa une feuille sur son tableau en liège et fit trois croix dessus. Il alla se coucher, des rêves de meutres sanglants plein la tête.

 

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Tchoup
Posté le 20/11/2020
Bonjour,

Alors je viens de lire ce premier chapitre et si je trouve l'idée vraiment bonne, la vitesse à laquelle le tout s'enchaîne m'a un peu décontenancé. Le début est assez prometteur et les descriptions sont bonnes et puis j'ai l'impression que d'un coup tu veux finir le plus vite possible. C'est dommage car l'effet horreur serait de meilleur qualité si tu laissais le temps aux lecteurs d'essayer de deviner davantage. Comme le il s'est bien fait avoir, un simple sourire du vendeur en indice ajouterait de la tension. Bref y'a de très bonnes idées, mais je pense qu'il serait judicieux de s'attarder un peu plus.
Loïse V.
Posté le 20/11/2020
Bonjour,
Merci beaucoup pour ton commentaire. Tu as raison, je vais corriger ça sur les deux premiers chapitres.
Merci
Bonne continuation.
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