I'm yours - Isabel LaRosa
Julien
L'ambiance battait son plein dans la maison reconvertie en salle des fêtes. Je passe d'un groupe à l'autre dans cette maison inconnue alors que la seule chose que je veux c'est me rendre aux toilettes. Je trouve une âme charitable qui m'indique enfin ce que je veux d'un geste las de la main. Merci mec de me montrer à quel point je t'ai fait chier pendant que tu draguais.
Comme un cliché, les toilettes étaient en haut, derrière une dizaine de portes toutes similaires. Est-ce que ça ferait vraiment chier quelqu'un d'avoir un écriteaux avec écrit "Viens chier ici mec" ? Je n'ose pas trop ouvrir, flemme de voir des culs dénudés de personnes que je connais ou non.
Une porte d'où aucune lumière ne filtre en dessous ? On va écouter au cas où. Je préfère entendre des gémissements et me casser que les interrompre parce que j'ai ouvert. Mh ? Aucun bruit, bon ? J'ouvre comme un malade. Merde ! La lumière de chevet est allumée.
— Dé...Désolé.
Je bafouille avant de refermer. Attendez ? Je rouvre pour vérifier qui est-ce qui est dans cette chambre. Oui je suis un malade, et alors ? Elle est avachie sur le lit présent près du mur, à moitié en pyjama, un chignon négligé sur le haut de sa tête et un livre dans les mains. À ses sourcils et aux yeux bleus qui me lancent des éclairs, je devine facilement que je l'ai déconcentrée dans sa lecture.
À la voir ainsi, on ne pourrait pas penser que la fête faisait un vacarme pas possible quelques mètres plus loin. Mon traître de cœur s'accélère doucement, je ne l'avais pas vu depuis plusieurs semaines. Elle m'a tellement manquée.
— Tu éclates à ce que je vois.
Sauf que j'ai beau crever de son absence, je n'ai pas perdu l'habitude de la faire chier.
— Je t'assure que oui. Tu as besoin de quoi ?
Son ton, comme le mien, est cinglant. Elle reporte immédiatement son regard sur son livre, pas inquiété du tout par ma présence, faisant même comme si je n'étais pas là. Je ferme lentement la porte pour atténuer le bruit et pour ne pas rester à l'entrée comme un voyeur.
— Je cherchais...
— Les toilettes sont au fond à gauche et pas à droite.
— Comment tu... ?
— Tout le monde me casse les couilles avec ça, voilà comment.
D'une humeur massacrante, ça on ne pouvait pas se tromper.
Je vais partir, je ne souhaite pas la déranger plus longtemps, elle et son humeur de chien. Mais quelque chose au fond de moi, de beaucoup plus fort, me disait de rester, juste par curiosité. Elle ne faisait absolument pas attention à moi, gardant son regard sur son livre mais ses yeux étaient figés. Comment se concentrer quand un pingouin vous observe sans ciller ?
— Bon, Julien, va falloir me dire pourquoi t'es là. J'ai pas toute ma soirée.
— Tu as l'air bien partie pourtant.
Elle roula des yeux, ennuyée. Elle détestait qu'on la dérange ainsi quand elle lisait. Ma présence semblait l'énerver mais pas autant qu'elle voudrait me le faire croire. Si je ne la connaissais pas autant, je ne pourrais pas parier sur le fait qu'elle préfèrerait être torturée que d'avouer qu'elle aime ma présence ici.
— Sauf que, malheureusement pour toi, la compagnie de Levi ainsi que celle de Rose est plus plaisantes que la tienne(1).
— Faut que je prévois une partie de poker avec eux un de ces quatre.
— Pardon ?
Elle m'adresse un œil curieux, elle ne s'était pas attendu à ça. Mais je n'arrive pas à savoir si j'ai misé juste ou non dans ma réponse à cause de son regard noir. Bordel Julien, tu sais de quoi tu parles alors ne te laisse pas intimider !
— Tu comptes rester debout encore longtemps ou tu vas t'assoir ? Après si tu veux partir, je ne te retiendrai pas.
Je n'avais pas capté que j'étais toujours débout, ça ne me dérangeait pas, mais elle ça l'irritait apparemment.
— Le même tempérament que ton héroïne vraisemblablement.
— Qu'est-ce que tu sous-entends ?
Je m'efforçais de ne pas rire sous son regard meurtrier, elle pensait me faire peur et m'induire en erreur mais c'était tout le contraire. La colère qu'elle montrait rendait ma piste encore plus logique. J'étais certain de ne pas me tromper, par le simple fait, que Léna n'aimait pas qu'on essaie de la battre sur son propre territoire qu'étaient les livres.
— Je ne sais pas, à toi de me le dire ?
On se regardait en chien de faïence avant que je ne distingue un léger sourire sur son visage.
— Bon, peut-être que tu n'es pas aussi ringard que ce que je pensais.
Je ne peux m'empêcher de pester. Elle était d'humeur narquoise mais taquine, probablement que ça ne serait pas aussi catastrophique que je ne le supposais.
— Et toi pas aussi niaise.
— Moi niaise ? Plutôt crever.
— Pourtant tu crois à ces idioties ?
— Quoi ? Ça ?
Elle souleva le livre que je lui montrais d'un coup de menton. Je vis qu'elle voulait me lancer une réplique bien sentit et pleine d'honnêteté sur ce qu'elle pensait de mon opinion, mais elle se ravisa. Je crus voir une expression étrange dans ses yeux et dans sa rétractation, comme si elle ne voulait pas... Me décevoir ? Je savais qu'elle ne voulait pas avouer ce qu'elle aimait, alors que je le savais depuis toujours. Elle ne voulait pas avouer qu'elle aimait les histoires romanesque parlant d'amour à longueur de pages qui finissaient souvent bien. Je serais prêt à parier qu'elle pensait que je me fichais de ce genre de chose. Ma belle, si tu savais...
Malgré son humeur taquine, elle était à fleur de peau. Je le comprenais rien qu'en l'écoutant me répondre. Elle n'était absolument pas partante pour se faire humilier sur un tel terrain pour envenimer son humeur fragile.
— Je n'y crois pas vraiment, c'est le seul que j'aie trouvé en souhaitant me distraire mais clairement c'est un navet.
Elle continue pour me faire abandonner ma piste, la garce.
— Ah bon ? Pourtant j'avais adoré l'histoire moi...
J'avais logé mon menton dans ma main en allant m'assoir au bureau qui se trouvait dans un coin de la pièce, non loin du lit où elle s'était installé. Deux grands yeux surpris me regardaient, elle n'arrivait pas à y croire ou quoi ? À croire que je lui avais tendu un piège absurde.
— L'enjeu qui se déroule autour d'eux, Thomas, Mei et même Lucky sont tous trois des personnages forts attachants et j'avoue que le lien parent-enfant qui se dessine est quelque chose de...
— Pardon ?
— Quoi ?
L'air las qui se baladait dans ses prunelles me fit frémir, elle croyait que je moquais d'elle ou quoi ?
— Comment pourrais-tu être au courant de ce qu'il se passe dans un livre alors que tu n'as pas ouvert un bouquin depuis quoi ? Dix ans ?
— C'est une des histoires les plus en vogue cette année je te signale.
— Merci, je sais !
En soi, elle n'avait rien sur le fait que je lise, je le savais, mais je voyais qu'elle n'y comprenait rien. Et oui Léna, je ne me moque pas de tout, tu sais.
Je me lève sans lui répondre, pose ma main sur la poignée et j'ouvre la porte sans un bruit. Je consentis à m'exprimer que quand je fus à demi sorti de la pièce, sous les yeux médusés de Léna.
— Je ne suis pas dénué de culture contrairement à ce que ton cerveau condescendant se complait de croire.
Mon regard venimeux la fit se ratatiner sur elle-même avant que je ne disparaisse. Elle n'avait pu me dire un mot de plus et je compris qu'elle ne savait pas ce qui avait sollicité cette soudaine colère.
— Espèce de connasse.
La porte fermée, la main encore sur la poignée, je murmurais pour moi-même, même si je n'en pensais pas moins. Son regard surpris, dans le mauvais sens du terme, m'avait exaspéré car il m'avait intimé de qu'elle pensait de moi dans son esprit et ça m'avait dégouté. Je fais glisser ma main de l'endroit où elle se trouvait et je l'entends claquer doucement contre ma cuisse tandis que mes pas s'en allait loin de cette chambre en foulant la moquette du couloir.
J'ai moins adhéré à ce chapitre, pourtant très bien écrit parce que j'avoue que j'ai beaucoup de mal avec le personnage de Julien. Je le trouve assez détestable et superficiel, en tout cas dans ce chapitre. Il connaît les sentiments de Leana et j'ai l'impression qu'il en joue. Leur relation est en tout cas pas la plus apaisée, du peu qu'on en sait peut-être même un peu toxique. A voir dans la suite. Ceci dit, le personnage fonctionne bien dans le sens où il pourrait tout à fait exister dans la vraie vie.
Le personnage de Leana m'est un peu plus sympathique mais on sait encore très peu à son sujet. J'espère la voir plus développée dans les prochains chapitres.
Mes remarques :
"ça ferait vraiment chier quelqu'un d'avoir un écriteaux" -> écriteau
"pas inquiété du tout par ma présence," -> inquiétée
"la compagnie de Levi ainsi que celle de Rose est plus plaisantes que la tienne(1)." -> sont plus plaisantes
Un plaisir,
A bientôt !
Je t'avoue que voir un tel commentaire sur Julien m'intrigue, dans le bon sens du termes, parce que l'on ne m'avait jamais dis une telle chose et je suis contente qu'il évoque d'autres sentiments et ma foi ici assez importants xD
Je suis aussi heureuse de voir qu'il est assez réaliste et je te laisse avec la suite de nos chers évènements.
Merci infiniment <3
Oh ben moi qui me plaignais des récits en "je" dans le dernier commentaire, je me rétracte, ce chapitre est bien écrit (j'aime quand on me donne tort sur mes a priori, donc merci !).
Je ne sais pas dans quelle continuité on est ici, par rapport au chapitre précédent. J'imagine que c'est soit un flash-back où Julien et Léna se sont croisés à une autre soirée, soit c'est une autre soirée un peu après, mais en tout cas, cela montre leur relation, leur caractère (le fait que Léna se planque pour bouquiner au lieu de s'amuser avec l'autre me fait marrer, d'ailleurs, cela en dit long sur son caractère).
Je me demande s'ils vont réussir à dépasser cette agressivité un peu passive entre eux... J'ai l'impression qu'il y a eu une grosse dispute et qu'ils s'en veulent.
Par contre, je chipote, mais fais attention, tu as pas mal de répétitions et un petit souci de concordance des temps (ce n'est pas gravissime).
Merci pour ce chapitre ! Je poursuivrai avec plaisir !
Et moi j'aime terriblement quand j'arrive à faire changer les personnes d'avis xD
Je suis très heureuse de lire ça par ailleurs.
Pour en revenir au chapitre, ce n'est pas vraiment un flash-back, juste une autre soirée. Penses-tu que je devrais mieux l'expliquer ?
Leurs caractères sont pas mal décrits ici, quoi de mieux qu'un bon livre après tout ?
Je te remercie pour cette remarque parce que j'avoue que c'est quelque chose sur lequel je travaille et tu le remarqueras plus tard. Je vais bientôt soumettre cette histoire à une bêta-lectrice professionnelle pour m'aider. Je m'excuse d'avance pour les petites erreurs comme celles-ci, certaines m'ont été indiquées qui plus est.
Je te remercie encore énormément pour ta lecture <3
Déjà, on ne s'attend pas à retrouver Léna, dans cette chambre, en train de lire un bouquin pendant une soirée (truc anodin). Le point de vue de Julien est intéressant, on bascule dans une "autre dimension". Puis, le moment très très intéressant : le caractère de Léna ! Je plussoie, j'adore, elle me fait marrer, elle a une belle répartie ! Et ça change des héroïnes timides.
La dernière phrase de Julien m'a fait esquisser un sourire, mais surtout glousser ! Bravo, je me suis amusée à lire ce chapitre !
Julien est une grande masterclass ahah
Merci beaucoup à toi <3