Chapitre Premier

Notes de l’auteur : Si vous lisez ces quelques lignes, c'est que, par hasard ou non, vous êtes tombé sur mon histoire :)

Il s'agit d'une première ébauche du premier livre d'une saga de 5 tomes au total que j'aimerais, idéalement, voir être publié un jour !

Je suis ouvert à tout retour, tant sur le style d'écriture que sur l'histoire en elle-même. Il me tarde de savoir si d'autres personnes peuvent prendre autant de plaisir à me lire que j'en ai à écrire !

PS : Ne vous fiez pas à la couverture provisoire du livre, l'habit ne fait pas le moine.

C’était une journée ensoleillée comme il y a en a tant en fécho. Les rayons du soleil se reflétaient sur les combles des casernes et la place principale était bondée. Comme à son habitude dirait-on. Sauf que de nombreuses tentes avaient été érigées et que des centaines de drapeaux multicolores flottaient au gré du vent. On peinait à deviner la fontaine au centre de la place ainsi que les statues représentants les Dieux et Déesses fondateur·ice·s. La place principale était certes très souvent noire de monde mais on battait des records en cette chaude journée. Le ciel était d’un bleu azur et pas un seul nuage n’était en vue à l’horizon. Un esprit particulier faisait rayonner tous·tes les habitant·e·s de Nonruoc. Un vent de bonheur soufflait sur elleux et la ville dégageait une formidable énergie. 


Tout le monde était joyeux, voire euphorique, et s’était bien habillé. Les marchand·e·s, dispersé·e·s de part et d’autre de la place et des étals du marché, proposaient leurs meilleurs plats, leurs plus beaux habits, leurs meilleures armes. C’était l'évènement de l'année après tout et chacun·e était impatient·e d'y participer. Le calendrier marquait le 1er Cinquata, jour de la cérémonie annuelle de graduation de tous les futur·e·s soldat·e·s. 


Nonruoc était la fierté de l’Imperium Guerrier car toutes les forces armées de ce dernier y étaient formées. Dès leur plus jeune âge, chaque enfant possédant une once d’eigam ou un grand intérêt pour la défense de la Mère Patrie y était envoyé. S’en suivait des années d’entraînements intensifs, ponctués chaque année par le passage d’un cycle lors de la Fongprü. Nonruoc revêtait alors ses plus beaux atours, ses plus belles parures et devenait le centre de la contrée pour quelques jours. Il était alors impossible de circuler en ville ou de se procurer quoi que ce soit rapidement, hormis sur les étalages des marchands ambulants. Ce n’était donc pas surprenant qu’une telle atmosphère se soit emparée de la ville ce jour. 


De plus, c’était lors de la Fongprü que les recrues les plus âgées étaient promues au rang de Guerrier du 1er Ordre. Il s’agissait de la consécration, après des années de dur labeur. En obtenant le statut de Guerrier, elles devenaient alors l’élite et la fierté de l’Imperium. Cependant, iels n’étaient pas encore au bout de leurs efforts. Iels devaient encore rester deux ans dans l’escouade qui était la leur depuis déjà trois ans. Deux longues années supplémentaires avant d’enfin pouvoir décider s’iels souhaitaient se spécialiser dans l’un des quatre autres Ordres de l’armée ou non. Iels avaient le choix entre celui des Guerriers d’élite, des Ingénieurs, des Médecins et Egams et enfin, celui des Timoniers et Stratèges. 

A’ałario se dépêchait de finir de préparer ses affaires ainsi que son costume de cérémonie. Pour une fois, il était en retard, ce qui le stressait d’autant plus. C’était le grand jour pour lui, le gamin, comme tous avaient affectueusement pris l’habitude de l’appeler. Il avait beau mesurer un mètre soixante-dix-huit pour soixante-neuf kilos, il restait un gringalet à côté de tous ses camarades de promotion. Ces dernier·e·s le dépassant tous·tes d’une bonne tête, y compris certaines filles. Son lit, tout comme son espace dans la chambre qu’il partageait, étaient sans dessus-dessous. Il avait fini par trouver toutes les pièces composant sa tenue. Il ne lui manquait plus que l’essentiel maintenant. A’ałario attacha son casque d’apparat en bandoulière et sorti en trombe de sa chambre, évitant de justesse son colocataire et meilleur ami A’artek. 


—    Mais où vas-tu comme ça ? s’écria dans son dos le colosse blond comme les blés qui frôlait les deux mètres. Fais attention tu vas blesser quelqu’un si tu continues comme ça ! 
—    Ne t’en fais pas ! lui répondit son ami, prenant le temps de ralentir quelques secondes. Il faut juste que j’aille voir A’abaldor pour récupérer mon épée et ma guisarme. 
—    T’es sérieux ? le sermonna gentiment le géant, la cérémonie commence dans même pas une heure et Monsieur n’a pas ses armes ? Avec le monde qu’il y a t’as intérêt à te grouiller si tu veux être revenu à temps ! 
—    C’est bien pour cela que j’y vais en courant et que je suis pressé lui retorqua A’ałario, disparaissant dans les escaliers sortant du bâtiment.

Il dû jouer de toute son habilité en descendant les marches quatre à quatre afin de ne frapper personne avec son casque. Ses compagnons de Chapitre, également en armure d’apparat, commençaient lentement à se rassembler dans les étages et gagner la place principale. Nos deux compères partageaient un appartement simple au 3ème étage de la caserne ouest de la ville. 


Elle donnait soit sur la place principale un peu au Nord, soit sur le marché au centre, soit sur les terrains d’entraînement et les écuries plus au Sud. À l’Ouest de la ville et de la caserne se trouvaient tous les logements des familles et personnels civils. À l’Est, pile en face, se trouvait la seconde caserne où logeaient les Guerriers des promotions supérieures.
A’ałario décida d’aller dans cette direction afin d’éviter la foule et les festivités, réparties entre place centrale et marché. Il venait à peine de sortir de sa caserne que déjà de grosses gouttes de sueurs perlaient sur son front et que sa tunique en lin venait se plaquer contre son dos. Il commença à courir, chacun de ses pas soulevant de gros nuages de poussière. Il avait beau ne pas forcément être très musclé, il possédait tout de même une endurance assez solide.


 Il faisait au plus vite mais pas facile de se mouvoir au travers de la foule, avec de surcroît une armure de parade. Cette dernière avait beau être plus légère et mieux articulée que celles destinées au combat lourd, elle pesait néanmoins son poids et la chaleur ambiante n’arrangeait rien. Notre ami longea le marché ainsi que la seconde caserne par le Sud et se dirigea en direction de l’Illera. Il s’agissait du fleuve, par lequel les bateaux pouvaient accéder à la ville. C’est aussi sur ses rives que les Nonruoquier·e·s aimaient flâner, nager et s’amuser. Les forgeron·ne·s avaient installé leurs quartiers au Nord-Est de la ville, de l’autre côté de ce dernier. 


C’était la destination d’A’ałario. Il ressenti une brise de fraîcheur très appréciable en se rapprochant des eaux tumultueuses du fleuve. Il descendit ensuite son cours jusqu’au pont principal, reliant les deux rives. Il le traversa pour arriver dans la ville au cœur de la ville, le quartier des forgerons. Il s’agissait d’un dédale d’échoppes, de maisons, de tentes et autre où ces derniers vivaient et exerçaient leur art. Sans hésiter, il s’engagea dans l’allée principale, étonnement vide. Puis il tourna à droite, continua de courir sur cinquante mètres avant de bifurquer à gauche pour finalement pénétrer dans un petit atelier ayant un loup et un lion rampants pour enseigne.


—    Sa…lut A’a…bal…dor s’exclama-t-il tout essoufflé en pénétrant dans la pénombre, tout en refermant la porte derrière lui. T’as eu … le temps … de … t’occuper de mes armes ? demanda-t-il inquiet en un seul souffle.
—    Oh là, qu’I’iridia te salue A’ałario ! Assieds-toi et prends donc un broc d’eau s’esclaffa le forgeron au cou de taureau et à la carrure d’ours (toison de poils incluse). J’ai comme l’impression que cela ne te fera pas de mal poursuivit-il en riant.
—    En effet confessa notre sprinteur, prenant le broc d’eau que lui tendait l’artisan et buvant de longues gorgées d’eau fraîche. Je suis en retard et je craignais de devoir commencer la cérémonie sans mes armes. Tu imagines la honte fit-il en souriant, devenir Guerrier sans ses armes avec soi… Je suis même pas sûr qu’il soit possible d’être promu sans arme pensa-t-il tout haut. Bref, j’ai simplement accéléré le pas pour venir te voir.
—    C’est pour ça que t’as plus de souffle et que t’es en nage se moqua A’abaldor, l’œil pétillant. Ne t’en fait pas, j’ai fini de préparer tes armes hier soir. Je crois que ton épée n’a jamais été aussi brillante et bien polie dit-il de manière modeste Elle est là fit-il en la désignant de la tête. Et en ce qui concerne ta guisarme, regarde par toi-même…

Il disparut alors dans la remise de son enseigne. A’ałario en profita pour saisir son épée. A’abaldor avait en effet fait du beau travail. La lame brillait doucement, reflétant le crépitement des flammes de l’antre du forgeron. La garde avait été polie et renforcée. La fusée quant à elle avait reçue l’honneur d’un nouveau cuir, qui semblait plus adhérent au premier regard. L’ours réapparu avec une longue tige enroulée dans un tissu bleu et rouge, couleurs de la ville et de l’armée. Il la tendit doucement à A’ałario, qui s’en empara délicatement et la plaça à l’horizontale sur une des nombreuses tables présentes. 


Chaque Guerrier·e devait choisir, en plus de son épée, au moins une autre arme qu’iel gardait toujours avec lui. Notre ami avait opté pour la guisarme. C’était une arme peu utilisée dans l’armée mais celle de prédilection de deux de leurs Déesses et Dieux, I’iomya et A’afreundio. Le père et la fille s’en étaient, selon les légendes Guerrière, servi à de maintes reprises lors de guerres ou divers conflits. Un poil superstitieux, le futur Guerrier avait donc opté pour cette arme, afin que son panthéon l’accompagne lors de ses aventures. 

Il défit de manière pratiquement religieuse les deux lacets en cuir qui attachaient le tissu. La guisarme se révéla alors dans l’obscurité de la forge. Elle était relativement petite et légère, avoisinant le mètre soixante-quinze. La hampe, une tige d’environ un mètre cinquante, semblait être faite en holzur, bois réputé pour être particulièrement résistant. Elle se terminait par une petite masse érigée de quatre piques ainsi que d’une pointe, tout en acier. La partie haute et tranchante de l’arme mesurait une trentaine de centimètre et était également uniquement en acier. D’un côté, une espèce de serre ou serpe pointue, équipée de dents au milieu. De l’autre, plus bas, une autre serre équipée d’une pointe. Une aiguille au sommet de l’arme, finissait sa présentation. Au centre et en bas de la hampe se trouvaient deux parties renforcées en acier, ayant pour but d’accueillir les mains du guisarmier au combat. A’ałario était abasourdi par le travail du forgeron. La guisarme, son arme, symbole de la fin de sa formation et de sa promotion en tant que Guerrier allait rendre pas mal de monde jaloux ou admiratif.


—    A’abaldor j’ai pas les mots pour décrire ce que je ressens ou te remercier pour ce que tu as fait… Elle est magnifique chuchota, ému, notre futur Guerrier. C’est de l’excellent travail ! 
—    Ooohf, je n’ai fait que mon travail tu sais bredouilla l’artiste. Et puis tes yeux brillent en la regardant et ça vaut tout l’or du monde pour moi. D’ailleurs, j’y pense, j’ai pris quelques libertés dans la conception de la partie tranchante ainsi que pour l’inscription. Comme c’est pour un jour particulier tu comprends fit-il d’un air malicieux.
—    Une inscription tu dis, fit A’ałario en fronçant les sourcils. Je l’ai pourtant regardé sous tous les aspects et j’a…. ooh tu as raison s’exclama-t-il.
 En même temps qu’il parlait, il avait tourné l’arme sur elle-même, révélant au passage le cadeau du compagnon. On devinait, gravée en très fines lettres dorées s’enroulant autours de l’axe de l’arme juste en dessous de l’endroit où A’ałario poserait sa main au centre de l’arme, la devise Guerrière. « Virtute Duce, Comite Fortuna  ». C’était la devise sacrée des Guerriers et de l’Imperium. Elle découlait du nom des divinités fondatrices, I’iancia, Déesse de la Fortune et A’aducio son mari, Dieu du Courage. L’émotion gagna alors entièrement A’ałario.
—    Je te serais éternellement reconnaissant poursuivit-il. Je te dois un supplément ou autre ? demanda-t-il timidement ?
—    Non, ne t’en fais pas pour ça rétorqua A’abaldor, vois le plus comme mon cadeau pour célébrer la fin de ton cycle. Prends-en juste soin, sinon je te peux te promettre que je viendrai te trouver et que ma colère s’abattra sur toi énonça-t-il en lui faisant un clin d’œil. Et tiens prends aussi ça tant qu’on y est.
—    C’est noté lui répliqua A’ałario avec un sourire jusqu’aux oreilles. Je t’embête pas plus longtemps dans ce cas dit-il en prenant l’objet en cuir que lui tendait A’abaldor. 

Il s’agissait d’un baudrier mais fait pour être porté au niveau du torse, avec une attache aimantée pour la guisarme. Il l’enfila, souleva sa guisarme et l’attacha dans son dos. Il passa ensuite son bras gauche dans son dos et dégaina. Un dixième de seconde plus tard, il était en position défensive. Son arme était très accessible et le système d’A’abaldor était diablement efficace. Satisfait de sa démonstration, il repassa l’arme dans son dos sous l’œil ému et fier du forgeron.


—    Merci infiniment A’abaldor… Et merci aussi pour l’épée, aucun adversaire ne résistera au tranchant de ma lame c’est sûr dit-il en la rangeant dans son dans son fourreau, déjà attaché à son flanc gauche.
—    Ne t’en fais pas petit, c’est normal, c’est mon travail répondit le taureau. Allez va, tu vas finir par louper ton sacrement. Cours, je te retrouve au banquet si tu le veux bien.

A’ałario ne pouvait pas voir son reflet dans un miroir mais il était évident qu’il avait fière allure. Il avait passé la semaine à nettoyer son armure de parade, composée de protège-tibia (un rouge et un bleu) en acier, d’un pagne sous forme de short, s’arrêtant juste au-dessus des genoux, d’un plastron venant se placer sur sa chemise en lin et enfin d’un casque. Le plastron était divisé de manière diagonale en deux parties, une rouge et une autre bleue. Son casque était lui d’un blanc immaculé avec de discrets liserés dorés. Il avait la particularité, comme tous les casques Guerriers, de protéger toute la tête des soldat·e·s et de s’ouvrir en deux en son centre de manière verticale. Les deux parties se déplaçant alors sur chaque côté du casque. A’ałario détacha son casque qui pendait et le mit. Son épée et sa guisarme complétant désormais sa panoplie de futur soldat, il avait effectivement fière allure. Il remercia une fois de plus le forgeron et détalla en direction de la place principale, où avait lieu la cérémonie. 


La forge de A’abaldor étant une fournaise, il ne remarqua même pas la différence de température avec l’extérieur lorsqu’il fut à nouveau dehors. La guisarme ne le dérangeait absolument pas lorsqu’il courait. Ce baudrier était décidément une merveille. Et que dire de l’arme en elle-même… Il ne lui fallut pas longtemps avant de se retrouver au beau milieu d’une marée humaine venant de tous les côtés. 


Il avait rejoint la place principale par le Nord-Est et devait simplement aller en son centre dans le périmètre réservé pour ses confrères et consœurs. Pour cela il devait « simplement » se laisser guider par la foule et les notes de musiques endiablées jouées par de nombreux·se musicien·ne·s ambulant·e·s. Mais plus facile à dire qu’à faire. Malgré sa taille respectable, il avait du mal à repérer ses ami·e·s disséminé·e·s dans cette foule dense. 

Enfin, juste à côté de la statue d’I’iridia, il repéra tant bien que mal l’étendard de sa promotion et de son escouade, perdu parmi la multitude de drapeaux. Il se dirigea vers lui en évitant quelques badauds un peu trop curieux de voir un Guerrier de près. Une floppée de filles et garçons habillé·e·s comme lui, avec leurs têtes toutes blanches reflétant les rayons du soleil attendaient patiemment en plein cagnard que la cérémonie commence. Iels n’avaient pas eu le droit à une tente pour une fois.

 
Il restait à peine une poignée de minutes avant que le carillon du temple ne sonne midi et le début des festivités. A’ałario vit A’artek qui avait entre temps retrouvé sa petite amie I’ideathia. Il les rejoignit en se hâtant et salua sa sœur d’arme. I’ideathia était une fille assez petite à la splendide crinière auburn. Elle était la plus calme et la plus maline du groupe.
Les trois amis venaient de passer les neuf dernières années de leur vie ensemble, alternant entre entraînements à l’épée, à l’arc et autre armes mortelles, équitation, natation ou encore course à pied sans oublier toutes les leçons théoriques apprises dans les salles de classe de leur caserne. Iels avaient de surcroît été affecté ensemble à la 69ème Escouade de la 6ème Compagnie de Nonruoc trois féchos auparavant. Iels étaient arrivé·e·s entre leurs douze et treize ans à Nonruoc et avaient très vite sympathisé. Encore plus I’ideathia et A’artek, qui venait de fêter leurs quatre ans ensemble. L’entraide entre elleux, ainsi qu’avec tous leurs autres compagnons était venue naturellement et iels avaient bâtis une solide cohésion de groupe, essentielle pour une armée fonctionnelle. 


Iels avaient tout partagé : le stress des entraînements, la joie des victoires, la peur de la défaite, les déceptions amoureuses, les beuveries collectives, ou encore les discussions nocturnes autours d’un feu de camp après avoir déjoué la vigilance de leurs professeurs. Et tant d’autres choses.


—    Alors comme ça on est en retard le jour le plus important de sa vie ? lui lança I’ideathia un brin moqueuse. Toi qui es toujours si ponctuel, faut croire que les bonnes habitudes se perdent ! Tu veux rester un gamin une année de plus ?
—    Oh que oui renchérit A’artek, sachant qu’il a dû renverser et blesser la moitié de la ville au passage ! Et qu’il doit maintenant suer autant que les sangliers qui rôtissent sur le marché pour le banquet. Les deux paires d’yeux aux couleurs de l’Illera du couple se croisèrent en un regard complice puis iels échangèrent un grand sourire.
—    C’est ça moquez-vous lança A’ałario rentrant dans leur jeu. J’ai peut-être un peu de retard mais au moins j’ai récupéré la plus belle guisarme du Landton poursuivit-il tout fier en désignant son dos.
—    C’est pas comme s’il y en avait des masses en circulation fit I’ideathia en éclatant de rire, c’est pas très compliqué.
—    Tu nous la montreras en détail après la cérémonie enchaina le colosse blond. Je suis curieux de voir le résultat du travail de A’abaldor. Il jouit d’une excellente réputation en ville. D’ailleurs en parlant de cérémonie, elle ne devrait pas tarder à commencer dit-il un peu impatient.


Iels se tournèrent en direction des huit clochers du temple Guerrier, cœur du pourvoir religieux de la ville, situé au Nord de la place principale. C’était un temple relativement modeste mais tout de même imposant. Il était de forme octogonale, chacune des huit parties étant destinée à une Déesse ou Dieu du Panthéon Guerrier.

 
D’ailleurs, fait assez rare et notable pour être souligné, le temple était consacré aux huit divinités en même temps. Il était beaucoup plus fréquent de voir pousser çà et là de plus petites structures à la gloire d’un seul membre du panthéon. 


Dans une poignée de minutes, chacun des clochers se mettrait à chanter les uns après les autres, lançant définitivement les festivités. En attendant, une foule de plus en plus compacte s’était rapprochée du centre de la place, autours des vingt-quatre rectangles parfaits que composaient les vingt Compagnies et les quatre Bataillons en attente de leur promotion. Elle était de plus en plus bruyante et bon nombre de personnes ne pouvaient résister à l’envie de danser au son des tambours, flûtes et trompettes. Une bande d’enfants faisaient même une ronde sous l’œil bienveillant de leurs parents. La chaleur ne semblait déranger personne outre mesure. Au contraire, tout le monde avait l’air de profiter de cette belle journée ensoleillée. 


Chaque habitant·e de la ville, hormis le vieux fou et quelques autres, était dehors, plongé·e dans ce bain d’euphorie collective. Sans oublier tous·tes celleux ayant fait le déplacement depuis les nombreux villages voisins. Sroirraw, Nalp, Draziw, Onacem, terres des 2ème, ,3ème, 4ème et 5ème Ordres étaient tous là, fidèles au poste. L’I’ikisakii Kaisrin avait quant à elle, contrairement à son habitude, envoyé une délégation la représenter. Elle ne pouvait effectuer le déplacement cette année car des négociations vitales avec ses homologues, quant à la potentielle instauration d’un État supranational la retenait à la capitale impériale, Ereivruoc. 


La petite bourgade militaire d’environ 63'000 habitant·e·s devait facilement avoir doublé voir triplé sa population en ce jour de l’année. Pas sûr que tout le monde trouve une place au banquet géant qui devait avoir lieu au marché tout l’après-midi et se prolonger jusque tard dans la nuit . Le reste de la journée s’annonçait long et festif. 
Bref, le plus beau jour de l’année. À mesure que les secondes passaient et se rapprochaient de l’heure fatidique, le brouhaha ambiant se transformait peu à peu en un murmure. Les musiciens cessaient progressivement de jouer. Personne ne voulait troubler les premiers coups de carillon. 


Le périmètre rectangulaire autour de la fontaine était rempli, en son cœur de soldats et d’instructeurs, en son extérieur de tous les bleus qui peuplaient les casernes de la ville. Toutes et tous en uniformes et en formation devant l’étendard correspondant à leur escouade. Le reste de la place, du marché, et des rues adjacentes était occupé par les civils, qu’iels soient parents avec les soldats, leurs ami·e·s, habitant·e·s, cuisinier·e·s ou simples paysan·e·s. Une marée humaine qui désormais retenait son souffle. 
On venait d’apercevoir les huit Guerrikagués sortir du temple. La tension était à son comble…


Trois


Deux 


Un


Et tout à coup rugit une furieuse clameur. Le premier son de cloche, très vite suivit des autres, venait de résonner, annonçant le début des festivités.

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