Chapitre III

Voilà deux heures que ses yeux s'étaient ouverts. Ils étaient bleus comme l'océan, leur petites pupilles noires fixant le plafond blanc. Elle ne se sentait pas vraiment là, elle avait du mal à reconstituer ce qui s'est passé. Elle se rappelait vaguement avoir été frappée par Jugde, et il lui semblait avoir entendu une autre voix avant de sombrer. Elle n'en était pas sur, elle était seule depuis son réveil, elle avait essayé de parler mais aucun son n'était sorti. Elle n'avait alors même pas voulu tenter de bouger. Elle ignorait depuis combien de temps elle était là, depuis combien de temps elle dormait. Elle ne savait pas bien si elle désirait le savoir. Elle se sentait vide et fatiguée. Seule ses paupière papillonnaient, intervertissant ainsi blanc et noir. Alors sans savoir pourquoi, sa vue se flouta et les larmes dévalèrent la pente de ses joues. C'était une course effrénée, que même le ravin menant à sa gorge ne stoppait pas. Mais alors qu'elle aurait voulu les sécher, une main froide se posa sur sa joue et le fit pour elle.

"- Chhht.. doucement..." lui murmura-t-on.

Elle fut surprise par cette sensation de froid qui glaça doucement sa pommette. Elle détourna le regard pour voir de qui il s'agissait, elle ne connaissait pas cette voix, mais elle reconnaissait ce regard. Elle l'aurai reconnu entre mille. Alors elle le regarda enfin, curieuse de le découvrir. Un jeune homme, sans nul doute plus vieux qu'elle, le teint halé, des cheveux noir, tombant légèrement sur son front. Mais ce qui attira son attention par dessus tout, ce fut son regard. Elle l'avait tant cherché, tant imaginé. Et il était aussi spécial que dans ses rêves, et bien mieux encore. Ses yeux couleur de jade, dans lesquels se mêlaient de fins liserets violets. Elle plongea son regard dans le sien, essayant de descellé un semblant d'information, qui était-il ? Etait-ce Cryo ? Ou bien un autre ? Que faisait-il là ? Était-ce lui qui l'avait aidé ? Qu'elle avait cru entendre ? Mais au fond de lui, elle ne vit que le froid, que le givre, et la mort. Elle aurait pu avoir un mouvement de recul, avoir peur, être déstabilisée. Mais les morceaux du puzzle concordait à merveille, alors malgré un sentiment d'effroi, elle resta à le regarder.

"- Tu... Cryo...?" Souffla-t-elle péniblement mais pleine d'espoir. Sans doute trop pleine d'espoir, mais elle voulait y croire, elle voulait croire qu'elle allait obtenir des réponses. Qu'elle comprendrait enfin se soutient, qu'il aurait un visage, un prénom, un vrai regard dans lequel se rassurer, et pas seulement une sensation. Elle ne décrochait pas son regard de lui, elle pouvait deviner sa respiration calme et régulière.

Il ne fut pas déstabilisé par la question, il retira doucement sa main de sa joue et s'appuya contre la table de nuit. Il sentait comme elle avait besoin de son regard, comme elle se réfugiait dedans, alors il fixait lui aussi ses yeux. Bleu, comme l'océan, comme le givre, comme le bleu du ciel au printemps. Son teint de porcelaine, ses long cheveux d'argent. Elle était belle, semblable à une ancienne poupée de porcelaine que le temps avait bien conservé. Mais il était bien le premier à savoir que le physique ne témoignait en rien de ce qu'il cachait. Une enveloppe avec un beau cachet, pouvait contenir la pire des nouvelles.

"- Oui... c'est moi..." répondit-il curieux de connaître sa réaction, mais la redoutant un peu, suite aux "on dit".

Il était bel et bien là, face à elle, il l'avait touché. Il l'avait aidé, comme elle l'avait pressenti. Elle aurait sans doute espéré que cela lui apporte des réponses, mais cela créa en fait bien plus de question. Elle ne pouvait pas toutes les poser, elle ne savait pas par où commencer. Tout était trop flou.

"- Il est jeudi, c'est 11h30. Tu as dormi presque deux jours entiers." Lui expliqua-t-il. "Tu as assez mal encaissé le déclenchement de ton pouvoir. Tu t'en remettra assez vite... pour tes blessures rien de grave."

"- C'est... j'ai quoi comme pouvoir ?" Demanda-t-elle se souvenant juste d'une apparition lumineuse.

"- Sans doute un pouvoir qu'il aurait mieux fallu que tu n'ai pas Oria." sa voix se refroidit. "Il faudra en reparler plus... sérieusement quand tu iras mieux. En attendant, si on te demande, contente toi de te dire que tu te sers de l'énergie de la terre. Compris ?"

Elle ne s'attendait pas à ça. Elle comptait sur lui pour avoir des réponses, mais il la troublait encore plus. Si elle comprenait bien, en plus d'avoir un pouvoir, ce qui était déjà spécial, elle en avait un bien particulier, dont elle ne devait parler à personne, et dont on refusait de lui parler. Elle n'aimait pas ça. Elle n'aimait pas non plus la manière dont il avait changé de ton. Elle comprenait sans mal que cela n'avait rien de méchant contre elle, mais il semblait éprouver une certaine inquiétude. Elle ne savait plus quoi dire, effrayée d'aborder un terrain trop glissant, elle préféra garder le silence.

"- Tes amis viendront te voir entre midi et deux... Ne leur parle pas de moi, ça t'évitera des problèmes, et à moi aussi. Je t'ai jamais ramenée ici, je n'ai jamais été dans l'arène, on ne s'est jamais vu.. c'est tout."

Oria hocha la tête. Pourquoi une telle mesure ? Elle ne se risqua pas à demander. Elle ne dirait rien. Elle garderait tout ça pour elle. C'était leur secret, et cette idée lui plaisait, elle esquissa un léger sourire. Mais elle le perdit au moment où elle posa sa question :

"- Et Jugde ? Et Alaney ?

- Ils vont bien. Ils ont été secoués par l'explosion, mais ils sont sur pied.

- D'accord..."

Elle en voulait terriblement à ces deux là. Elle ne voulait plus les voir, elle ne savait même pas pourquoi elle demandait des nouvelles. Peut être espérait-elle qu'ils soient blessés ? Aussi mal qu'elle ? Non, elle ne voulait pas y croire. Elle n'était pas de ce genre.

"- Repose toi Oria, je repasserai peut être dans la soirée. Mais ne m'attend pas, rien de sûr."

Il se redressa, et s'apprêta à sortir lorsqu'elle l'interpella :

"- Cryo !" Elle marqua une pause. "Pourquoi...?"

Il lui jeta un vif regard et sorti de la pièce sans un mot de plus, la laissant seule au milieu des doutes et de l'incompréhension.

De l'autre côté de la porte, le jeune homme au cheveux blanc attendait le brun ténébreux. Ils se mirent en route tous deux, sortant de l'infirmerie.

"- Alors ? C'est elle ? Demanda Jugde curieux.

- Ouais ... répondit Cryo.

- Tu as vérifié ? Tu lui as demandé de faire apparaître sa magie ?

- Non. Répondit sèchement le ténébreux.

- Alors comment peux-tu l'affirmer ?! Grommela boudeur le jeune oiseau blanc.

- Je le sens Jugde. J'ai pas besoin de le voir. Souffla le locuteur.

- Et que vas tu faire ?

- Suivre le protocole Jugde. Il n'y a rien d'autre à faire. Je lui ai dis de ne rien dire à personne, que cela devait rester entre elle et moi... et toi, mais ça elle ne le sait pas, et à mon avis c'est mieux comme ça. Et fais en sorte que personne ne le sache. Même Alaney. Personne Jugde.

- Elle est amie avec Avelyne, Dayana, Heiv et Zadig... qu'est ce qui te prouve qu'elle le fera ? Demanda la benjamin, peu confiant sur la parole de la jeune femme. Et tu sais bien que tu peux compter sur moi. Ça fait des années que je garde ça pour moi. Tu n'es pas autorisé à douter de ma parole. Renchérit-il encore.

- Je lui plais, et elle me fait confiance. Répondit Cryo sans émotion particulière.

- Tu lui plais ? Ce n'est pas un peu prétentieux ça, monsieur le tombeur ?" Ajouta Jugde dont le visage arborait un sourire amusé. Et Cryo sourit à son tour :

"- Bien sur que ça l'est Jugde... et c'est ça qui est drôle. Elle ne me connaît pas, elle est naïve et faible... Tout est prévu.. elle est ma petite poupée de porcelaine.

- Ce que j'aime quand tu te comportes comme ça Cryo ! Lança-t-il euphorique en tapant dans ses mains un faux air mesquin. Mais tu penses que tu me la partagerais un peu ?

- Si cela peut te faire plaisir, ajouta le garçon brun amusé. Mais évite de la traumatisé.

- Tu sais bien je vais assurer. Comme toujours ! Lança-t-il joueur et sûre de lui."

Le duo masculin avança dans au travers le campus. Tous les opposés en apparence, mais ils étaient en réalité une équipe imbattable. Cryo était la force tranquille, le réfléchit, plus stratège. Jugde était plus direct, il préférait l'action à la réflexion, mais il était doté d'une grande intelligence et d'une certaine adaptation à divers situation. Opposés et complémentaires. Ils se rendirent ensuite dans le bureau du directeur. Cryo ne prit nullement la peine de toquer, et entra sans y être invité.

"- Monsieur Hengar.. voilà vos meilleurs élèves aux rapports. Annonça-t-il arrogant.

- Cryo... Jugde... soupira le directeur, accoutumé à leur comportement.

- En effet, on est là au sujet de Oria Sinklade. Son entraînement spécialisé s'arrête là.

- Comment ça ? Qu'est ce qui vous permet d'en décider ?

- Elle a débloqué son pouvoir lors de notre entraînement mardi après midi. Expliqua Jugde. Je lançais une boule d'acide sur elle quand sa magie s'est délivrée pour la protéger. Un classique. Depuis elle est à l'infirmerie.

- Bien... et quelle est sa magie alors ?

- Elle manipule l'énergie de la terre. Continua Jugde.

- Hum.... bien.. vous pouvez disposer."

Le directeur était visiblement déçu, il refusait que cette discussion s'éternise. Il aurait voulu qu'il en soit autrement, que l'annonce soit autre que celle-ci. Tous les éléments magique avait été trouvés. Mais il en manquait un pour que le compte soit total, pour que la prophétie puisse être accomplit. Il ne comprenait pas, et il n'aimait pas ça. Il y avait des choses qui n'étaient pas dites, ses doutes se tournèrent vers Dashter Er. Si l'élément clé n'était pas son école, elle était forcément dans l'école adverse. Et si il n'était pas encore au courant, c'est que le directeur adverse cachait le bijou bien précieusement loin des regards.

Les deux garçons quittèrent le bureau pour gagner la cafétéria. Une fois la bas, ils retrouvèrent Eleven et mangèrent ensemble. Les discussions tournaient autour de cette nouvelle, mais le duo suivit le plan à la lettre. Pas question de dévoiler quoi que ce soit.

"- Et samedi ? Tu vas encore affronter Athena ? Demanda Eleven en visant Cryo.

- Comme toujours.

- Pourquoi ? Pourquoi tu l'affrontes toujours toi ?" Questionna-t-il. Cela faisait des années qu'il faisait parti de cette école, et depuis toujours, chaque dernier samedi du mois, il avait vu s'affronter Cryo et Athena. Il savait qu'ils étaient les meilleurs éléments des écoles respectives. Les deux seuls à avoir réussi leur examen final, ce qui leur donnait le droit de choisir leur adversaire ou de pouvoir intervenir si ils trouvaient un combat trop inégal.

"- Tu préfères peut être que je te laisse mourir face à elle Eleven ?" Lui répondit-il en plongeant son regard dans celui de l'interlocuteur.

Eleven en eut froid dans le dos. Il haïssait le regard de Cryo. Il n'inspirait rien de saint, rien d'agréable, rien de vivant. Alors il baissa la tête. Il se remémora la fois où Cryo avait été touché par la magie de son adversaire. Il s'était immédiatement écroulé au sol. Il n'avait plus bougé. Plus personne ne l'avait vu pendant trois semaines. Toutes les théories avaient été lancées, principalement celle de sa mort. Mais il avait finit par réapparaître, sans jamais apporter de réponse sur ce qu'il s'était passé. Eleven s'était accommodé de ses nombreux secrets. Cet établissement en était rempli. Il n'y avait pas une salle, pas une personne, qui ne possédait pas de secret. On lui avait durement appris que la curiosité était un vilain défaut, alors aujourd'hui il se contentait du minimum, il avait presque prit pour habitude de couper les gens qui se confier à lui, comme apeuré de possibles répercutions.

***

Avelyne et Dayana venaient de quitter Oria. Elles avaient mangé toutes les trois à l'infirmerie. Elles lui avait ramené une part de tarte à la courgette et au poulet préparée la veille avec une compote. Et elles avaient parlé. Enfin surtout Dayana et Avelyne. Oria était restée plongée dans le silence. Elle ne savait pas quoi dire. Après tout, on lui avait interdit de dire quoi que ce soit. Elle n'avait aucune réponse à leur apporter, elle ne voulait pas se risquer à mentir, elle avait trop peur de faire une gaffe. Elle aurait pu désobéir, mais elle ne le souhaitait pas. Pas tant qu'elle ignorait la raison, et si Cryo revenait, elle comptait bien obtenir une réponse, et pas seulement un regard. Tout le monde parlait sommairement de ce garçon, et il refusait qu'on parle de lui. Il n'était jamais là, mais à la fois toujours présent. Il lui avait assuré qu'elle ne voulait pas de sa magie, mais refusait également qu'elle évoque le sujet auprès de ses amis. C'était tant de question en suspend qui troublait son esprit.

***

Le quatuor d'amis se retrouva à la cafétéria le soir même pour parler des événements qui devenait de plus en plus étrange à mesure que les jours défilaient. Et depuis deux semaines que Oria était arrivée, tout était encore plus étrange. Elle avait eu un traitement inédit. Les deux filles qui avaient rendu visite à Oria avaient senti que quelque chose n'allait pas, mais elles ne comprenaient pas quoi.

"- Elle est restée silencieuse tout le long... je sais bien qu'elle n'est pas bavarde mais quand même...elle n'avait même pas l'air heureuse de nous voir... commença à expliquer Avelyne très inquiète pour son amie.

- Il y a trop de chose qui nous échappe. Souffla le jeune Zad'.

- Il faudrait reprendre les choses dans l'ordre déjà... proposa Heiv.

- Comment ça ? Demanda Dayana.

- Il faudrait tout reprendre depuis le début... elle s'entrainait avec Jugde, Alaney et Eleven, mais visiblement, aucun des trois ne l'a emmené à l'infirmerie. Sauf peut être Eleven. Car en fait, Alaney et Jugde était aussi blessés, voir inconscients suite à leur entraînement. Ils ont chacun passé deux heures à l'infirmerie. Mais ils sont sortis le soir même. Donc, ça ne peut être que Eleven non ? C'est donc à lui qu'il faudrait s'adresser pour obtenir des réponses.

- C'est pas bête.. répondit Avelyne.

- Donc demain, on se charge de demander des réponses à Eleven ? S'assura Zad' pas sûr d'avoir tout suivi.

- Mais j'ai entendu dire que c'était Cyril qui l'avait trouvé et emmené à l'infirmerie... ajouta Dayana de plus en plus perdu.

- Le documentaliste ?? S'étonna alors Zad'. Qu'est ce qu'il faisait là bas alors qu'ils s'entrainaient dans l'arène de combat ?

- C'est vrai que c'est pas logique. renchérit Avelyne.

- On pourrait tout de même aller lui poser la question... si ce n'est pas lui, on sera vite fixé. Il ne saura pas de quoi on parle. Proposa Dayana.

- Okey.. donc demain, Heiv et moi on va demander à Cyril, et vous a Eleven ? Demanda Avelyne en regardant Zad et Dayana.

- Ça me vas." Sourit Zad.

Chacun approuva alors la stratégie. Ils passèrent le reste de la soirée à se questionner sur les causes de cet accident, et tout ce que cela engendrait. Tout était bien trop anormale. Ils se séparèrent à 22h30 pour regagner leur chambre. Tous très soucieux, de plus en plus certain de Oria n'était pas une simple élève, et de plus en plus agacés de ces nombreux secrets.

***

Oria s'apprêtait à fermer les yeux quand la porte de sa chambre s'ouvrit. Cryo tenait un plateau repas et entra.

"- Bonsoir petite poupée."

Cette appellation la mit mal à l'aise autant qu'elle la fit sourire. Il lui avait visiblement apporté à manger, et cela l'enchantait car le repas dont elle avait disposé par l'infirmerie était tout bonnement immangeable. Il s'installa sur la chaise à côté de son lit et déposa le plateau sur la petite commode.

"- Je me suis dis que cela te ferait du bien manger un vrai repas.. je suis pas un grand chef mais ça sera toujours mieux que les repas de l'infirmerie. annonça-t-il avec un très fin sourire au coin des lèvres.

- Merci c'est très gentil."

L'attention la touchait tout particulièrement. Elle n'aurait pas pensé qu'il aurait pensé à elle de la sorte. Il lui avait emmené un plat de riz à la crème et aux lardons. Elle se régala de le manger tandis qu'ils menaient la discussion ensemble.

"- Hum... Cryo, sans vouloir être agaçante, j'aurai aimé comprendre pourquoi je ne dois rien dire à personne ? Concernant mon pouvoir... soit, ça encore...je crois que j'arrive un peu à comprendre, mais te concernant toi ? Personne ne parle de toi, ou tout le monde reste en surface. Et tu m'interdis de dire quoi que ce soit.. Si je veux pouvoir te faire réellement confiance, il me faut... des explications." Elle savait qu'elle mentait, elle avait déjà confiance en lui, alors qu'elle ne devait sans doute pas. Mais elle voulait le pousser à lui dire les choses, qu'elle sache une part de vérité dans ces événements.

"- Oria ... commença-t-il en soupirant. Tu sais parfois, il y a tant de choses qui feraient mieux de rester dans le silence. Le bruit n'est jamais un bon présage.

- Je ne comprends pas... souvent le silence est angoissant.

- C'est ce genre de chose que nous apprenne les fictions que nous lisons, les films que nous regardons.. Ici tu dois accepter de repartir de zéro. Abandonner tous tes préjugés, tout ce que tu as appris. Pour tout recommencer.

- Mais si je ne comprends pas, je ne servirai à rien ! Souffla-t-elle agacée. Et si je ne comprends rien, à quoi ça sert de me dire des morceaux sans aller au bout, à part m'agacer ?!

- Tu ne seras pas inutile petite poupée. On pourra en parler, mais pas ici, pas maintenant. Calme toi...

- Pourquoi pas ici Cryo ? Et pas maintenant ? C'est quoi toute cette histoire autour de toi...? Questionna-t-elle encore. Désolée... Mais ça n'a rien pour me rassurer.

- Tu es têtue hein. Affirma-t-il en l'observant.

- Très ... mais bon... tu ne veux rien me dire, alors toi aussi tu es pénible. Mais je me demandais encore une chose.

- Oui Oria ? Questionna-t-il.

- Je vais retourner en cours, comment je pourrais encore mentir sur ma magie ?

- Ta magie peut se confondre avec celle de l'énergie terrestre, comme la mienne peut se confondre avec la glace. On est pas comme eux Oria..."

Le regard qu'il posa sur elle était ce même regard qu'elle avait senti samedi dernier, son sixième sens. Elle se sentait alors comprise, soutenue et acceptée pour ce qu'elle était vraiment. Elle n'avait plus peur, plus envie de disparaître, de s'enfuir. Ils étaient pareil, mais elle le sentait à la fois si proche mais si différent, si loin d'elle.

Son regard bleu ne le quittait plus. Il savait qu'il pourrait être son seul et unique soutient. Il savait ne pas avoir le choix, mais il ne voulait pas. Il ressentait comme elle, il sentait cette sensation, leur sixième sens à tous les deux. Cela faisait des années qu'il l'attendait, et maintenant qu'elle était là, il voulait qu'elle parte, qu'elle ne soit jamais apparu ici. Il en savait la raison, mais il l'avait lui même dit, le silence était plus sûre, et il le jugeait plus rassurant, surtout pour elle. Elle était si jeune pour affronter ça, trop jeune pour subir ce qui l'attendait.

"- D'ailleurs, quel âge as-tu ? Lui demanda-t-il.

- J'ai seize ans, et toi ?

- Tu es bien jeune en effet..." trop jeune, pensa-t-il avant de répondre à son tour : "j'en ai vingt-cinq."

Elle ne l'aurait pas cru si jeune, et à la fois, elle ne le voyait pas si vieux que ça. Une fois l'assiette d'Oria vide, Cryo récupéra le plateau et se leva.

"- Repose toi bien petite poupée. Je repasserai sûrement demain.

- Je sors demain Cryo... demain matin...

- Dans ce cas... à la prochaine.

- Quoi ?! Attend tu es en train de dire que on va plus se voir là avant une durée indéterminée alors qu'on est dans la même établissement ? S'exclama alors Oria surprise.

- Ça y ressemble oui. Sauf le dernier samedi du mois.

- Tu te fous de moi ?!

- Pas tellement Oria. Dit-il sans émotion.

- Mais.... je comprends vraiment plus rien..." souffla-t-elle en prenant sa tête entre ses mains trop déstabilisée.

Résigné, il reposa la plateau, se rassit et retira ses mains de son visage.

"- Calme toi... Viens avec moi Oria.

- Où ça...?

- Viens." Se content a-t-il de lui dire en se relevant.

Elle n'osa pas refuser la proposition, elle se leva de son mieux, encore endoloris, puis ils avancèrent ensemble dans l'obscurité de la nuit. Ils prirent un chemin qui longeait la grille de l'école, il l'emmena ainsi jusqu'au portail qu'il ouvrit.

"- Allez... sors..." insista-t-il.

Oria restait méfiante, elle lui faisait confiance, mais le monde était rempli de personnes mal intentionnées, mais elle se laissa guider. Elle marchait légèrement derrière lui. Il entra dans la forêt. À chaque pas de plus, son sang se glaçait. Elle ne connaissait pas ce lieu, les forêts n'avaient rien de sécurisant. Elle chercha alors un prétexte pour rentrer mais, autre chose, comme un instinct, lui souffla de ne rien dire et de se laisser porter. D'accepter de lâcher prise, de ne pas vouloir tout comprendre, et comme il l'avait dit, abandonner ses idées reçues. Accepter que quelqu'un s'occupe de soi, sans imaginer le pire. La forêt était silencieuse, seul le bruit de leur pas résonnait. Il y avait une fine brise et les températures ne dépassaient pas les dix degré. L'hiver touchait à sa fin. Lorsqu'elle leva les yeux, elle put apercevoir le ciel étoilé de centaines de petites lumières, toutes dominées par ce magnifique croisant de lune. C'était magnifique. Mais lorsqu'il attira son attention, elle vit un bien plus beau spectacle. Elle observa un petit étang perdu au milieu des arbres. Elle s'approcha émerveillée, et elle vit alors son reflet pâle et trouble, ainsi que le ciel. La lune lui faisait comme une auréole au dessus de la tête. Les étoiles lui semblèrent soudainement danser, alors elle leva la tête. Elle n'aurait pas trouvé ça si étonnant tant ce monde semblait éloigné de celui qu'elle avait connu jusqu'à aujourd'hui. Mais ce n'était pas les étoiles, il s'agissait de dizaines de lucioles virevoltant au dessus de l'eau. Elle essaya naïvement d'en attraper une. Mais elle manqua de tomber à l'eau, alors Cryo qui se tenait juste derrière elle, la rattrapa en saisissait son bras, la rapprochant de lui. Elle sursauta en s'apercevant qu'il était juste là, que leur corps n'était plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.

"- Cryo...je....

- Chht..." murmura-t-il en posant un doigt sur ses lèvres.

Elle accepta sa requête et elle se plongea dans le silence. Elle l'observa, il avait fermé ses yeux de jade, sa respiration était presque imperceptible. Il paraissait paisible, en paix avec l'environnement, il semblait maîtriser ses émotions à merveille. Elle l'admira un instant, avant de fermer ses yeux à son tour. Elle mit un long moment à se concentrer. Trop de choses tournaient dans sa tête, elle ne parvenait pas à créer de l'ordre. Mais elle se força. Elle inspirait doucement par le nez, marquait quelques secondes de pause, puis expirait par la bouche. Elle s'imaginait évacuer toutes ses interrogations et toutes ses angoisses. Petit à petit, elle commençait à comprendre. Elle se concentrait sur elle-même et elle les entendit enfin. Les battements de son cœur, le rythme régulier et calme avait un côté apaisant. Elle le sentait à travers tout son corps, et à mesure que son sang la parcourait et qu'elle expulsait ses tourments à travers son souffle, elle se sentit plus légère, plus sereine. Elle n'avait plus peur, et elle sentait cette sensation à côté d'elle. Il la protégeait. Il était la barrière entre le mal, et elle. En pensant à ça, elle ouvrit subitement les yeux. Il était toujours là, et il semblait aller bien. Elle s'apprêtait à parler quand il la coupa :

"- Le silence petite poupée... ne recommence pas à te prendre la tête... s'il te plaît.

- Mais... Cryo... dit-elle plaintive.

- On se revoit dans deux jours, d'accord ?"

Elle n'avait pas le choix que de se résigner, d'accepter son choix. Elle attendrait, mais elle voulait savourer un dernière instant à ses côtés. Ils prolongèrent leur moment de bien être. Une fois le moment venue, pour une fois, elle passa au dessus de ce que tu lui dictais sa tête, elle osa demander :

- Tu me raccompagnes ?

- Oui ..." répondit-il calmement.

Ils regagnèrent l'infirmerie dans le silence. Il resta à côté d'elle jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Elle n'avait pas eu à demander, il l'avait compris seul. Il lisait à travers elle comme dans un livre ouvert. Il avait l'impression étrange de violer son intimité, mais il ne le faisait pas exprès. Il se laissait juste guider, par son instinct, ses sensations. En rentrant dans sa chambre, il fila sous la douche où il réfléchit longuement au protocole à suivre. Pour la première fois, il n'avait pas envie de le respecter, il le trouvait trop dangereux, trop risqué. Mais comment faire demi-tour ? Plus de dix ans qu'il s'acharnait sur ce projet, et maintenant que la clé se présentait à lui, qu'il semblait n'y avoir aucune difficulté pour la manipuler et la faire faire le nécessaire, il voulait enterrer le coffre à jamais. Il devait se ressaisir, pour lui-même, pour Jugde qu'il avait mit dans la confidence, et malgré lui, pour le bien de la petite poupée de porcelaine. Appuyé contre la paroi, il laissait l'eau couler sur lui. Il se retrouvait sans doute aussi perdu qu'elle. Elle voyait parfaitement ce qu'il voulait qu'elle voit. Elle voyait ce qu'il avait appris à faire de mieux. Il lui mentait. Il ne voulait rien dire, et ne dirait rien. Il lui paraissait serein, et calme. Il n'était rien de tout ça, mais elle devait continuer à croire qu'il l'était, pour le plan. Mais si il avait pu tout geler, pour tout plonger dans un sommeil éternel, il l'aurait fait sans hésiter. Mais le sommeil ne protégeait qu'un temps. Il le savait bien, il en avait déjà payé les frais. Il pensa à l'entraînement d'Oria. Comment superviser son entraînement dans le plus grand secret ? À l'abris des regards ? Comment s'assurer que rien ne se sache ? Toutes ses années à préparer ce moment n'avait donc servit à rien ?! Il ne voulait pas y croire, mais la réalité lui semblait tellement plus compliqué que tout ce qu'il avait toujours pu imaginer. Il pensa en parler à Jugde, mais il était sans doute trop insouciant, trop peu réfléchit et Oria devait continuer à croire qu'ils étaient les deux seuls au courant. C'était l'esprit troublé qu'il gagna son lit. Il avait laissé la fenêtre ouverte pour entendre les mouvement de l'extérieur. La brise qui caressait les murs, les nuages qui défilaient devant leur reine lune, le sommeil qui pesait sur tous les animaux alentours, et les lointains sons de la ville. Il mit longtemps à trouver le repos, son cerveau ne voulait pas cessé de réfléchir, de penser. Il se prit une ou deux fois à imaginer son visage. Les yeux clos, couvert de ce liquide chaud et rouge. Il entendait alors encore ces mots. "Je suis certaine que tu y arriveras...". En se les répétant, il finit par faire semblant d'y croire. Demain était un autre jour, un jour où il pourrait réfléchir loin de l'agitation du campus, loin de Jugde et d'Oria, loin de tout et proche de rien. Ainsi, il finit par clore ses yeux pour les heures à venir.

***

Dès la première heure, on la convoqua dans le bureau du directeur. On l'escorta de sa chambre jusqu'au lieu de rendez vous. Elle n'eut pas son mot à dire. Elle avait à peine eut le temps d'enfiler une tenue convenable. Elle traversait les couloirs, elle les connaissait par cœur, elle n'avait nullement besoin d'être accompagné, mais le choix ne lui avait pas été laissé. Elle soupirait régulièrement, ne comprenant pas ce qui urgeait tant. Une fois devant la porte, elle demanda à être laissée seule. Elle était assez grande pour attendre seule que quelqu'un daigne lui ouvrir la porte. Et elle avait eu raison, l'attente ne fut pas longue.

"- Rentres Athena, je t'en prie." Annonça un homme d'un certain âge. Ses cheveux châtains commençaient à griser, son costard était impeccable, sans un pli. Il remonta ses lunettes rondes sur son nez, avant de s'installer à son bureau et d'inviter la jeune Athena à faire de même.

"- Pourquoi me faire venir aussi tôt ? Je dormais encore..! Râla-t-elle.

- Nous avons un soucis plus important que ton sommeil Athena.

- Ah oui ? Et quoi père ? Questionna-t-elle niaisement.

- Cesse de faire l'enfant. Ordonna-t-il. Nous ne sommes pas là pour jouer.

- Ah oui ? Renchérit-elle. Il me semblait.

- Cesses ce cinéma !! Ils l'ont trouvé Athena !! Elle est chez eux. Singue Naar possède les deux enfants."

Elle arrêta de rire, elle perdit l'envie de jouer, d'énerver son interlocuteur. Un instant, elle perdit pied, ne sachant quoi répondre. C'était impossible, elle savait qu'elle venait de perdre toute importance aux yeux de son géniteur, que plus rien ne pourrait la revaloriser. Oui, à cette instant, c'était la seule pensée qui la préoccupait. Elle se moquait que l'école adversaire possède les enfants, elle se moquait de se faire humilier, que son établissement entier soit humilié, d'être éternelle prisonnière de ces murs qui l'avaient vu grandir, tout ça, elle s'en moquait, cela lui paraissait tellement dérisoire. Elle n'était pas l'enfant de la prophétie. Elle n'était pas celle que tout le monde cherchait. Elle n'était pas différente, elle n'était pas puissante. Elle n'avait rien de tout ça, et cela provoquait en elle un sentiment de jalousie et de rage intense.

"- Il faut la tuer, s'en débarrasser. Déclara Athena laissant la rage prendre possession d'elle.

- C'est ce que nous allons faire ma chérie, et tu vas être une clé merveilleuse pour interrompre leur fâcheuse intention, tu veux ?

- Quelle question idiote ! Bien entendu que je le veux ! Je le dois ! Il est hors de question que ces ... gens ruinent qui nous sommes. Ça ne se passera pas comme ça.

- Tu as raison... et nous allons les empêcher, j'ai eu une idée fabuleuse.

- Dites-moi en plus...

- Nous en parlerons une fois la journée de samedi passé. Il ne faut pas éveiller les soupçons trop vite, tu comprends...?"

Elle comprenait, elle était déçue, elle ne voulait pas attendre encore plusieurs jours. Mais elle suivait le raisonnement de son supérieur, alors elle s'y plia sans broncher. Il lui expliqua dans les grandes lignes les modalités, elle les accepta toutes, aveuglée par la vengeance et la jalousie. Elle ne comprit pas bien le prix de son sacrifice, mais peu lui importait. Elle entendit les mises en gardes, mais ne les assimila pas. Elle ne prit alors pas conscience de ce qu'elle venait d'approuver, de ce qu'elle s'apprêtait à faire, simplement pour tenter de soulager sa haine. Elle était désormais prise au piège, pour une histoire de jalousie et de colère contre quelqu'un dont elle ignorait tout. La haine serait désormais son seul guide, son seul repère, son seul appuie. Son sixième sens.

***

À la pause de midi, le quatuor exécuta sa stratégie. Dayana et Zadig se chargèrent de trouver Eleven afin de l'interroger suite à l'incident qui s'était produit avec Oria. Cette dernière n'avait d'ailleurs pas réapparu de la matinée, or elle était censée être présente en cours. Les amis s'étaient dit qu'il la chercherait après leur investigation, si ils avaient le temps. Elle ne pouvait pas être bien loin après tout. Le premier binôme trouva sans difficulté l'intéressé. Il était à la cafétéria, mais le seul soucis, était qu'il était entouré de ses deux autres acolytes.

"- On y va quand même ? Demanda Dayana méfiante, mais à la fois déterminée.

- Évidement ! Proclama fièrement Zadig. Pour Oria. On va pas se laisser impressionner par une demeurée et un prétentieux.

- Hum hum...."

Ils avancèrent alors jusqu'à la table du trio. Ils levèrent tous les trois les yeux vers eux.

"- Dayana ! Zad ! Vous souhaitez peut être vous joindre à nous ? Interrogea méprisant le jeune Jugde.

- Ça ira. Affirma la jeune brunette. On veut seulement des réponses.

- À quoi ? Demanda Eleven avant que Jugde n'ait le temps de renchérir.

- Par rapport à votre entraînement avec Oria et ce qu'il s'est passé. Amena Dayana, décidée à en découdre.

- Et quelles réponses veux tu ma jolie ? Savoir comment ta petite copine est arrivée à l'infirmerie ? Tout le monde le sait ici, sauf toi visiblement.

- Ne m'appelle pas comme ça espèce de ...!!

- On est pas là pour ça Daya.. tenta Zadig pour tempérer son amie. On a entendu dire en effet que c'était Cyril qui l'avait ramené. Mais ça nous paraît assez improbable. Cyril est le documentaliste, que faisait-il dans l'arène de combat ?

- C'est une très bonne déduction monsieur Zadig. Mais on a pas de réponse à vous apporter. Répondit sèchement le jeune homme au cheveux blanc qui perdit alors tout sourire.

- Comment ça vous avez pas de réponse ?! S'agaça immédiatement Dayana.

- On avait perdu connaissance ! Répondit-il sur le même ton.

- Et Eleven ! Il a pas été blessé lui !! Il a jamais été à l'infirmerie ! Donc il était parfaitement conscient !

- En effet... avoua le concerné. Mais je n'étais pas à l'entraînement ce jour-là.

- Vous vous foutez de nous ?!" Lança la jeune femme en frappant du poing sur la table.

Jugde et Alaney lancèrent des regards assassin à Eleven. Il n'allait pas dire la vraie raison de son absence ? Si c'était le cas, Jugde lui apprendrait à réfléchir à deux fois avant de parler, ici et maintenant. Il bouillonnait de l'intérieur, il tapait frénétiquement son pied sur le sol, attendant impatiemment qu'Eleven se décide.

"- Je t'ai posé une question !! Appuya sévèrement Dayana.

- Je ne sentais pas bien... Je n'étais pas en cours de la journée alors je ne les accompagnait pas entraîner votre amie. C'est pour ça que je n'ai rien eu, et que je suis incapable de vous dire qui a emmené Oria à l'infirmerie."

Les deux amis tombèrent de haut. Il était le seul espoir d'avoir des réponses sincères. Mais non. Cependant, les regards assassins de Jugde et Alaney n'avaient pas échappé au binôme. Ils en déduisaient sans mal que ces trois là avait quelques chose à se reprocher. Zadig prit le bras de son amie comprenant qu'il n'obtiendrait aucune réponse de plus. Mais elle en décida autrement et se dégagea violement de l'emprise du jeune garçon.

"- Vous êtes pas nets tous les trois ! Et vous pouvez dire tous les mensonges qui vous plaisent, on ne tombera pas dedans. C'est à cause de gens comme vous qu'on est bloqué ici !! S'emporta la jeune femme.

- ON est bloqué ici !! Tu te trahis seule dans tes mots Dayana. On participe à rien du tout !! Va demander à Cyril si ce n'était pas lui !!" Affirma Jugde en haussant le ton et en se levant brutalement de sa chaise. Zad eut un mouvement de recul, mais Dayana voulait lui tenir tête. Pas question de baisser les bras, maintenant qu'elle avait lancé le débat.

"- Ça n'a pas l'air de te gêner qu'on soit tous pris pour des pigeons !!! On nous ment et vous mentez encore et encore !! Vous faites partis de tous ces demeurés qui rentrent dans leur système comme de gentils agneaux !!

- La ferme !!! Hurla le jeune homme. Tu n'as aucune idée de ce que tu avances. Alors si tu ne veux pas que je te le fasse regretter immédiatement, tu fermes ta putain de gueule.

- Parce que toi tu as une idée de ce que j'avance peut être ?! Tu es peut être plus au courant que moi ?!" Elle ne voulait pas se rabaisser à l'insulter, même si cela la démangeait. Mais elle savait aussi ne pas faire le poids contre lui, si il venait à enfreindre le règlement et à user de sa magie pour la blesser, elle ne pourrait pas se protéger. De même s'il la frappait, il était bien plus fort et en tout point.

"- Toi et tes putains d'amis n'êtes que des ignorants Dayana. Annonça-t-il menaçant en approchant d'elle. Vous ne savez rien, vous vivez les yeux clos dans ce lieu que vous croyez connaître. Vous êtes les agneaux dans la gueule du loup. Et si tu ne veux que ta chère copine se retrouve elle aussi dans cette gueule, qui finira par se refermer, fermes là et restes à ta place. Suis le troupeau comme tout le monde."

Sur ces mots, il quitta la salle de repas fou de rage, des goutes tombant de ses mains sur le sol, et le faisant fondre. Dayana, voyant ça, se sentit bien chanceuse qu'il ne l'ai pas touché. Elle recula jusqu'au niveau de son ami. Le silence régnait dans la salle. Tout le monde attentif à la conversation explosive qui venait de se tenir. Beaucoup admiratifs du courage dont avait fait preuve Dayana. Rare étaient ceux qui osaient s'opposer à Jugde et sa bande. Ils semblaient tous prêts à intervenir si jamais le jeune homme avait décidé de se montrer violent. Mais en réalité, personne n'aurait bougé, tout le monde aurait fermé les yeux à ce massacre, tous auraient fait comme si de rien n'était. Dayana le savait, même Zadig sans doute l'aurait laissé seule. Elle ne voulait pas imaginer plus longtemps jusqu'où Jugde aurait pu aller. À cet instant précis, elle réfléchit pourquoi son cœur battait si vite lorsqu'il était là ? Elle avait confié à Oria et Avelyne qu'il s'agissait d'amour, mais en réalité, n'était-ce pas juste de la peur ?

Du côté de Avelyne et Heiv, la discussion avait été bien plus calme. Cyril s'était montré très compréhensif, il avait prit sa pause repas avec eux, et avait accepter de répondre à toutes leur questions. Il leur avait confirmé qu'il était celui qui avait trouvé Oria dans l'arène de combat et qui l'avait conduit à l'infirmerie. À la surprise des deux jeunes, il donna précisément toutes les informations qui avait été donné par l'infirmier, l'heure à laquelle il l'avait trouvé, celle à laquelle il l'avait amené. Il avait également justifié sa présence. Il s'était rendu à la bibliothèque, en ville, quelques heures auparavant, et vu l'heure marqué sur le ticket de caisse, tout concordait parfaitement, ce qui déstabilisa la jeune blondinette. Mais pas Heiv, qui resta impassible tout au long de leur entretient. Il n'avait posé que quelques questions qui portaient sur des détails très précis. Une fois seuls, le duo échangea quelques mots, et pour une fois, Heiv engagea le premier :

"- Bon... bah on s'est trompé sur toute la ligne, les rumeurs étaient belles et bien vrais.. pour une fois..

- Tu as raison... soupira Avelyne. On rejoint les autres ?

- Je te suis."

Le quatuor se reforma, ils discutèrent des réponses obtenus sur l'un des banc du parc arrière de l'école.

"- Alors ? Engagea Zad, qui se doutait que la partie de ses amis irait bien plus vite que la leur.

- Tout concorde parfaitement... C'est bien Cyril qui a trouvé le corps de Oria et qui l'a ramené. Expliqua Avelyne. Mais vous ça n'a pas l'air d'aller...

- C'est parti en cacahuète entre Jugde et Dayana...

- Ouais.. souffla Dayana.

- Que s'est-il passé ? Questionna Heiv soucieux, malgré son air indifférent.

- Il s'est montré vulgaire, et il n'a pas apprécié que je l'accuse de mentir... ni qu'on vienne fouiller dans leur petites manigances... Alors il s'est emporté et moi aussi...

- Ce n'est pas dramatique Dayana.. tenta Avelyne réconfortante en posant une main sur l'épaule de son amie. Tu n'as rien fais de mal, et tu as eu raison de ne pas te laisser faire par cet abruti prétentieux."

Ces mots firent sourire la jeune brunette. Alors elle continua à expliquer :

"- En revanche, il a dit quelques trucs que je trouve intéressant...

- Ah oui ? Quoi donc ? Demanda Heiv.

- Eleven n'était pas à l'entraînement, et il disait la vérité, il n'y était pas, mais ce n'était pas à cause de son état de santé." Certifia Zadig qui avait le pouvoir de détecter les mensonges. "Il a aussi mentionné qu'Oria serait finalement plus en sécurité si on se mêlait de nos affaires que si on essayait de comprendre.

- Comment ça ? S'étonna la benjamine.

- Il m'a dit que si je ne voulais pas qu'Oria se retrouve dans la gueule du loup, comme nous, il fallait que je suive le troupeau... autrement dit, que je la ferme et que je les laisse faire leur petites affaire tranquille... finit par conclure la jeune Dayana.

- Mais tu...." Heiv voulait renchérir lorsqu'il se trouva coupé par la voix de la nouvelle de groupe.

"- Ne vous occupez plus de cette histoire ni de ces gens. Je suis là, je vais bien. Peu importe qui, comment et où, dorénavant je vais m'entrainer avec vous en cours.. ça m'a été confirmé par le directeur.. alors je vous en prie, on en parle plus. Je ne veux plus entendre parler de ces gens."

Tous les regards se reportèrent sur elle. Elle prit place au sol, dans l'herbe au côté de Zadig qui la dévisagea. Elle mentait, il le savait. Mais il garda le silence, pour le moment.

***

Il entra dans la sombre petite pièce dans un fracas immense. Il frappa de toute ses forces sur le petit bureau pour attirer l'attention de celui qu'il était venu chercher. L'intéressé se montra alors surpris d'être dérangé ici. Il regarda celui qui venait d'arriver. Le fluide mouvant jaune dans ces yeux ne présageait rien de bon, les trous encore un peu fumant de ses vêtements non plus. Celui qui venait d'arriver fusilla le seul autre présent dans la salle. Il n'était pas le meilleur en terme de stratégie, mais il savait ce qui allait se passer, il l'avait prévenu. Comme toujours, il n'avait pas été écouté, alors cette fois-ci il était bien décidé à faire entendre raison à celui lui qui lui faisait face. Avant même de commencer, il savait qu'il s'attaquait à un mur, qu'il avait presque perdu d'avance, que le froid intérieur de son opposant ne laissait rien passer. Il eut presque envie de faire demi-tour en le réalisant, écœuré, mais il n'eut pas cette lâcheté :

"- Je t'avais prévenu Cryo ! Je te l'avais dis ! Commença-t-il le ton déjà élevé. Mais tu ne m'écoutes jamais !! Mais bordel de merde, les quatre petit merdeux sont venus nous voir !! Ils ont interrogé Cyril ! Ils voulaient interroger Eleven !! Ils vont vouloir savoir tout ce qui se passe autour de TA putain de poupée.

- Calmes-toi immédiatement Jugde. Rétorqua Cryo, sans émotion apparente.

- Non ! Non ! Arrête de me faire croire que tu es calme !! Ne me fait pas croire que mes mots ne te font rien ! Convainc qui tu veux ! Convaincs toi toi même !! Mais à moi tu me la feras pas !! T'es qu'un pauvre con Cryo. Et t'es perdu !! Tu veux protéger ta putain de Oria alors que tu la connais pas !! Mais tu sais ce qui va arriver ! Mais tu sais que quoi qu'il arrive elle va mourir !! Et le plus ironique dans tout ça tu veux que je te dise ?! C'est que c'est toi qui va la tuer !! Et moi aussi ! Car toutes ces conneries, c'est de ta faute !" En prononçant ses mots, Jugde eut un rire nerveux. Il comprit qu'il était aller trop loin. Mais il s'en moquait. Jusqu'au moment où la main de son locuteur se saisissa de sa gorge pour le soulever le sol. Il senti alors le froid envahir son cou, sa respiration diminuer, les yeux de Cryo avait totalement changés de couleur. Un instant, il eut peur, mais il avait connu bien des fois cette situation, ce n'était pas la première fois que lui et Cryo s'affrontaient. Il força donc son adversaire à le lâcher, en faisant fondre la peau de sa main. Cryo l'envoya immédiatement sur le mur d'en face.

"- Si je la tue, si je la sacrifie, c'est pour ta putain de petite vie Jugde ! Car tu vivras après cela contrairement à elle et moi. Alors ne me fait pas chier avec tes leçons de morales. Je peux aussi t'en faire. Moi aussi je sais comment te faire mal, très mal Jugde."

Ils étaient comme des frères, ils se connaissaient par cœur, depuis des années, depuis même tout petit. Ils avaient vécus énormément d'épreuves ensemble. Cela les avait soudé autant que cela les avait divisé. Ils s'étaient trop vu changer l'un et l'autre et ils ne se l'étaient pas pardonnés. Ils jugeaient l'un et l'autre que certaines erreurs du passé était impardonnable, mais ils continuaient à faire équipe, conscients de leur force ensemble, et réalisant la chance qu'ils avaient d'avoir une personne en qui ils pouvaient avoir confiance, malgré tout. C'était chose trop rare de leur jour, presque inconnu pour la plupart des autres élèves.

"-Tu fais chier Jugde.

- Qui m'a saisit par la gorge ? Grommela le jeune homme en dévisageant son rival.

-Déstresse pour ce groupe de gamin. Si besoin, je demanderai à Oria de faire quelque chose, et ça ne suffit pas, je m'en chargerai moi-même.

-Tu as trop d'espoir en elle." S'agaça Jugde qui jalousait un peu la jeune Oria. Lui, il avait tant attendu avant d'avoir une quelconque relation avec son aîné. Des années durant, il l'avait rejeté. Et elle, il lui faisait confiance, il la mettait immédiatement dans la confidence.

"- Fait pas l'enfant Jugde. Tu savais très bien que le jour où elle se montrerait, elle aurait un statut particulier. Justifia Cryo qui détestait pourtant ça.

-Tu la trouves belle et tu finiras par faire des conneries. Affirma le jeune homme aux yeux jaunes. 

- Un coup je vais la tuer et un coup je vais faire de la merde car je la trouve belle, tu ne sais pas ce que tu veux et tu te perds dans tes propos. Tu savais à quoi t'attendre, et tu savais qu'il y avait de grandes chances pour que cela soit une femme. Donc arrêtes. Ordonna autoritaire l'homme au visage sombre.

- Cette histoire va te perdre Cryo... encore un peu plus... murmura le meilleur ami en espérant ouvrir les yeux à son acolyte.

- Et que préconises-tu alors ?!

- Il faudrait peut-être envisager de faire... plus de bruit..." admit Jugde, à la fois méfiant et sûr de lui.

Cryo avança vers lui, les mains brulées, le visage fermé, la mâchoire serrée. Jamais cette histoire ne devait faire de bruit, il avait tout de suite était très clair avec Jugde. Eux seuls étaient au courant, et eux seuls le resteraient.

***

Le trio féminin s'affairait en cuisine. Elles avaient décidé de faire une grande salade pour pouvoir en apporter le lendemain. Avelyne coupait les tomates, Dayana lavait les feuilles de salade et Oria épluchait les carottes. Elles qui étaient habituellement si enjouées restait aujourd'hui dans un profond silence. L'attitude d'Oria qui avait coupé net aux recherches du quatuor initial avait déstabilisé les deux filles qui n'osaient plus rien dire. Même entres elles. Oria quant à elle se retenait de dire toute la vérité, de demander des réponses sur Cryo, d'en savoir plus, même de manière anodine. Elle n'osait pas. Elle avait peur de trahir la confiance de son partenaire. Mais demain était un jour particulier, elle voulait en savoir plus, d'autant que cette fois-ci, elle était presque certaine de voir Cryo, il lui avait dit qu'il serait là.

"-Dites... les filles, ça se passe comment les journées contre Dashter Er ? J'y connais rien et ça me stress, le directeur m'a dit que je devrais y participer.

- Tu ne dois pas t'inquiéter, annonça Avelyne. C'est comme quand on s'affronte entre nous, à la différence que là, ils sont quatre sur l'estrade, et que chaque mois, il y a une épreuve différente.

- C'est à dire ? Questionna Oria.

- Par exemple, le mois dernier, l'épreuve nouvelle, c'était l'interdiction d'utiliser sa magie pour se protéger... souffla Dayana.

- Tous les combat sont comme ça ?! S'exclama la benjamine. Mais je vais vraiment mourir moi !

- Non ! Assura la brunette dans un petit rire. Et puis il y a un ... protecteur dans chaque école.

- Un protecteur ? Interrogea-t-elle encore, curieuse de savoir de qui il s'agissait.

- Oui, sur l'estrade, il y a les deux directeurs, et deux élèves de chaque école, ceux qui ont passé l'examen final. Pour Dashter Er, il s'agit d'Athena. Et en fait, les protecteurs peuvent interrompre un combat, ou prendre la place de quelqu'un, voir même s'insérer dans un combat déjà lancé si ils trouvent les conditions trop dures pour l'élève de son camps.

- Tu me dis le nom de leur protectrice... mais pas le notre, alors que c'est ce qui me semble primordial, non ?"

Dayana qui avait volontairement omit de mentionner le nom de leur protecteur regarda Avelyne. 

"- Notre protecteur s'appelle Cryo... souffla doucement la petite blonde. On en a vaguement parlé... je ne sais pas si tu y avais prêté attention."

C'était l'occasion rêvée pour en apprendre plus. Elles avaient prononcé son prénom, c'était peut-être la dernière fois, la seule fois où elle parlerait de cet homme sans paraître trop suspecte. Mais l'hésitation la retenait. Et si elle apprenait des choses qu'il ne voulait pas qu'elle sache ? Ce n'était sans doute pas à elles de lui apprendre. Mais la curiosité la poussa à demander, en se jurant à elle-même qu'elle se contenterait du minimum.

"- Jamais fais attention, qui est-ce ?"

Avelyne soupira, elle n'avait pas le cœur à expliquer tout ça, son amie le comprit. Dayana aurait pu soupirer et expliquer à Oria qu'elle préférait ne pas en parler, mais elle se rendit bien compte que cette réponse était sans doute bien plus angoissante que rassurante, surtout pour un dénommé protecteur. Alors, elle se lança dans une réponse un peu brouillon :

"- Cryo... c'est l'un des plus âgés de l'école, il a vingt-cinq ans il me semble... il est un peu... particulier disons. On ne le voit jamais sauf les samedi, il organise tout le temps des soirées... c'est un combattant hors pair. Rien ni personne ne rivalise avec lui.. sauf peut-être cette Athena, mais il finit toujours par l'emporter car son mental est plus puissant. Il est le seul à avoir réussi l'examen final... et...il est assez inaccessible et c'est un coureur jupon, parfaitement infidèle."

Oria fut étonnée de la description donnée, cela ne ressemblait pas du tout à l'homme avec qui elle avait passé la soirée la veille. Elle s'évada un court instant. Elle revoyait son visage apaisé, la sensation douce et grisante de son doigt sur ses lèvres. Son souffle frais, presque inexistant qui avait caressait son visage. Elle pouvait encore sentir son parfum balançait par la brise.

"- Oria ? T'es là ? Questionna Avelyne qui constatait l'absence de son amie.

-Oui, oui... pardon, je suis là, essaya Oria pour convaincre ses camarades.

- Tu n'es absolument pas convaincante. Affirma Dayana.

- Quoi ? Mais ... si !" elle se rendait compte combien elle s'enfonçait. Mais il avait demander de garder le silence. Elle détestait pourtant mentir. Elle baissa la tête, désemparée et déjà perdue. Elle se retrouvait partagée entre un presque inconnu qui l'embarquait dans une histoire à laquelle elle ne comprenait rien. Mais celui-ci la faisait sentir vivante et comprise. Enfin, elle n'était plus seule. Et il y avait ces deux filles qui l'avait accueillit et intégré dès le début, elle ne s'était jamais sentie mise de côté, elles avaient fait de nombreux efforts pour tout expliquer encore et encore, répondre à toutes ses questions, même au sujet de cet homme, sujet qui paraissait bien difficile. Si il apprenait qu'elle avait parlé, il serait surement déçu et très en colère. Si elles apprenaient qu'elle n'avait rien dit, elles seraient surement déçues et en colère. Alors qui préférait-elle offenser ? La question lui fendit le cœur. Elle ne voulait pas choisir. Elle pouvait demander aux filles de ne rien dire... mais le courage, ou l'audace lui manqua.

Le repas se finit comme il avait commencer, silencieux et pesant. 

8h45, l'assemblée était prête, l'estrade dressée, les quatre chaises installées, et trois présents sur quatre dessus. L'arène était bien plus grande, un immense cercle avec tout autour, les deux écoles. Les élèves ne s'étaient surtout pas mélangés, tout le monde dans son coin, et au sein même des écoles, il était possible de voir les différents groupes. Les étudiants de Dashter Er avait une tenue blanche pour logo, un soleil rouge. Le détails n'échappa pas à la nouvelle élève. Une lune et un soleil, le givre et le feu. Elle commençait à se dire qu'ils étaient en lien avec ces étranges pouvoirs. Cryo lui avait dit que le sien s'apparentait à de la glace. Encore des questionnements, sans réponse... Tout le monde parlait, tous avaient leur grain de sel à ajouter sur les pronostiques. Certain avaient déjà remarquer la nouvelle élève de Singue Naar, pourtant dissimulée dans la foule. Elle était entourée de ses amis, et cela en rassurait beaucoup. Elle n'était pas avec les plus puissants, ceux qui laissait penser qu'elle ne l'était pas non plus. Mais cette dernière portait son attention sur l'estrade. C'est là que devait se trouver son sixième sens, mais au lieu de ça, seule une jeune femme était là. Magnifique jeune femme. Des cheveux ondulés et rouge flamboyant, assez longs, un visage fin qui montrait un air glacial, strict, elle ne souriait pas, ses yeux clairs fixaient la foule, elle semblait chercher quelqu'un, attendre. Oria comprit de quoi il s'agissait au moment où Cryo monta sur l'estrade. Ils échangèrent quelques regards complices et quelques sourires. Oria ne put s'empêcher d'imaginer un lien particulier entre ces deux-là. Elle éprouva un cours instant de jalousie, mais elle fut rappelée à l'ordre à neuf heure, par le directeur de Dashter Er qui prit la parole :

"- Chers élèves, nous voilà réunis un samedi de plus pour perpétuer la tradition. Les combats vont commencer, l'épreuve nouvelle aura lieu à quatorze heure, après le repas."

Le silence avait gagné l'assemblée. Personne ne bronchait. Monsieur Hengar plongea sa main dans l'urne et annonça les deux premiers noms. Oria ne les connaissait pas, alors elle sembla indifférente au combat qui fit rage. Le sol tremblait sous ses yeux, la poussière volait et brulait ses yeux, mais elle voulait capter son attention. Elle fixait le jeune homme au visage sombre. Il était entièrement concentré sur le combat, rien ne semblait pouvoir l'en détourner. Il analysait chaque mouvement, chaque attaque. Elle voyait ses lèvres bouger. Il vivait le combat au même stade que son coéquipier. Elle trouva ça profondément admirable et les paroles prononcées par Dayana la veille s'évadèrent loin de son esprit. Il n'était pas ce tyran qu'elle avait décrit, cet homme sans sentiment, elles ne percevaient pas le même personnage. Et la version que c'était faite Oria à elle-même lui convenait bien mieux.

"- Ça va Oria ? Besoin d'aide ? Lança Zadig qui avait remarqué le regard insistant de la benjamine sur l'ainé de l'école.

- Qu... Tais-toi Zad' ! J'observe, c'est tout." Annonça Oria contrariée en fronçant les sourcils. De quel droit se permettait-il de relever ça ? Et puis ce n'était pas vrai ! Et si elle devait se faire plaisir en observant un homme, elle n'avait nullement besoin d'aide. Mais les paroles ajoutées par le blondinet la troublèrent :

"- Ne t'en fais pas... je suis d'accord avec toi, cet homme est à croquer.

- Tu...

- Oui ! Affirma Zadig fier de lui. Je suis homosexuel.

- C'est super Zad ! C'est bien que tu t'assumes comme ça ! Si tout le monde pouvait faire comme toi ! Le monde serait bien différent... Oria, malgré la surprise de l'annonce, fut sincèrement touchée de sa sincérité. Elle fut alors un court instant rongée par le remord de leur avoir menti la veille.

- Si tout le monde réalisait que le regard des autres n'a aucune valeur sur qui on est, tout le monde pourrait s'assumer tel qu'il est."

Ses mots résonnèrent dans le crane de Oria. Elle qui ne s'assumait pas, se trouver repoussante, gardait toujours tout pour elle, ses opinions, ses questions, tout était enfouie au fond d'elle. Elle pensa nettement à se pencher sur la question, mais on annonça le combat suivant. Alaney allait être opposer à un dénommé Venz. Ce combat, elle voulait le suivre de prêt. Elle détestait cette fille, elle voulait voir de quoi elle était capable. Elle n'espérait cependant pas qu'elle perde. Venz avait commençait à bouger, il était rapide, agile. Alaney, quand à elle, restait à sa place, concentrée, étudiant les mouvements de son adversaire. Et alors que celui-ci commençait à créer un cercle de magma autour de son adversaire, il se retrouva à genoux au sol, écarquillant les yeux. Oria ne comprit pas, Alaney n'avait pas bougé. Il eut un mal fou à se relever, il avait perdu tout agilité, toute rapidité. Il semblait figé sur place alors qu'elle avançait vers elle, plus menaçante que jamais. Il semblait soudainement particulièrement effrayé. Oria ne comprenait vraiment plus rien. Jugde sourit mesquinement. Il était fier de sa belle, fier de ses progrès. Il avait bien saisit sa méthode. Il regarda le troupeau d'élèves et aucun, sauf ceux habitués, personne ne comprit comment elle parvenait à le maintenir sur place.

Alaney ne craignait plus rien, confiante, elle sortie un couteau de sa poitrine, et elle l'approcha du visage de sa victime.

"- Tu peux te rendre." Proclama-t-elle fièrement et confiante. Mais il la fixa, esquissant à son tour un sourire. Toute son école eut le même sur le visage. Observant la jeune femme, trop confiante. Elle se sentait tellement supérieur qu'elle ne remarqua même pas ce qu'il se tramait dans son dos. Jugde, qui usait de la même technique de combat, arrogant et confiant, savait qu'elle faisait erreur. Lui jouait, mais il avait apprit à rester continuellement sur le qui vive, sans relâche. Il agissait de la sorte, certes car il était ainsi, mais il avait compris que beaucoup de personnes se trouvaient vite déstabilisées face à une personne avec tant d'égo. Alors il avait apprit à s'en servir, et non à en abuser. C'est cela qui le différenciait tant d'elle. Il regarda Cryo. Celui-ci aussi avait nettement compris ce qui allait se passer, mais il n'avait nullement l'intention de bouger. Il observait, neutre, chaque détails. Il semblait prendre note de chaque fais et gestes, et Jugde se prit un court instant à admirer son assiduité. Mais cela ne dura pas, la jeune Alaney hurla de toute ses forces. La voilà propulsée dans les airs par un geyser de flammes, à son tour, sans pouvoir rien faire. Impuissante. Venz, qui venait de retrouver toutes ses facultés physiques se tourna vers son école, levant les bras au ciel, signe de sa victoire. Tous les élèves l'acclamèrent. Monsieur Hengar, le directeur, observa Alaney s'écraser au sol, sans pouvoir se retenir. Deux infirmiers s'empressèrent de la sortir du champs de bataille, et de l'emmener dans le centre de soin.

"- Ton école s'affaiblit dit moi.. commenta le directeur de Dashter Er, monsieur Seidel.

- Elle ne s'affaiblit pas, nous respectons simplement le cycle de développement de magie de nos élèves. Certains sont en train de stagnés, six mois en arrière, c'était ton cas.

- Tu n'as pas tort Truss. Et dis moi, où est ta petite nouvelle ? Il paraît qu'elle est puissante."

Cryo ne put s'empêcher de réagir à ses mots. Il regarda monsieur Seidel, sentant instantanément la colère monter en lui. Comment avait-il eu la moindre information à son sujet ? Surtout concernant la puissance de son pouvoir. Il ne devait éveiller aucun soupçon chez monsieur Hengar. Cela remettrait tout son plan en cause, et c'était hors de question.

"- Elle n'a rien d'intéressant. Assura le directeur de Singue Naar.

- Si tu le dis... nous verrons cela au moment du combat... si son nom est tiré au sort."

Monsieur Hengar adressa alors un regard accusateur à Cryo. Ce dernier le dévisagea méprisant. La tension entre les deux hommes était palpable. Leurs regards en disait long sur leur relation, qui était sans doute, bien plus profonde qu'une simple relation élève et directeur.

Il y eu trois combats supplémentaires. Deux gagnés par Singue Naar, et l'un par Dashter Er, ce qui permit à monsieur Hengar de renvoyé une pic à celui installé à ses côtés. L'heure de midi se passa dans le calme, les élèves s'étaient dispersés par petit groupe pour manger. Jugde était parti au nouvelle de Alaney, Eleven mangeait donc seul. Avelyne lui adressa un regard de compassion. Elle détestait voir les gens seuls, encore plus pour le moment du repas. Moment qu'elle trouvait habituellement si convivial. Et il lui répondit par un sourire.

"- Euh... dites...? Interpella-t-elle ses amis en plein repas.

- Oui ? Répondit Zadig.

- Ça.. vous dérange si on propose à Eleven de venir avec nous ? Il est tout seul...et ça me gêne un peu... le pauvre..

- T'es sur ? S'étonna Dayana.

- Je n'y vois pas d'inconvénient. Annonça simplement Heiv.

- Moi non plus ! Renchérit Zadig.

- Bon..bah D'accord.." conclut Dayana.

Avelyne se leva et alla à la rencontre du solitaire. Il ne l'avait pas vu arriver, ou n'avait pas voulu la voir. Il restait concentré sur sa salade de pâtes.

"- E.. Eleven..? Appela-t-elle timidement.

- Oui Avelyne ? Dit-il en lui adressant un sourire.

- Tu manges seul, et ça...ça me fait mal au cœur, alors..tu veux te joindre à nous ? Tout le monde est d accord ! Assura-t-elle en espérant le convaincre.

- C'est très gentil à vous, mais être seul ne me dérange pas. Affirma-t-il ne voulant pas de sa pitié. 

- Ah..."

Elle qui voulait être gentil et permettre une meilleure entente entre son groupe et celui d'Eleven, ça commençait mal. Elle pouvait sûrement insister davantage, mais ce n'était pas son genre. Alors idiote, ne sachant plus quoi faire, elle restait là, debout à côté de lui. Il la regardait, ne comprenant pas trop ce qu'elle attendait pour partir. Il ne voulait pas le lui demander, il n'osait plus non plus manger, se sentant trop observer.

"- Autre chose ..Avelyne ?

- Euh.... non... non désolée... j'y vais.... Bon appétit."

Elle lui adressa un sourire, et il le lui rendit en ajoutant un "merci". Il était tout de même touché par l'attention dont elle avait fait preuve, et il sentait qu'elle avait vaincu sa timidité pour lui, ce qui lui fit encore plus plaisir, malgré son refus. Elle regagna son groupe, expliquant le refus de ce dernier. Personne ne s'en étonna. Ils savaient tous combien ce trio était un groupe fermé. Même séparés, ils restaient ensemble. Comme si partager un repas avec d'autre allait rompre un puissant serment. Les quatre amis de Avelyne s'en amusèrent moqueurs. Même Oria, qui se laissait un peu plus aller contrairement à ces derniers jours.

Jugde était auprès d'Alaney, qui était sévèrement brûlée. Il tenait sa main pour la rassurer, et lui murmurer quelques mots :

"- Tu n'as pas fais assez attention, tu peux jouer un rôle dans la vie, mais pas sur le terrain. Tu te mets en danger. Tu n'as pas été suffisamment attentive"

Ces mots agacèrent profondément la jeune femme, mais elle était incapable de bouger. Elle se contenta de le fusiller du regard pour témoigner de son mécontentement. Il sourit. Il la connaissait par cœur, et son petit air espiègle augmentait la colère de son amie. Elle serra sa main dans l'espoir de lui faire mal, mais il serra aussi, et c'est alors elle qui se crispa. Ces deux là, pourtant différents, s'adoraient. Ils avaient beaucoup grandit ensemble et Jugde avait énormément enseigné à la jeune femme les techniques qu'il avait reçu au préalable par Cryo. Un bruit courait dans l'école comme quoi ils auraient entretenus une relation bien plus intime. Mais cela n'avait jamais été validé par personne, et encore moins par eux qui avait passé leur temps à nier. Pourtant, certains de leur acte laissaient penser le contraire, comme maintenant, où les lèvres de Jugde se posèrent sur celle de Alaney, qui fronça les sourcils et articula la bouche sèche :

"- Espèce d'enculé...."

Fier de lui, l'homme au yeux pétillants lui ébouriffa les cheveux et regagna l'arène. Il retrouva Eleven qui avait finit de manger. Il lui donna les nouvelles, mais refusa de manger à son tour. Eleven n'insista pas plus, il ne faisait pas le poids face à lui, et il ne tenait pas à être à nouveau rabaissé. Ils échangèrent quelques mots sur l'épreuve qui allait suivre. Jugde avoua son désir de la faire. Il aimait la nouveauté et il adorait surtout être confronté à l'inconnu, cela lui permettait d'innover, et d'être réellement mit à l'épreuve selon lui. Il jugeait les simples combats fades, ennuyeux et trop répétitifs. Il faut dire que cela faisait plusieurs années qu'il n'en avait perdu aucun, alors Eleven aussi envieux qu'admiratif comprit ce point de vue. Alors quoi de mieux qu'une épreuve inédite pour assouvir les plaisirs du bel oiseau blanc. Les différents groupes se reformèrent en un amas d'élèves prêts à en découdre à nouveau. Tous attendaient, trépignant d'impatience que la nouvelle épreuve soit annoncée. Il était l'heure, mais le champion de Singue Naar manquait à l'appelle. On l'attendit cinq minutes avant que les directeurs perdent patience. Ils n'expliqueraient pas deux fois, et il n'allaient pas retarder leur programme pour un seul élève. 

"- La nouvelle épreuve a été choisit par tirage au sort parmi toute celles possibles. Annonça monsieur Seidel. Il s'agit de l'épreuve de combat en duo. Nous allons tiré au sort deux élèves de Singue Naar et deux élèves de Dahster, ils devront combattre ensemble afin de terrasser l'équipe adverse. Les vainqueurs seront amplement récompenser."

Tous le monde se mit à parler de cette épreuve en duo. Tout le monde voulait se battre avec son coéquipier, c'était une chance inouïe pour faire ses preuves et par la même occasion, rafler la récompense promise. On procéda au tirage au sort de l'école de Dahster Er.

"- Neven Olligar et Athena notre championne." Annonça fièrement le directeur de cette école. Le hasard avait parfaitement bien choisit, ces deux élèves étaient de très bons éléments, puissants, entraînés à la stratégie et réfléchis. Il se rassit au fond de sa chaise, le sourire aux lèvres. Neven et Athena se positionnèrent côte à côte dans l'arène, face à l'estrade. Le directeur de Singue Naar plongea à son tour sa main dans l'urne. Il espérait tomber sur les bons prénoms, pour pouvoir tenter de rivaliser avec les deux éléments adverses.

"- Jugde Riez et Oria Sinklade."

Personne n'osa parler dans ce camps. On fut soulager d'entendre le nom de Jugde, puisqu'il se plaçait parmi les meilleurs éléments, et celui-ci s'en frottait d'ailleurs les mains, excité à l'idée de participer à la nouvelle épreuve, mais encore plus à l'idée d'affronter la championne. Il avança, son sourire arrogant et son regard perçant sur le devant de l'arène. Il ne se souciait nullement du sort de son alliée, presque il se riait d'elle. Figée sur place, Oria fut incapable de faire quoi que ce soit, le souffle coupé, la bouche bée. Elle n'était pas prête, elle retenait ses larmes. Elle ne parvenait plus à déglutir convenablement. L'angoisse l'avait gagné et paralysé.

"- Tu peux y arriver !" L'encouragea Zad.

Elle hocha la tête sans pouvoir rien faire de plus. Les directeurs s'impatientèrent, et monsieur Seidel exigea qu'on emmène cette jeune fille au centre de l'arène. Alors sans qu'elle ne puisse comprendre, Oria fut entraînée par un mouvement de foule jusqu'au centre de l'arène au côté de Jugde qui lui jeta un regard moqueur. Oria baissa les yeux, soumise à son destin jugé injuste. Le quatuor d'amis se rua au premier rang pour ne rien manquer du combat de leur amie. Elle ne ferait pas le poids et chacun d'entre eux sentaient la pression les envahir. Ils auraient tous aimé prendre sa place, mais personne ne détenait ce pouvoir.

"- Maintenant que le comb ...." alors que monsieur Hengar s'apprêtait à annoncer le début du combat, une voix le freina.

"- Je prends la place d'Oria."

Tout le monde reconnu la voix, tout le monde la cherchait. Sans qu'on le voit. Oria aussi l'avait reconnu, elle le cherchait partout, mais rien. Jusqu'au moment où Cryo sorti de la foule pour se présenter dans l'arène. Il avait revêtu sa tenue de combat, son pantalon noir au léger motifs écaillés, et son haut, noir avec le logo de l'école. Le visage fermé et son regard clair, il s'approcha de Oria, la saisissant par le bras, il la mena hors de l'arène.

"- Tu vois... je suis là... mais fait attention à toi.. petite poupée." murmura-t-il en regagnant le centre de l'arène, au côté de son opposé Jugde.

Oria le regarda, désolée et soulagée à la fois. Elle échappait à la torture cette fois-ci, mais il se sacrifiait et se mettait en danger pour elle. Comme elle l'avait pressenti. Il était la barrière entre le mal et elle. Elle resta plantée là, aux premières loges, son cœur pulsant, inquiet et angoissé.

Jugde et Cryo échangèrent un regard et un sourire sur leurs visages se dessina. Deux sourires joueurs, et assurés. Ils étaient sûr l'un de l'autre, ils se connaissaient par cœur, ils savaient de quel manière l'autre manipulait sa magie, ils connaissaient leur technique. Ils savaient tout l'un de l'autre. Ils avaient eut mainte fois l'occasion de se battre en duo, ennemi ou allié. Cryo connaissait également très bien Athena, voilà des années qu'il l'affrontait. Il saurait alors comment guider son partenaire pour que l'opération se passe au mieux. Du dénommé Neven, ils n'en doutaient pas, ils n'en feraient qu'une bouchée. Ils se placèrent face à leur opposants, par quelques regards, ils s'étaient compris, Cryo avait exécuté un léger mouvement de main indiquant à Jugde la manière de procéder. Ils n'attendaient plus qu'une chose, le signal. Ce dernier retentit. Tout se passa très vite. Cryo s'empressa de geler le sol du côté ennemi pour créer un déséquilibre dans leur posture, puis il se propulsa en arrière. Jugde resta au premier rang. Athena ne fut nullement déstabilisé, et se propulsa également en arrière, comprenant la stratégie des deux garçons. Neven resta en avant, faisant face à Jugde, fragile sur ses jambes. Jugde s'en amusa.

"- Tu ne sais pas patiner petit ?" Lança-t-il fièrement.

Neven hocha la tête. Pas question de se laisser déstabiliser par les paroles. Un mur d'air se forma tout autour de l'arène. Les deux hommes comprirent qu'ils ne devaient ni le toucher, ni même s'en approcher. Jugde peu patient, s'empressant de créer deux boules d'acide au creux de ses mains. Il les divisa en dizaines de petites boules qu'il propulsa de part et d'autre de l'arène. Celles qui parvenaient à atteindre leur cible, brûler les vêtements et la peau de leur adversaire. Les autres qui touchèrent le sol firent exploser la glace que Cryo s'empressa de rediriger sur ses adversaire. Athena ne fut presque pas touchée, elle savait se défendre et user de sa magie pour le faire. Elle donna deux léger coups de pied sur le sol, et trois failles s'ouvrirent dans le sol à plusieurs mètres de profondeur. Neven, qui manqua de tomber dans l'une d'elle se rattrapa de justesse, mais l'occasion en or n'échappa pas au duo de Singue Naar. Le jeune homme au visage sombre encercla Neven de stalagmites creux. Ce dernier tenta de les briser en créant une dépression d'air, mais rien à faire, ils étaient déjà tous remplis d'un acide jaune mouvant, et la dépression les fit tous éclatés. Neven regretta de ne pas avoir réfléchit, il se protégea instinctivement le visage, mais une fois que l'acide eut touché sa peau, il se répandit partout dans son sang. Très vite, il se tordit de douleur. Athena mécontente et ne voulant pas se retrouver seule si tôt, écarta d'avantage les failles, et faisant ressortir un magma du fin fond de la terre. Jugde qui se tenait trop proche d'une d'entres elles, se retrouva propulsé plus loin par un jet de glace. Après quelques courtes secondes dans les airs, il se rattrapa, un genou au sol. Il adressa un regard assassin à la jeune femme, et sans attendre plus longtemps il se servit de ses failles pour faire surgir des geyser d'un liquide visqueux et d'acide. Il savait que même Cryo serait touché, mais il espérait que celui ci se protègerait. Neven hurla de douleur, trop touché par la substance sortant d'une geyser situé juste à côté. Alors l'air tournant depuis le début autour de l'arène, et ayant pris en force se referma à tout allure sur ses concourants, créant chez eux, la sensation d'être coupé en milliers de morceaux. Tous deux tombèrent à terre, la totalité de leur corps entièrement endoloris. Athena eut un éclat bleu dans ses yeux, et à son tour, elle esquissa un sourire confiant. Elle posa sa main sur le sol, et une légère lueur bleu se répandit dans le sol.

"- Jugde !!" Hurla Cryo, qui l'avait vu venir. Il s'était empressé de se relever et sauter suffisamment haut, propulser par sa magie. Mais il était trop tard pour le jeune Jugde. Il se fit électriser sur tous son corps. Il perdit alors toute sensation de son être, son rythme cardiaque avait complètement dégénéré, montant en flèche, le visage en sang, du sang coulant de sa bouche, il tenta tant bien que mal de se relever. Mais un mur noir au reflet blanc apparu devant lui. Cryo lui offrait sa protection, il s'assura par un coup d'œil qu'il n'avait pas besoin d'aide et il s'autorisa deux minutes de plus de répit. Pendant ce temps, l'aîné laissa son pouvoir lui échapper, il porta le coup fatal chez Neven, la chute de Cryo l'avait propulsé juste derrière celui-ci et il avait enfoncé un pic de glace dans son dos, le couchant au sol. Mais cet acte le rapprochait considérablement de sa rivale. Elle ne manqua pas le coche pour jeter sur son adversaire, un faisceau d'une lumière bleue éclatante, presque éblouissante.

Oria, qui observait tout depuis le début, en eut froid dans le dos. Et ils voulaient la soumettre à ce genre d'épreuve ? C'était de la folie. Elle ne quittait pas Cryo du regard une seule seconde. Son agilité et sa vitesse l'impressionnait. Il semblait voler par moment. Et elle ne pouvait pas le lui retirer, Jugde était également très impressionnant. Elle ne l'avait pas imaginé si puissant. Mais elle se moquait du sang sur ce dernier. En revanche, le liquide rouge dégoulinant du crâne de son sixième sens, elle ne le supportait pas. Elle avait mal pour lui, elle aurait voulu se jeter au milieu de l'arène pour supplier que tout s'arrête et qu'il puisse être sauvé, mais elle se mettrait en danger de la sorte, et Cryo avait été clair. Elle devait faire attention.

Cryo ne manquait d'ailleurs rien de ce regard posait sur lui, il le sentait, le ressentait. Et étrangement, même s'il n'avait juste ressenti le besoin de celui-ci auparavant, aujourd'hui il lui faisait du bien et l'encourageait. Il contra l'attaque d'Athena avec la même magie noir qui protégeait Jugde. Mais la rencontre des deux magies, incompatibles entre elles, créa une détonation qui le fit valser en dehors de l'arène. Jugde qui n'avait pas manqué une miette des événements se releva, prêt à tout. Il ne baisserai jamais les bras. Ils étaient encore deux contre une, et même si la seule femme du combat n'avait presque pas était touchée, il gardait tous ses espoirs. Au moment où il s'apprêtait à nouveau à bouger, il sentit une gêne sur son épaule droite, par un léger coup d'œil, il comprit qu'elle était déboitée. Mais malgré la douleur, il s'efforça d'en faire abstraction. Il analysa parfaitement le terrain et évitant les attaque de sa rivale, et lançant lui aussi, plusieurs boule d'acides, la forçant ainsi à se décaler proche d'une des failles. Une fois cela réussit, il fit fondre le sol sous les pieds de son adversaire, ce qui entraîna sa chute. Elle poussa un léger hurlement de surprise. Jugde, qui perdit un peu la conscience des choses, er l'ampleur de ses actes, n'hésita pas à recouvrir le trou d'acide. Elle se protégea de son mieux, mais son visage fut touché, et à ce moment, ses sourcils se froncèrent. Elle se propulsa en dehors du trou, et d'énormes nuages noirs recouvrirent l'arène, cachant tout rayon du soleil. Il semblait soudainement faire nuit au dessus du cercle. Lorsqu'elle frappa le sol dans sa chute, elle fit parcourir un courant électrique à l'intérieur. Jugde s'étonna de sa faible intensité, alors moqueur, malgré le sang chaud coulant encore de sa bouche, il s'adressa à elle :

"- Tu faiblis ma jolie ? Ça y est ? Tu as compris que tu ne faisais pas le poids ?!" Son rire sarcastique fut celui de trop. Mais Jugde le comprit bien trop tard. Il ne put même pas entendre le hurlement de Cryo qui le mettait en garde. Il se retrouva au sol, et ses yeux se fermèrent contre sa volonté, mais sans possibilité de lutter.

Toute la foule poussa un cris d'indignation. Puis Dashter Er acclama la championne. L'encourageant ainsi à finir le champion adverse, lui qui avait réapparu d'on ne sait où. Les élèves de Singue Naar, huèrent l'action faite par Athena. Oria craignait particulièrement pour lui. Elle ne voulait pas qu'il subisse le même sort. Elle avait vu la foudre s'abattre sur Jugde, et même si elle le haïssait, elle ne put s'empêcher de penser, que ça aurait pu être elle, et que peut être à cette heure ci, il décédait sous ses yeux. Elle ne supporta pas cette idée, alors elle décrocha son regard de Cryo pour le porter sur Jugde, essayant de déceler une respiration.

Cryo était fou de rage, lui aussi avait très bien vu ce qu'Athena avait fait. Et même si il trouvait Jugde stupide de s'être laissé avoir, il n'aurait plus aucune pitié pour elle. Les liserés violets de ses yeux prirent de plus en plus de d'espace pour laisser place à une iris entièrement violettes. Il avança vers Athena. Il s'arrêta à une dizaine de mètres, il ne craignait plus rien, à son tour, il sentit parfaitement ce regard le tenir droit et fier. Athena, sentant toutes l'école derrière elle, se mit également en position. Les deux champions lancèrent un faisceau de magie bleu pour Athena, noir pour Cryo. Lorsque les deux magies entrèrent en contact, elles se livrèrent à un rapport de force absolument magique et terrifiant. Mais Cryo, qui n'avait pas le temps d'attendre une démonstration de force, tapa le sol du bout de son pieds. Dans la seconde qui suivit, Athena se retrouva propulsé dans les airs par un stalagmite. Elle hurla tant la douleur s'empara de son corps. Elle était incapable de bouger, poussée dans le dos par cette glace noire qui la rongeait. Une fois à plusieurs mètres du sol, le pic de glace se brisa, se planta en milliers d'éclats en elle. Elle entama alors une chute libre, qui fut accéléré par un stalactites noir, qui vint appuyer sur son ventre. Elle n'eut pas le temps d'amortir sa chute, son corps s'enfonça dans le sol. Inconsciente et couverte de sang, Cryo fut le dernier encore debout, il adressa un regard à Oria. Oh combien elle rêvait de le rejoindre, mais il aurait refusé. Il se dirigea d'ailleurs en direction de son ami. Monsieur Seidel serra les poings et les dents, fou de rage. Monsieur Hengar lui adressa un regard de supériorité. Il se leva et annonça la victoire de son école et la fin de la journée. Au centre de l'arène, Cryo et Jugde, allongé côte à côte furent emmenés par les infirmiers. Tous deux les yeux clos.

***

Le soir même, on l'emmena dans la pénombre de la salle. Ses yeux encore fermés de l'éprouvante après midi passé qui venait de se produire. Quatre hommes s'installèrent à ses côtés, deux de part et d'autre du brancard. Le corps était livide, sa respiration invisible, et sa peau froide. Presque mort. Chaque parcelle de peau était visible, entièrement dévêtu, pas un bout de tissu, totalement nu. Rien qui ne semblait le protégeait, ce qui le rendait encore plus vulnérable. Trois des hommes étaient vêtus d'ample tenues noires et des masques camouflaient leurs visages. L'un se plaça en haut du brancard, prenant la tête de la victime entre ses mains délicates. Le deuxième se plaça à ses pieds, les attrapant. Le troisième, se saisissa des mains. Le quatrième homme, caressa le corps de sa victime. Il en fit le tour plusieurs fois, observant chacun de ses angles, chacun de ses traits, aucun détails ne pouvant être laissé aux hasard. Il était différent des trois autres, il dégageait quelques chose, d'étrange, de fort. Il ne semblait couvert que par une toge noire, fine presque invisible. Il paraissait flottait dans les airs. L'étroite pièce carré ne possédait aucune fenêtre, aucun son ne parvenait de l'extérieur. Même la porte semblait avoir disparue, aucune entrée et aucune sortie. Bientôt, les cinq corps furent plongés dans un épais brouillard. Il était si épais, qu'on ne pouvait plus rien y voir. Chacun était devenu indépendant de l'autre, seulement relié par ce corps allongé sur cette table froide. Soudainement, quatre flamme s'allumèrent au quatre coins de la pièce. Les petits feux vacillaient dans l'air, ils ne reposaient sur rien. Le calme laissa place à de lointain murmure, on semblait percevoir le bruit d'un écho, on ne distinguait que vaguement les paroles prononçaient, et sans nul doute, cela ne faisait pas partie de la langue commune. À mesure que les minutes défilaient, le volume sonore s'intensifiait et l'on devinait de mieux en mieux les trois mots suivant :

"- Dah vost ir."

Ils étaient perpétuellement répétés, inlassablement, toujours sur le même rythme, la même tonalité. Après cinq minutes d'écho, l'homme qui n'avait cessé de tournoyer posa ses mains sur le cœur de l'être endormi. Les trois autres disciples reprirent en cœur les mots Dah vost ir. Il ne fallut pas plus de dix minutes pour que les premières marques apparaissent sur le corps de l'être inanimé. Dans un premier temps, d'étranges symboles noirs, le corps sembla alors absorber cette force venue d'ailleurs. Les mêmes symboles réapparurent dans une couleur jaune dorée profondément lumineux. Et il se produisit le même effet, tous furent absorbés. Et puis tout sembla se stopper nettement. Plus un son, plus un bruit, plus une lumière. Les quatre feux s'étaient éteint, le quatrième homme leva sa main dans la plus grande des délicatesse, aucun mouvement brusque ne pouvait être toléré. Un symbole différent de tous les autres était placé là. Un doigts le retraça, sans jamais se décoller. Peau à peau. Il leva sa main une fois le symbole entièrement tracé. Les quatre éveillés attendirent un signe. Le corps refroidissait, encore et encore. Et alors que l'idée d'échec et de mort gagna l'esprit des hommes en noir, l'unique symbole s'illumina. Une puissante lumière violette se dégagea de ce dernier. Petit à petit, tous les autres symboles prirent cette même couleur éclatante. Les quatre hommes se reculèrent et les hurlements se dégagèrent du corps nu. Il voulait vainement se débattre. Jusqu'au moment où il ouvrit grand ses yeux. Le corps tétanisé, le souffle court, haletant. Il ne vit que la brume de ses yeux verrons. Jaune et noir.

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Melo
Posté le 29/01/2021
Fais attention à ne pas abuser des phrase Elle/il + verbe ça donne une sensation de redondance à la lecture.

J’aime beaucoup les descriptions physiques que tu fais de tes personnages. Elles sont à la fois immersives et très littéraire.

Une enveloppe avec un beau cachet, pouvait contenir la pire des nouvelles. » je ne comprends pas l’utilité de la virgule ici d’autant qu’elle sépare le verbe du sujet.

Pour les incises, il faut une minuscule même après un point d’interrogation ou d’exclamation. Et sinon il ne faut pas de point avant, mais une virgule.

« Mais évite de la traumatisé. » = traumatiser

Juste après, c’est personnel, mais je trouve ce chapitre vraiment trop long pour une lecture par écran. J’ai vraiment eu du mal pas parce que c’est ennuyant ou quoi que ce soit mais lire sur écran autant d’un coup, c’est super compliqué. D’autant que je remarque que tu fais des séparations et des ellipses tout au long de ce chapitre donc pourquoi ne pas le couper ? Et si tu ne veux pas le couper, je te conseille de faire deux parties. Je ne suis pas sûre de pouvoir continuer à lire ^^’. En plus, le combat avec l’autre école aurait pu aller dans un autre chapitre pour faire monter la tension.

Mais arrête de l’appeler petite poupée !! Elle est mineure ! MINEURE !

Sinon j’aime beaucoup comment tu parviens à mettre de l’horreur dans ton histoire comment tu réussis à faire coexister l’ambiance école et une ambiance plus dure.
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