Chapitre I, Retrouve-moi sous ce ciel étoilé.

2 minutes - Doxx

Externe

    La fête battait son plein au moment où elles arrivèrent. Vingt-trois heures précises, pile-poil avant l’augmentation du tarif de l’entrée. 
— Heureusement qu’il n’y avait personne sur la route.
    Elles soupirèrent toutes trois. Les faisceaux de lumières frappaient la roche où s’était engouffré tous les étudiants du coin réunis pour passer cette soirée qui ne pouvait qu’être incroyable. Les corps se bousculaient et les bras étaient levés, se balançant avec force au rythme de la musique. Elles revoyaient leurs anciens camarades de lycées qu’elles avaient perdues de vue quand ils s’étaient tous séparés pour leurs études supérieures. Elles embrassèrent les connaissances qu’elles voyaient, discutants avec plaisir avec ces individus qui avaient comblé leurs années lycées.
    Elles se mirent un peu à l’écart quand elles eurent enfin leurs bières pour discuter un peu ensemble. La discussion était fluide jusqu’à ce que Léna remarque les yeux écarquillés de sa meilleure amie.
— Qu’est-ce qui y’a ?
— Lé' il est là.
— Sérieux ? 
Elle vit les yeux qui se trouvaient face à elle regarder derrière elle et elle ouvrit de grands yeux à son tour. Elle confia sa bière à sa meilleure amie au moment où deux mains touchèrent légèrement ses hanches. Elle se retourna et se mit à sourire bien plus que nécessaire. 
— Julien ! Comment tu vas ? 
Ils se firent un baiser sur chaque joue avant de retrouver leurs yeux. 
— Bien. Je peux te parler deux secondes ? 
    Le ton qu’il employait l’alarmait. Elle adressa un coup d’œil à ses amies qui patientaient, de la curiosité plein les yeux. Elle n’eut pas besoin d’ouvrir la bouche qu’on l’incitait à y aller.
— T’inquiète vas-y, on t’attend là.
Elle leur adressa un signe de tête, récupéra sa bière, et elle sentit une main encercler doucement son bras pour l'entraîner un peu plus loin du battant de la fête. 
— Qu'est-ce qui se passe ? 
— Ce qui se passe c'est que tu es hyper superficielle comme meuf. 
— Pardon ? 
    Elle haussa un sourcil choqué. Qu’est-ce qui lui prenait ? 
— Bah attends, regarde comment tu rigoles, comment tu danses et tu t'amuses. Ça se voit que tu veux attirer l'attention, je le vois depuis tout à l'heure.
— Attends. Tu veux dire que tu me regardes depuis tout à l'heure sans venir me voir ? Tu viens juste pour détruire mon humeur et ma soirée ? 
Elle s'indigna, recula d'un pas, dégoutée. Il s'approcha légèrement à l'effleurer. 
— Oui parce que tu es bien plus sexy quand tu as cette lueur de colère dans les yeux. 
— Julien, je te déteste. 
Elle se mit à rire avec lui quand elle tapa les syllabes de sa phrase sur son torse avant de faire mine de partir. Mais c'est sans compter sur la main qui reprit son bras en otage pour la mener vivement à ses lèvres. Elle en fut tellement surprise qu'elle lâcha sa boisson en souriant contre ses lèvres.
— Tu me dois une bière. 
— Si ce n'est que ça, je suis heureux d'avoir osé t'embrasser. 
    Ils reprirent un air sérieux avant qu’elle ne lui souffle quelque chose qu’elle avait maintenu en elle tant d’années.
— Tu m'as manqué. 
— Je n'ose te dire à quel point ça l’a été pour moi. 
Et ils embrassèrent sans faire attention aux regards offusqué des autres, surtout de celui de celle qu’elle avait prit pour sa copine.
    Elle se releva à bout de souffle et c’est elle qui rompit leur contact. 
— Un baiser dix ans après le dernier, et beh.
— Faut savoir se faire désirer dans la vie.
    Son sourire arrogant la fit rire.
— Pour fêter ça, je te paie un verre ? En plus de celui que tu dois m'offrir.
— Cinquante-Cinquante alors ?
— Pourquoi pas ?
    Elle s’éloigna de lui sans l’attendre pour commander au bar improvisé. Ce fut un de ses anciens camarades de classe qui vient à sa rencontre.
— Oh salut Léna ! Comment ça va ?
— Salut Paul ! Bah écoute ça va et toi ?
— Tranquillement, comme tu vois. Tu prends quoi ?
    Elle adressa un regard à son compagnon de soirée.
— Je prends comme toi.
— Ok. 
    Elle regarda de nouveau Paul et ses cheveux bouclés qui lui avaient tant plus à l’époque.
— Deux demis-pêche s’il te plaît.
— Je te fais ça tout de suite.
Elle reçut sa nouvelle boisson rapidement, elle remercia le jeune homme et donna la bière à son propriétaire avec un sourire espiègle sur les lèvres. Mais elle ne le laisserait pas tranquille pour autant. Elle passa rapidement vers ses amies pour leur dire de ne pas l’attendre, qu’elle reviendrait dans peu de temps. 
Ils se dirigèrent vers des bancs faits en palettes. Julien ne semblait pas se lasser de sa compagnie et ça raffermit sa confiance. Elle s’installa à ses côtés, au moment où une légère brise se levait, sans attendre davantage.
Le vent traversait doucement ses longs cheveux, elle aimait cette sensation de fraicheur avec la chaleur étouffante de cette nuit d’été.
— Tu te souviens des parties de cow-boy dans ta cabane ? Des tipis et des balades dans la forêt ?
— Bien trop, c’était une douce et bonne époque si tu veux mon avis.
— Je n’ai que peu de souvenirs de ces années-là mais pourtant les Dieux savent qu’ils sont remplis de joie et de rire.
    Ils avaient un sourire nostalgique, tous deux plongés dans leurs pensées. Ils avaient l’air de se parler mentalement, dans leur petite bulle de souvenirs.
— Je ne t’ai jamais oublié.
    La bulle éclata sous cette affirmation qui la déstabilisa franchement, elle ne s’était pas attendu à une telle déclaration.
— Ah bon ?
Il secoua tendrement la tête, comme si seulement ce geste valait tous les mots du monde.
— Moi non plus.
— C’est vrai ce mensonge ?
    L’expression douloureuse qui ornait son visage lui compressa la poitrine.
— Oui. Même si j’ai été plusieurs fois amoureuse, je n’ai jamais oublié le petit cowboy qui faisait battre mon cœur quand j’étais enfant.
— Nous ne sommes plus des enfants, Léna.
— Ne me regarde pas ainsi.
    Elle se renfrogna, elle n’acceptait pas qu’on la dévisage avec autant d’indifférence et de supériorité. Bien évidemment qu’ils n’étaient plus des enfants, elle serait idiote de ne pas le savoir. Elle n’avait pas avoué cela pour accepter de faire balayer sa déclaration d’un geste las de la main.
— Je n’ai pas dis ça pour te blesser, je ne sais juste… pas comment l’interpréter.
— Alors arrête de te prendre la tête Julien. On a vingt ans cette année, on se connait depuis qu’on sait marcher et on s’est perdu de vue de longues années. Pourquoi s’entêter à chercher des explications à tout alors que nous pourrions juste jouer avec la spontanéité comme quand nous nous sommes embrassés tout à l’heure ? J’avoue que tu me déçois.
    Cette remarque sembla le vexer car il leva vivement la tête en répliquant avec véhémence.
— Parce que ce genre de commentaire te déçoit ? Nan mais je n'y crois pas !
— Tu me déçois parce que je pensais que c’était moi qui réfléchissais trop, je ne te pensais pas aussi prisonnier de tes pensées.
— Tss.
    Il ne put s’empêcher de pester, il détestait qu’on le décrypte aussi facilement.