Ils sortaient, par grappes de cinq ou de six, des jeunes et des vieux, hâves, déguenillés. Toute la pauvreté de cette terre était tassée sur le pont de ces vaisseaux. Des barges, des cotres et des voiliers, petits et gros, traversaient la mer d’Iroise quotidiennement. L’Irlande mourait de faim, l’ile se vidait de sa population. Tous ceux, qui n’avaient pas fui en Amérique ou en Australie, débarquaient à Leeds, Cardiff et Liverpool où ils n’étaient pas les bienvenus.
Les Anglais, depuis toujours, détestaient les Irlandais. Ils étaient sauvages, catholiques, paresseux et sentaient mauvais. Partout sur les quais de Liverpool fleurissaient des pancartes, portées à bout de bras, par des hommes et des femmes, qui ne voulaient pas de cette migration.
Rentrez chez vous !
Vous n’êtes pas les bienvenus !
Jetez-les à la mer !
La foule, bien que menaçante, n’était pas violente pour l’instant. Un cordon de Bobby’s était stationné au cas où …
Fort heureusement, Padraig, Alaina et leur progéniture ne savaient pas lire l’anglais. Ils le comprenaient un peu. De toute façon, ils s’attendaient à un tel accueil. La tête basse, le clan O’Brien au grand complet descendait la passerelle du City of Dublin. Le voyage maritime épouvantable avait duré une journée et une nuit . Tous ne supportaient pas le roulis. Ils avaient été malades, leur état n’était pas fameux.
Birghit, l’aïeule n’avait pas pu terminer la longue marche qui leur avait fait traverser l’ile. Elle reposait désormais en terre celte. Pour elle, le calvaire était fini.
Derrière le père et la mère, les enfants amaigris avançaient difficilement. Desmond et Tom, le regard dur et les poings serrés, talonnaient les parents. Anna, la cadette, dormait dans les bras d’une veuve, rencontrée en route. Maureen souffrait d’une forte fièvre, enroulée dans une toile, elle était soutenue par Dana, l’ainée, qui avait perdu son bébé et son mari dans le périple.
Abigael les attendait, depuis qu’elle avait reçu la lettre de sa sœur, elle venait tous les jours. Elle en avait vu des misérables défiler. Elle était heureuse d’avoir épousé un gentil Écossais, un négociant en spiritueux ! Leur affaire était florissante. Si les Anglais détestaient les Écossais et les Irlandais catholiques, ils adoraient leur whisky . Le single malt coulait à flots dans les tavernes du port.
Murray, le mari, sobre pour une fois avait attelé une charrette. Il l’avait prévu, après un tel voyage, tous seraient fatigués. Les enfants au moins, n’auront plus à marcher. Il avait connu la pauvreté autrefois dans ses highlands lointains et brumeux. C’était du passé maintenant, mais il n’avait jamais oublié !
Maureen était brulante de fièvre, sa tante l’arracha aux bras de sa sœur et l’installa avec les autres enfants dans la paille fraiche qui tapissait le fond du chariot. Elle la borda d’une fine couverture en tweed. La jeune fille dodelinait de la tête, elle gémissait doucement. La pauvre, elle n’en avait surement pas pour longtemps.
Le reste de la famille cahin-caha emboita le pas tranquille de l’immense cheval de trait.
Maureen dormait maintenant paisible, elle rêvait de son ile merveilleuse
Elle courait dans les prés et les landes. Pieds nus dans l’herbe mouillée et odorante. Elle bondissait pied joint dans les minuscules mares bordées d’ajoncs . Une eau boueuse et noire l’éclaboussait. Son rire cristallin résonnait dans les marais. Sa sœur Cathy lui souriait, assise sur un billot de bois elle lui parlait doucement comme on parlerait à un petit animal apeuré !
*
Le couple habitait un vaste cottage, à la sortie de la ville. Le jardin était bien entretenu. Il regorgeait de légumes énormes. Le garde- à -manger et la resserre foisonnaient de victuailles. La faim et la misère des O’Brien étaient momentanément terminées.
*
Padraig ne trouvait pas de travail, c’était le sixième chantier de la matinée qu’il visitait. À la question qu’il posait invariablement…
— Vous embauchez ? Je suis dur à la tâche, vous savez…
Un contremaitre vindicatif répondait systématiquement.
— Fuck ! Chiens de papistes ! Rentrez chez vous ! Vous volez le pain des Anglais !
Alors, le fier Padraig courbait l’échine et retournait chez sa belle-sœur.
Alaina aussi changeait souvent de patron, le dernier en date, un épicier chauve et ventripotent, avait essayé de la tripoter. Cela s’était très mal terminé pour lui. Mais elle se trouvait sans emploi encore une fois.
Seule Maureen se battait encore avec la mort. La fièvre avait baissé, mais elle était toujours très faible. Elle avait repris un peu de poids, mais restait très maigre. Son corps parfois était secoué par des quintes de toux qui l’épuisaient. Tous étaient très inquiets sur son sort.
Un soir Murray un peu plus saoul que d’habitude rentrant chez lui s’emporta violemment contre Tom et Desmond. Abigael s’interposa. Un mot, puis un autre… Murray frappa sa femme. Abigael était toujours une Celte. Elle ne se laissa pas malmener. Elle rendit le coup. Murray ne tenait pas sur ses jambes, il s’étala.
Alaina alertée par les jumeaux en pleurs courut dans la cuisine, elle surprit sa sœur à califourchon sur son mari, un couteau à viande pointé sur la carotide de son époux. Les yeux injectés de sang, elle vociférait.
— Plus jamais, Murray Baxter, plus jamais tu ne me touches ! Ou je te saigne comme le porc que tu es !
Plus tard ils firent la paix. Tous dans la grande maison pouvaient entendre les grognements de l’homme et les couinements suraigus de la femme.
-Yes, yes, Yes, Yeeessss !!!
Tom Desmond et Anna, surexcités, courraient dans tous les sens en criant
— Fuck me, Murray, Fuck me, va y mon gros cochon… Oui, oui, oui, oui, OOOUUUIIII !!
Dana fut obligée de faire la police, elle réprimanda vertement ses frères et sœurs. Elle envahit, la chambre où Padraig et Alaina dormaient. Elle beugla :
— Je veux partir d’ici, je veux partir ! J’ai assez d’argent pour faire le voyage à Boston. Sean nous attend ! Liverpool n’a rien à nous offrir ! Il est temps pour nous de partir, avant que l’Angleterre nous transforme, en animaux, nous aussi !
Après cela, s’il y avait encore quelqu’un dans cette maison qui dormait…
Seule dans un coin, Maureen pleurait doucement. Elle le savait, sa sœur avait raison. Les O’Brien ne pouvaient, rester indéfiniment chez les Baxters. Elle avait entendu, la veille, sa mère qui disait :
— Padraig, cette terre n’est pas la nôtre ! Il n’y a pas de travail ni d’avenir pour nous ici ! Je veux une maison à moi. Je ne peux pas rester chez ma sœur.
— Moi aussi, Alaina, j’y ai pensé. J’ai toujours sur moi la lettre et l’adresse de… S… enfin, tu vois de qui je veux parler. Je ne lui ai pas pardonné et je ne lui pardonnerai surement jamais. Mais j’ai d’autres enfants, qui ont le droit, au bonheur, également. Ils ne sont pas responsables. J’attendais juste que Mauren soit guérie. Elle ne supporterait pas la traversée dans son état.
Demain Maureen parlera avec sa famille. Elle n’avait pas le droit de les retenir ici. Elle se sentait en sécurité avec sa tante qui était toujours douce avec elle.
Si Dieu voulait qu’elle vive, elle s’en sortirait.
Elle les rejoindra quand elle ira mieux. Car elle ira mieux, elle en était convaincue. Sa sœur, sa Cathy le lui avait dit dans son sommei
Je me permets de revenir sur l'usage du futur parce que tu le fais souvent et je trouve ça un peu gênant.
"il aura disparu." "il ouvrira sa bourse. Le prêtre appréciera. Il soulagera" Dans un récit au passé, je crois qu'il est préconisé d'utiliser le conditionnel pour les actions futures (https://www.maxicours.com/se/cours/les-temps-du-recit-au-passe-imparfait-passe-simple-et-temps-composes-futur-et-futur-anterieur-dans-le-passe/#:~:text=Le%20futur%20dans%20le%20pass%C3%A9%20se%20conjugue%20comme%20le%20conditionnel,rendrait%20les%20copies%20plus%20tard.)
J'ai été gêné par ce passage :
"La religion, le christ, Colomban, Patrick et tout le saint-frusquin elle n’y croyait plus désormais." Ca serait bien d'expliquer pourquoi, une croyance fondée sur les années disparaît rarement en un claquement de doigts. Surtout que la remise en cause des normes parentales je ne crois pas que ce soit dès 11 ans (à moins que ce soit dû à des éléments d'exception mais dans ce cas faut l'écrire).
Donc la petite famille est séparée, les parents sont partis en Amérique. Voilà qui est intéressant, j'imagine que Maureen va tout faire pour les rejoindre au plus vite (=
Bien à toi !
Merci pour ce méssage trés constructif
tu n'y va pas avec le dos de la cuillére
et j'aime ça!
Oui pour les accords verbaux...
ensuite pour le passage sur la religion
je m'aperçoit que tu as raison
La mére est en colére contre dieu
la grand mére n'a jamais douté
le pére on sait pas
la tante l'oncle y croient dur comme fer
comme lui est écossais et elle irlandaise
je présume qu'ils sont catholiques
Mais avec tout ce qui se passe la fillete doit commencer au moins à douter!
Oui je vais revenir la dessus!
Et si la famille va être bientot réunie...
ah ah là chut!
Oui par exemple du : "comment a-t-il permis ça ?" sonnerait plus juste je trouve.
Il faudrait vraiment
que j'e me pose pour
corriger ce que j'ai déja écrit
et ya du boulot
en tout cas merci Edouard!
si je me pose
tu devras attendre
pour savoir comment Maureen quitte l'Europe
et avec qui
Tes petites corrections avancent ?
en début de semaine prochaine surement
les dix premiers épisodes , la deuxiéme partie ce sera plus long
en début de semaine prochaine surement
les dix premiers épisodes , la deuxiéme partie ce sera plus long
je ne sais pas ton compte...
j'ai vu que tu avais fini
j'essaierai de venir voir
beaucoups de travail en ce moment....
l'etentiel de mon activité est sur Scribay désormais, si tu veux venir me voir la bas tu y sera le bienvenu...
je ne connais pas mon avenir sur cette plate forme, je n'ai plus le temp de fournir et scribay et plume d'argent, ce que je fesait jusqu'à présent !
A bientôt donc ou bien au revoir, merci en tout cas de m'avoir suivi et bonne route à toi !
Je ne compte pas aller sur Scribay dans l'immédiat mais pourquoi pas plus tard.
C'était un plaisir de te lire ! Bon courage pour tes projets d'écriture (=
Je me suis fait clasher assez violement par une lectrice
ailleurs ! sur mon polar
donc...un peu échaudé j'ai repris ma glaciére !