Chapitre II : L’énigme principale

Notes de l’auteur : "Cela n'a pas l'air logique et pourtant, ça l'est...Promis !"
Bonne lecture !

Prédiction 2 : “Je t’ai vu en songe. Tu marchais, sans te retourner alors même que je hurlais ton nom de toute la force de mes poumons. Tu descendais la rue, à vive allure, sans me prêter attention. J'ai alors tenté de forcer le pas et j’ai dû me rendre compte d’une terrible réalité… [À suivre]”

Chapitre 2 : L’énigme principale

December. C'était là, un nom des plus particuliers. Certainement étranger. Plutôt anglais, pensait Marcia. Mais la femme qui se tenait de l'autre côté de la table n'avait ni l'allure ni la sonorité d'une britannique. Elle le savait fort bien puisque son travail l'avait déjà amené à converser avec des personnes provenant d'outre-atlantique. Son regard balaya la pièce, de nouveau. Contre les murs, s’adossaient des meubles en bois abîmés sur lesquels étaient rangés des fioles aux contenus colorés sûrement douteux. Deux miroirs se renvoyaient les faisceaux que la lune laissait entrer dans la chambre.

- "Depuis peu, je suis sans nouvelle de mon oiseau du paradis."

- "… ?"

Elles avaient fait tout ce chemin pour une histoire... d’oiseau ? 

- "Elle chante si bien. Ce n'est pas n'importe qui, vous savez."

Elles se regardèrent. Cette December était sûrement passionnée par les oiseaux. Même si le sien était des plus… spéciaux. Par l’intermédiaire d’un miroir, elles observèrent le volatile noir. Il quitta son poste pour venir se percher sur la chaise de sa maîtresse. En passant, il laissa choir un morceau de papier carré plutôt rigide. Un cliché. Marcia s’en saisit. Il y apparaissait une jeune femme qui avait sous son oeil droit, un grain de beauté. Ses cheveux avaient été plaqués et  ramenés en chignon bas. Bien que l’image était en noir et blanc, il fallait reconnaitre qu’elle était de toute beauté. La journaliste fit passer l’instantané à April et Novélia puis elles le rendirent à la sorcière. Cette dernière prit quelques minutes à détailler l’image.

- "Il s’agit de Bernadette, lança-t-elle sans relever, pour autant, les yeux du cliché."

Les filles attendirent la suite. La voyante soupira, un air de nostalgie(?) voila son visage. 

- "Comme je le disais, il y a plusieurs jours que je ne sais pas ce qu’elle devient."

- Avez-vous essayé de prévenir quelqu’un ? demanda Novélia.

- Ou d’aller la voir ? enchaîna April.

- Ou  d’interroger votre boule…magique ? proposa Marcia.

La voyante les considéra d’un drôle d’air, comme si elles venaient de prononcer des absurdités.

- Pour qui me prenez-vous ? Je suis voyante, pas omnisciente. Et d’ailleurs je suis un être humain,  je privilégie le contact social plus que tout. Dis leur, mon adorable compañero …

Le volatile croassa fortement en direction des trois jeunes filles, comme en colère. Ses yeux vitreux paraissaient les réprimander.

Marcia, April et Novelia froncèrent les sourcils d’étonnement. Cette femme était très certainement une charlatan. Pourquoi ne pas faire appel aux forces de l'ordre sinon ? À moins qu’elle ne soit complètement folle ? 

- "Vous êtes d’une ignorance, c’est incroyable. Et c’est moi que l’on pense avoir des cases en moins (quoi que cela veuille dire, d’ailleurs). [ Elle leva les yeux au ciel]. Je vous croyais d'une plus grande perspicacité que les autres, vous êtes d’une déception…"

- Bon, que voulez-vous exactement ? demanda Novélia quelque peu excédée. 

Cela faisait plusieurs minutes, qu’elle attendait que la sorcière en vienne aux faits, histoire qu’elles puissent enfin déguerpir d’ici en dépit de la récompense offerte.

December se radoucit

- "Très bien. Ma meilleure amie, Bernadette, a disparu et j’ai beau questionner son entourage, je n'en tire aucune réponse, (sûrement parce qu’on ne m’y apprécie pas vraiment, mais bon passons),"

- Est-ce que Bernadette est…euh…comme..., hésita Marcia

- Une sorcière ? Comme moi? Non pas du tout. Elle est cantatrice. Birdi se produit le plus souvent sur la scène du théâtre au Petit-Paris.

- Vous voulez parler de Saint-Pierre c’est cela ? demanda April

- C’est exact. Je vois que tu connais ta géographie, félicitations !  

April piqua du nez, s'intéressant soudainement aux marques qui zébraient le bois de la table : le ton de December était assez intimidant.

- "Toujours est-il qu'elle a manqué l'un de nos rendez-vous, ce qui n'arrive pour ainsi dire, jamais. N'est-ce pas Ubris ? "

Le corbeau croassa, en signe d'approbation. Il descendit sur la table. December caressa son plumage du bout de ses doigts bagués. L'animal étendit ses ailes.

- "Birdi m'est chère. Mais personne ne veut me répondre. Pas même son bon à rien de fiancé. Alors j'espérais que si, par hasard, quelqu'un d'autre s'en chargeait, il serait plus aisé de savoir ce qui lui est arrivée."

- Vous semblez encline à faire utilisation de la magie, pourquoi ne pas vous en servir ? Novélia avait prononcé ces mots sans réfléchir, la rancune profondément enracinée en elle. La plaisanterie que lui avait joué December ne s'effacerait pas aussi facilement de sa mémoire.

Marcia songeait à la même chose. Si quelqu'un était capable de priver de paroles une autre, que pouvait-elle faire d'autre ? 

- "Il est vrai que je pourrais, dit December, les yeux plongés dans le vide de ceux d'Ubris. Mais, ajouta-t-elle le regard soudainement féroce, ce serait moins divertissant pour moi.  Parviendrez-vous à la bonne conclusion ?"

Ubris prit son envol. Marcia considéra son vol, d'un air inquiet. Il fit trois fois le tour de la pièce puis fondit sur les filles.

- "Aïe !! crièrent-elles en chœur. "

Il leur avait arraché un cheveu chacune.

- "C'est insensé. Je m'en vais !  déclara Novélia. "

Cette femme pouvait bien lui jeter un sort pour s'amuser mais s'attaquer à sa belle chevelure ?! C'était inadmissible. Scandaleux, même. Elle se leva mais au moment où elle atteignit la porte, il lui fut impossible de l'ouvrir. Ce n'est pas qu'elle ne le pouvait pas mais elle ne le voulait pas. Étrange… Novélia retourna à son siège. 

- "J'imagine que vous accéderez à ma demande,  dit December, un sourire radieux accroché aux lèvres."

Marcia sentit son pouls s'accélérer. Le cocher avait décidément raison. Dans quoi s'était-elle engagée, au juste ? Si elle s'en sortait, elle se promit de démissionner dès que possible et de ne plus jamais lire le journal. Elles étaient sous la coupe de cette sorcière, sans possibilité d'un retour en arrière. La journaliste le sentait au plus profond d'elle-même : elle ne s'appartenait plus, désormais. Sa tête tourna vers April. Cette dernière était encore plus pâle que tantôt. 

- "Ne vous inquiétez pas, les effets secondaires disparaîtront bientôt. Quant au sortilège...eh bien, il sera levé quand vous aurez résolu mon énigme. Si tel n'est pas le cas. Si vous cherchez à fuir. Alors j'ai bien peur que vous devrez vous préparer au pire."

- "C'est-à-dire ? questionna Marcia d'une voix hésitante. "

- "Vous aurez le temps de le découvrir." 

 Un frisson lui parcourut l'échine. Cela n'augurait rien de bon.

- "Je vous conseille de commencer par la loge de Birdi, au théâtre. Elle y réside la plupart du temps puisque sa mécène, la vieille Duncan, vit à Ajoupa-Bouillon et que ce n'est pas vraiment la porte d'à côté."

December leur tendit une clé en fer forgé. 

- "Vous en aurez besoin. Elle ouvre la dite loge."

April récupéra l'objet sans mot dire.

- "Autre chose. Puisque vous vivez dans le centre, il vous sera pénible d'effectuer des allées venues entre Fort-Royal et Saint Pierre. Je vous suggère donc de vous établir dans une auberge le temps de votre enquête. Ubris ayant été quelque peu ...indélicat, les frais engendrés par cette location seront à mon compte."

- Donc si j'ai bien compris, dit April lentement, vous nous demander de mener une enquête au cours de laquelle nous devrons découvrir ce qui est arriver à mademoiselle Bernadette. Si nous réussissons…

- Vous nous affranchirez de votre sort et nous donnerez la récompense promise, enchaîna Marcia.

- Oui, c'est l'idée…

- Et si...nous échouons? demanda April d'une petite voix à peine audible…

- Eh bien….

La voyante semblait réfléchir, elle caressa son menton.

- "Je n'en sais fichtrement rien, admit-elle. Cela dépend des gens en général. 

Les filles ouvrirent grand les yeux. Elles jouaient leur vie sur une incertitude. 

- "Attendez ! interpella la sorcière alors que les filles se levaient,

- Avant que vous ne partiez, puis-je ....

Marcia concentra son attention sur December, bien décidée à ne manquer aucune information aussi insignifiante soit-elle.

- "...Vous proposez ces incroyables bracelets en jaspe tout à fait authentiques provenant de la Pointe d'Enfer ?"

- " Hein ?"

La voyante avait posé cette question, grand sourire :

- "Non ? Ou alors ce très authentique stylo en pointe de quartz. Extrêmement futuriste et précieux.  Ou alors cette… authentique plume de poulet rose."

- Euh….mais elle est blanche, fit remarquer Novélia.

- Oui mais quand tu plumes une volaille, de quelle couleur est-elle ?

C'était officiel.  Cette femme n’avait pas la lumière à tous les étages. 

- "Est ce que cela revêt une quelconque utilité à la résolution de l'enquête ?"

- "Hein? Euh ...Oui ? Non ? Peut-être ? "

 

  • Fin du chapitre II. Magie sur vous !

 

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