Mémoire d'un presque rien - Yuzmv
Léna
Un jour, nous ne serons plus seuls. Un jour nous serons un duo construit, complet et émanant d'amour l'un pour l'autre. J'en rêve, tu sais et c'est donc pour ça que je t'écris ce soir. Je sais que tu ne verras jamais ça, que tes yeux ne parcourront jamais ce passage. Mais je sais aussi que je vais le brûler pour que les cendres te rejoignent, pour qu'elles t'atteignent, pour que tes yeux célestes puissent constater que tu es toujours dans mon cœur. Je tiens à ce que tu sois celui avec qui je passerais l'éternité. Je sais que tu vois les épreuves de ma vie mais comment ? Comme un programme télé qui se diffuse dans les cieux ? Non, je n'y crois pas. Tu le sais, je ne crois pas vraiment à tout ça. Je suis plutôt du genre à penser que les Champs Élysées des Enfers existent ou bien que ton âme repose quelque part avant de se réincarner dans un nouvel être à naître. Oui, j'y crois. Je crois à une petite fille, ou à un petit garçon qui tomberait amoureux de toi et de tes yeux verts. Je crois au fait que tu l'aimeras en retour et que tu chercheras peut-être mes traits dans les siens, comme un vieux souvenir un peu flou. Même si ces Champs n'existent pas, toi, tu existes. Tu existes dans ma tête, dans mon cœur, dans mes Champs Élysées. Dans trois semaines, je m'envole pour l'Ohio pour réaliser ton rêve, tu sais, pour en apprendre plus sur l'histoire de cet état colonisateur. Tu aimais tellement ça, l'histoire. J'ai pris cette décision sur un coup de tête. Tu ne pourras plus réaliser tous les projets que nous avons évoqués ensemble mais moi, je le ferais, pour toi, pour nous. C'est ce qu'on fait quand on a perdu l'amour de notre vie, non ? Faire ce qu'il aurait voulut pour le faire vivre un petit peu plus ? Pour lui montrer le monde à travers nos yeux ? Ma famille ne comprend pas, les filles essaient. Je peux comprendre. J'essaie de comprendre. C'est normal, s'attacher à un... à quelqu'un qui n'est plus physiquement là peut être étrange pour autrui. Ils pensent que je n'arriverai jamais à faire mon deuil si je fais ça, si je t'emmène partout avec moi sans chercher à... t'oublier. Mais ce qu'ils ne comprennent pas c'est que je ne veux pas t'oublier, je veux continuer à rêver de toi mais juste avec un peu moins de douleur. J'entends ta voix d'ici me dire que justement, c'est ça le deuil, penser à quelqu'un avec une tristesse beaucoup plus fine mais que veux-tu ? Je ne suis pas prête à t'écouter, ni moi, ni mon esprit têtu qui te tenait tête. Je t'embrasse et je t'aime.
À nos rêves et à nos champs Élysées.
Ce passage est très touchant : "Je crois au fait que tu l'aimeras en retour et que tu chercheras peut-être mes traits dans les siens, comme un vieux souvenir un peu flou"
Et ta façon de décrire le deuil est très poétique !
"J'entends ta voix d'ici me dire que justement, c'est ça le deuil, penser à quelqu'un avec une tristesse beaucoup plus fine"
Une définition très juste !
Encore un beau travail ! On rentre facilement dans les pensées de Lena.