- Chapitre II . 1 - Les rousses sont toutes des Sorcières -

Notes de l’auteur : Salut à tous.tes, j'espère que vous allez bien.
Juste un petit message pour vous dire que je suis désolée, mais j'ai beaucoup de mal à être active ici, mais les chapitres arrivent ptdr

Si jamais, je suis sur d'autres plateformes avec la publication qui va jusqu'au chapitre 9, si le coeur vous dit d'en lire plus !

En vous souhaitant une bonne lecture,
Merry O'Gealeach

Lady Williams arpentait sa chambre de long en large sous le regard médusé de Camil et Cecil, détaillant chacun des nouveaux aspects de leur amie. Ils n'avaient pas vu ce visage depuis une éternité et ne pensaient pas le revoir un jour. Il avait reçu le message d'Emeraude quelques instants avant, les incitant à venir le plus vite possible. Et maintenant qu'ils étaient là, ils comprenaient l'urgence de la situation. D'habitude, Williams ne faisait pas appel à eux avant quelques heures pour se laisser le temps de se remettre de la transmutation. Les hommes n'étant pas autorisés, ils attendaient toujours patiemment qu'elle reviennent à eux pour leur cérémonie à eux. Lui trouver un nouveau prénom. Cette fois-ci, ce petit jeu avait un goût amer. S'ils revoyaient enfin la sauvage qu'ils avaient rencontrée dans la forêt il y avait de cela des lunes, ils étaient incapables de lui rendre son patronyme d'antan.

Émeraude, elle, se rongeait les sangs. Elle avait du mal à se dire que la petite femme devant elle était bien celle qui lui avait enseigné le rôle de cheffe de coven. Vêtue d'un peignoir bien trop grand pour ses épaules, la sorcière paraissait plus faible qu'une malade, malgré la colère bouillonnant sur son minois. Sa peau était si pâle qu'on pouvait douter que la vie coulait dans ses veines, accentuant la fragilité porcelaine du corps. Emeraude mit enfin le doigt ce qui la dérangeait avec la personne devant ses yeux. Elle était adorable. Et ce terme n'allait pas vraiment à la cruauté de celle que l'on surnommait La Dame de Glace.

Le silence, qui n'était brisé que par les pieds qui faisait grincer le parquet, vola en éclat quand Cecil pouffa en donnant un coup de coude à son jumeau.

" J'avais oublié à quel point elle était blanche. C'en est éblouissant.

— Tu l'as dit, mon frère. Et as-tu vu ce visage d'ange, dissimulant le sadisme dont peut faire preuve cette sorcière ?

— Une belle arnaque si tu veux mon avis," se moqua le premier.

— Attendez ! intervint Emeraude, vous connaissez déjà cette personne ? Enfin je veux dire, cette apparence.

— Pour sûr ! s'exclama Camil. C'est..."

L'homme ne dit rien, observant la concernée. Si cette information devait être dite, c'était à elle de le révéler à Emeraude. Sentant qu'elle était observée, Lady Williams tourna ses billes à la couleur singulière vers le trio dont elle avait oublié la présence. Ses yeux passèrent sur chacun d'entre eux et quand elle avisa les bras croisés de Camil, son regard tout aussi sévère que compatissant, suivit de l'incompréhension de son apprentie, elle comprit. Elle devait des explications à cette dernière.

" Autant qu'elle sache toute la vérité. Plus vite tu commenceras, plus vite tu finiras, la pressa l'homme.

— Oui, oui ! s'emporta-t-elle. J'ai compris !" Dépassée, elle se laissa tomber sur un fauteuil, affalée dans ce dernier, les jambes par-dessus et le dos contre les accoudoirs, les doigts tenant son front et cachant son visage. Inspirant tout son courage, elle se décida enfin. " C'est le corps dans lequel je suis née. Le premier que j'ai fait disparaître."

Emeraude eut un hoquet de surprise, avant qu'un rire nerveux ne fasse tressaillir ses épaules.

" Pardon, se reprit-elle. C'est juste que c'est surprenant. Au vu des apparences que tu prends généralement. C'est très... différent. Vous connaissez Lady Williams depuis combien de temps exactement ?

— Depuis le tout début, avoua cette dernière. Depuis mille six cent quatre vingt onze.

— Mais c'est l'année des procès de Salem ! Ça veut dire que tu es une ...

— Une Éternelle, oui. Mais les procès n'ont débuté que l'année suivante. En quatre vingt douze. La vie avait encore quelque chose de doux à ce moment."

Éternelle. C'était ainsi que les Sicarius avaient nommé les sorcières ayant survécu au premier âge sombre de la sorcellerie. Toute sorcière ayant plus de cent cinquante ans était la proie principale du gouvernement. Elles possédaient un pouvoir que les mensonges de ce dernier ne sauraient tolérer. Elles détenaient la vérité. Elles connaissaient l'Histoire de la terre, l'ayant vécue, subie, façonnée. Maintenant, elles n'étaient plus qu'une vingtaine. Reculant de plus en plus face à la technologie des chasseurs pour qui, laisser errer ses créatures du diable signifiait les laisser transmettre ce qu'elles savaient à leurs ouailles.

" Quand les procès ont débuté, dans la colonie où j'ai dû suivre mon oncle, je n'avais pas vingt ans. J'évitais le village, le fuyant dès que je le pouvais. Mes cheveux n'étaient pas vraiment discrets pour une époque comme celle de Salem. J'étais mise à l'écart de la communauté puritaine, donc c'était assez facile de lui échapper. Je savais quand être vue pour m'éviter trop de problème, quand rentrer chez moi et quand dispaître. Et il y eut ce jour de juillet. Où j'ai rencontré ces deux idiots qui s'appeler alors Delsin et Anoki. Devenant bon nombre de noms, jusqu'à ceux que tu connais aujourd'hui, Cecil et Camil.

— Ô, Anoki, se lamenta Cecil en utilisant le prénom de naissance de son jumeau. Te souviens-tu quand nous l'avons menacée pour la première fois ?

— Elle était adorable," la taquina-t-il à son tour.

Lady Williams darda un regard assassin à son ami, avant de soupirer, basculant sa tête en arrière pour se remettre les idées en place. C'était une catastrophe. D'un seul coup, tout lui parut lointain. Sa rencontre avec les deux hommes face à elle, leur amitié, le passé qu'ils partageaient depuis si longtemps. Elle s'attarda sur eux un instant, tournant légèrement la tête. De leurs yeux en amandes, dont leur couleur onyx n'avait rien à envier aux ténèbres de leurs longues chevelures, aux cicatrices sur leurs bras, tout lui rappela le jour où elle les avait rencontrés.

Il faisait chaud cette journée-là. Le soleil brûlait l'herbe et la sécheresse ravageait les champs depuis plusieurs semaines. Elle avait trouvé refuge dans l'une des forêts avoisinant son village, profitant de l'ombre pour soulager sa peau des rayons de l'astre. Ignorante, curieuse et intrépide, elle s'était enfoncée entre les arbres, entrant dans le territoire de ceux que sa colonie qualifiait de sauvages, sans même s'en rendre compte. Pourtant, elle ne ressentit aucune peur quand un natif de cette terre la menaça avec son arme. Elle comprenait sa réaction. Avec le recul, Lady Williams se dit qu'elle avait été loin d'être polie face à l'inconnu. Elle était jeune. Ignarde.

Se trouver devant quelqu'un comme Anoki avait ébranlé l'enfant qu'elle était. Fascinée par une tenue et une coiffure qu'elle n'avait jamais vues chez un homme, elle n'avait pu détacher son regard de l'individu. Elle avait penché la tête, intriguée, son nez froncé par l'incompréhension. Elle avait entendu parler de sauvages, d'hommes et de femmes à la peau rouge, ressemblant à des bêtes. Cela ne ressemblait en rien à ce qu'elle avait devant les yeux. Il portrait certes une tenue qu'elle trouva étrange, - et dont elle envia secrètement le confort qu'elle semblait prodiguer- loin des lourds tissus étouffants dans lesquels elle devait se cacher, mais il n'avait rien de monstrueux. Contrairement à ce qu'il se disait dans sa colonie. A ce moment-là, la jeune femme se demanda surtout pourquoi son oncle parlait d'eux comme des peaux rouges. Elle qui s'attendait à quelqu'un à la peau couleur coquelicot, ne voyait là qu'un homme. Peut-être fut-elle déçue, là encore, de n'avoir trouvé personne possédant sa pigmentation capillaire.

Ce fut lorsqu'il s'adressa à elle pour la première fois, qu'elle avait enfin réagi, cessant son intrusive observation. Elle avait grimacé quand elle entendit le charabia de l'inconnu, ayant pour seul réflexe, celui de s'incliner, comme le lui avait appris son tuteur. Un rire avait alors résonné dans son dos. Elle pivota et découvrit un être semblable en tout point au premier, qui la salua comme le voulait sa tradition à lui. Dès ce jour, elle n'eut de cesse de fuir de chez elle, cherchant à rejoindre cette forêt, et ceux qu'elle connut dans cette forêt que beaucoup craignaient.

Ils apprirent à communiquer autrement qu'avec la parole, avant de pouvoir se comprendre. Ils n'y arrivèrent qu'au bout de plusieurs mois d'apprentissage de leurs langues respectives. Les deux frères lui montrèrent leur monde, leur tribu. Ils lui enseignèrent la faune et la flore locale, la chasse et la pêche, ou encore comment honorer les esprits auxquels ils croyaient. Et en échange, Lady Williams leur offrit sa magie. Elle qui taisait ce secret avec la servante de son tuteur, n'avait nulle honte à l'utiliser devant les autochtones. Elle avait fait fleurir les habitations des Massachusetts, créé des flammes qui ne s'éteignaient jamais pour les protéger des animaux la nuit. Elle avait fait rêver les chérubins et leurs parents en donnant vie aux contes de fées qu'elle connaissait. Tous ces souvenirs en elle... il n'avait aucun prix, à part celui de faire naître une douce chaleur dans son cœur.

C'était le temps de l'insouciance, de la liberté. Ils en avaient traversé des épreuves depuis. Maintenant qu'elle les détaillait, elle ne voyait que le lien unique qui les unissait. Ils avaient connu le pire chez les humains. Mais ils n'avaient jamais cessé de croire. Les poussant aujourd'hui encore, à agir pour la Rébellion. Ses joues devinrent humides face à la remontée de son passé. Elle renifla pour se reprendre, avant de s'asseoir de façon plus conventionnelle.

" Cerise ! Cerise ça lui irait bien non ?! intervint brutalement Cecil.

— Cerise ? répétèrent son frère et Emeraude en même temps.

— Hors de question ! répondit la concernée en même temps.

— Cerise Williams, insista son ami. Ça sonne plutôt bien non ?"

Le minois de Lady Williams se grigna. Malgré tout, elle soupira avant de se lever, se dirigeant vers le grand miroir. Sans la moindre pudeur, elle fit glisser le peignoir à ses chevilles, évitant son reflet dans le miroir. Elle se frottait nerveusement le bras droit de sa main gauche, les paupières closes. Et après une longue expiration, elle les ouvrit face au psychée. Emeraude étouffa un hoquet de surprise. Jamais elle n'avait vu des yeux de la sorte chez une sorcière. D'un noir profond, avalant la moindre partie de la sclérotique.

" Qu'est-ce que... souffla l'apprentie ébahie.

— Sa véritable magie, expliqua Anoki. Celle qu'elle a voulu faire disparaître avec son identité. C'est aussi la façon qu'elle a de retracer son passé en essayant de retrouver son prénom. En d'autre termes, elle voit sa vie défiler devant ses yeux.

— C'est impressionnant... On dirait que ses veines sont faites d'encre." souffla Emeraude avec une admiration non feinte envers sa mentor.

Les jumeaux détournèrent le regard. Ils savaient ce qu'elle faisait et cela leur brisait le cœur. Delsin remarqua qu'elle grattait encore son annulaire gauche, une cicatrice yant remplacé la bague qui la décorait quand elle n'était encore qu'une jeune femme insouciante. D'habitude habité par une étincelle de malice, il partageait actuellement l'état de son amie. Il était là ce jour-là. Ils étaient tous là, quand aujourd'hui, dans le cœur de Cerise, il en manquait un.

Émeraude ne comprenait pas ce qu'il se passait. C'était la première fois qu'elle voyait sa mentor faire cela. Ses veines se teintèrent d'un noir aussi profond que ses yeux, dessinant un lugubre sentier sur son anatomie. Instinctivement, elle recula dans son siège, écrasée par le pouvoir devant ses yeux. La magie ne coulait pas dans le sang de sa cheffe. Elle était l'essence même de son être.

" C'est..." commença la novice sans pouvoir finir.

Sa voix ne fut qu'un souffle, balayée par le crépitement qui émanait du reflet qu'elle contemplait.

Anoki tourna un œil tendre sur elle. Il n'avait pas accepté la décision de son amie quand elle l'avait choisie comme héritière. Mais plus le temps passait, plus il comprenait. Elles avaient beaucoup plus de points en commun qu'il n'avait su le voir à leur première rencontre. À une différence près; Émeraude était bien moins abîmé par le passé de l'humanité que ne l'était Cerise.

" Une Immuable, oui.

— Elle est comme La Rêveuse, comprit alors l'apprentie, admirative.

— Faites de la magie la plus pure qu'il existe dans votre peuple," confirma Anoki avec un sourire fier.

 

 

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Débora-Esther
Posté le 09/12/2023
Coucou toi! 👋🏻
Ça fait longtemps! Haha
Et bien écoute j’ai beaucoup apprécié la suite ( et ce malgré le fait que ce ne soit pas trop mon genre de roman à la base ) 🙂
Je trouve Cerise très intrigante, et c’était intéressant d’en apprendre un peu plus sur son passé.
J’ai donc envie de connaître la suite! 😉
J’espère à bientôt Merry!
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